6 http://archives.tsr.ch/player/guillemin-commune2 (01/05/71) radio télévisions suisse 2. Qui est Monsieur Adolphe THIERS ? Portrait de l’homme qui écrasera La Commune de Paris Né à Marseille le 15 avril 1797, mort à St Germain en Laye le 3 septembre 1877. En 1870, il n’est plus très jeune, il a 73 ans. C’est un mélange de « Rastignac » (Balzac) qui a décidé de mettre Paris dans sa poche et de « Bel ami » (Maupassant) qui profite de sa belle allure pour épouser la fille de sa maitresse ! C’est ce qui est arrivé à Thiers ; il « monte » à Paris pour se faire connaître comme journaliste et devient l’amant d’une Madame Dosne, femme d’un riche agent de change, qui va l’initier à la spéculation financière. Il fait une belle carrière sous la Restauration. Il soutient les revendications d’une petite bourgeoisie qui piaffe pour avoir les leviers de commande. Il s’oppose à Charles X lors des « 3 Glorieuses » en 1830. Comme il est très peureux, dès que les coups de feu éclatent dans Paris, il disparaît, il attend et quand tout redevient calme, il réapparait ! En 1834, il a 37 ans, il devient ministre de l’intérieur de Louis Philippe. Cette même année, la France doit faire face à deux révoltes : les canuts (ouvriers de la soie) à Lyon, le 912 avril et une révolte républicaine à Paris, le 14 avril. Il envoie une dépêche, désormais célèbre, au Préfet de Lyon : « Reculez devant aucun moyen de destruction ! », c'est-à-dire faites donnez le canon contre les manifestants. (600 morts 10000 insurgés condamnés l’année suivante à la déportation ou sévères peines de prison) A Paris, il écrase la révolte, en faisant un exemple, par un massacre d’hommes, femmes et enfants. (Massacre de la rue Transnonain, aujourd’hui rue Beaubourg. (Voir la lithographie d’honoré Daumier) Il est bien parti pour faire une belle carrière, à 43 ans, il est président du Conseil. (1840). Cela ne va pas durer longtemps, il fait « des voltiges avec son sabre » contre l’Angleterre, ce qui agace Louis Philippe, il se débarrasse de lui. Pendant 7 ans, il s’exaspère. C’est François Guizot (conservatisme incarné) qui le remplace. Pendant la révolution populaire de février 1848, évidemment, il disparaît. La répression sanglante du général Cavaignac va faire passer l’envie des révolutionnaires des « journées de juin », de réitérer. (Les révolutionnaires proclament la Deuxième République le 25 février 1848 et mettent en place un gouvernement provisoire, Louis Philippe se réfugie en Angleterre. Les journées de Juin sont une révolte du peuple de Paris du 22 au 26 juin 1848 pour protester contre la fermeture des Ateliers nationaux symbole de la politique sociale mise en place après la révolution de février. Le 20 juin la majorité conservatrice de l'Assemblée nationale vote la fermeture des Ateliers. La révolte est réprimée dans le sang. Le nombre d'insurgés tués pendant les combats fut estimé entre 3 000 et 5 000 personnes auxquelles s'ajoutent environ 1 500 fusillés sans jugement. Il y a environ 25 000 arrestations et 11 000 condamnations à la prison ou à la déportation en Algérie. Les forces gouvernementales perdent environ 1 600 hommes dont un millier de militaires wikipédia) Quand tout est calmé, il réapparait. C’est son heure ! Pourquoi ? 7 Il y a deux partis royalistes qui veulent le pouvoir ; les légitimistes, la descendance de louis XVI : Charles X sont frère, et les orléanistes qui soutiennent Louis Philippe, la descendance Philippe d’Orléans frère de louis XIV. Thiers n’est pas royaliste, il est Thieriste !! Il veut être président de la république, donc il se voit être la 3ème voie qui met les deux autres d’accord !!! Il prétend que : « la république est le régime qui vous divise le moins. » Hélas, un 3ème larron rentre en scène, Louis Napoléon Bonaparte, neveu de l’Empereur. Il est élu président de la 1ère république le 10 décembre 1848 au suffrage universel masculin. Thiers est furieux, il pense que Louis Napoléon Bonaparte est un crétin, il suffira de lui donner des femmes et de l’argent, dans 4 ans au renouvellement de son mandat (constitutionnellement, il ne peut pas se représenter) en 1852, ce sera son tour ! Pas de chance, le 2 décembre 1851, « le crétin » proclame la dissolution de l’Assemblée Nationale, un an plus tard, le 2 décembre 1852, le Second Empire est rétabli, Louis Napoléon Bonaparte devient Empereur des français ! Le pauvre Thiers va se ronger les poings pendant les 18 ans de l’Empire, aussi quand il voit sa chute avec la catastrophe de Sedan, c’est sa dernière chance, Il est là aux aguets malgré ses 74 ans. Portrait de Monsieur Thiers par Elémir Bourges (écrivain 1852-1925) : « Une espèce de nain ridé, les cheveux dressés en huppe, un petit nez crochu entre des lunettes. » Ce personnage qui a l’air d’une chouette ou d’un hibou, plutôt d’une taupe, il ne veut pas se mettre en avant au moment du 4 septembre 1870, proclamation du gouvernement de défense nationale. Il réfléchit et se dit que le commando de sauvetage des « jules » va faire le sale boulot ; donner l’Alsace et la Lorraine aux prussiens et mater le peuple de Paris, ils vont se salir les mains. La plèbe de Paris est armée, comme elle l’était en 1848, si on a fait les « journées de juin » c’et pour leur ôter leurs armes aux prolétaires, ce n’est pas convenable que des « meurent de faim » aient des fusils entre les mains, on ne sait pas ce qu’ils peuvent en faire contre les structures économiques et sociales ! La garde nationale est armée à Paris, un vrai scandale (sic) ! La garde nationale est une sorte de milice bourgeoise supplétive, une force derrière les « lignards » qui est postée pour faire tenir tranquille « la canaille ». (La Garde nationale est le nom donné lors de la Révolution française à la milice de citoyens formée dans chaque ville, à l’instar de la garde nationale créée à Paris. Elle a existé sous tous les régimes politiques de la France jusqu'à sa dissolution en juillet 1871, aux lendemains de la Commune de Paris. wikipédia) Dans cette garde nationale, ne rentre que des gens de biens (qui ont du bien), or voilà que, à cause de la menace des prussiens sur Paris, le gouvernement impérial lui-même, le comte de Palikao, (Charles Guillaume Marie Apollinaire Antoine Cousin-Montauban, comte de Palikao né à Paris le 24 juin 1796, mort à Paris le 8 janvier 1878, était un général et homme d'État français)., avait commis cette folie de dire : « J’ouvre la garde nationale à tout le monde, riches ou pauvres, n’importe qui, puisqu’il y a un sentiment patriotique à Paris, soyez garde nationale !!» Résultats ; il y a 250.000 gardes nationaux à Paris dont 150.000 pauvres. Leur arracher leurs armes par la force, bien sûr, donc avec un danger de guerre civile sera la 2ème sale besogne des « Jules » après avoir « donner « l’Alsace et la Lorraine aux prussiens. 8 Ainsi pense Mr Thiers : « quand ils auront fait le sale boulot, j’apparaitrai comme le restaurateur de la France, J’arriverai pour rétablir l’ordre, je n’aurai pas signé le texte, je n’aurai pas les mains couvertes de sang, je serai celui qui pourra réunir l’unité nationale !! » Il va essayer un coup pour permettre aux »Jules » de signer un armistice. Il s’est fait envoyer hors de France (bien pratique pour éviter les dangers de la guerre !), il fait un périple de Londres à Florence en passant par Vienne et St Petersburg. Il voit toutes les cours des chancelleries européennes. Il a une double idée, un peu à long terme, c’est, premièrement, de faire reconnaître, de facto, à ces chancelleries, probablement un peu effrayées de voir arriver cette république, qu’elles n’ont rien à craindre. « C’est moi qui serait Président ! Tout se passera bien, ce sera une république très sage !!! » Deuxièmement, il veut préparer une « intervention humanitaire des neutres », c'est-à-dire, arriver à Paris en faisant croire qu’il est chargé par les chancelleries étrangères de demander une interruption des combats, « les gens ont le cœur déchiré devant l’effusion de sang ! » (Sic) Lui, il est là pour dire : « l’Europe intervient ! » Naturellement, ce n’est pas vrai, c’est un subterfuge pour obtenir l’armistice et lui permettre de réunir l’Assemblée. Il l’a connaît bien cette assemblée ; il sait qu’elle est composée de notables qui font les élections, ils sont tous, comme lui, terrifiés par une vrai révolution républicaine socialiste. Ils sont donc tout prêts à pratiquer l’amputation territoriale. Ca ne marche pas ! Pourquoi ? Le gouvernement, croyant bien faire, vient d’annoncer la reddition de Metz aux parisiens. Ils pensent mettre de l’eau sur le feu, ils mettent de l’huile ! Les parisiens sont furieux : « Quoi, qu’est ce que c’est que ce Bazaine, il a fait semblant de résister, c’est un traitre qui donne 170.000 soldats à la Prusse !!!! » Il y a des émeutes graves presque générales dans Paris, le gouvernement par habileté et par chance arrive à surnager. (Le soulèvement du 31 octobre 1870 a eu lieu à Paris pendant le siège de la capitale. Il visait à protester contre la politique militaire du Gouvernement de la Défense nationale et à proclamer la Commune. Source wikipedia siège de paris 1870) Le pauvre Thiers qui débarque avec sa petite solution « d’intervention humanitaire » est très mal reçu. Il se réfugie chez Bismarck, il y reste du 1er au 5 novembre, à Versailles. Il lui confirme qu’il aura l’Alsace et la Lorraine mais qu’il lui faut attendre que les parisiens soient convaincus que la famine les oblige à se rendre. Pendant les mois où il faut attendre, que va-t-il faire ? Bismarck a une chance incroyable, il a devant lui : Le gouvernement français qui fait croire qu’il est un gouvernement de défense national et qui ne l’est pas, La plupart de généraux de l’armée à Paris et à Metz qui ne veulent pas défendre la France, Tous les gens de « biens » de tout bord (voir épisode 1 page 4) qui craignent la révolte du peuple plus que tout. En rentrant de son périple, le 21 octobre, pauvre Thiers, découvre quelque chose d’inattendu : le « petit » Gambetta, qui est à Tours, est bien décidé à se défendre. 9 En 3 semaines, il est parvenu à mettre sur pied une armée solide avec une artillerie puissante et une grande cavalerie ; 125.000 combattants sérieux. Gambetta est près à lâcher son armée le 29 octobre. Monsieur Thiers s’affole !!! Les prussiens avaient, à ce moment là, au sud de Paris, 40.000 bavarois, pas plus. Si Gambetta avaient lancé ses 125.000 hommes s’en était fini du siège de Paris et même de la guerre. (Voir les notes de Schneider, historien officiel du roi Guillaume 1er et les souvenirs de Bismarck : « la 2ème quinzaine d’octobre, si Gambetta avait envoyé son armée, nous perdions la guerre !! » Si Gambetta enfonce les troupes prussiennes, c’est lui le grand Homme ! Thiers ne veut absolument pas, ce serait une tragédie pour lui dont la seule pensée est d’obtenir la totalité du pouvoir. Pas question d’une victoire républicaine ! Il va faire une chose atroce. Il va s’arranger avec le général d'Aurelle de Paladines, chef de l’armée que Gambetta lui a confiée. Il va le supplier de ne pas donner la victoire à Gambetta !! Le général se laisse convaincre ; l’offensive est prévue le 29 octobre au matin, le 28 à 20 h, il envoie un télégramme à Gambetta pour lui dire : « la pluie, l’état du terrain m’empêche de lancer l’offensive ! » Si les prussiens gagnent la guerre c’est bien grâce à monsieur Thiers ! Le vieux Général Changarnier (1793 - 1877) écrit à Duvergier de Hauranne (journaliste et homme politique français. 1798 – 1881) : « une assemblée, une assemblée !! Elle seule peut faire la paix et nettoyer les « écuries d’Augias » !! Quand la capitulation va se produire ; la » charmante » Madame Sand (1804 -1876 elle est devenue une grosse dame à ce moment là, Henri Guillemin ne l’aime guère !) écrit dans son journal : « Je respire, mes enfants et moi nous nous embrassons en pleurant, nous sommes ivres d’émotions. » Elle appelle Gambetta : « un paltoquet, un pignouf, un inepte ambitieux, un infâme ! » Elle se dit (elle est châtelaine, Baronne Dudevant, dans l’Indre à Nohant): « mes paysans, ils vont voter comme un seul homme pour la Paix !! L’Indre est un des départements les plus noirs sur la carte de l’instruction, (ce sont des analphabètes, on est sûr de les manœuvrer comme on voudra !), le brutal bon sens des paysans, c’est cela qui va nous sauver, la masse rurale marche comme une locomotive et le paysan c’est le nombre ! » Effectivement, les élections ont lieu le 8 février 1871. Des élections bien conduites !! (Les élections législatives de 1871 ont eu lieu le 8 février. Elles ont élu l'Assemblée nationale, chambre unique du parlement français en application de la convention d'armistice signée entre la France et l'Empire allemand le 26 janvier. Ces élections se sont déroulées au scrutin de liste majoritaire départemental à un tour, en reprenant l'essentiel des dispositions de la loi électorale du 15 mars 1849[1] : la liste arrivée en tête remporte l'intégralité des sièges à pourvoir dans le département. Les candidatures multiples sont autorisées : un même candidat peut se présenter dans plusieurs départements différents source wikipedia). Extrait d’un rapport, publié en 1875 par Monsieur Martial Delpit, député (1813-1887) : « dans la plupart des départements, les communes se rendirent en masse au scrutin et vos terres, comme un seul homme ! » Ce que Victor Hugo (un très mauvais esprit, sic) va traduire dans un alexandrin « maires narquois trainant leurs paysans au vote ! » 10 On va s’arranger, les châtelains et les ecclésiastiques, pour que les paysans votent bien, on a un argument de poids ; la Paix ! : « Si vous votez pour nous, les candidats de la Paix, vous ne verrez pas les prussiens et les « partageux » de Paris ne vous menaceront pas ! » Résultats incroyables !!! (Sur les 768 sièges à pourvoir, seuls 675 furent pourvus, en raison d'élections dans plusieurs départements du même candidat (principe des candidatures multiples). C'est une très nette victoire pour les royalistes, qui emportent une large majorité de sièges. Cent quatre-vingt légitimistes, très souvent des nobles de province auxquels il faut adjoindre plusieurs bourgeois, sont élus (dont une cinquantaine de « chevau-légers », héritiers des ultra-royalistes de la Seconde Restauration)[3], en même temps que 214 orléanistes. Côté républicain, c'est une défaite, en particulier pour le camp radical : l'Union républicaine (radicaux) de Gambetta, élu dans 8 départements, n'emporte qu'une petite quarantaine de sièges (Victor Hugo, Louis Blanc, Edgar Quinet, Garibaldi, Clemenceau, etc.), tandis que la Gauche républicaine (modérés) (menés par Jules Favre, Jules Ferry, Jules Grévy et Jules Simon) dépassent largement le cap des 100 élus. Restent enfin entre 70 et 80 « Libéraux », formant un centre-gauche qui se convertira progressivement aux idéaux républicains, parmi lesquels on retrouve Adolphe Thiers, élu dans pas moins de 26 départements. Les bonapartistes sauvent une vingtaine de sièges dans leurs fiefs des Charentes et de la Corse, mais quatre candidats seulement s'étaient présentés sous cette étiquette [4]. Les campagnes, abritant encore une large majorité de la population, ont massivement voté monarchiste, tandis que les villes étaient plus favorables au camp républicain. L'âge moyen est de 53 ans et la plupart des élus sont de nouveaux venus en politique (175 seulement ont déjà été élus dans des assemblées), principalement des notables ruraux. Un tiers des nouveaux parlementaires sont des nobles : cette assemblée est la plus aristocratique que la France n'ait jamais élue. On dénombre aussi 250 gros propriétaires fonciers, méfiants à l'égard de l'autorité parisienne L'assemblée se réunit le 13 février à Bordeaux. Jules Grévy, républicain modéré est élu président de l'Assemblée. Le 16 Thiers est nommé chef du pouvoir exécutif de la République française et le 21, Thiers et Favre entament les négociations de paix avec Bismarck.) source wikipedia Mr le Vicomte de Falloux, dans ses « mémoires d’un royaliste « : La question de la Paix vient de nous donner la chambre introuvable ! » (Allusion à la chambre de 1815 Les élections législatives ont eu lieu les 14 et 28 août 1815 en France. Elles ont élu les députés de la première législature de la Seconde Restauration. Le mode de scrutin employé était le suffrage censitaire. Les 3/5e des députés ont été élus le 14 août 1815, mais seuls les plus riches ont élu les 2/5e des députés restants lors du second tour le 28 août. La chambre élue fut surnommée la "Chambre introuvable". Ultra-royalistes 350 Républicains 50) source wikipédia Victor Hugo répliquera : « la chambre introuvable est retrouvée ! » « C’est un scrutin de miséricorde ! » : dixit la Revue des deux mondes. Mémoires du Vicomte de Meaux, gendre de Montalembert : « Jamais depuis le chute de la royauté, la vieille noblesse n’avait compté autant de représentants dans une assemblée politique, les plus grands noms reparaissaient. » Duc de Castres, Duc de Broglie, Marquis de Voguë, de Breteuil, Comte de Tocqueville, etc…. nous sommes entre gens de bonne compagnie !!! Après s’être entredéchirés au début du siècle, la grande réconciliation entre aristocrates et grande bourgeoisie enrichie est faite de manière absolue. Les mariages entre les enfants du grand capital et les particules y a beaucoup contribué. Le marquis de Breteuil c’est la banque Fould (futur Crédit Mobilier), Le duc d’Audiffret Pasquier c’est la banque Casimir-Périer, Mr de Dampierre c’est la banque Barthelémy futur Crédit lyonnais, etc…. Tout ceci donne une stabilité économique certaine. Les gens trop compromis sous le second Empire s’effacent mais se font représenter par leurs gendres !! L’armée pourtant vaincue, la flotte qui n’a rien fait, sont très à l’honneur ; des quantités de généraux et d’amiraux sont élus ! Monsieur de Broglie dans ses mémoires : « C’est la grande Union des gens de biens ! » Monsieur de Meaux : « la composition de l’Assemblée dépasse l’attente des meilleurs amis de la France ! » Sur 650 députés, il y a 500 royalistes !! 11 Mais ils ne s’entendent pas (voir plus haut p.6) Monsieur Thiers garde sa petite idée de 1848 ; « en attendant qu’ils s’entendent sur un seul nom, moi, je suis là ! Je vous propose une république de transition, une république conservatrice que je dirige, évidemment ! » Il n’y a que 150 députés républicains, la plupart des modérés, très accommodants. Mais à Paris, c’est la catastrophe : le premier arrivé en tête est Louis Blanc, considéré comme un dangereux communiste par la province, il obtient 216.000 voix ! (Né à Madrid le 29 octobre 1811 - mort à Cannes le 6 décembre 1882) est un journaliste et historien français, qui fut ministre du gouvernement provisoire de 1848 et député sous la Deuxième République (1848). De tendance socialiste et républicaine, il participe à la campagne des Banquets en faveur du suffrage universel et se distingue, après la Révolution de 1848, en proposant la création des Ateliers sociaux afin de rendre effectif le droit au travail. Mais il est finalement contraint de s'exiler à Londres après les Journées de Juin. Il y demeura jusqu'à la guerre franco-prussienne de 1870, entrant de nouveau à l'Assemblée nationale, où il siège une dizaine d'années à l'extrême gauche. Source wikipedia) le 2ème c’est ce « forcené » de Victor Hugo qui a si mal parlé de Napoléon III ! le 3ème c’est Gambetta ce « fou furieux » exalté par les parisiens et maudit par la province. Le 4ème c’est Garibaldi, même pas français ! l’homme qui a insulté le Pape en essayant de le détrôner, (au point de vue temporel, en tant que chef d’état du Vatican.) Il s’est proposé, luimême pour venir au service de la France et c’est très bien battu. (Ses parents, originaires de Chiavari dans la région de Gênes, se sont installés à Nice. Mais, dès l'âge de 7 ans, en 1814, il devient sujet de Victor-Emmanuel Ier, puisque Nice revient à la Maison de Savoie du fait du premier article du traité de Paris. Giuseppe et les siens acquièrent la nationalité française du fait du traité du 24 mars 1860 (article 6 a contrario).source wikipedia Appréciation de la députation de Paris de la Revue des deux mondes : « C’est un choix répugnant, des libellistes épileptiques, la fine fleur révolutionnaire, une députation qui n’a rien d’autre qu’une protestation contre tout ce qui existe ! » Ce qui est rassurant c’est le succès personnel de Monsieur Thiers, il est élu dans 26 départements !!! Le mode de scrutin le permettait. Mr de Meaux, « Mr Thiers est doté de cette auréole qui entoure les efforts désespérés pour les causes perdues ! » (Pas mal pour le fossoyeur de la France !) Il est nommé, chef de l’exécutif (et non président), et racontera dans ses « notes et souvenirs » : « J’avais deux urgences devant moi, signer la Paix (il n’y avait que l’armistice) et réduire Paris ! » En fait, il n’est pas content, il avait espéré que les « Jules » ferait la double opération ; présenter à l’Assemblée un plan de Paix (les « Jules sont assez malins pour le laisser faire) et régler la question épineuse des armes qui sont entre les mains de la plèbe de Paris. Les « Jules » n’avaient pas osé intervenir et Bismarck a refusé de prendre le risque de perdre un seul homme pour çà, ce n’est pas son problème, cela ne regarde que les français, il a gagné la guerre ! Thiers se précipite à Versailles voir Bismarck. Il y a un fait très peu connu ; la question de Belfort. Belfort défendue vaillamment par Denfert Rochereau n’est pas tombée. Le 13 février 1871, alors que l’armistice est signé depuis le 29 janvier, le gouvernement français lui donne l’ordre de se rendre. Alors qu’ils ne sont pas très intéressés, ils ont toujours voulu Strasbourg et Metz, Bismarck (fin stratège) demandent Belfort comme monnaie d’échange pour avoir Metz. Ainsi, ils ne paraissent pas trop « voraces » aux yeux des anglais qui s’en inquiètent. 12 Alors que l’intérêt de la France serait de s’appuyer sur l’attitude des anglais pour pouvoir garder Metz, Thiers les court-circuite et donne à Bismarck, par écrit, ce qu’il veut. Les anglais ne peuvent pas être plus royalistes que le roi ! Jules Favre dans son récit de 1875 dira : « Tous étaient fermement résolus aux sacrifices les plus pénibles pour sauver la Patrie. ! » Non, pas pour sauver la Patrie, pour sauver leur intérêt !! Thiers va faire un discours facile, le 1er mars 1871. Il va faire du pathétique, il va dire qu’il est « foudroyé », qu’il arrive là avec des larmes dans la voix, il est obligé de reconnaître qu’on DOIT donner Metz et Strasbourg à l’Allemagne, que les Allemands sont les plus forts, qu’après tout on aurait peut être pu garder Metz, si on avait signé tout de suite après Sedan, ils n’auraient pas exigé Metz, (c’est un mensonge, il sait que les allemands le voulait dès le départ !) mais si on est obligé de rendre Metz, c’est… à cause de la résistance, à cause de Gambetta !!! Les allemands ont été obligés de dépenser de l’argent et des hommes à cause de cette folle résistance de Gambetta, qu’il appelle « le fou furieux » ! C’est lui qui nous a fait perdre la guerre !! Il y aura un incident fâcheux. Les députés de l’Alsace Lorraine montent à la tribune, ils sont trente, dirigés par un monsieur Keller. Ils disent : « mais enfin, vous n’allez pas nous abandonner comme çà ! Le droit des gens existe ! On est français, certains parlent allemands mais nous sommes français de cœur ! Nous voulons rester français ! » Thiers est embêté, c’est dangereux ! Alors il intervient pathétiquement : « il faut être sérieux !! Vos protestations sont sentimentales !! Vous voulez que la guerre continue ou pas ? » Tout le monde : « Non non !!! » « Alors Messieurs les députés d’Alsace Lorraine, au revoir et soyez tranquilles !! Thiers dira plus tard : discours du 8 juin 1871 aux députés. « Rappelez vous la situation que nous avions alors, le 1er mars 1871, lorsqu’on a signé les préliminaires de Paix, rappelez vous vos pensées ! Quelle idée vous a dominé ? Quelle idée a dicté vos votes, dans un moment si grave ? Vous n’avez pensé qu’à une seule chose : enlevez la France à de certaines gens, oui, vous n’avez voulu qu’une chose, vous n’avez pensé qu’à une chose : ôtez la France des mains de certains prétendus républicains ! » L’organisation ET l’acceptation de la défaite a été l’œuvre en 1870/1871 des notables, inquiets pour leurs privilèges et prêts à tout pour préserver la sécurité de leurs profits !