Cycle préparatoire au DAEU – Cned Toulouse - Cours d’Histoire N°11 – page 2/7
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Des élections municipales ont lieu le 26 mars pour élire un conseil général de la commune,
assemblée composite qui regroupe des républicains modérés, des radicaux, des socialistes et
des anarchistes et où progressivement les révolutionnaires dominent. Sociologiquement, elle
est composée à 70 % d’ouvriers et d’artisans. La commune a pris peu de mesures concrètes,
faute de temps. Elle a adopté symboliquement le drapeau rouge et le calendrier
révolutionnaire et décidé de mesures concrètes comme la prorogation des échéances, la
suppression des amendes et retenues sur salaires, la remise des loyers. Toute son énergie a été
concentrée dans la guerre contre l’armée des Versaillais.
En effet, dès le début d’avril 1871, le gouvernement dirigé par Adolphe Thiers a décidé de
reconquérir Paris. L’armée entre dans Paris le 21 mai et, du 21 au 28 mai, c’est la « semaine
sanglante » avec des combats de rues, l’incendie de bâtiments publics (Hôtel -de-ville,
Tuileries...), des exécutions sommaires. On compte 1 200 morts chez les Versaillais et plus de
30 000 chez les communards, 36 000 arrestations, 270 condamnations à mort dont 29
effectives, 400 déportations à Nouméa en Nouvelle-Calédonie.
La Commune a-t-elle été une sorte de répétition avortée de la Révolution française ou bien
marque-t-elle le début des révolutions prolétariennes comme Karl Marx l’a pensé ? Elle a eu
une postérité immense dans la réflexion politique des socialistes, au niveau national et
international. En tout cas, l’opposition révolutionnaire est brisée pour dix ans ; mais les
bourgeois et les paysans commencent à avoir confiance dans une République capable de
maintenir l’ordre.
1.3 Un régime incertain : monarchie ou république ?
Nommé président de la République en attendant que l’assemblée rédige une constitution,
Thiers réorganise les finances et l’armée. Il réussit, grâce à des emprunts souscrits à des
conditions avantageuses, à payer l’indemnité de guerre et donc à faire évacuer tout le
territoire avant la date prévue. Dans la tradition jacobine et napoléonienne, il conserve
intact le rôle des préfets contre les monarchistes qui voulaient une plus large décentralisation
pour étendre leur influence. Sensible à l’arrivée en politique de la petite bourgeoisie et des
classes moyennes représentées par Gambetta, qui donne à l’instruction primaire
obligatoire et laïque une place primordiale pour le progrès social, Thiers penche de plus en
plus vers une république conservatrice. En 1872, il prend d’ailleurs nettement position pour
un régime républicain, ce que les députés monarchistes et bonapartistes lui reprochent. Après
la démission de Thiers, les députés élisent le maréchal Mac-Mahon à la présidence de la
République. Le maréchal Mac-Mahon est royaliste et catholique. Il choisit des ministres
royalistes et un bonapartiste. Il s’appuie sur l’Église qui organise de grands rassemblements
de fidèles comme à Lourdes ou à Chartres. L’édification du Sacré-Cœur sur la butte
Montmartre est destinée à montrer le repentir des Français qui n’ont pas su empêcher la
Commune. C’est dans ce climat qu’une tentative de restauration monarchique est menée. Elle
échoue en raison du refus de l’héritier du trône, le duc de Chambord, de renoncer au drapeau
blanc. Une solution d’attente est alors trouvée. Le député Wallon, professeur de droit, fait
voter, en 1875, à une voix de majorité le célèbre amendement qui porte son nom : « le
président est élu par le Sénat et la Chambre ». Cela implique donc à la fois la
République et l’existence de deux chambres. Le pouvoir législatif appartient aux deux
chambres : une Chambre des députés élue au suffrage universel direct et un Sénat élu au
suffrage universel indirect (élection par des délégués des communes, cantons et
départements). Les Chambres élisent le président de la République qui nomme un Premier
ministre appelé président du Conseil. C’est le président du Conseil qui forme le
gouvernement, avec l’accord du chef de l’État, en le choisissant dans la majorité
parlementaire. Les ministres sont responsables devant les deux assemblées. On est donc