D'abord, il est essentiel de redonner l'espoir à la population et de rétablir la confiance dans l'Etat, deux
éléments cruciaux qui ont souvent manqué jusque-là. Les Tunisiens n'ont plus confiance ni en l'Etat ni en ses
structures pour redresser la situation du pays et résoudre leurs problèmes de la vie quotidienne.
Un simple petit micro-trottoir fera prendre conscience aux gouvernants de la dégradation de cette confiance et
de la fin de l'espoir en des lendemains meilleurs. Les Tunisiens sont lassés des promesses creuses, des projets
planifiés et qui tardent à se réaliser et des surenchères des politiques souvent non suivies d'effet. Ils attendent
donc des résultats concrets et des réalisations palpables.
Les chantiers de haute priorité
Les difficultés qui empoisonnent la vie du Tunisien sont connus de tous: la complexité des relations avec
l'administration publique, tatillonne, lourde et gangrenée par la corruption, la dégradation constante du pouvoir
d'achat, le délabrement de l'environnement et le manque d'emploi pour les cohortes de chômeurs souvent de
longue durée doivent être les chantiers de haute priorité de Youssef Chahed et de son équipe.
Ces derniers doivent comprendre que bon nombre des difficultés quotidiennes peuvent être résolues par une
application rigoureuse de la loi et par la restauration du droit. Mieux encore, si tout un chacun s'attelait à sa
tache de manière congrue, beaucoup de difficultés se dissiperont d'elles-mêmes.
La solution miracle serait d'ordre éducatif ou pédagogique, par l'explication, la persuasion, la dissuasion et,
surtout, l'implication des citoyens dans la décision et l'action publiques. Les résultats se feront certes ressentir
sur le moyen ou le long terme, mais on pourrait aussi commencer à en ressentir les prémices rapidement.
Cette pédagogie doit être appliquée à tous les niveaux de l'Etat, à commencer par la municipalité, où le
contrôle doit être plus rigoureux, notamment en ce qui concerne la bonne conduite des travaux mis en route ou
les dépassements de tous genres constatés quotidiennement par les citoyens: constructions anarchiques,
amoncellement des ordures dans les rues, commerces non autorisées, marchés parallèles, etc.
Dans son premier discours, où il a évoqué le plan d'action de son gouvernement pour la période à venir,
Youssef Chahed a parlé de la lutte contre la corruption, fléau qui a proliféré au cours des cinq dernières années,
alors qu'on pensait en avoir tari la principale source : le clan de l'ancien président Ben Ali.
De nombreuses initiatives ont certes été lancées pour lutter contre ce problème qui nuit gravement à l'économie
du pays, mais on en attend toujours les résultats escomptés. Plus grave encore, le sentiment de l'impunité est
partagé par beaucoup de Tunisiens et les fraudeurs en tout genre semblent avoir l'avenir pour eux, au grand
désespoir des contribuables intègres et honnêtes, qui respectent la loi et payent leurs impôts.
Combattre le monstre à deux têtes
Youssef Chahed doit donc clairement donner l'exemple et ne pas y aller du dos de la cuillère, car il est des
sujets, comme celui de la corruption, où l'indulgence n'a pas de place. A cet effet, il est essentiel que tous les
efforts déployés dans la lutte contre ce fléau par les structures officielles (comme l'Instance nationale de lutte
contre la corruption) ou officieuses (comme les organisations de la société civile) soient unifiés et harmonisés
pour avoir les effets escomptés.
Troisième casse-tête auquel le prochain chef de gouvernement doit s'attaquer, la contrebande et l'économie
informelle, qui gangrènent scandaleusement l'économie du pays.
La contrebande, on le sait, est intimement liée au terrorisme. Ce véritable monstre à double têtes doit être
combattu avec les moyens adéquats, et d'abord en faisant appliquer rigoureusement la loi et en sanctionnant