«Ainsi, il devient clair que ce sont les impôts, c'est-à-dire les revenus fiscaux, qui permettent à l'Etat de payer
ses employés. Il est donc faux de dire, de croire ou de faire croire que l'Etat tunisien emprunte à l'étranger
pour payer ses fonctionnaires», ajoute l'expert.
Selon l'économiste, les mêmes causes produiront les mêmes effets: le même modèle économique, la même
politique et le même système de développement entraîneront les mêmes conséquences négatives – celles qui
ont mené à l'échec du gouvernement de Habib Essid et au départ de ce dernier au bout de 18 mois de
service. «Et l'approche du gouvernement de Youssef Chahed ne semble pas être différente de celle de Habib
Essid», lance l'expert économique.
Mourad Hattab avertit: «Il y a en Tunisie ce que l'on pourrait qualifier d'‘‘évasion fiscale et de contrebande
légalisées''. Il y a des importations anarchiques qui ont atteint, en 2014, 42 milliards de dinars. A titre
d'exemples, je pourrais citer les importations de thon en boite, de la fripe et du fer de Turquie – alors que,
dans le même temps, El-Fouladh (la société tunisienne de sidérurgie, ndlr) a été mis en vente… Que sommes-
nous en train de faire? Nous vendons des secteurs stratégiques de notre économie nationale pour importer.»
L'expert a également mis en garde contre la menace d'austérité brandie par le nouveau chef du gouvernement
et l'éventualité de recourir à la réduction des dépenses de l'Etat. Il explique: «Tout simplement, si vous décidez
de donner un coup d'arrêt aux dépenses de l'Etat, cela veut dire que vous n'allez plus investir dans
l'infrastructure – ni dans la santé… D'ailleurs, souvenez-vous de ce qui s'est passé: à peine M. Chahed a-t-il
évoqué la possibilité de réduire les dépenses dans le secteur de la santé que la réponse lui est venue, quasi-
instantanément, de Khamouda (cet l'accident de la route dans le gouvernorat de Kasserine, qui a coûté la vie à
16 de nos concitoyens, entraîné les blessures d'une soixantaine d'autres personnes et révélé au grand jour les
lacunes du système hospitalier de cette région du pays, ndlr). Il y a en cela, également, toute une logique:
arrêter les dépenses de l'Etat revient automatiquement à porter un coup dur à la consommation et à
l'investissement…»
«Nous devrions donc faire très attention: la réduction des dépenses de l'Etat sera contre-productive. Elle
conduira inéluctablement à l'échec du gouvernement d'union nationale de Youssef Chahed et à écourter son
mandat», conclut l'économiste, qui ne propose, au passage, aucune alternative aux politiques envisagées par le
nouveau chef de gouvernement.
On n'est donc pas mieux avancé avec ces chers experts, qui savent ce qu'il ne faut pas faire, mais ont du mal,
eux aussi, à faire des propositions concrètes pour aider à sortir le pays de la crise.
Marwan Chahla
Post date: 2016-09-03 10:02:48
Post date GMT: 2016-09-03 09:02:48
Post modified date: 2016-09-03 10:03:25
Post modified date GMT: 2016-09-03 09:03:25
Powered by [ Universal Post Manager ] plugin. MS Word saving format developed by gVectors Team www.gVectors.com