
Cirrhose(228) 3
L'ascite est souvent précédée d'un météorisme abdominal ("le vent précède la pluie") avec des douleurs
abdominales. L'ensemble peut évoquer un syndrome occlusif. Elle peut aussi se traduire par l'apparition
d'une hernie inguinale, crurale ou ombilicale ou la mauvaise tolérance d'une hernie déjà connue.
Lorsque l'ascite devient cliniquement décelable, elle se traduit à l'examen par une matité des flancs
encadrant la sonorité de la région ombilicale. Le tympanisme périombilical est du aux anses grêles qui
flottent dans le liquide d'ascite. L'épanchement est habituellement mobile (possibilité d'ascite cloisonnée
au cours de l'évolution, notamment en cas de ponctions répétées) et la matité se déplace selon la position
du patient, toujours déclive. Elle donne le signe du flot et le signe du glaçon (cf sémio). Lorsque l'ascite
est abondante, le diagnostic est évident dès l'inspection. Il existe une distension abdominale avec diastasis
des grands droits et éversement de l'ombilic. L'ascite peut s'accompagner d'épanchement pleural le plus
souvent à droite (passage de l'ascite dans la plèvre par un pertuis diaphragmatique) et d'œdèmes des
membres inférieurs. Ces oedèmes peuvent remonter jusqu'à la racine des membres et même infiltrer la
paroi abdominale.
Toute ascite doit être ponctionnée et analysée: taux des protéines (l'ascite de la cirrhose est habituellement
pauvre en protides : moins de 30 g/L, le plus souvent entre 10 et 15 g/L), numération des éléments
(habituellement entre 20 et 100 cellules par mm3, la plupart d'origine mésothéliale), examen cytologique
(recherche de cellules néoplasiques) et bactériologique (examen direct et cultures sur milieux solides
éventuellement complétées par ensemencement sur flacons d'hémocultures au lit du malade), Le taux
d'amylase et la recherche de BK sont demandés si des éléments cliniques ou biologiques orientent vers
une tuberculose (cf QS298 pour le diagnostic différentiel).
Les comlications de l'ascite sont les suivantes :
Dyspnée
L'abondance de l'ascite peut causer une dyspnée par compression diaphragmatique. Chez certains sujets,
la dyspnée est liée à un épanchement pleural dû au passage de l'ascite dans la plèvre du fait de l'existence
d'un pertuis diaphragmatique. Dans ce cas, en raison de la pression négative qui règne dans la cavité
pleurale, l'épanchement pleural peut être abondant alors que l'ascite est minime. Une ponction évacuatrice
rapide de l'ascite et le cas échéant de l'épanchement pleural est le traitement.
Hernie ombilicale et autres, étranglements herniaires et rupture de l'ombilic
L'hyperpression abdominale liée à l'épanchement peut provoquer une hernie ombilicale, voire une hernie
inguinale ou crurale. Une hernie déjà connue peut s'étrangler. Dans les cas extrêmes, la hernie ombilicale
peut devenir volumineuse avec un risque de rupture cutanée qui devient une porte d'entrée pour une
infection du liquide d'ascite. Un traitement chirurgical doit être proposé lorsque la hernie devient
volumineuse et symptomatique sans attendre la rupture.
Infection de l'ascite
Le tableau le plus évocateur d'une ascite infectée est représenté par l'association de douleurs abdominales,
de nausées, de vomissements et à l'examen physique d'une douleur abdominale provoquée ou même d'une
défense ; il y a une élévation de la température, l'ensemble réalisant parfois un tableau pseudo-chirurgical.
Ce tableau typique est cependant rare et une infection du liquide d'ascite doit être suspectée devant les
signes suivants, isolés ou associés: douleurs abdominales spontanées ou décelées par une palpation
légère, nausées ou vomissements, diarrhée récente, modifications thermiques pouvant être soit une
élévation de la température au-dessus de 37,5° soit une diminution au-dessous de 36,5°, accentuation d'un
ictère, apparition d'une encéphalopathie ou d'une insuffisance rénale.
Évoqué, le diagnostic sera confirmé par l'analyse du liquide d'ascite. Le liquide est rarement franchement
purulent avec présence de germes à l'examen direct. La mise en évidence d'un germe à la culture est
inconstante et l'augmentation des polynucléaires au-dessus de 250/mm3 est suffisante pour retenir le
diagnostic d'infection et mettre en route un traitement; dans quelques cas, la culture est positive avec un
nombre de polynucléaires normal; on parle de bactériascite dont la signification est incertaine; il est
recommandé d'effectuer une nouvelle ponction dans les 3 jours; un traitement est parfois mis en route
immédiatement selon le contexte clinique; le taux des protéines est peu modifié.
L'infection spontanée du liquide d'ascite est le plus souvent une infection à bacille Gram-, d'origine
intestinale mais quelquefois une infection hématogène à point de départ urinaire, cutané ou pulmonaire
qu'il faut rechercher. Une ponction antérieure est exceptionnellement en cause (faute d'asepsie).
Troubles hydroélectrolytiques, Syndrome hépatorénal
Une hyponatrémie peut compliquer l'évolution notamment au cours d'un traitement diurétique
avec un régime désodé. L'hyponatrémie inférieure à 130 mmoles/L et l'apparition d'une
insuffisance rénale imposent l'arrêt des diurétiques. Cette insuffisance rénale est fonctionnelle