Les Conditions Postmodernes et l`Emergence du Nouveau C

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Les Conditions Postmodernes et l’Emergence du Nouveau
Consommateur
Abderrazak Gharbi
Professeur
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Tunis
Manel Hamouda
Doctorante
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Tunis
e-mail : [email protected]
Résume : Notre article vise à comprendre le consommateur postmoderne à travers une étude
théorique des cinq conditions qui caractérisent la société postmoderne à savoir: l’hyperréalité,
la fragmentation, le sujet décentré,
le renversement production-consommation et la
juxtaposition paradoxale. L’objectif de la recherche consiste donc à déceler les
caractéristiques du nouveau consommateur qui émerge de ces conditions. A partir d’une
profonde revue de la littérature, il en ressort que chaque condition postmoderne affecte d’une
manière bien déterminée le consommateur ainsi que le processus de consommation, ce qui va
générer des implications importante sur les pratiques marketing.
Mots clés : Postmodernisme-Conditions postmodernes-nouveau consommateur.
Abstract: Our paper aims to understand the postmodern consumer through a theoretical
study of the five conditions of postmodern society which are: hyperreality, fragmentation,
decentred subject, the production-consumption and the paradoxical juxtaposition of opposites.
The purpose of the research is therefore to identify the characteristics of the new consumer
that emerges from these conditions. From a deep literature review, it appears that each
postmodern condition affects in a definite way the consumer and the consumption process,
which will generate important implications for marketing practices.
Keywords: Postmodernism- Postmodern conditions- new consumer
INTRODUCTION
Le postmodernisme était une théorie sociale saillante pendant presque trois décennies,
(Christensen et al ; 2005) mais le domaine du marketing n'a pas explicitement reconnu le
postmodernisme comme un descripteur important de la condition sociale actuelle qu’à partir
des années 90 ( Lo´ pez-bonilla et Lo´ pez-bonilla 2009). Le postmodernisme s’est développé
progressivement en marketing, et a contribué à la naissance de réflexions autour des
paradigmes qui permettent d’appréhender la complexité de la consommation postmoderne
(Hirschman, Holbrook, 1992) ; le rôle du marketing dans la société de consommation actuelle
(Firat, Venkatesh, 1993 ; Badot et Cova 1992) et surtout la compréhension du comportement
du consommateur. En effet, de nombreux chercheurs sont attirés par le postmodernisme en
raison de sa nature interdisciplinaire qui permet le franchissement des limites théoriques qui
permet potentiellement une vision plus riche et moins bornée du consommateur (Miles,
1999).
Cette conception élargie du postmodernisme a permis d’envisager les modalités à travers
lesquelles les individus pensent en tant que consommateurs dans les sociétés contemporaines
(Hirschman et Holbrook, 1992 ; Holt, 1997 ; Thompson, 2002).
De nombreux chercheurs (Baudrillard, 1968, 1986; Cova, 1995; Featherstone, 1991 ; Firat, 1991,
1992 ; Firat et Venkatesh, 1995 ; Firat, Sherry et Venkatesh, 1994 ; Firat, Dholakia et Venkatesh,
1995 ; Holt, 1997 ) ont contribué à la définition des fondements de la société postmoderne. Ces
derniers la synthétisent en cinq points : l’hyperréalité, la fragmentation, le renversement de la
production et de la consommation, la décentralisation du sujet au profit de l’objet, et enfin, la
juxtaposition paradoxale des opposés.
Ainsi notre article vise à comprendre le consommateur dit postmoderne à travers une
étude théorique des cinq conditions qui caractérisent la consommation postmoderne à savoir:
l’hyperréalité, la fragmentation, le sujet décentré, le renversement production-consommation
et la juxtaposition paradoxale des opposées.
L’objectif de la recherche consiste donc à déceler les caractéristiques du
consommateur qui émerge des conditions
postmodernes. D’abord,
nous présenterons le
postmodernisme et la naissance du marketing postmoderne. Ensuite, nous allons essayer de
montrer les effets des cinq conditions postmodernes sur le consommateur, la consommation et les
implications marketing qui en découlent.
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I. Postmodernisme et Marketing Postmoderne
Le concept de postmodernisme lui-même est une question controversée sur laquelle il
ya peu de cohésion ou de consensus sur les définitions, les origines et les applications. Selon
Denzin (1993), il s’agit d’un
«terme glissant sans référents clair", tandis que Firat et
Vankatech (1995) plaident pour le terme "postmodernisme" pour être utilisé afin de refléter
l'essence pluraliste de ce mouvement intellectuel. Nous allons donc essayer d’expliquer, en
premier lieu le postmodernisme de manière générale ; et en second lieu, nous présenterons
l’effet du postmodernisme sur le marketing et la naissance du marketing postmoderne
I.1. Le postmodernisme
Au fond, les racines philosophiques du postmodernisme résident dans le rejet du
poststructuraliste et le déni de la possibilité de «vérité» absolue et du questionnement de la
métaphysique occidentale dont l’objectif perçu est de définir, nommer et connaître le monde.
Essentiellement, le postmodernisme repose sur l'idée que nous sommes entrés dans une
nouvelle phase ou
époque, une ère post-industrielle caractérisée par des modes
schizophrénique de l'espace et du temps (Harvey, 1989).C'est un concept qui distingue entre
les stades d'évolution qui marquent chaque nouvelle époque. En tant que tel, la modernité, est
un construit culturel basées sur des conditions spécifiques, limitées historiquement (Foster,
1990).
Il est impossible d’expliquer postmodernisme sans aborder tout d’abord les principaux
éléments du modernisme. En effet, la tradition sociologique découpe l’histoire de l’Europe
selon un schéma simple : périodes pré-modernes ou « holistiques » ; période « moderne » et
pour certains période postmoderne. L’idée de modernité est partagée en fait par toutes les
sciences sociales (histoire, économie, sociologie…) et désigne fondamentalement
l’avènement de la société moderne, industrielle, à partir du XVIIIè siècle, puis postindustrielle
/ postmoderne depuis les années 60.
Il convient donc tout d’abord de définir la modernité avant d’aborder le concept de
postmodernité.
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I.1.1. Les Fondements philosophiques du modernisme et ses critiques
Le terme «modernité» se réfère généralement à la période de l'histoire occidentale qui
a débuté avec
de la fin du XVIe siècle (Borgmann, 1992). La modernité se réfère
généralement à la période de temps et le modernisme renvoie aux idées et conditions
philosophiques et socioculturelles qui ont marqué cette période.
Le modernisme se manifeste à travers les conditions suivantes analysées par Firat et Venkatesh
(1995) ainsi que Piquet et Marchandet (1998) : la règne de la raison et l'établissement de l'ordre
rationnel, l'émergence du sujet cognitif , le développement de la science et l'accent mis sur le
progrès matériel à travers l'application des technologies scientifiques , Le réalisme et la
représentation et l’objectif
unique de l'art et l'architecture , l'émergence du capitalisme
industriel et enfin la séparation de la sphère de la production, qui est institutionnellement
contrôlées et publique de la sphère de la consommation, qui est privé.
Cependant,
plusieurs critiques ont été adressées au modernisme, parmi lesquelles nous
pouvons citer :
Critique 1 : Dans la modernité, les notions qui constituent un individu moderne ou la
société moderne ont été guidées par des forces historiques (la science, la technologie et le
rationalisme) (Foucault, 1984).Le modernisme selon cette critique n'est pas en mesure
d’exploiter la richesse de l'expérience humaine en et traite superficiellement les réalités avec
des solutions simples (vattimo, 1992). Le modernisme tend à représenter une vue de l'individu
(ou le consommateur) qui est limité à un simple agent cognitif.
Critique 2 : La seconde critique fait état que le modernisme a manqué à son éthique pour
assurer une commande, rationnellement construite, à vocation technologique, en apparence
progressive, et une perpétuelle unification de l’ordre sociale (Rosenau, 1992). Le modernisme
a échoué parce que le progrès matériel promis s'est avéré illusoire, dans la mesure où, la
pauvreté, la misère, et la violence marquent encore notre vie.
Critique 3 : Le modernisme réduit le monde en des catégories dichotomiques: sujet / objet,
masculin / féminin, producteur / consommateur, culture / nature, signifié / signifiant, occident
/ orient et ainsi de suite. Chaque paire représente une différence et généralement le premier
terme à un statut supérieur par rapport au second.
Critique 4 : Cette critique concerne le caractère paradoxal de la modernité, où le réel
(imaginaire) devient imaginaire (réel), la représentation devient l'interprétation, le fond
devient la forme, et les objets deviennent des images. Le Modernisme, tout en intégrant
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l'unicité, produit effectivement la conformité (Ross 1988). Ainsi, le paradoxe de la modernité
est l’incompatibilité de son idéal à sa réalité.
Critique 5 : Dans le domaine de l'art et de l'architecture, les notions modernistes se sont
révélées très étouffantes et répressives en raison de l'accent principal mis sur le rationalisme,
le fonctionnalisme et l'universalisme (Jenks, 1987).
Critique 6 : la dernière critique trouvée dans les Ecrits féministes (Bristor et Fischer, 1993;
Fraser et Nicholson, 1990; Joy et Vankatech, 1994).Les attaques féministes contre le
modernisme font valoir que le sujet cartésien est finalement une construction philosophique
du sujet masculin, sous le couvert d'un sujet plus universellement sexuée.
Ainsi, le courant postmoderne défendait la possibilité de rompre avec la tyrannie de
l’innovation du modernisme en s’accordant le droit de renouer avec le passé.
I.1.2. L'origine du terme « postmoderne »
La première apparition du mot « postmoderne » était en 1934. L’adjectif été utilisé
pour désigner la poésie espagnole et sud-américaine produite de 1905 à 1914. Les secondes
occurrences de l'adjectif « postmoderne » apparaissent à partir de 1939 dans l'œuvre de
l'historien Arnold Toynbee et désignent une époque qui commence avec la guerre de 1914 et
dont le début sera ramené par la suite, par Toynbee, à une date antérieure, soit en 1875.
a. Postmodernisme, postmodernité et postmoderne
Dans l'histoire de la terminologie du mot « postmoderne » et de ses dérivés, Rose (1991)
distingue 38 usages originaux du mot « postmoderne » et des autres termes formés à partir de
cet adjectif. Dans trois de ces usages, le terme sert à des historiens pour désigner une période
de l'histoire. Dans 9 autres cas, cette terminologie est utilisée pour dénoter des concepts
empruntés à la philosophie ou aux sciences sociales. Dans les 26 autres usages, la
terminologie du mot « postmoderne » renvoie à diverses écoles dans le domaine de la poésie
et de la littérature (7 usages) et surtout dans celui des beaux-arts (19 occurrences). En se
basant sur cette analyse, nous pouvons distinguer trois formes de la terminologie
« postmoderne » (Brodeur, 1993) :
- la première forme est une esthétique des arts visuels de façon plus particulière à
l'architecture et à la peinture (Jencks, 1987 ; Portoghesi, 1983) et une théorie de la littérature
(Hassan, 1971, 1975,1985 et 1987) reconnues sous l'appellation de postmodernisme.
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- La seconde forme fait référence à une époque de l'histoire de l'Occident. L'expression «
postmodernité » est utilisée
pour nous référer à cette époque, dont les limites sont
déterminées de façon variable selon les auteurs.
- Enfin, l'adjectif « postmoderne » peut être utiliser de deux façons : d'abord pour qualifier un
courant de pensée théorique, ensuite pour caractériser l'interprétation de ce courant .Selon
le premier usage de l'adjectif « postmoderne », on parle de la pensée postmoderne, l'adjectif «
postmoderne » est appliqué à la source d'une interprétation qui est donc la pensée
postmoderne. Selon le second usage, il s’agit de la condition postmoderne, il est donc
appliqué au produit du processus d'interprétation, à savoir la condition postmoderne, qui est
un objet construit.
I.1.3. Les approches du postmodernisme
Dans la littérature, trois approches du postmodernisme ont été identifiés (Firat et Vankatech,
1995) : le postmodernisme affirmatif, le postmodernisme critique et le postmodernisme libérateur,
les particularités de chaque approche sont résumées dans le tableau suivant :
Auteurs
Vattimo (1988)
Approche
Définition
« Celebratory »
Le postmodernisme critique
postmodernisme / Le
le modernisme et met fin à
postmodernisme affirmatif
ses grands projets et ses
métarécits.
Baudrillard (1981, 1983)
Le « critical »
Le postmodernisme est
Jameson (1984)
postmodernisme/Le
l'excès du modernisme avec
Ziegler (1991)
postmodernisme critique/ Le
une rupture radicale avec la
postmodernisme sceptique
culture du capitalisme tardif.
Le « Liberatory »
Le postmodernisme est une
postmodernisme/
extension et une maturation
Le postmodernisme
du Modernisme.
Firat et Venkatesh (1995)
libérateur
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I.2. La naissance du marketing Postmoderne
La modernité définit une culture qui s’oppose à toutes les autres cultures antérieures
ou traditionnelles. Le monde est entré dans cette culture à partir de 1850 selon la pensée
individualiste de Descartes. Cette nouvelle ère est caractérisée par le progrès prodigieux des
sciences et de techniques, le développement du machinisme industriel et la révolution des
transports. Cinq traits distinguent la modernité (Curbatov, 2003) : une production de masse,
émergence des moyens de communication (la publicité et les forces de vente), mode dominant
de la rationalité scientifique et enfin l’organisation de type bureaucratique.
Certains auteurs font aussi comprendre que ces traits sont révélateurs non seulement
d’une ère nouvelle mais aussi d’une société nouvelle, de type capitaliste. Dans la modernité
du marketing, l’accent est mis sur la rationalité de l’acteur. Celle-ci vise à identifier, à
comprendre et à satisfaire les besoins des consommateurs, plutôt qu’à les persuader
simplement d’acheter un produit qu’il est techniquement possible de fabriquer. Pour réaliser
sa libération, le « modernisme » a développé l’économie de marché qui est alors apparue
comme le plus fort agent de dissolution des communautés anciennes que l’on ait pu trouver
(Cova et Badot, 1994).
Dans cette ère moderne, le rôle du marketing management à une combinaison optimale
des variables de décision présentées par McCarthy à travers les « 4 P ». Ce raisonnement de
type marginaliste est hérité de la théorie micro-économique classique. La fonction de vente se
présente alors dans le marketing-mix comme analogue à la combinaison des facteurs dans la
fonction de production (Lancaster, 1971). Dans cette perspective, le marketing est une
science, car il est en mesure de répondre aux conditions exigées par la communauté des
scientifiques : d’abord, il y a une unité de base d’échange (les transactions), ensuite, le
marketing cherche à découvrir les uniformités et les régularités entre eux, et enfin, les
théories, les lois et les explications du marketing sont testables.
Avec le début de la postmodernité et selon l’analyse proposée par Cova (1995),
l’incrédibilité, le doute, la distance, l’ironie ont donc succédés à la confiance et à l’optimisme.
D’autres visions sur les modes de vie, ainsi que les relations entre les communautés, vont
apparaître dans l’approche postmoderne, la philosophie opposée à la modernité.
Le concept de postmodernisme a fait donc son apparition en marketing grâce à des
auteurs nord américains comme Hirchman et Holbrook, (1992), Firat et Venkatesh (1993). Il
est considérée par un nombre de chercheurs en marketing (Badot et Cova, 1992 ; Brown,
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1993 et 1994 ; Cova et Svanfeldt, 1992 ; Firat et Vankatesh, 1993 ; Firat, Dholakia et
Vankatesh, 1995 ; Hirschman et Holbrook, 1992) comme un cadre conceptuel majeur
permettant de mieux comprendre
les changements sociétaux actuels et notamment les
mouvements de la consommation.
En Marketing, Cova et Badot (1994) proposent à la suite des sociologues anglais et français, de
nommer :
- postmodernité : un glissement ou une césure avec la modernité : une nouvelle condition sociale
émerge qui semble commander une adaptation des pratiques marketing pour faire face à une
consommation individualisée et tribalisée.
-
postmodernisme
:
une
perspective
philosophique
spécifique
riche
d’hypothèses
épistémologiques et de préférences méthodologiques qui pousse à repenser les principes généraux
de la théorie en marketing;
I.2.1 Les approches du Marketing postmoderne
a. L’approche nord-américaine et anglo-saxonne
Le but principal de cette approche initiée par Firat (1991), Van Raaij (1993), Firat, et
Venkatesh, (1993) est de bâtir, de développer et de maintenir la relation avec un client
clairement identifié, plutôt que de bombarder un marché composé d’une masse d’inconnus
regroupés en segments homogènes.
b. L’approche latine
Les tenants du courant latin (Badot et al, 1993 ; Bucci, 1992 ; Cova et Svanfeldt,
1992 ; Cova, 1995) s’appuient sur la vision prospective d’une personne postmoderne ne
recherchant pas des produits et des services pour être plus libre (comme le préconise le
courant nord-américain) mais plutôt à la recheche des objets et des lieux de services pour se
relier aux autres, à une communauté, à une tribu.
c. Vers une approche mixte
L’approche latine du Marketing se distingue de son homologue anglo-saxonne par
l’importance qu’elle donne non seulement à la "fonctionnalité de l’offre" et au "service au client",
mais aussi au "partage" ainsi qu’à l’importance que revêt l’établissement de relations entre les
individus eux-mêmes, plutôt qu’entre l’entreprise et chaque individu particulier comme le suggère
l’approche américaine et anglo-saxonne (Badot et Cova, 1995).
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Mais malgré cette différence entre les deux approches, elles ont pourtant un trait commun, la
recherche de la "proximité du consommateur"(Brown, 1993). En effet, la finalité des deux
approches est de bâtir, développer et maintenir sur le long terme une relation privilégiée avec un
client clairement identifié plutôt que d’accabler un marché composé d’une masse d’inconnus
regroupés en segments homogènes.
C’est pour cette raison, que durant notre recherche, dont l’objectif primordial est de comprendre le
consommateur qui est en fait la finalité des deux propositions, nous ferons donc appel aux deux
approches afin de mieux cerner le profil du consommateur postmoderne.
II. Effets des conditions postmodernes sur le consommateur et la
consommation
Firat et Vankatech (1993), ont identifié cinq conditions du postmodernisme :
Hyperréalité, la Fragmentation, le Renversement production-consommation, le sujet décentré,
la Juxtaposition paradoxales des opposés . Les deux auteurs identifient la perte de
l’engagement comme conséquence de ces conditions qui signifie que le consommateur ne
s’engage plus à aucune action qu’il entreprend avec l’exemple le plus marquent est celui de la
fidélité dont le consommateur résiste voire s’échappe de plus en plus. Van Raaij (1993),
ajoute aux conditions du postmodernisme déjà évoqué, le pluralisme ou l’acceptation des
différences comme approche dominante de toutes les relations. En 1997, Firat et Shultz
proposent d’autres conditions de la société postmoderne à savoir : Ouverture et tolérance,
Présentéisme, Acceptation du désordre et du chaos, Importance du style et de la forme.
Les conditions les plus utilisés et qui ont fait un consensus de la part des auteurs et
chercheurs en postmodernisme comme le suggèrent Firat et Shultz (2001), ce sont celles
avancées par Firat et Vankatech (1993) qui regroupent les conditions postmodernes dans ces
cinq catégories, ainsi, dans les sections qui suivent, nous allons essayer d’expliquer ces
conditions, et de présenter les conséquences sur le consommateur.
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II. 1. Hyperréalité
Dans la pensée moderne, la représentation cherche à saisir la réalité objective à l’aide de
l’observation et
de la pratique artistique ( Firat et Vankatech ,1995). Par contre, le
postmodernisme rejette l’idée reçue d’une réalité universelle et uniforme pour permettre la
« ré-creation » de nouvelles réalités particulières en libérant le signe de ce qu’il signifie et de
son référent. Dans cette perspective, la représentation signifie la construction du réel sans
référence à la réalité objective (Firat et Vankatech, 1995). D’ailleurs l’analyse des recherches
menées par Firat (1991, 1992), Van Raaij (1993), Brown (1994) ou encore Firat et Vankatech
(1995) révèle que l’hyperréalité est une dimension systématiquement identifiée parmi les
différentes dimensions du postmodernisme.
I.1.1. Cadre théorique postmoderne de l’Hyperréalité
Les principales approches qui s’intéressent au phénomène de l’hyperréalité (Debord,
1992; Baudrillard, 1976, 1981 ; Eco, 1985, 1986 ; Firat, 1992 ; Van Raaij, 1993 ; Firat et
Venkatesh, 1995) adoptent une perspective philosophique matérialiste. En effet, ces
approches relèvent du constructivisme socio-économique puisqu’elles considèrent que la
réalité est une construction sociale, les relations entre les signifiants et les signifiés sont
définies de manière arbitraire.
D’après Perry (1998), définir le phénomène d’hyperréalité ne peut représenter qu’une
tentative car, face à la pluralité de ses manifestations, il est difficile d’élaborer une théorie et
une définition de ce phénomène. Il est toutefois possible d’établir que l’hyperréalité
représente une réalité, différente de la réalité objective – matérielle – perceptible, qui conduit
à ne plus pouvoir faire la différence entre le « vrai » et le « faux ». Cette réalité différente est
générée par un processus, celui de simulation, qui remplace le réel par ses signes, par sa
(re)construction.
II.1.2. Effets de l’ Hyperréalité sur l’individu et la consommation postmoderne
L’hyperrealité est la condition la plus étudiée et la plus discutée de la postmodernité
(Baudrillard, 1983 ; Eco, 1986; Jameson, 1984). Elle a été discutée comme étant une
condition que nous vivons comme notre réalité (sociale) qui est culturellement construite, et
dépendante du pouvoir de l’individu.
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L’ Hyperréalité, est ainsi la condition de la constitution de la réalité sociale à travers des
significations puissantes et des représentations de simulation ou « hype » (Firat et
Venkatech, 1993), ce qui va avoir une incidence sur le processus de construction du (social)
de l'identité du consommateur, ainsi que ses expériences de consommation.
a) Les nouvelles significations et la construction identitaire
L’ Hyperréalité, est ainsi la condition de la constitution de la réalité sociale à travers des
significations puissantes, est c’est ainsi que le consommateur peut se construire une identité.
Ce processus de construction identitaire joue un rôle important dans la façon dont le
consommateur perçoit soi-même, comment il identifie son but et sa raison d'être et constituer
un sens pour sa vie.
L’hyperréalité qui illustre ces faits, est celle rencontrée dans les formes de
communication. En effet, à travers les formes de communication, les signifiants peuvent être
détachés de leurs référents d'origine et donc de leurs significations d'origine et peuvent donc
être attachés à des nouvelles significations. Comme exemple qui met en évidence ces propos,
on retrouve le cas de la dentifrice. Dans les publicités, le terme est séparée de la pâte
dentifrice et devient indépendant de l'élément d'origine (une pâte qui sert à nettoyer les dents,)
et il va acquérir de nouvelles significations symboliques, tels que la beauté, le bonheur,
l'attractivité,… etc
Ces nouvelles significations simulées, conduit à une nouvelle réalité grâce à la puissance de la
communication. C'est une communauté des consommateurs qui se sentent ou qui s’attribuent
ces nouvelles significations (d'attractivité, de beauté,..) d’une marque (dentifrice) dont ces
significations sont initialement attachées.
b) La simulation de la réalité et les expériences de consommation
La culture de l'hyperréel, semble afficher d'autres aspects et une de ces tendances est la
volonté des consommateurs à préférer la simulation à la «Réalité». Comme le montrent
Firat et Venkatesh(1993), la caractéristique distincte du postmodernisme est son aspect
culturel, plutôt que économique ou social qui a dominé la période moderne, ce qui mène à
la reconnaissance que la simulation est relativement indépendante de la réalité sociale.
Le consommateur postmoderne se sent plus dans le plaisir ludique de la simulation plutôt que
dans la recherche en permanence des moments de la «réalité». Les Postmodernistes évoquent
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souvent Disneyland ou Las Vegas à titre d'exemples qui illustrent cette tendance (Baudrillard,
1987).
L’hyperréalité constitue une variable qui permet de produire une expérience de
consommation apte à réenchanter le consommateur (Ritzer, 1999 ; Filser, 2002 ; Hetzel,
2002). En effet, les environnements simulés apparaissent comme étant plus spectaculaire que
le monde réel (Ritzer, 1999), cette caractéristique représente un avantage puisque les
individus postmodernes recherchent le spectaculaire et les expériences (Holbrook et
Hirschmann, 1982), cette quête s’inscrivant dans une tendance plus générale, à savoir celle
des émotions (Graillot, 2004, 2010). En outre, d’après Riou (1999), l’existence du spectacle
accompagnant l’hyperréalité contribue au succès plus grand qu’elle rencontre par rapport à la
réalité et à l’attrait qu’elle exerce sur les individus postmodernes.
Un environnement hyperréel peut proposer à ces individus de vivre des expériences non
disponibles à proximité en raison d’un climat défavorable ou de caractéristiques géologiques
inadéquates à la pratique de ces expériences. Par conséquent, ce type de lieu rapproche les
expériences des individus. La construction de tels sites répond, en fait, à la quête frénétique de
individus postmodernes désireux de vivre un maximum d’expérience ( Holbrook et
Hirschman, 1982 ; Firat et Vankatech, 1995) sans perte de temps. Pour illustrer cette
tendance, considérons le grand nombre des touristes qui visitent la salle IMAX à côté du
Grand Canyon pour le regarder sur un film et «vivre réellement l'expérience" ou encore les
parcs thématiques et de simulation, telles que le « Fossil Rim » au Texas, qui recrée le safari
Africain, ce qui induisent beaucoup d'excitation chez leurs visiteurs. Le regroupement de
reconstructions en un même lieu donne la possibilité aux individus de voyager dans le temps
et de faire le tour du monde dans un laps de temps relativement court, pour un coût financier
moindre (Hetzel, 2002).
c) L’émergence de la cyberculture
Une évolution étroitement liée à la condition de hyperréalité est celle de l’émergence de la
cyberculture. C’est une transformation sociale majeure provoquée par les technologies de
l'informatique, de l'information et des télécommunications, qui sont considérés comme des
technologies postmodernes (Lanham , 1993; Poster, 1990; 1995; Vattimo, 1992) . Alors que
les technologies modernes étaient considérées comme des machines de production
instrumentales, les technologies postmodernes sont considérées comme des outils de
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communication qui permettent le mouvement dans les cyberespaces, les réalités virtuelles et
des environnements informatiques médiatisés.
Poster (1995) se réfère à ces évolutions, pour créer de nouvelles formes d'identités et de
nouveaux symboles de la communication et de consommation. Dans ses travaux antérieurs
(Poster 1990), les a identifiés comme «mode d’information», par opposition au «mode de
production» (en modernité). Goldman et Sapson (1994) appellent cette culture : la culture de
"hypersignification".
II. 2. Fragmentation
II. 2.1. Le cadre théorique de la fragmentation
Dans la postmodernité, la fragmentation est une autre caractéristique majeure de la
société. Sa formulation théorique est due à Lyotard (1984) qui refuse d’une manière absolue
toute forme d’universalisme dans la vie sociale. La fragmentation en fait, envahit toutes les
activités, y compris la consommation. La période postmoderne serait ainsi une ère sans
idéologie dominante, caractérisée par le pluralisme des styles et la sensibilité aux différences
(Lyotard, 1984) ; ce que qualifie Smith (1990) de « vrai mélange de composants disparates
venus de partout et de nulle part ».
II. 2.2. La fragmentation des expériences de consommation dans la société postmoderne
Les consommateurs postmodernes veulent aussi éprouver la diversité dans beaucoup
de secteurs et aspects de leurs vies et ne pas se fixer seulement sur un secteur ou un aspect.
Le marché devient de plus en plus fragmenté parce qu'il est construit par un nombre croissant
de consommateurs individuels (Bond et Morris, 2003). D’autre part, les individus
postmodernes sont prêts à vivre des moments fragmentés et des émotions différentes durant
les spectacles sans s’engager ou se conformer à aucun d’entre eux. Ils sont donc capables de
vivre les paradoxes que génèren la fragmentation ( Firat et Vankatech, 1995). Cette
fragmentation se manifeste à travers :
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a) Les moments de consommation
Les moments de consommation sont de plus en plus fragmentés (diner, regarder la
télévision, …). Le consommateur s’engage dans une série d’actes de consommation
indépendants ( Firat et Vankatech, 1993), et chaque acte demande un produit différent, qui
remplit un besoin spécifique. Ces multiples moments de consommation ont un effet sur le
consommateur lui même, car la fragmentation des expériences de la vie exige souvent une
fragmentation de soi pour vivre pleinement chaque situation rencontrée. Les entreprises
doivent faire face à un consommateur « pluriel», changeant son comportement au gré des
influences situationnelles (Dubois, 1990 ; 1994)
b) Les produits
Comme
la vie consommatoire des individus est segmentée, fragmentée, sur des
moments distincts, les produits à leurs tours sont plus spécialisés et diversifiés, ils
communiquent des images différentes. Chacun de ces produits est utilisé d’une façon à
refléter une image différente du soi afin d’atteindre la différentiation et l’individualité.
c) Les environnements commerciaux
Les expériences de vie fragmentées du consommateur sont également représentées
dans les environnements commerciaux contemporains qui deviennent de plus en plus des
centres pour des activités récréatives et de loisir pour les consommateurs ( shopping, espaces
réservées pour les enfants, organisation des défilés de mode, des salles de cinéma,…).
II.2.3. La fragmentation de l’individu postmoderne
a) La fragmentation des émotions
Puisqu’il n’existe plus d’idéologie dominante, il n’existe plus un style de vie unique.
Les consommateurs adoptent des modes de vie selon les produits qu’ils utilisent
(Van
Raaij
affirment
et
Verhallen,
1994).
Certains
auteurs
vont
même
plus
loin
et
que les consommateurs vivent le moment, par leur état d'esprit et
l'humeur, et devrait être segmentés en fonction de leur état momentané et parlent de "Market
sentimentation » (Michiels, 1992) au lieu de segmentation de marché ( Market
segmentation).
14
b) L’individu pluriel
La fragmentation des expériences de la vie exige souvent une fragmentation de soi
pour vivre pleinement chaque situation rencontrée : Par exemple, gérer les relations en milieu
de travail, exige pour la femme une identité différente que celle utilisée pour gérer ces
relations dans son foyer ( Firat et Shultz ; 2001 ).Il peut y avoir même la possibilité de
l'existence de personnalités incompatibles ou contradictoires chez un même individu : les
« multiphrenic selves ». Firat, sherry et vankatech (1994), utilisent et préfèrent le terme
"multiphrenic : en français l’état mental pluriel» à «schizophrène» que d'autres auteurs ont
utilisé ( Deleuze et Guattari, 1983 ; Jameson 1984). Par conséquent, le « multiphrenic self »
est une représentation de l’effet des conditions postmodernes sur le comportement du
consommateur.
c) L’appartenance aux micro-groupes
Cette fragmentation permet aux individus de s’intégrer dans la société postmoderne,
car l’intégration passe par le partage d'expériences de consommation communes. L’individu
appartient alors à divers micro-groupes réunissant des personnes qui entretiennent un lien
émotionnel fort par opposition aux liens sociaux forts de la société traditionnelle (Maffesoli,
1998, Oettgen et Oettgen, 2004).
II.3. Le sujet Décentré
Une autre condition du postmodernisme,
en résonance avec la fragmentation et
l’hyperréalité, à savoir le décentrage du sujet. Cette condition atteste de l'invraisemblance de
la centralité du le sujet humain, pris dans la pensée moderne.
II. 3.1. Le sujet dans la pensée postmoderne
L’individu postmoderne (le sujet) fragmenté, discuté précédemment, représente un état
de déstabilisation du sujet cartésien unifié rencontré dans la pensée moderne. Cette
déstabilisation signifie également le décentrage du sujet de sa position privilégiée.
Autre conséquence postmoderne donc est que le "sujet" des récits modernistes est devenu
décentré et confondu avec l'objet. Il est également décentré dans la mesure où il ne s’agit plus
d’un unique mais d’un multiple de sujet changeant en fonction de la situation qu’il rencontre
(Gergen, 1991 ; Solomon, 1992).
15
II.3.2. Sujet Décentré et consommateur postmoderne
La relation entre le sujet et l'objet devient plus compliquée, ce qui rend redoutable la
supériorité assumé du sujet. Souvent, les objets exercent un pouvoir sur les sujets à l’exemple
des « objets de désir » (Baudrillard, 1990). En outre, des exemples de l'objectivation des êtres
humains se multiplient (Guilbert, 2002; Levine, 1998; Sacks, 1982).
a) Le contrôle des objets et l’interpassivité du consommateur
Dans son travail sur les possessions du consommateur et l'application de la théorie des
relations de l’objet, Belk (1988) a ajouté de nouvelles dimensions pour comprendre la façon
dont les consommateurs contrôlent les objets et les objets contrôlent consommateurs (Sherry
1986, 1993, 1995).
La Subjectivité postmoderne, de sa part, problématise cette relation dans la mesure où les
consommateurs sont de plus en plus aptes à déterminer le processus et les procédures de
l'activité de consommation, plutôt que suivre les instructions dictés par produit.
Désormais, c’est l’objet qui contrôle les conditions, le processus de la consommation
et l’interaction avec l'objet, est non plus le sujet (Baudrillard, 1983).
Par conséquent au lieu de considérer que c’est le sujet qui contrôle les circonstances et les
processus de sa vie courante lors de ses interactions avec les objets, ces derniers sont
considérés en postmodernité comme étant ceux qui déterminent les conditions les processus
de consommation : En conduisant les voitures, en utilisant les micro-ondes, les machines à
laver, ordinateurs, et l’individu
est généralement le suiveur d'instructions, les manières
correctes de faire les choses.
Les actions de chaque individu sont déterminées par la conception et la structure de ces
produits. Nous pouvons ainsi déduire que le rôle de l’individu est de permettre aux produits
d'exercer leurs fonctions est non plus les produits qui permettent la réalisation des objectifs de
l’individu. On est donc passé à l’inverse de la vision selon laquelle les produits sont destinés à
permettre à l’être humain de réaliser ses objectifs. Certains auteurs parlent même
d’interpassivité qui se définit comme la délégation de la jouissance du consommateur à un
objet (Carù et Cova, 2008).
16
b) L’objectivisation de l’individu
La confusion entre le sujet et l'objet est encore renforcée d’une part par le fait que les
consommateurs ont tendance à se percevoir comme des items vendables. Cette tendance est
appuyée par les systèmes de marketing qui encouragent les représentations de soi comme des
images. Le marketing ne s’intéresse pas uniquement au positionnement des produits sur le
marché, mais aussi par le positionnement des consommateurs eux même sur le marché social.
Comme nous l’avons déjà discuté plus tôt, d’une situation à une autre, les consommateurs
prennent différentes images et jouent le rôle de différentes personnalités pour se faire
accepter.
Cette multiplicité d’images et de personnalités n’est pas adoptée par les consommateurs d’une
manière délibérée et autonome, elle est plutôt imposée par les attentes culturelles qui sont déjà
intériorisées par la société. Les individus sont toujours préoccupés d’avoir une image qui
correspond à celle nécessaire pour réussir. Dans ce sens, la mode devient la métaphore de la
culture (Faurschou, 1990; Sawchuk, 1987). Par exemple, de nombreux consommateurs, mâle
et femelle, ont recours de plus en plus la chirurgie plastique et les implants pour améliorer
une partie ou plusieurs de leurs corps. L’objectification que fait l’individu de son corps et de
son identité lui permet d’être acheté et consommé, comme un produit. Les consommateurs
deviennent des produits consommés pour la production d’autres objets ou d’autres services
dans les usines, dans les bureaux ou ailleurs.
Enfin, cette dimension du sujet décentré suggère un lien potentiel avec la perte de
contrôle dans la vie du consommateur postmoderne. En effet, le sujet moderne avait la
particularité de présomption d’avoir un contrôle sur les objets ainsi que sur son destin. Par
contre l'individu postmoderne décentré, semble présenter une orientation paradoxale en
termes de lieu de contrôle. (Firat et Shultz, 2001).
II.4. Renversement Production-Consommation
La primauté donnée à la production dans les métarécits modernes a été remise en
cause
avec la pensée postmoderne. L'idée qui stipule que la valeur est
créé dans la
production et détruite dans l’acte de consommation est considérée comme l'une des mythes de
la rhétorique et du projet moderne.
Dans le processus de fusion du sujet et l'objet postmoderne, un autre mythe
d’idéologie moderniste est exposée: il n'ya pas de distinction naturelle entre la consommation
17
et la production. Chaque acte de production est aussi un acte de consommation, et vice-versa,
c'est à dire il ya un cycle de production et de consommation ( Firat et Venkatech, 1995).
Ainsi, le renversement de la production – consommation est apparu lorsque la
production a perdu son statut privilégié dans la culture et la consommation qui devient le
moyen par lequel les individus définissent leur propre image pour eux ainsi que pour les
autres; les pratiques marketings, bien sûr, étant le premier facteur qui renforce cette tendance.
II.4.1. L’impact sur la consommation postmoderne
La consommation détient aujourd’hui un niveau élevé de signification sociale. La nature
symbolique de processus de consommation s’impose. En effet, les symboles créent les
significations et les consommateurs négocient le processus de consommation à travers ces
significations. Par ailleurs, les produits qui permettent aux consommateurs une autoexpression individuelle, à l’exemple de la nourriture et de la mode sont des produits qui
attirent certains segments de consommateurs à travers les cultures (Domzal et Kernana, 1993).
a) la consommation individuelle
Il y a eu une confusion voire une réversibilité de la consommation et de la production
et de son rôle de destructeur dévolu par la théorie économique ; le consommateur est
désormais considéré comme acteur et créateur de sens. Grâce au système marketing, la
consommation est devenue, le processus par lequel les individus définissent eux-mêmes et
leurs statuts ou images dans la société contemporaine (Bourdieu, 1984; Ewen, 1988).
L'identité personnelle est de plus en plus recherchée par le consommateur, même dans ses
formes fragmentées, non sur la base de ce que l'on produit mais sur la base de ce que l'on
consomme. L'acte de consommation est en effet au cœur du processus de construction identitaire,
"consommer ce n'est pas seulement acquérir des produits, mais s'acheter une identité .(Gabriel and
Lang , 1995). Comme les postmodernistes l’indiquent, la consommation n'est pas seulement
un acte personnel de destruction accompli par le consommateur, mais plutôt un acte social de
significations symboliques, codes sociaux et de relations. En effet, le consommateur produit et
reproduit son identité (Poster, 1995). En d'autres termes, chaque individu est différent d’un
autre par un ensemble de choix de consommation et des expériences.
18
b) la consommation des groupes
Les études postmodernes sur les groupes permettent de mettre en évidence différentes
fonctions symboliques de la consommation, vue non plus comme un acte de destruction, mais
comme un acte de production d’images (Firat et Venkatesh 1995). Ainsi, « pour devenir objet de
consommation, il faut que l’objet devienne signe » (Baudrillard 1968). La consommation revêt
alors les fonctions suivantes :

Révélateur du système de valeurs : Les activités de consommation des groupes
postmodernes permettent de refléter leur système de valeurs micro-culturel (Thompson et
Troester, 2002).
 Révélateur de l’appartenance: Certaines pratiques de consommation, marques et
produits reflètent l’appartenance au groupe, et permettent de distinguer les membres
des non-membres (Holt 1995, 1997 ; Kates 2000 ; Schouten et Mc Alexander 1995 ;
Holt et Thompson 1996).
 Moyen d’action sociale : Les groupes postmodernes, possédant leur propre microsystème de valeurs, utilisent également les activités de consommation comme moyen
d’action sociale. Ainsi, la possession et l’utilisation spécifique de certaines marques et
objets marquent l’appartenance au groupe, tout comme l’hostilité voire le boycott de
certaines autres (Kates 2000 ; Schouten et Mc Alexander 1995 ; Thomson et Troester
2002).
II.5. Juxtaposition paradoxale
Le changement de la forme entre modernité et postmodernité est un changement
massif mais qui n’implique pas d’opposition ». D’une manière très synthétique, Freitag
(1994) stipule: « Autre trait essentiel à retenir, la modernité accumule des contradictions,
qu’elle affronte de manière agnostique, conflictuelle, la postmodernité dissous les
contradictions sans les « dépasser » dans le mouvement, et elle s’engage processuellement de
manière toujours positive »
La postmodernité est une phase transitoire où il n’y a pas une idéologie dominante
mais elle se caractérise par la pluralité des styles et la coexistence des éléments qui auparavant
étaient considérés opposés. Par conséquent, le postmodernisme refuse de privilégier une seule
perspective, de reconnaître une seule différence et d’admettre des fragments, jamais de
conflits ni d’inégalité (Wilson, 1989).». C’est alors une ère où règne la tolérance « rien n’y
19
est a priori frappé d’illégitimité. Tous les styles, toutes les époques, bénéficient du droit à la
différence ».
La juxtaposition paradoxale, quand elle devient une orientation dominante elle tend à
créer une totale ironie, ambiguïté, et enfin, le pastiche. Dans la culture postmoderne, il n'ya
pas d'ordres à respecter. Le postmodernisme s’engage plutôt dans un mode de présentation qui
suggère les potentialités et les possibilités d’accepter l’autre, le «irreprésentable» et le nonfamilier (Caputo, 1997), dans le but de rechercher et d'explorer la richesse de la substance et
de sens qui pourrait être vécues dans les moments de vie actuel.
Cependant, parmi les conséquences de cette juxtaposition paradoxale des perspectives,
des engagements, des idées et des objets, est que toute chose soit en même temps, acceptable
et suspecte. La Créativité en postmodernisme est définie comme une combinaison originale
d'éléments opposés (Van Raaij 1993).
Ce phénomène de juxtaposition paradoxale à été d’abord observé dans la culture
contemporaine, comme dans l’art et l'architecture, où les normes et les exigences universelles
ainsi que l'efficacité technique et fonctionnelle ont été abondonnés (Jenks, 1987).
Par la suite, il s’est manifesté à travers la publicité, les centres commerciaux ou encore dans la
mode. Dans la publicité, par exemple, au Royaume Uni, une marque de cigarettes est devenue
populaire car elle a été vendue dans un emballage noir avec un crâne et un nom de marque de
« La Mort ». Tous les avertissements sont clairement indiqués sur l'emballage, y compris le
message: «10% des bénéfices seront donnés au recherches de la lutte contre le Cancer ".
Dans les environnements commerciaux, la juxtaposition des opposées peut être repérée dans
la mesure où le consommateur peut s'acheter des chaussures, tout en regardant en direct un
spectacle de musique classique (Firat et Venkatech, 1993) et enfin la a mode Postmoderne
tend elle aussi à juxtaposer des vêtements de et des styles qui ont été considérés incohérents
dans la vision moderne de la mode (Kroker et Kroker, 1987).
II.5.1. L’effet sur L’individu
Un
consensus entre les théoriciens postmodernes que l'une des principales
caractéristiques de la culture postmoderne est son caractère paradoxal qui permet la
juxtaposition de tous. Ces contradictions, peuvent se présenter, par exemple, sous forme
d’émotions opposées (amour et haine, mépris et admiration), de cognitions opposés (croyance
et doute) qui se produisent chez l’individu de manière simultanée (Foster, 1983; Gitlin,
1989; Hutcheon, 1988; Wilson, 1989).
20
La juxtaposition paradoxale se rapporte à également la possibilité de l'existence de
personnalités incompatibles ou contradictoires chez un même individu, « multiphrenic
selves ». Firat, sherry et vankatech (1994) (comme nous l’avons vu dans la condition de la
fragmentation), est l’apparition de ce que les auteurs appellent le « multiphrenic self » ou
encore l’individu pluriel. En postmodernité, on ne peut plus avoir de dissonance cognitive, le
consommateur peut simultanément être sceptique et heureux de son comportement et de sa
consommation et il trouvera dans tous les cas le plaisir de vivre cette expérience.
II.5.2. L’effet sur les expériences de consommations
De même, les expériences de consommation postmoderne sont opposés et
contradictoires. Plusieurs exemples mettent en évidence les expériences de consommation
surtout avec les cas des restaurants "ethniques" : Il ya essentiellement deux sortes de
restaurants ethniques: ceux qui servent les immigrants ethniques et ceux qui se sont
transformé en "nouvelles" cuisines et qui s'adressent généralement aux consommateurs de
haute classe (Firat et Venkatech, 1993). Les consommateurs du second type de ces restaurants
savent que la cuisine a été «modifiée» en fonction de leurs goûts, mais ça ne les dérangent pas
parce qu’ils sont là pour vivre l’expérience dans une autre culture ethnique.
Même si ces exemples actuels de situations paradoxales font partie de la critique moderniste,
elles représentent pour le consommateur postmoderne des épisodes d’expérience ludique. Un
restaurant ethnique, ce n'est pas simplement un repas délicieux que les gens goûtent, mais
plutôt ce sont des styles de vie différents qu’ils vivent dont la nourriture est juste une
manifestation.
Ainsi, le consommateur postmoderne juge l'expérience selon ce qu’elle
présente de passionnant, d’intéressant et surtout selon ce qu’elle contribue à donner une
signification pour sa vie.
III. L’émergence du nouveau consommateur
Avec le réexamen de la nature de la société et de l'être humain et à travers les conditions
postmodernes, un nouveau consommateur semble naitre. En effet, il s’est avéré que :

le consommateur postmoderne n’est plus matérialiste : Firat et Dholakia (2006),
stipulent que les consommateurs modernes, (cohérents avec les définitions modernes de la
prospérité et la bonne vie), ont cherché toujours à s'entourer de biens matériels. En
contrepartie, le consommateur postmoderne qui émerge à tendance à être moins préoccupé
par les valeurs matérielles et beaucoup plus intéressés par l'expérience et les valeurs des
activités. La sensibilité postmoderne, semble susciter un intérêt dans la consistance et le
21
sens des expériences présentes, plutôt que dans la richesse matérielle offerte par les
acquisitions et de leur valeur promise vers la réalisation d'un grand futur (Kozinets, 2002).

le consommateur postmoderne est à la recherche des expériences et de l’immersion :
L'immersion dans ces expériences exige une gamme complète de stimulation sensorielle,
ce qui donne au consommateur la chance d'extraire un sens riche et profond. Les Thèmes
culturels sont souvent les mieux à fournir une immersion impressionnante dans
l'expérience de consommation(les musées, les spectacles de musique, ..). Ces thèmes et
l’expérience qui ont découlent sont donc très recherchées. L’approche expérientielle
s’insère aussi dans une vision postmoderne de la consommation. La transition vers une
société postmoderne et un réenchantement de la consommation ont entraîné le désir des
consommateurs de vivre des expériences variées à travers leurs actes quotidiens (Firat et
Venkatesh, 1995).
Dans le cadre théorique de l’expérience de consommation, le simple acte de consommer
est un moyen permettant d’enchanter son quotidien. Firat et Dholakia (1998) notent que «
Pour le consommateur postmoderne, consommer n’est pas un simple acte d’absorption, de
destruction ou d’utilisation de quelque chose. Ce n’est pas non plus le dernier maillon de
la chaîne du processus économique ; c’est un acte de production d’expérience et
d’identités ou d’images de soi-même. Le moyen d’enrichir et d’enchanter la vie est de
permettre de multiples expériences, vécues à la fois émotionnellement et rationnellement,
et utilisant toutes les dimensions de l’être humain. La vie doit être produite et créée, en
fait, construite au travers des multiples expériences dans lesquelles le consommateur
s’immerge »

le consommateur postmoderne est un constructeur de sens et de symbole : les
consommateurs postmodernes tendent à devenir des acteurs dans la construction des
significations, soit par le biais de l’implication dans les communautés de consommateur
(Fish, 1980) ; soit par l'intermédiaire de leur propre déconstruction des textes de
consommation (Stern, 1998).

le consommateur postmoderne est un constructeur d’identité « l’individu pluriel »
L'objectif du consommateur postmoderne ne consiste pas à s’attacher à aucune culture ou
à un seul mode d'existence, mais plutôt à naviguer dans plusieurs et d'explorer les
alternatives possibles et significatives de la manière d'être, enrichissant ainsi le processus
de sa vie.
Le nouveau consommateur qui émerge des conditions postmodernes devient aussi de plus en
plus virtuel, il est le résultat d’une superposition de quatre images qu’il faudrait analyser
22
simultanément et non pas séparément : l’image qu’il a de lui-même, l’image qu’il a des autres,
l’image que les autres ont de lui et l’image de l’image que les autres ont de lui. (Gharbi,
2011).
Enfin, le tableau suivant résume les différentes caractéristiques du consommateur moderne et
celui de l’ère postmoderne, et les implications marketing qui en découlent.
Orientation
moderne
- le but du
consommateur
est de
reconstituer les
énergies et
d'accumuler des
biens matériels
Caractéristiques
du
consommateur
Implication
Marketing
- le Marketing
identifie les
besoins des
clients et fournit
des produits
pour satisfaire
ces besoins
-Le
consommateur à
la liberté de
choisir entre
diverses options
qui sont
disponibles sur
- Le marketing
le marché
est une activité
destinée à
- Les
satisfaire les
consommateurs besoins des
s'expriment à
consommateurs
travers leur
consommation
- Le
consommateur
est un «client»
Orientation
postmoderne
- le but du
consommateur
postmoderne
est
de produire
des
expériences de
vie et des sens
Implication
Marketing
- le Marketing
fournit des
processus pour
le
consommateur
postmoderne
lui permettant
ainsi de
construire
plusieurs
expériences
-Le
consommateur
postmoderne
est un
constructeur
d’alternative
(options de
choix)
- Le marketing
est en
partenariat avec
le
consommateur
- Le
postmoderne
consommateur pour leur
postmoderne
permettre de
produit son
construire des
identité dans le significations et
processus
des expériences
- Le
consommateur
postmoderne
est un
« marketer »
Tableau 1 : Les caractéristiques du consommateur et de la consommation « postmoderne » ( Firat et Dholakia,
2006)
Des changements certes, ont été apportés par les orientations postmodernes sur le
comportement de consommateur, ces changements peuvent annoncer des conséquences majeures
pour la théorie et la pratique du marketing. Par exemple, une implication immédiate et évidente a
23
trait au marketing non pas comme un fournisseur de produits, mais comme un partenaire dans la
construction des cultures de la communauté ( McAlexander et al., 2002; Muniz et O'Guinn, 2001).
Quelques tendances et pratiques de marketing déjà préfigurent l'avenir. Le Marketing aura besoin
de devenir un processus de partenariat dans cette quête, plutôt qu’une mise en scène d'un spectacle
d’actions au nom des consommateurs. Si le Marketing doit être réussi dans ses tentatives de se
relier aux consommateurs dans une culture postmoderne, le «marketing» (au sens moderne du
terme) doit remettre en cause ses conceptions et ses définitions du consommateur et de
consommation. Le marketing doit être redéfini comme un générateur des processus pour les
consommateurs, plutôt que fournisseur de produits finaux (Fırat et al., 1995). Il pourrait être
admis alors selon Firat et Dholakia (2006) qu'aucun produit offert au consommateur n'est jamais
un produit fini et que la consommation a toujours été un processus de transformation du produit à
partir du moment même où le produit est à la possession de consommateur.
CONCLUSION
Dans la littérature académique en marketing, et surtout en comportement du
consommateur, les sujets qui traitent de la position des consommateurs sur le marché et dans la
société ont récemment reçu une certaine attention, à la suite d’un travail théorique critique (Fırat
et al, 1987; Murray et Ozanne, 1991) et un travail qui évalue de façon critique les tendances
postmodernes (Cova, 1999; Fırat et Dholakia, 1998; Fırat et Venkatesh, 1995; Holbrook, 1993),
ainsi que les perspectives postmodernes (Brown, 1995). Notre recherche s’intègre dans cette
optique, et vise à étudier le consommateur qui émerge des conditions postmodernes qui ont
prévalues sur la société.
Plusieurs caractéristiques du nouveau consommateur postmoderne ont été mises en
évidence : les consommateurs deviennent des producteurs de sens, jouant avec les significations
que peuvent transmettre les produits et services consommés. En outre, les groupes sociaux jouent
un rôle croissant dans les comportements des individus postmodernes (Cova et Cova, 2001 ; Firat
et Shultz, 1997). Une voie future de recherche peut être suivie qui va permettre de vérifier si
le consommateur postmoderne rompt définitivement avec celui moderne, dans la mesure où le
postmodernisme est un terme fortement basée sur une opposition à la modernité, exprimant
une rupture définitive avec les caractéristiques de l'ère moderne (Featherstone, 1991). Il
signifie «l’après», c'est-à-dire une cassure ou une rupture avec l'ère moderne. Ses
caractéristiques omniprésentes d’ironie, de fragmentation et de paradoxe sont clairement en
contraste avec la modernité. Par conséquent, la postmodernité suggère une rupture avec
24
l’époque de la modernité, rupture impliquant l'émergence de nouveaux principes sociaux
(Featherstone, 1991), est donc un nouveau consommateur en rupture avec l’ancien. Ou bien si
comme l’affirment Firat et Venkatesh (1995), que le postmodernisme ne serait, qu’une
extension du modernisme, qui a pour principale conséquence de dépasser les distinctions
traditionnelles entre consommation et production et donc le consommateur n’a subit qu’une
simple mutation.
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