cytokines de type Th2 [43]. Expérimentalement, l’aug-
mentation des doses provoque une inversion de la
réponse, associée probablement à une réponse T sup-
pressive Th2 caractérisée par la production d’IL4,
d’IL10, d’IL5, d’IL6, favorable à une réponse immuni-
taire humorale [39, 45]. Ainsi la production d'IL4 pour-
rait favoriser la croissance de lymphocytes B, l'activa-
tion du complément (C3a, C5) et réduire l'expression
de l'IL1 et du TNF . Une étude conduite par notre
équipe a montré que lors des instillations endovésicales
de BCG, la production d’IFN se faisait à partir de la
troisième instillation avec un pic à la quatrième et cin-
quième instillation. La production d’IL10 apparaissait
dès la quatrième instillation pour augmenter jusqu’à la
sixième. Cette production d’IL10 apparaissait réaction-
nelle à celle de l’IFN , avec un aspect suggérant un
rétro contrôle négatif de la production d’IFN , la pro-
duction d’IL2 étant parallèle à celle de l’IFN [52]. La
cinétique des cytokines était différente lors d’une
deuxième cure de BCG avec de l’IL2 principalement
produite lors des 3 premières instillations [63]. Le
maniement de cette immunothérapie pourra certaine-
ment être optimisé par la connaissance des facteurs liés
à l’hôte et par l’utilisation de marqueurs de la réponse
immunitaire comme le dosage des cytokines urinaires.
Les cytokines induites par le BCG commandent ou
régulent une réponse cellulaire à vocation cytotoxique,
partie intégrante de la phase effectrice. Les cellules
cytotoxiques le plus fréquemment décrites dans la paroi
vésicale après instillations endovésicales sont de type
CD8+. Expérimentalement, les lymphocytes (CD4+
et CD8+) sont indispensables au développement d’une
réponse contre les mycobactéries [61]. Les cellules
CD8+ semblent avoir un effet cytotoxique par l’inter-
médiaire de molécules d’adhésion (ICAM1) et/ou par
l’intermédiaire du système Fas présent sur les cellules
cibles tumorales. La population de lymphocytes CD4+
/CD8+ est augmentée dans la vessie après instillations
endovésicales avec une prédominance des CD4+ [57].
Les lymphocytes CD4+ produisent des cytokines
capables d’induire la maturation de lymphocytes cyto-
toxiques [72]. L’activité antitumorale liée au CD4+ est
liée à l'interaction entre Fas, le CD40 et leurs ligands
[77]. En effet, les interactions entre le CD40 (glycopro-
téine membranaire de la famille du récepteur au TNF)
et son ligand semblent jouer un rôle important dans
l’activation des lymphocytes T cytotoxiques et favori-
sent la réponse Th1 [4,23]. L'expression du ligand de
CD40 à la surface des lymphocytes T pourrait augmen-
ter la survie des monocytes en les protégeant des phé-
nomènes apoptotique dans les sites de l'inflammation
[23]. De plus l’expression du CD40 à la surface des cel-
lules tumorales pourrait intervenir comme un substitu-
tif aux cellules présentatrices d’antigène en favorisant
l’apoptose induite par les cellules CD4+ exprimant le
ligand de CD40 à leur surface [9]. De même, les lym-
phocytes CD4+, par l'expression du ligand de Fas à leur
surface seraient capables d'induire l'apoptose des cel-
lules tumorales [49].
Plusieurs autres cellules cytotoxiques ont été mises en
évidence : les polynucléaires neutrophiles, les cellules
NK, BAK, LAK et les lymphocytes gamma delta ( ).
Les polynucléaires neutrophiles sont les cellules les
plus abondantes dans la paroi vésicale après instilla-
tions endovésicales de BCG [9]. Ces cellules sont
capables de produire des cytokines ou des récepteurs
solubles de cytokines comme le récepteur à l’interleu-
kine 1. Le récepteur soluble de l'IL1 est capable de
diminuer la production d’IL1, d’IL8 et de TNF , et par
conséquent, peut probablement diminuer la réponse
immunitaire [9]. D’autres cellules (BAK, LAK) possè-
dent un rôle cytotoxique direct contre les cellules
tumorales urothéliales in vitro [6, 8]. Ces cellules co-
expriment les marqueurs CD8+ et CD56+ à leur surfa-
ce, elles semblent pouvoir être classées dans les
"Natural Killer T cells", avec la possibilité de produire
de l’IL12 et d’initier une réponse antitumorale efficace
[17]. Leur mécanisme d’action pourrait faire intervenir
le système Fas-L/Fas ou Perforine/Granzym A et B
[22]. L’étude in vitro après BCG de l’urothélium nous
a permis de mettre en évidence peu de cellules NK et
nous a conduit à penser que les cellules cytotoxiques
effectrices étaient probablement d’une autre nature
[63]. Ainsi, les lymphocytes , qui sont activés spéci-
fiquement par les mycobactéries et qui ont une activité
cytolytique contre les cellules tumorales urothéliales in
vitro pourraient jouer ce rôle [76]. Ils n’expriment pas
habituellement le phénotype CD4 ni le phénotype CD8
et leur pouvoir de reconnaissance de l’antigène n’est
pas restreint par le CMH. Cette activité cytolytique
semble pouvoir être réactivée lors d’un deuxième
contact avec le BCG et pourrait être impliquée dans la
qualité de la réponse au BCG par un phénomène de
mémoire associé [30]. De plus, ces lymphocytes ont la
capacité de stimuler les autres populations lymphocy-
taires (CD4+, CD8+) en réponse à la stimulation anti-
génique [30]. Une étude par immunohistochimie,
conduite par notre équipe, a montré que l’expression
des lymphocytes T gd dans la paroi vésicale après BCG
était majorée par rapport à la situation pré-BCG, avec
un maximum à 3 mois post BCG [63]. De plus, certains
auteurs ont montré que le BCG était capable d’induire
la maturation des cellules dendritiques à partir de cel-
lules mononucléaires circulantes et de moduler l’ex-
pression de la molécule CD40 à la surface des cellules
urothéliales tumorales [73]. Cette expression du CD40
participerait à l’activation des lymphocytes T helper et
sensibiliserait les cellules tumorales à l’apoptose par
des mécanismes faisant intervenir le système Fas-L/Fas
[14,23]. Cette surexpression du CD40 et l’activation du
système CD40/CD40-L pourraient aussi participer à
l’activation des lymphocytes B et NK [16].
Associés à la production des cytokines, il existe des
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F. Saint et coll., Progrès en Urologie (2000), 10 1118-1126