Université Pierre et Marie Curie 2013-2014
Probabilités et statistiques - LM345 Feuille 10 (semaine du 2 au 6 décembre 2013)
Convergence en loi. Théorème de la limite centrale.
Convergence en loi
1. Soient (Xn)nNune suite de variables aléatoires réelles définies sur un espace
(Ω,F,P)et fune application continue de Rdans R. On suppose que (Xn)nNconverge
en loi vers une variable aléatoire X.
Montrer que la suite (f(Xn))nNconverge en loi vers f(X).
Solution de l’exercice 1. Tout d’abord, f(Xn)est bien une variable aléatoire comme
composée de la variable aléatoire Xnet de l’application fqui est continue. Si ϕest une
application de Rdans Rcontinue bornée, remarquons que ϕfest également continue
bornée. L’hypothèse de convergence en loi de la suite (Xn)nNvers Ximplique lim E[ϕ
f(Xn)] = E[ϕf(X)] que l’on peut écrire lim E[ϕ(f(Xn))] = E[ϕ(f(X))]. Ceci étant
valable pour toute ϕcontinue bornée, (f(Xn))nNconverge en loi vers f(X).
2. a. Soit (Xn)n1une suite de variables aléatoires réelles qui converge en loi vers une
variable aléatoire réelle constante a. Montrer que la convergence a lieu aussi en probabilité.
b. Soit (Xn)n1une suite indépendante de variables aléatoires réelles de même loi de
Cauchy de paramètre 1. Soit Sn=Pn
k=1 Xk. Etudier les convergences en probabilité et
en loi des suites (1
nSn)n1,(1
nSn)n1et (1
n2Sn)n1.
Indication : la fonction caractéristique de la loi de Cauchy est donnée par φ(t) = e−|t|.
Solution de l’exercice 2. a. Soit ε > 0et fεdéfinie par fε(x) = ]aε,a+ε[c(x) + 1
ε|x
a|]aε,a+ε[. Cette fonction est continue bornée, donc la suite (E[fε(Xn)])n1converge vers
E[fε(a)] = 0. Comme
P(|Xnaε|) = E[]aε,a+ε[c(Xn)] E[fε(Xn)],
(Xn)n1converge en probabilité vers a.
b. La fonction caractéristique de 1
nSnest donnée par
φ(t) = E[e
it
nSn] = E[e
it
nX1]n=e−|t|n,
car les Xnsont indépendantes. Comme la suite e−|t|nn1tend vers 1{0}(t)qui définit
une application non continue en 0. Donc la limite des fonctions caractéristiques n’est pas
une fonction caractéristique, et (1
nSn)n1ne converge ni en loi, ni en probabilité.
1
La fonction caractéristique de 1
nSnest φ(t) = e−|t|. La suite (1
nSn)n1converge donc en
loi vers une variable aléatoire de loi de Cauchy. Mais elle ne converge pas en probabilité. En
effet, sinon, la suite (Sn
nS2n
2n)n1convergerait en probabilité, donc aussi en loi, vers 0. Or,
la fonction caractéristique de Sn
nS2n
2nest donnée par φ(t) = E[eit
2n(X1+···+Xn(Xn+1+···+X2n))] =
e−|t|, qui ne converge pas vers 1, fonction caractéristique de la variable aléatoire 0.
La fonction caractéristique de 1
n2Snest φ(t) = e|t|
nqui converge vers 1. Ainsi, la suite
(1
n2Sn)n1converge en loi et donc en probabilité vers 0.
3. Soient Xune variable aléatoire réelle, (Xn)nNet (Yn)nNdeux suites de v.a.r.
a. Montrer que pour tout tR,a > 0et nN,
|φXn+Yn(t)φXn(t)| ≤ 2P(|Yn|> a) + E[]−∞,a](|Yn|)|eitYn1|].
b. Montrer que si (Xn)nNconverge en loi vers Xet (Yn)nNconverge en loi vers 0,
alors la suite (Xn+Yn)nNconverge en loi vers X.
c. Montrer que la convergence en loi de (Xn)nNvers Xn’implique pas la convergence
en loi de (XnX)nNvers 0.
Solution de l’exercice 3.
a) Pour tous tR,a > 0et nN,
|φXn+Yn(t)φXn(t)|=|E[eitXn(eitYn1)]| ≤ E[|eitYn1|]
=Z{|Yn|>a}|eitYn1|dP+Z{|Yn|≤a}|eitYn1|dP
2P(|Yn|> a) + Z{|Yn|≤a}|eitYn1|dP
b) En fait, Ynconverge en probabilité vers 0. Soit ε > 0. Il existe a0>0tel que
pour ya0,|eit 1| ≤ ε. De plus, il existe n0Ntel que pour tout nn0,
P(|Yn|> a0)ε. Donc, |φXn+Yn(t)φXn(t)| ≤ 3ε. La convergence en loi de (Xn)nN
vers Ximplique qu’il existe n1(que l’on peut prendre plus grand que n0), tel que,
pour tout nn1,|φXn(t)φX(t)| ≤ ε. On a montré que pour tout nn1,
|φXn+Yn(t)φX(t)| ≤ 4εd’où la convergence en loi demandée.
Pour éviter les on peut utiliser la notion de limite supérieure. Pour tout apositif
on a :
|φXn+Yn(t)φX(t)| ≤| φXn+Yn(t)φXn(t)|+|φXn(t)φX(t)|
2P[|Yn|≥ a] + E[11[0,a](|Yn|)|eitYn1|]+ |φXn(t)φX(t)|
2P[|Yn|≥ a] + sup
x[0,a]|eitx 1|+|φXn(t)φX(t)|
2
or la limite supérieur d’une somme est plus petite que la somme des limites supé-
rieures et si une suite converge sa limite supérieure est égale à sa limite donc pour
tout réel apositif :
limn|φXn+Yn(t)φX(t)| ≤ 2limnP[|Yn|≥ a] + sup
x[0,a]|eitx 1|+limn|φXn(t)φX(t)|
= sup
x[0,a]|eitx 1|,
la dernière égalité provenant de la convergence en loi de Xnvers Xet de la conver-
gence en probabilité de Ynvers 0. Ainsi pour tout aréel positif :
limn|φXn+Yn(t)φX(t)|≤ sup
x[0,a]|eitx 1|,
en faisant tendre avers 0on obtient donc limn|φXn+Yn(t)φX(t)|= 0.
Or (|φXn+Yn(t)φX(t)|)nest une suite de termes positifs donc elle est convergente
et converge vers 0.
c) On prend Xde loi symétrique (Xa la même loi que X), et on pose Xn=X.
Alors Xnconverge en loi vers X, mais XnXconverge en loi vers 2X.
Applications du TCL
4. Soit (Xn)n1une suite de variables aléatoires indépendantes de même loi de Poisson
de paramètre 1. Soit Sn=Pn
k=1 Xk. Rappeler la loi de Snet calculer la limite de la suite
enPn
k=0
nk
k!n1.
Solution de l’exercice 4. Une somme de v.a. de Poisson indépendantes est une v.a. de
Poisson dont le paramètre (qui est aussi l’espérance et la variance) est la somme de ceux
des v.a. qu’on a ajoutées. Ainsi Snsuit une loi de Poisson de paramètre n. En particulier,
si kN, alors ennk
k!=P(Sn=k). En sommant, on obtient
en
n
X
k=0
nk
k!!=P(Snn) = P(Sn/n 1).
La loi des grands nombres nous dit que Sn/n E[X1] = 1 p.s. Ainsi Sn/n est proche de
1, mais ce résultat ne nous dit pas s’il est un peu plus grand ou un peu plus petit. Pour
avoir des informations sur Sn/n 1, (et en particulier son signe), on applique le théorème
de la limite centrale : Snn
n
loi
n→∞ N(0,1).
D’après le corrolaire 4.2.1 du cours, on en déduit que, si Ysuit une loi normale standard,
alors, lorsque n→ ∞,
P(Sn/n 1) = P(Snn
n0) P(Y0) = 1/2.
3
L’égalité P(Y0) = 1/2découle du fait que Yest symétrique.
Ainsi, on a montré que
en
n
X
k=0
nk
k!!1/2.
5. a. Soit (pn)n0une suite de réels dans ]0,1[ telle que limn+npn=λ > 0. Soit
(Xn)n0une suite de v.a. telles que pour tout n:Xn∼ B(n, pn)et Xune v.a. de loi de
Poisson paramètre λ. Montrer que (Xn)n0converge en loi vers X.
b. Soit (Xn)n0une suite de v.a. réelles indépendantes de même loi N(0,1). Etudier
le comportement asymptotique en loi de la suite Yn=1
nPn
k=1 kXk.
Solution de l’exercice 5. a. Afin de montrer la convergence en loi de (Xn)n0vers X.
Montrons que φXn(t)
n+φX(t)pour tout tR, où φXdesigne la fonction caractéris-
tique d’une variable aléatoire X.
φXn(t) = 1pn+pneitn
= exp nln(1 pn+pneit)
= exp npn(1 eit) + npnnn
n+0
nexp npn(1 eit)
n+eλ(eit1) =φX(t).
b. Vu la forme de la variable de Yn, on est tenté d’appliquer la loi des grands nombres.
Cependant on ne peut pas l’appliquer car les variables kXkne sont pas identiquement
distribuées. On va donc à nouveau utiliser les fonctions caractéristiques afin de démontrer
un résultat de convergence en loi. Les variables aléatoires Xnsont indépendantes, donc
Ynest une variable gaussienne de moyenne 0et de variance n(n+1)
2n2donc :
φYn(t) = en(n+1)
2n2t2
n+et2/2.
On a donc montré que (Yn)n1converge en loi vers une loi normale centrée réduite N(0,1
2).
6. On suppose que l’intervalle de temps entre deux voitures successives à un passage
à niveau (peu fréquenté) suit une loi exponentielle de moyenne 30 minutes. On suppose de
plus qu’il y a indépendance entre les intervalles de temps séparant les instants de passage
de voitures. Calculer (une valeur approchée) de la probabilité qu’il y ait plus de 50 voitures
qui empruntent le passage à niveau une journée donnée.
Solution de l’exercice 6. Soit (Xn)n0une suite de v.a. i.i.d suivant la loi exponentielle
de paramètre 1/30. On a alors E[X1] = 30 et V ar(X1) = 900.Xnreprésente le temps
4
(en minutes) qui sépare le passage de la (n1)ième voiture de la nième voiture. On
considère ensuite Sn=X1+. . . Xn.Sndonne l’instant de passage de la nième voiture.
On veut déterminer
P[S50 24 ×60].
Or on a
P[S50 24 ×60] = PS50 50 ×30
30 ×50 24 ×60 50 ×30
30 ×50 F2
50,
Fest la fonction de répartition de la loi normale centrée réduite, l’approximation étant
donnée par le TCL. De plus F2
50 F(0.283) = 1 F(0.283). En utilisant une table
ou un logiciel on obtient F(0.283) 0.61. On a donc P[S50 24 ×60] 0.39.
7. La somme des résultats de 10000 lancers d’un même dé est 35487. Pensez-vous que
ce dé soit truqué ? On pourra utiliser l’égalité approchée R+
3,29 ex2
2dx '0,00052π.
Solution de l’exercice 7. Une suite de lancers de dés peut être modélisée par une suite
(Xn)n1de variables aléatoires indépendantes de même loi uniforme sur l’ensemble fini
{1,...,6}. On a
E[X1] = 1
6(1+2+3+4+5+6)= 7
2,
E[X2
1] = 1
6(12+ 22+ 32+ 42+ 52+ 62) = 91
6,
Var(X1) = E[X2
1]E[X1]2=35
12.
Notons Sn=X1+. . . +Xnla somme des npremiers lancers. Le théorème central limite
affirme que l’on a la convergence en loi
Sn7n
2
pnVar(X1)
(d)
n→∞ N(0,1).
Faisons l’approximation consistant à dire que pour n= 10000, la loi de Sn7n
2
nVar(X1)est égale
à la loi normale N(0,1). On a alors, pour tout a > 0, et avec n= 10000,
P7n
2pnVar(X1)aSn7n
2+pnVar(X1)a=1
2πZa
a
ex2
2dx.
Prenons a= 3,29. Nous avons
1
2πZ3,29
3,29
ex2
2dx = 1 21
2πZ+
3,29
ex2
2dx = 0,999.
Ainsi,
P(35000 562 S10000 35000 + 562) '0,999.
Nous observons une somme qui appartient à cet intervalle. Nous décidons donc de dire
que la somme obtenue est compatible avec l’hypothèse que ce dé est équilibré.
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