LA DEGLUTITION
I. Introduction
- Une part importante de la pathologie de l'enfant concerne les troubles
duveloppement ;
- Ceux-ci peuvent être des retards, de simples décalages chronologiques ou
des déviations par la constitution de "schémas" de fonctionnement "anormaux" ;
- C'est l'exemple des troubles de la déglutition qui sont toujours plurifactoriels et
encore mal élucidés ;
- On peut y évoquer sans risque, la donne génétique, l'environnement physique,
psychologique et social ;
- Définition :
o Acte par lequel le contenu buccal est propulsé de la bouche vers l’estomac ;
o Dure 1 sec ;
o Fréquence horaire importante selon la période de la journée : ++ pendant la
mastication et diminue pendant le sommeil ;
o 3 phases : buccale, pharyngée, oesophagienne ;
o Seule la 1ère phase nous intéresse : elle permet de faire passer la salive ou le
bol de la CB au pharynx ;
- La déglutition fonctionnelle permet une morphogenèse équilibrée des arcades
dentaires ;
- Elle évolue en fonction de la maturation nerveuse et musculaire.
II. Anatomo-physiologie du temps buccal de la déglutition
- Initialement : une succion-déglutition labio-linguale avec une alternance retrait -
propulsion de l'apex de la langue, conjuguée à des mouvements d'abaissements
mandibulaires ;
- Par la suite : dès l'apparition de la manducation dentée (avec la mise en jeu des
muscles masticateurs et des élévateurs du "dôme lingual"), acquisitions motrices
épigénétiques "indispensables à la morphogenèse faciale "normale" "(DEFFEZ) ;
II.1 Anatomie fonctionnelle du temps buccal de la déglutition
(DOUAL, DEFFEZ, COULY)
II.1.1 Les effecteurs musculaires de la langue
- Les 8 paires de muscles et l'unique muscle lingual supérieur ont pour particularité de
n'avoir qu'une insertion osseuse voire aucune pour le transverse ;
- Leur action est plus facile à individualiser pour certains. Lorsque les sous-hyoïdiens
fixent l'os hyoïde :
o Le génio-glosse :
o Seul muscle protracteur de la langue ;
o Le génio-hyoïdien :
a. plaque la langue sur le plancher et l'antériorise ;
b. prédomine dans les postures de "langue basse habituelle".
o le stylo-glosse :
a. porte la langue en haut et en arrière en majorant simultanément
son diamètre transversal dans la moitié postérieure de la portion mobile
;
b. sa mise en jeu habituelle favorise la croissance transversale de la voûte
palatine ;
c. de même, cet élargissement postérieur permet la croissance alvéolaire
verticale par la suppression de l'interposition des bords linguaux dans les
secteurs latéraux ;
d. la contraction des SG est contemporaine de celle des glosso-hyoïdiens,
"syncinésie favorable", responsable d'un relèvement du "plancher
cutané", témoin indirect de l'élévation du dôme lingual et utile lors de
l'examen clinique de la déglutition ;
e. son image motrice n'est pas constituée dans les béances incisives avec
interposition linguale antérieure, caractéristique de succions pérennisées ;
o Le pharyngo-glosse, l'amygdalo-glosse et le palato-glosse :
a. ont une action proche en élevant la langue en arrière, aidant ainsi le
SG à constituer le dôme lingual.
o 1'hyo-glosse :
a. attire la langue en bas et en arrière ;
b. c'est le muscle du "retrait lingual dynamique" (DEFFEZ), dont la mise
en jeu est simultanée de celle du digastrique lors de la tétée ;
c. sur le plan neurologique, ces muscles appartiennent au système
pharyngo-digestif animé par le IX et le X.
o le transverse :
a. tendu du septum lingual à la muqueuse du bord latéral homologue, il
allonge la langue en l'amincissant ;
b. c'est le "paradoxal allongement par contraction" de COULY ;
c. ceci est favorisé par la bascule volumétrique de la langue (COULY) au
cours de laquelle, la base est tirée par le SG et l'os hyoïde est tivers
l'avant par le GH, vers le haut par le SH.
o Le lingual supérieur :
a. impair ;
b. raccourcit la langue.
o Le digastrique :
a. abaisseur et rétropulseur de la mandibule ;
b. évoqué ici, malgré sa double insertion osseuse et bien qu'il ne participe
pas à la masse linguale, mais en raison de son relais hyoïdien et de son
rôle primordial dans la tétée ;
c. en effet, au cours de la succion-déglutition, le digastrique est le muscle
ducteur et le HG, le rétracteur de la langue (avec sa configuration en
gouttière), à partir d'un os hyoïde fixé en rétro-position, par le SH. Le SG
n'y est que régulateur.
- A l'inverse, lors de la déglutition arcades serrées et langue au palais, l'action du SG
est prédominante et celle du digastrique régulatrice, le GH fixant l'os hyoïdien en
avant ;
- De plus, on doit rappeler son innervation motrice par le VII (par un contingent
empruntant la corde du tympan) ce qui rend compte de sa synergie d'action avec les
muscles de la mimique (notamment l'orbiculaire des lèvres) chez le nourrisson
(cf.paragraphe suivant).
II.1.2 Les effecteurs musculaires de l'orifice buccal
o Les orbiculaires des lèvres, innervés par des branches du VII :
a. L'orbiculaire externe, composé de deux catégories de faisceaux :
o extrinsèques : faisceaux dilatateurs pour la lèvre
supérieure (le triangulaire des lèvres, le buccinateur), et
pour la lèvre inférieure (le canin et les faisceaux
supérieurs du buccinateur), avec un noeud de croisement
de ces faisceaux : le modiolus.
o intrinsèques : 4 muscles incisifs supérieurs et inférieurs
(deux pour chaque lèvre), allant de l'os à la peau
commissurale.
a. Les orbiculaire internes sont uniquement à insertion cutanéo-muqueuse
commissurale.
o Les releveurs profonds et superficiels de l'aile du nez et de la lèvre
supérieure.
o Le canin.
o Les grand et petit zygomatique.
o Le risorius.
o Le buccinateur :
a. par ses insertions alvéolaires maxillo-mandibulaires dans les gions
molaires, il repousse le contenu des vestibules vers les arcades
dentaires mais se laisse au contraire déprimer lors de la succion ;
b. d'autre part, il joue un rôle primordial dans l'insalivation de par
l'importance de ses fibres participant au sphincter du canal de Sténon.
o Les myrtiforme, triangulaire des lèvres et carré du menton.
o La houppe du menton :
a. née des saillies alvéolaires des incisives et de la canine ; chacun des
muscles de la houppe aboutit à la peau du menton et contribue, avec son
homologue, à faire monter la lèvre inférieure dans des parafonctions
caractéristiques.
o Le compresseur des lèvres, décrit par ROUVIERE, prend une place
importante dans la succion, en comprimant les lèvres d'avant en arrière.
o Les peauciers du cou : attirent en bas la masse musculaire mentonnière et les
commissures labiales, en prenant appui sur leurs insertions inférieures
scapulaires.
- Tous ces muscles sont innervés par des branches maxillaires et/ou buccales du VII,
de même que le MH et le digastrique qui participent à la dynamique linguo-
mandibulaire ;
- Insistons dès à présent sur le rôle du XII innervant le SG, en association avec le IX
et ce pour la réalisation du dôme lingual ;
- C'est également le XII qui innerve le GH, élévateur de l'os hyoïde ;
- L'autre modulateur de la posture linguale est le nerf phrénique ;
- C'est ainsi que l'on peut accorder à la posture céphalique, un rôle considérable dans
la déglutition puisque, le noyau grand hypoglosse est au contact des noyaux
constitutifs de la 2ème et de la 5ème (?) racine du plexus cervical.
II.1.3 Les effecteurs musculaires du voile du palais
o Le péristaphylin externe :
a. assure l'ouverture et le fonctionnement de la trompe d'Eustache ;
b. indispensable pour l'équilibration de la pression de la caisse du tympan
avec l'air ambiant et pour le drainage des sécrétions de l'oreille moyenne,
ceci notamment lors de la déglutition salivaire correcte, du bâillement et
de l'éternuement.
o Le péristaphylin interne :
a. assure en association avec le péristaphylin externe, la séparation
rhino- et oro-pharynx, en horizontalisant le voile du palais et en le
transformant en une barrière rigide en regard de l'arc antérieur de l'atlas.
o L'azygos de la luette :
a. complète cette séparation en relevant la partie postérieure du voile du
palais (de par ses insertions à l'extrémité de la luette et sur lpine nasale
postérieure).
- Ainsi, les muscles du voile participent indirectement à l'audition et à l'équilibration
et ce par la mise en oeuvre d'un système pneumatique complexe allant du vestibule
narinaire jusqu'aux cellules mastoïdes en passant par les fosses nasales, le rhino-
pharynx et la trompe d'Eustache.
II.2 Organisation neuro-phsysiologique
- Anté-natal : Réflexe ;
- A la naissance, elle devient praxie ;
- C'est une succession d’actions motrices dont la coordination dépend d’un centre
bulbaire dont l’activité est déclenchée par des influx corticaux ou par
des stimulations périphériques ;
- Elle peut être aussi adaptée par voie réflexe ;
- Les mouvements "primordiaux" de la déglutition sont donc le plus souvent
effectués sans contrôle conscient mais peuvent être néanmoins volontairement
contrôlés. Les actions motrices remontent alors à la sphère cognitive pour y être
analysés, voire modifiés : c'est le principe même de la rééducation motrice ;
- Comme toutes les praxies, celles de la déglutition ne sont pas innées. Elle sont
acquises par la répétition et par l'éducation. Elles vont se coordonner ensuite en de
nouvelles praxies complètes d'ordre supérieur. Chez le sujet mature, les praxies
représentent un "savoir-faire" ;
- Au niveau lingual :
o Il faut distinguer la langue mobile en avant du V lingual et la base de la
langue en arrière ;
o Les acquisitions gnosiques et praxiques vont concerner essentiellement la
langue mobile facile à rééduquer ;
o En revanche, les acquisitions posturales intéressent plus la base de la langue
qui est la partie la plus difficile à rééduquer (DEFFEZ) surtout lorsque l'on
veut une ascension pour réaliser un dôme lingual en position de repos.
II.3 Evolution ontogénique du temps buccal de la déglutition
II.3.1 In utero
- 10ème semaine : HOOKER : glutition flexe du liquide amniotique. C'est la
1ère fonction ;
- 12ème semaine IU : réflexe de succion apparaît ;
- 28ème semaine IU : succion déglutition indissociable et synchronisées ;
II.3.2 A la naissance et chez le nourrisson
- La déglutition inséparable de la succion ;
- Leur stimulation peut se faire par le toucher des lèvres ;
- Il existe une macroglossie relative ;
- L'orbiculaire des lèvres est un joint puissant ;
- La langue (XII) interposée entre les arcades immobilise les arcades ;
- Il existe une participation important des muscles faciaux.
II.3.3 Substitution par la déglutition arcades au contact
- C'est en moyenne vers l'âge de 3 ans, une fois la denture lactéale est constituée que
l'enfant "avale sa salive comme il se nourrit" (DEFFEZ), et ce spontanément ;
- On assiste donc à une postériorisation de la musculature active constituée
désormais par les muscles élévateurs mandibulaires. C'est elle qui immobilise la
mandibule ;
- La mandibule "fixée" en occlusion d'ICM constitue la nouvelle référence spatiale du
schéma corporel de la sphère orale ;
- Dans le même temps, l'occlusion dentaire entraîne une nouvelle proprioception qui
s'affine ;
- La dynamique linguale n'est plus couplée avec celle labiale et se modifie : la langue
est entre les arcades en appui palatin antérieur ;
- Le vide intrabuccal n'étant plus nécessaire, la fermeture labiale doit se faire sans
contraction des orbiculaires et autres muscles ribuccaux. "Les muscles labiaux ne
jouent plus aucun rôle nutritionnel" (DEFFEZ) ;
- Orbiculaire des lèvres perd son rôle de joint puissant mais garde une fonction
obturatrice modérée ;
- Réflexe de succion disparaît ;
- Les effets de la croissance :
o Macroglossie relative disparaît par croissance différentielle de CB (par 5) et
de la langue (par 2) ;
o La langue s’abaisse ;
o descente de l’os hyoïde ;
o la CB s’accroît verticalement (dent et PA) ;
o les lèvres s’allongent ;
o On passe donc d'une succion déglutition à une mastication déglutition.
- Ce schéma fonctionnel se retrouve chez 60% des enfants (DEFFEZ).
II.3.4 Denture mixte
- pertes des incisives peut => régression vers déglutition archaïque.
III. Déglutition dysfonctionnelle
III.1 Définition
- Persistance d’une déglutition présentant des analogies avec la déglutition du
nourrisson (interposition ou pulsion linguale, absence de contacts dentaires,
contraction forcées des lèvres et menton) ;
- Il existe des déglutitions transitoires successives jusqu’à la mise place de toutes les
dents définitives ;
- La maturation parallèle à la morphogenèse des arcades dentaires ;
- On ne peut pas parler de déglutition dysfonctionnelle avant 10 ans.
III.2 Etiologies
Facteurs neurophysiologiques :
a. Troubles de la maturation du SNC.
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