VARI´
ET´
ES DE GROMOV-THURSTON 3
1. Courbure n´egative et g´eom´etrie hyperbolique
1.1. G´eom´etrie riemannienne, courbure, et courbure n´egative. — La courbure en
g´eom´etrie riemannienne est une notion qui apparait sous des formes tr`es vari´ees. En effet c’est
une quantit´e que l’on consid`ere tr`es naturellement lorsqu’on ´etudie les courbes planes. On peut
prouver que toute courbe plane de classe C2est, en chaque point, localement approxim´ee `a
l’ordre 2 par un cercle. On d´efinit la courbure en un point comme l’inverse du rayon de ce cercle
de telle sorte que la courbure soit grande quand la courbe ”tourne” vite. La fonction de courbure
encode alors une information tr`es intuitive, qui n’est d’ailleurs pas un invariant riemannien de
la courbe (car les vari´et´es riemannienne de dimension 1 sont toutes localement isom´etriques).
Int´eressons nous maintenant `a (S, h) une surface riemannienne, qu’on imagine plong´ee isom´e-
triquement dans R3. En chaque point il est possible de d´efinir une application de courbure qui
ne d´epend pas de la mani`ere dont Sest plong´ee, bien que la d´efinition soit `a priori extrins`eque :
soit x∈Sfixons une direction dans TxS⊂R3, et consid´erons la famille des plans orthogonaux `a
TxSpassant par x. Cette famille peut ˆetre index´ee par l’angle θque fait le plan avec la direction
fix´ee `a la base dans TxS. Notons alors Pθcette famille de plans. L’intersection de Pθavec S
est, d’apr`es le th´eor`eme du rang, une courbe de classe C∞au voisinage du point x. On peut
alors associer `a l’angle θla valeur de la courbure de cette courbe κ(θ). On a alors, en choisissant
judicieusement la direction initiale θ= 0, le joli th´eor`eme suivant :
Theor`eme 1.1 (Euler). — Soit κ+et κ−le maximum et le minimum de la fonction κ. Alors
κ(θ) = κ+cos(θ)2+κ−sin(θ)2
Le r´esultat encore plus remarquable, dˆu `a Gauss ( voir [7] ), est que le produit κ+κ−est un
invariant g´eom´etrique de la surface (ne d´epend pas de la mani`ere dont elle est plong´ee). C’est
la courbure de Gauss, qui co¨ıncide `a un facteur 1
2pr`es avec la courbure sectionnelle du plan
tangent de S.
Definition 1.2. — Une vari´et´e riemannienne est la donn´ee d’une vari´et´e diff´erentiable Mde
classe C∞et d’un tenseur m´etrique gqui `a chaque point xde Massocie un produit scalaire de
TxM. On demande de plus que gsoit une fonction C∞.gest appel´e m´etrique riemannienne.
Il existe pour toute m´etrique gune unique connexion ∇sans torsion et compatible avec la
m´etrique gau sens o`u pour tous champs de vecteurs X,Yet Zd´efinis au voisinage d’un point,
Z·g(X, Y ) = g(∇ZX, Y ) + g(X, ∇Z, Y )
.
Pour une fonction r´eguli`ere donn´ee f:M−→ R, ∆[X,Y ]f=∇X∇Yf− ∇Y∇Xf. C’est un
´enonc´e ´equivalent au lemme de Schwarz dans le cas o`u la vari´et´e est Rneuclidien. On peut se
demander si une telle ´egalit´e est vraie pour les champs de vecteurs puisque elle est vraie dans le
cas de Rn. Ce n’est pas le cas : la quantit´e R(X, Y, Z) = ∇X∇YZ−∇Y∇XZ−∇[X,Y ]Zmesure
ce d´efaut de commutativit´e et est en plus un invariant g´eom´etrique de la vari´et´e. On pr´ef´erera
d’ailleurs travailler avec R(X, Y, Z, T ) = g(R(X, Y, Z), T ).
Ce tenseur de courbure R(aussi appel´e tenseur de Riemann) est un tenseur de type (4,0) qui
poss`ede un certain nombre de sym´etries et d’antisym´etries), et la courbure sectionnelle K(P)
d’un 2-plan P⊂TxMest le r´eel R(u, v, u, v), pour toute base orthonorm´ee (u, v) de P. On
pourra consulter [6] pour plus de pr´ecision sur le tenseur de courbure.
Definition 1.3. — On dit qu’une vari´et´e riemannienne (M, g)est