
CADMEX2013
sept entre 2000 et 2007 pour atteindre un marché de 687Mds $. Ces crédits subprimes (de mauvaise
qualité) étaient associés à d’autres crédits au sein d’un mécanisme de titrisation.
Lorsque les anticipations concernant le marché immobilier américain ont fait diminuer les prix, de
nombreux ménages n’ont pas pu rembourser leurs prêts entraînant la faillite des agences de crédit
mais aussi le grippage de toutes les institutions financières qui possédaient des actifs titrisés. La
faillite de Lehman Brothers le 15 septembre 2008 a entraîné un assèchement de la liquidité
interbancaire à cause d’une crise de confiance généralisée. Les spreads ont atteint 400 points de
base aux Etats-Unis et 250 points de base en Europe.
Cette crise financière a eu des répercussions économiques majeures. Les Etats-Unis et
l’Europe sont entré en récession, le PIB (Produit intérieur brut) de la zone euro se contractant de -4%
et celui des Etats-Unis de – 2,4%. Plus largement, l’ensemble de l’économie mondiale a été touchée,
la croissance des pays émergents étant ralentie, en particulier en Asie où la croissance de la Chine
est passée sous les 10%. Le chômage a augmenté fortement de 4,6% de la population active à 9%
aux Etat-Unis et de 7,6% à 9,6% en zone euro.
La croissance de ces pays a été durablement ralentie, car cinq années après le début de la crise, si la
croissance des Etats-Unis est repartie à la hausse avec 2,2% de celle de la zone euro était encore
négative en 2012 avec -0,6% (Note du trésor éco de juillet 2013 sur la convergence des niveaux de
croissance Europe-Etats-Unis)
Cette crise a été un des éléments déclencheurs de la crise des dettes souveraines en zone
euro. Cette crise financière a en effet sollicité fortement les politiques budgétaires pour les plans de
relance, les sauvetages des banques ou les stabilisateurs économiques. Les dettes publiques ont
donc fortement augmenté pendant la crise, celle de l’Espagne a en particulier augmenté de 28% PIB
sur cette période. Le cas de l’Irlande est particulièrement caractéristique des conséquences de la crise
en terme de dette publique : le plan de sauvetage des banques irlandaises ont augmenté la dette
publique de 20% PIB en 2007 à 105% PIB en 2010. Le niveau de dette publique moyen en zone euro
s’élève à 92% PIB, loin de la limite fixée à 60% PIB par le Traité de Maastricht. La hausse des déficits
publics a entraîné la méfiance des marchés financiers sur les capacités des Etats à rembourser leurs
dettes. Cette méfiance a eu pour conséquence d’augmenter les primes de risque et de durcir les
conditions de financement des Etats, les spreads souverains atteignant 120 points de base entre
l’Allemagne et la Grèce et entraînant une spirale d’augmentation des déficits. Selon Darras et Pisani-
Ferry, le retournement des anticipations des marchés financiers s’est produit lorsqu’il est apparu que
la Grèce devrait dégager un excédent primaire de 6% pour rembourser ses dettes, ce qu’aucun pays
européen n’était parvenu à dégager dans le passé. Un mécanisme ad hoc a donc du être créé pour
sauver les pays de la zone euro : le Fonds Européen de stabilité financière (FESF) qui a été utilisé
pour la Grèce, l’Irlande et la Portugal.
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Certains mécanismes qui ont déclenché et propagé la crise financière sont bien connus.
Le déclenchement de la crise a comme point de départ un phénomène de bulle sur le prix des
actifs comme il s’en produit fréquemment dans le système financier. Borolo et Jeanne en 2006 ont
ainsi comptabilisé 24 phénomènes d’emballement sur le prix des actifs de 1960 à la crise de 2007.
Les bulles se forment au cours d’une période d’accumulation des risques comme le montre le
paradoxe de Minsky. En effet, c’est lorsque une période offre des garanties de stabilité et d’inflation
basse que les risques se forment et s’accumulent. Dans le cas de la crise des subprimes, la période
de Grande Modération qui lui a précédé a été favorable à l’accumulation de risques, et à une prise de
risque excessive. Les crédits hypothécaires accordés aux ménages s’élevaient en moyenne à 90% du
prix du bien. Les mécanismes de transmission de la crise financière à l’économie réelle ont été décrit
dès 1933 par Irving Fisher. Une fois que les anticipations sur le prix de l’actif se sont retournées les
agences de crédit accordent moins de crédits en raison d’un comportement d’antisélection du crédit, y
compris aux entreprises non financières de l’économie réelle qui ne parviennent donc plus à se
financer. Les ménages vendent brutalement leur bien afin de rembourser leurs prêts ce qui accentue
la chute des prix des actifs et cette chute du prix de leurs actifs exerce un effet de richesse négatif sur
les ménages qui consomment moins, ce qui ralentit la croissance. Les enseignements de cette crise
étudiée sous cet angle sont donc de renforcer les mécanismes de surveillance microprudentielle pour
empêcher la prise de risque excessive et l’octroi de prêts trop risqués aux ménages.
Or, les enseignements de la crise vont bien plus loin car elle a remis en cause un certain
nombre de paradigmes de l’économie et de la finance.