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Ce ne sont pas vraiment les demandes chinoise ou indienne de matières
premières ou de métaux précieux qui font monter leurs prix, mais c’est plutôt
l’abondance de liquidités gratuites créées par les banques centrales mises à
disposition des « primary dealers », c’est-à-dire des principales banques
d’affaires ou commerciales, US surtout. Raison pour laquelle les politiques de
« Quantitative Easing » (recours massif à la planche à billets) sont l’élément
moteur de l’inflation mondiale qui n’atteint pour le moment, outre les prix
alimentaires, que certains actifs financiers en Occident et les pays émergents
dans lesquels les liquidités artificielles se déversent prioritairement. Tant que ces
politiques continueront, il n’y aura vraisemblablement pas de retournement
majeur -même si des corrections temporaires sont inévitables- des prix des
actions, obligations, matières premières et métaux précieux mais qui se produira
inéluctablement, soit lorsque les politiques monétaires deviendront plus
restrictives, soit lorsque la valeur des monnaies de papier les unes après les
autres chutera à grande vitesse, soit enfin lorsque les prix nominaux des actifs
précités atteindront des niveaux d’exubérance irrationnelle extrême.
Autrement dit, les économies de spéculation et d’instabilité structurelles dans
lesquelles nous obligent à vivre les pouvoirs publics n’offrent plus aucun actif
financier raisonnablement liquide garantissant à moyen terme les détenteurs de
capitaux que nous sommes tous, plus ou moins, contre le risque de ruine. A
l’exception des métaux précieux, dont la pénurie à échéance de quelques années
est inéluctable, qui ne peuvent pas chuter durablement plus bas que leur coût de
production, augmenté du montant de la masse monétaire cumulée créée ex nihilo
par les banques centrales et de la dépréciation du pouvoir d’achat dans chaque
monnaie de papier (plus ou moins forte selon la monnaie dans laquelle on les
exprime, ce qui explique les variations de prix différentes de chaque métal dans
la monnaie avec laquelle on l’a acheté). Selon cette méthode d’évaluation, une
étude de l’UBS datée de fin 2009 concluait que l’or aurait déjà dû valoir à ce
moment-là près de 2.340 USD l’once et donc plus encore maintenant.
De telle sorte que l’achat de parts d’un Fonds d’investissement sur les quatre
métaux précieux (or, argent-métal, platine, palladium), valorisé en francs suisses
(la moins mauvaise des monnaies de papier), n’intervenant que sur ces derniers
(et non pas sur les actions des sociétés minières), devrait constituer un bon
instrument de diversification et de conservation d’une partie des actifs liquides
que l’on peut détenir.
Au plan macro-économique global, il n’y a pas d’autre issue que de réformer le
système monétaire, en gageant à nouveau l’émission monétaire sur un étalon
marchandise de référence le plus stable possible parce qu’existant en quantité
limitée (comme l’or), tout en introduisant la création monétaire libre, et le
système bancaire, en mettant un terme au mécanisme des réserves fractionnaires.