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Les dégâts irrémédiables provoqués par l’économie dirigée et les préceptes
socialistes keynésiens
Par Pierre Leconte, président du Forum monétaire de Genève, gérant de fortune
auprès de Fuchs & Associés Finance (Suisse) SA, site www.forummonetaire.com/
Etant donné que nous ne vivons plus depuis longtemps dans une économie libre
de marché mais dans une économie dirigée, dont les principaux ressorts
(émission ex nihilo sans limite de monnaies fiduciaires étatiques de papier et
détermination de leurs taux de changes respectifs via toutes sortes
d’interventions, création du crédit et de l’endettement massifs en fonction
d’objectifs politico-économiques discutables, fixation des taux d’intérêt à court
terme et de la plupart des prix comme des salaires par décisions administratives,
politiques de toutes natures visant à favoriser ou à soutenir tel ou tel secteur au
détriment d’un autre, etc.) sont contrôlés par les pouvoirs publics (banques
centrales et/ou Etats) ; la plupart des marchés financiers fluctuent en fonction de
paramètres sans grand rapport avec la réalité des évolutions économiques et
monétaires effectives. Et l’allocation des capitaux disponibles se fait, dans un tel
système dirigiste, en fonction de critères n’ayant rien à voir avec leur rentabilité
réelle tant actuelle que future. D’où les krachs répétés, lorsque la réalité devient
trop éloignée de la fiction, et la stagnation économique prolongée.
Aux interventions constantes des banques centrales et des Etats, selon les
préceptes socialistes keynésiens, se rajoutent les manipulations sans scrupules
auxquelles se livrent certains acteurs institutionnels ou bancaires qui, ayant
circonvenu les pouvoirs publics, en reçoivent la manne financière comme les
informations privilégiées ce qui leur permet de bénéficier de situations
asymétriques leur assurant des profits qu’ils ne recevraient jamais en régime de
libre concurrence. Comme à entretenir le crédit facile, d’abord en leur faveur ou
celle de leurs obligés, via le mécanisme des réserves fractionnaires.
Exemples : J.P. Morgan qui contrôle l’essentiel des stocks de cuivre du LME et
des positions à terme de l’argent-métal du COMEX ce qui lui permet de faire
varier ces marchés (à la baisse pour l’argent et à la hausse pour le cuivre) selon
ses intérêts financiers particuliers, ou bien Goldman Sachs et autres « primary
dealers » dont les opérations sur les dettes souveraines européennes et US les
placent à la source de profits colossaux, ou bien encore les manipulations ultra
bénéficiaires du « high frequency trading » et autres algorithmes permettant à
quelques « hedge funds » ou brokers de fixer à leur avantage les cours des
actions ; tout cela constituant autant d’atteintes intolérables acceptées par les
pouvoirs publics à toutes les règles d’équité, alors que le « vulgum pecus » est
obligé de se conformer à des réglementations très strictes paralysantes. Ce qui
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conduit à un système financier artificiel schizophrène, fonctionnant aux
antipodes de l’économie réelle, qui ne peut subsister bien longtemps.
Quelle est, en effet, la toile de fond actuelle qui préside aux fluctuations des
marchés financiers ? Il s’agit de la politique monétaire ultra laxiste des
principales banques centrales basée sur les taux d’intérêt à court terme zéro,
l’émission massive de liquidités gratuites pour certains acteurs privilégiés et la
monétisation à tout-va des dettes publiques et privées, sans oublier leur reprise
des actifs toxiques ou n’ayant plus de valeur marchande détenus par les banques
d’affaires ou commerciales décrétées « too big to fail ». Tout cela pour tenter
d’éviter l’effondrement rapide du système financier comme d’entretenir la Dette
Perpétuelle indispensable à la survie des Etats. Les banques centrales créent
donc sciemment l’inflation monétaire qui, à son tour, provoque les bulles des
marchés entretenues par les détenteurs d’actifs liquides qui fuient la plupart des
monnaies fiduciaires de papier dont le pouvoir d’achat réel s’effondre. Les uns,
croyant (à tort) que l’intervention des banques centrales permettra finalement la
reprise économique auto-entretenue, achètent les actions et les autres, croyant
(également à tort) qu’elle évitera le défaut de paiement des Etats ou de certaines
entreprises, achètent les obligations. Enfin, ceux qui sont d’avis que l’on est en
stagflation et que l’on va à terme vers la dépression hyper-inflationniste -et
même l’effondrement du système monétaire-, achètent (selon nous avec raison)
les actifs réels (métaux précieux, matières premières, immobilier dans certains
pays).
Ainsi, ce n’est plus le libre fonctionnement de la loi de l’offre et de la demande
qui fixe le prix des actifs, mais ce sont les flux financiers -par nature instablesqui gonflent ou dégonflent tel ou tel produit (les achats et les ventes « papier »
des matières premières financiarisées portent chaque jour sur plusieurs fois le
volume réel de la production mondiale de pétrole, de cuivre, de denrées
alimentaires et céréales, etc.). Dans de telles conditions, il n’y a pas à s’étonner
que le pétrole, par exemple, puisse voir son prix doubler en quelques semaines
alors qu’il n’y a aucune pénurie réelle de cette matière première qui justifierait
un tel mouvement. Il n’est pas plus surprenant que les dégagements -souvent
concertés- de quelques opérateurs dominants puissent le faire chuter de 10 ou
20% en quelques jours, sans qu’il se passe quoi que ce soit au niveau de sa
production ou de sa demande finale. Idem pour les métaux précieux. Sauf qu’ils
constituent l’assurance ultime en cas de guerre, d’effondrement du système
monétaire ou bancaire actuel, que les pays émergents y placent de plus en plus
leurs réserves de change en constante augmentation et qu’ils resteront toujours
le meilleur moyen de conservation de la valeur et d’échange dans les temps
instables quand les actifs de papier vaudront de moins en moins, voire plus rien.
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Ce ne sont pas vraiment les demandes chinoise ou indienne de matières
premières ou de métaux précieux qui font monter leurs prix, mais c’est plutôt
l’abondance de liquidités gratuites créées par les banques centrales mises à
disposition des « primary dealers », c’est-à-dire des principales banques
d’affaires ou commerciales, US surtout. Raison pour laquelle les politiques de
« Quantitative Easing » (recours massif à la planche à billets) sont l’élément
moteur de l’inflation mondiale qui n’atteint pour le moment, outre les prix
alimentaires, que certains actifs financiers en Occident et les pays émergents
dans lesquels les liquidités artificielles se déversent prioritairement. Tant que ces
politiques continueront, il n’y aura vraisemblablement pas de retournement
majeur -même si des corrections temporaires sont inévitables- des prix des
actions, obligations, matières premières et métaux précieux mais qui se produira
inéluctablement, soit lorsque les politiques monétaires deviendront plus
restrictives, soit lorsque la valeur des monnaies de papier les unes après les
autres chutera à grande vitesse, soit enfin lorsque les prix nominaux des actifs
précités atteindront des niveaux d’exubérance irrationnelle extrême.
Autrement dit, les économies de spéculation et d’instabilité structurelles dans
lesquelles nous obligent à vivre les pouvoirs publics n’offrent plus aucun actif
financier raisonnablement liquide garantissant à moyen terme les détenteurs de
capitaux que nous sommes tous, plus ou moins, contre le risque de ruine. A
l’exception des métaux précieux, dont la pénurie à échéance de quelques années
est inéluctable, qui ne peuvent pas chuter durablement plus bas que leur coût de
production, augmenté du montant de la masse monétaire cumulée créée ex nihilo
par les banques centrales et de la dépréciation du pouvoir d’achat dans chaque
monnaie de papier (plus ou moins forte selon la monnaie dans laquelle on les
exprime, ce qui explique les variations de prix différentes de chaque métal dans
la monnaie avec laquelle on l’a acheté). Selon cette méthode d’évaluation, une
étude de l’UBS datée de fin 2009 concluait que l’or aurait déjà dû valoir à ce
moment-là près de 2.340 USD l’once et donc plus encore maintenant.
De telle sorte que l’achat de parts d’un Fonds d’investissement sur les quatre
métaux précieux (or, argent-métal, platine, palladium), valorisé en francs suisses
(la moins mauvaise des monnaies de papier), n’intervenant que sur ces derniers
(et non pas sur les actions des sociétés minières), devrait constituer un bon
instrument de diversification et de conservation d’une partie des actifs liquides
que l’on peut détenir.
Au plan macro-économique global, il n’y a pas d’autre issue que de réformer le
système monétaire, en gageant à nouveau l’émission monétaire sur un étalon
marchandise de référence le plus stable possible parce qu’existant en quantité
limitée (comme l’or), tout en introduisant la création monétaire libre, et le
système bancaire, en mettant un terme au mécanisme des réserves fractionnaires.
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Ce qui conduirait -dans un premier temps- à une « destruction créatrice », selon
la formule de Joseph Schumpeter, de l’endettement démesuré de tous les acteurs
et -dans un deuxième temps- à la reprise économique durable purgée de toutes
les possibilités manipulatrices de certains acteurs dominants et/ou politiques
discrétionnaires des pouvoirs publics qui nous mènent collectivement à la
faillite. Etant donné qu’on y viendra nécessairement, lorsque la création de
nouvelle dette pour couvrir la dette précédente ou actuelle sera devenue
inopérante comme moyen de stabiliser le système, autant le faire au plus vite
afin d’éviter de nouveaux drames humains, économiques, sociaux et financiers.
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