L’efficacité de la LEC est tout particulièrement remar-
quable chez l’enfant mais la lithiase cystique représen-
te souvent une de ses principales causes d’échec [1, 9,
41, 73].
Les publications spécifiquement consacrées à cette
démarche thérapeutique sont extrêmement rares. A
titre indicatif, la notion d’un taux de succès maximal de
55% de la LEC électro-hydraulique des calculs pyé-
liques de grand axe ≤ 20 mm peut cependant être rete-
nue. De même pour les calculs urétéraux de mensura-
tion maximale moyenne proche de 10 mm pris en char-
ge avec la même technologie, une élimination complè-
te de l’ordre de 40% après une première séance et de
80% grâce à un traitement itératif paraît vraisemblable
[25, 32, 36, 37, 44].
Les études in vitro confirment la remarquable résis-
tance des calculs de cystine aux ondes de choc usuelle-
ment appliquées. L’examen morphologique, macrosco-
pique et microscopique, des produits de la lithotritie
met en évidence une fragmentation relativement gros-
sière et régulière. Des différences structurelles peuvent
être envisagées pour expliquer la variabilité de la sensi-
bilité des différents types physico-chimiques de lithia-
se urinaire aux ondes de choc extracorporelles mais
l’origine exacte de cette dissemblance demeure inexpli-
quée. En matière de lithiase cystinique, la présence
d’un réseau périphérique, dense et régulier, de petits
cristaux a été envisagée pour expliquer la résistance
particulière de certains calculs lisses et jaunâtres par
rapport à des pierres brunâtres et rugueuses essentielle-
ment composées de volumineux cristaux organisés en
blocs hexagonaux séparés par des plans de clivage, cor-
respondant sur le plan structurel à des points faibles
potentiels [6, 11, 21, 38, 71, 72].
Endo-urologie
Les propriétés physiques des calculs de cystine condi-
tionnent directement leur approche endo-urologique et
imposent régulièrement le recours à certaines modalités
spécifiques de lithotritie endocorporelle.
Les sondes à ultrasons sont ainsi remarquablement effi-
caces, tout particulièrement en matière de néphrolitho-
tomie percutanée (NLPC), de même que les lithotri-
teurs balistiques. Le volume et la dureté lithiasiques
justifient cependant souvent des traitements prolongés
exposant à un risque accru de traumatisme et de perfo-
ration de la voie excrétrice urinaire [32, 36, 44, 60, 62].
Les études in vitro démontrent clairement les limites
dans ce domaine des ondes de choc électro-hydrau-
liques et du laser pulsé à colorant (504 nm, vert cou-
marine). Les calculs de cystine se caractérisent en effet
par une très faible absorption de l’énergie de ce type de
laser par rapport aux autres lithiases urinaires, en parti-
culier calciques [5, 74].
L’expérience clinique confirme les données théoriques
et la lithiase cystinique est fréquemment rebelle aux
lasers pulsés à colorant (504 nm). Une certaine photo-
sensibilisation, basée sur la coloration du liquide d’irri-
gation, notamment avec une solution de rifamycine à
2%, pourrait cependant permettre d’abaisser le seuil de
formation du plasma au niveau de la surface lithiasique
et améliorer ainsi l’efficacité du laser. Récemment rap-
portées, les performances du laser pulsé holmium Y
AG
(2100 mm) demandent à être confirmées. Cette techno-
logie présente un potentiel de fragmentation lithiasique
intéressant mais ses modalités spécifiques d’absorption
tissulaire posent le problème de ses conséquences,
immédiates ou différées, sur la voie excrétrice urinaire
[18, 23, 24, 69].
L’extraction percutanée complète des calculs rénaux de
cystine, en particulier coralliformes, est souvent diffici-
le. L’incidence des récidives paraît principalement dic-
tée par le niveau de maîtrise du processus lithogène
sous-jacent mais l’élimination de tous les fragments
résiduels demeure néanmoins un objectif urologique
prioritaire. Parallèlement à une éventuelle LEC com-
plémentaire, les caractéristiques physico-chimiques de
la lithiase cystinique permettent d’envisager une solubi-
lisation par irrigation directe des cavités pyélocali-
cielles [2, 36, 39, 42].
Les composés sulfhydryles ont, in vitro, un potentiel de
dissolution de la cystine nettement supérieur à l’alcali-
nisation isolée. Leur efficacité spontanée est quasiment
comparable mais, en milieu alcalin, la N acétyl cystéi-
ne est beaucoup plus performante que la D-penicillami-
ne ou la mercaptopropionylglycine. La pharmacociné-
tique de la N acétyl cystéine n’est cependant pas com-
patible avec un traitement de la lithiase cystinique par
voie orale ou systémique [7, 57, 59, 70].
Dans la perspective d’une perfusion continue de la voie
excrétrice urinaire avec des solutions alcalines ou des
composés sulfhydryles, éventuellement associés, l’im-
plantation d’une sonde de néphrostomie est préférable
au cathétérisme urétéral rétrograde. Cette approche a
permis d’obtenir des succès thérapeutiques remar-
quables face à des lithiases rénales non coralliformes et
des calculs urétéraux. Au-delà des complications,
notamment infectieuses, du drainage prolongé de la
voie excrétrice urinaire sa morbidité spécifique est
assez limitée. La perfusion alcaline expose cependant
au risque de développement d’un dépôt phosphatique
susceptible de nuire à l’action dissolvante des compo-
sés sulfhydryles. Aucune complication métabolique
notable n’a été constatée mais une réaction inflamma-
toire urothéliale, importante et spontanément régressi-
ve, secondaire à la perfusion directe de N acétyl cys-
téine a été ponctuellement rapportée. La durée du trai-
tement en milieu hospitalier, qui fluctue entre plusieurs
semaines et quelques mois, est d’autre part relative-
ment dissuasive [3, 7, 15, 20, 31, 36, 67, 72].
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