Théorie descriptive des ensembles Examen M2 Logique Examen de théorie descriptive des ensembles Durée : 3h L’examen consiste en un problème formé de plusieurs parties non indépendantes. On pourra bien sûr admettre les résultats d’une partie afin d’en traiter une autre. I Théorème de séparation de Novikov Soit X un espace polonais. On se propose de démontrer par l’absurde le théorème de séparation de Novikov qui s’énonce ainsi. Pour toute famille dénombrable (An )n∈N de sous-ensembles analytiques de X telle que T n∈N An = ∅, il existe une famille T dénombrable (Bn )n∈N de boréliens de X telle que pour tout n ∈ N on ait An ⊆ Bn et n∈N Bn = ∅. 1. Montrer que Tn si (A1 , ..., An ) est une famille finie de sous-ensembles analytiques de X telle que i=1 Ai = ∅, alors il existe Tn des boréliens B1 , ..., Bn ⊆ X tels que pour tout i ∈ {1, ..., n}, on ait Ai ⊆ Bi et i=1 Bi = ∅. 2. T Soit (An )n∈N une famille dénombrable de sous-ensembles analytiques de X telle que (Bn )n∈N de n∈N An = ∅. On suppose qu’il n’existe pas de famille dénombrable T boréliens de X telle que pour tout n ∈ N, on ait An ⊆ Bn et n∈N Bn = ∅. Soit pour chaque n ∈ N une fonction continue fn : NN → X telle que An = fn (NN ). Pour s ∈ N<N et n ∈ N, pose alors Asn = fn (Ns ). a) Une suite (sn )n∈N d’éléments de N<N est mauvaise si on ne peut trouver une famille dénombrable de boréliens (Bn ) d’intersection vide avec Asnn ⊆ Bn pour tout n ∈ N. Montrer que si (sn )n∈N est mauvaise, alors pour tout k ∈ N, il existe m ∈ N tel que la suite (s0n ) définie par sn si n 6= k 0 sn = sn a m si n = k soit mauvaise. b) Construire une suite (xn ) d’éléments de NN telle que pour tout n ∈ N, la suite (x0n , ..., xnn , ∅, ∅, ...) soit mauvaise. c) Pour tout i ∈ N, on pose pi = fi (xi ). Montrer qu’il existe i 6= j tel que pi 6= pj , et aboutir à une contradiction. II Projection et uniformisation des boréliens à sections compactes Soient X et Y deux espaces polonais. On note πX la projection X × Y → X. Paris 7 1 M2 Logique Théorie descriptive des ensembles Examen M2 Logique Étant donné deux ensembles A ⊆ P(X) et B ⊆ P(Y ) on notera A ⊗ B := {A × B : A ∈ A et B ∈ B} l’ensemble des produits d’éléments de A par des éléments de B. Étant donné un ensemble Z et C ⊆ P(Z), on note • Cs l’ensemble des réunions finies d’éléments de C, • Cσ l’ensemble des réunions dénombrables d’éléments de C • Cd l’ensemble des intersections finies d’éléments de C, • Cδ l’ensemble des intersections dénombrables d’éléments de C. La sections verticale d’un ensemble A ⊆ X × Y au dessus de x ∈ X est l’ensemble Ax := {y ∈ Y : (x, y) ∈ A}. 1. Rappeler pourquoi Y admet une base dénombrable d’ouverts. On fixe une telle base (Un )n∈N . 2. Dans cette sous-partie, on suppose de plus Y compact. Soit B ⊆ X × Y un borélien à sections verticales compactes (ou, de manière équivalente car Y est compact, fermées). a) Montrer que le complémentaire de B s’écrit comme [ (X × Y ) \ B = (Cn × Un ) n∈N où chaque Cn est coanalytique. b) En utilisant le théorème de séparation de Novikov (cf. partie I), montrer que l’on peut trouver des boréliens Bn ⊆ Cn × Un tels que [ (X × Y ) \ B = Bn . n∈N En déduire que l’on peut trouver des ensembles analytiques An tels que [ (X × Y ) \ B = (An × Un ). n∈N c) Conclure que B s’écrit comme intersection dénombrable décroissante d’éléments de Π11 (X) ⊗ F (Y ) s . d) Montrer que si (Kn ) est une suite décroissante de parties de X × Y à sections verticales compactes, alors ! \ \ πX Kn = πX (Kn ). n∈N n∈N e) Conclure que πX (B) est borélien. 3. Montrer plus généralement que si Y est polonais et B ⊆ X × Y est un borélien à sections compactes, alors πX (B) est borélien. (on pourra tout d’abord plonger Y dans un compact polonais Ỹ ). Paris 7 2 M2 Logique Théorie descriptive des ensembles Examen M2 Logique 4. On suppose de nouveau Y compact. a) Montrer que si B ⊆ X × Y est un borélien à sections verticales compactes, alors l’application X → F (Y ) qui à x ∈ X associe la section verticale Bx est borélienne. On pourra d’abord établir le fait que tout ouvert de Y est réunion dénombrable de compacts. b) Conclure que B admet une uniformisation borélienne, c’est-à-dire que πX (B) est borélien et qu’il existe une application borélienne f : πX (B) → Y telle que {(x, f (x)) : x ∈ πX (B)} ⊆ B. 5. On suppose désormais Y seulement polonais. Montrer que si B ⊆ X × Y est un borélien à sections verticales compactes, alors B admet une uniformisation borélienne. 6. Donner un contre-exemple dans le cas où les sections sont seulement supposées fermées. Quelle(s) partie(s) de la preuve cesse(nt) de fonctionner ? III Un autre espace de groupes dénombrables On considère, au sein de l’espace de Baire NN , le groupe S∞ des bijections N → N muni de la topologie induite. 1. Montrer que S∞ est un groupe topologique, c’est-à-dire que (g, g 0 ) 7→ gg 0 et g 7→ g −1 sont continues. 2. Montrer que S∞ est un sous-espace polonais de NN . 3. On définit SG(S∞ ) comme l’espace des sous-groupes fermés de S∞ . Montrer que SG(S∞ ) est un borélien de F (S∞ ). On pourra utiliser le théorème de sélection. 4. Soit G un sous groupe de S∞ tels que pour tout g ∈ G \ {idN }, on ait g(0) 6= 0. Montrer que G est un sous-groupe fermé dénombrable de S∞ . 5. On note SGd (S∞ ) l’espace des sous-groupes de S∞ tels que pour tout g ∈ G\{idN }, on ait g(0) 6= 0. Montrer que SGd (S∞ ) est un borélien de F (S∞ ). 6. Montrer que tout groupe dénombrable est isomorphe à un élément de SGd (S∞ ). 7. On rappelle qu’on note G l’espace des groupes marqués, c’est-à-dire des sous-groupes distingués de Fω . Montrer qu’il existe des applications boréliennes F1 : G → SGd (S∞ ) et F2 : SGd (S∞ ) → G telles que pour tout N ∈ G, le groupe F (G) est isomorphe à Fω /N et pour tout G ∈ SGd (S∞ ), le groupe Fω /F2 (G) est isomorphe à G. 8. En déduire que le fait qu’une propriété de groupe dénombrable définit un borélien de SGd (S∞ ) ssi elle définit un borélien de G. 9. Montrer que (G, H) ∈ SGd (S∞ )2 7→ G ∩ H ∈ SGd (S∞ ) est borélienne. 10. Montrer que le sous ensemble SGd,f g (S∞ ) formé des groupes de type fini est borélien. 11. Montrer que pour tout k ∈ N, l’application qui à G ∈ SGd,f g (S∞ ) associe l’intersection de tous ses sous-groupes d’indice au plus k est borélienne. On pourra utiliser la question 5 de la partie II. 12. Montrer que l’application qui à G ∈ SGd (S∞ ) associe [G, G] est borélienne. 13. Expliquer comment on pourrait utiliser les deux questions précédentes pour prouver le théorème de Wesolek-Williams (les groupes élémentairement moyennables forment un ensemble non borélien) dans le cadre de SGd (S∞ ). Paris 7 3 M2 Logique