Arborabilité et revêtements boréliens 5
et Rπ1(G,s0)induites par les groupoïdes boréliens π1(G, s)et π1(G, s0)et tel que tout point s(x)
de s(A) soit relié par un chemin au point s(φ(x)) de s(A0), où A(et donc A0) désigne un domaine
complet de Rπ1(G,s)(resp. Rπ1(G,s0)). L’isomorphisme partiel φinduit alors un isomorphisme de
groupoïdes boréliens entre π1(G, s)Aet π1(G, s0)A0: à tout chemin cdans Gd’origine s(x)et
d’extrémité s(y)où xet yappartiennent à A, est associé le chemin φ◦φ−1d’origine s0(φ(x)) et
d’extrémité s0(φ(y)).
Comme nous l’avons mentionné ci-dessus, le groupoïde fondamental borélien associé à un bou-
quet de cercles borélien sur Xest isomorphe au groupoïde borélien libre sur l’espace des arêtes du
bouquet. C’est un fait général aux graphes boréliens enracinés sur X. Ce résultat généralise aux
groupoïdes boréliens enracinés sur Xle fait que le groupe fondamental d’un graphe connexe (cas
où Xest un singleton) est un groupe libre.
Proposition 13. Soit (G, s)un graphe borélien enraciné sur X. Alors le groupoïde fondamental
borélien π1(G, s)est un groupoïde borélien libre sur s(X) ∼
=X. Si de plus (G, s)est un graphe
borélien uniformément fini sur X, alors π1(G, s)est uniformément de rang fini.
Démonstration : Nous allons utiliser les techniques de la démonstration du théorème 14 de [Alv08a]
afin de construire une forêt borélienne Fdans Gtelle que chaque composante connexe ne rencontre
s(X) qu’en un seul sommet et telle que toute arête de Gn’appartenant pas à Fconnecte deux com-
posantes connexes (ce qui entraînera que l’espace des sommets de Fcoïncide avec G0). Étant donné
une telle forêt borélienne F, opérons une opération de contraction de Gsuivant F. Autrement dit
considérons l’espace quotient de G0par la relation d’équivalence borélienne lisse de domaine fonda-
mental s(X) dont les classes sont les ensembles de sommets des composantes connexes de F, ainsi
que l’espace quotient de G1par la relation d’équivalence borélienne lisse de domaine fondamental
naturellement isomorphe à s(X) tG1rF1dont les classes sont soit les ensembles d’arêtes des
composantes connexes de F, soit les arêtes de G1rF1. On obtient ainsi un bouquet de cercles
borélien Bsur s(X) ∼
=Xpuisque pour toute arête de G1rF1, il correspond un unique chemin
dans Fjoignant son sommet origine (respectivement terminal) à s(X). Le groupoïde fondamental
borélien de (G, s)est donc libre sur la partie génératrice décrite ci-dessus. Si une famille d’iso-
morphismes partiels de Xse relève dans Get recouvre G1, alors l’image de cette famille dans le
quotient Brecouvre encore B. Ainsi, si (G, s)est uniformément fini sur X, il en est de même du
rang de π1(G, s).
La construction d’une forêt borélienne Fcomme ci-dessus est analogue à la construction d’un
arboretum de représentants de la proposition 32 de [Alv08a], avec une étape supplémentaire dans
chaque itération de la construction. Notons F1l’image s(X) de la section borélienne s. Pour tout
entier naturel n>1, ayant construit une forêt borélienne Fnde Gtelle que chaque composante
connexe ne rencontre s(X) qu’en un seul sommet, la forêt borélienne Fn+1 est obtenue à partir de
la forêt borélienne Fnet de sections partielles de sommets sn,1,jn: Ajn⊂X−→ Sn,1et sn,2,kn:
Akn⊂X−→ Sn,2, où Sn,1désigne l’ensemble des sommets de Gà distance 1 de Fnet ayant un
unique voisin dans Fn, et Sn,2le complémentaire de Sn,1dans l’ensemble des sommets à distance 1
de Fn. Les sections partielles sn,1,jnsont choisies de la même manière que dans la démonstration de
la proposition 32 de [Alv08a], après avoir fixé une numérotation borélienne de l’espace des sommets
G0. Quant aux sections boréliennes sn,2,kn, celles-ci doivent être des applications injectives afin que
chaque composante connexe de Fn+1 continue de ne rencontrer s(X) qu’en un seul sommet. Pour
cela, désignons par S0
n,2l’ensemble des sommets de Fnà distance 1 d’un sommet de Sn,2: on obtient
ainsi un espace fibré standard S0
n,2sur Sn,2avec une projection borélienne évidente. Étant donné une
section borélienne s0
n,2: Sn,2−→ S0
n,2de cet espace fibré standard, découpons Sn,2en un nombre
dénombrable de parties boréliennes de sorte que chaque s0
n,2,kn(définie sur une partie borélienne de
Sn,2) soit injective (et donc bijective) sur son image. Les sections partielles sn,2,kn: Akn−→ Sn,2
cherchées sont alors les (s0
n,2,kn)−1, où Akn⊂Xest isomorphe via π0: G0−→ Xau but de s0
n,2,kn.
La démonstration précédente nous incite à poser la définition suivante :
Définition 14 (Cœur).Soit (G, s)un graphe borélien enraciné sur X. Le cœur de (G, s)est le plus
petit sous-graphe de Gcontenant tous les chemins réduits de Gdont les extrémités appartiennent
às(X).