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CHAPITRE 1:
MÉTHODES DÉTUDES DES ESPACES VECTORIELS
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Commençons tout en douceur par ce premier chapitre d’algébre linéaire.
Souvenez-vous de vos promenades de l’an passé dans Kn... Cette année,
vous généralisez. De Kn, vous passez aux espaces vectoriels de dimension
parfois infinie. Si vous avez bien compris les cours de BCPST1, cette générali-
sation ne devrait pas être si difficile. En dimension finie, les méthodes seront
très similaires à celle de Kn. En dimension infinie, il faudra prendre un peu plus
de précaution ! ,
Signalons que, dans tout ce chapitre, Kdésignera, comme d’habitude, Rou C.
1. Les espaces vectoriels
A) Quelques généralités...
MÉTHODE 1 : Montrer que Eest un espace vectoriel
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Cas particuliers :
Voici quelques ensembles qui sont, d’après votre cours, des espaces vecto-
riels :
Rn,Cn,Mn,p(R),Mn,p(C).
RN,CN, l’ensemble des suites récurrentes linéaires d’ordre 2,C0(I),Ck(I),
C(I).
R[X],C[X],Rn[X],Cn[X].
L’ensemble des solutions d’un système linéaire homogène.
L’ensemble des solutions d’une équation différentielle linéaire homogène.
L’ensemble des fonctions paires (resp. impaires).
L’ensemble des fonctions T-périodiques (Tfixé bien sûr !).
les variables aléatoires définies sur un même espace de probabilité.
Tout espace de la forme Vect (e1,··· ,e
n).
Une fois ces espaces acquis, on peut, par opérations, construire d’autres es-
paces vectoriels, les ensembles suivants sont aussi des espaces vectoriels :
L’intersection de sous-espaces vectoriels d’un espace vectoriel.
Le noyau d’une application linéaire, l’image d’une application linéaire.
La somme de deux sous-espaces vectoriels.
8 METHODIX BCPST-2
Principe :
Prenons Eun ensemble qui n’est pas un cas particulier décrit juste avant.
Pour montrer que E, ensemble sur lequel on a définit deux lois (+,×)(la loi
+définit l’addition entre les éléments de Eet la loi ×définit la multiplication
entre scalaires et éléments de E), est un espace vectoriel, trois étapes sont
habituelles :
Etape 1 : On cherche un espace Avérifiant les trois propriétés suivantes :
1. Etre un espace vectoriel.
2. Contenir E.
3. Les lois (+,×)de Esont les restrictions à Edes lois (+,×)de A.
Etape 2 : On montre que 0A, le vecteur nul de A, appartient à E.
Etape 3 : On prend xet ydeux éléments quelconques de E,λun élément
quelconque de K. On prouve alors que λx +yappartient encore à E.
Exemple :
On appelle Al’ensemble des polynômes de degré 10 à coefficients réels,
Bl’ensemble des fonctions de Rdans R+et Cl’ensemble des éléments
de Rn[X](nentier naturel non nul) s’annulant en 4. Ces ensembles suivants
sont-ils des espaces vectoriels ?
Ane contient pas le polynôme nul (car ce dernier n’est pas de degré 10),
An’est donc pas un espace vectoriel.
f:x→ x2+1est dans B,fn’est pas dans B(car fn’est pas à valeurs
dans R+). Bn’est pas stable par multiplication par un scalaire, Bn’est donc
pas un espace vectoriel.
Cest une partie de Rn[X]et Rn[X]est un espace vectoriel. Vérifions les deux
conditions :
1. 0est dans Cpuisque le polynôme nul est bien dans Rn[X]et s’annule
en particulier en 4.
2. Prenons P1et P2deux éléments de C. Soit λun réel. Rn[X]est un
espace vectoriel donc λP1+P2est dans Rn[X]. D’autre part, de
P1(4)=P2(4)=0, on en déduit :
(λP1+P2)(4)=λP1(4)+P2(4)=0.
Ainsi, λP1+P2appartient à C.
Cest donc bien un espace vectoriel. On aurait pû le prouver en
voyant Ccomme le noyau de l’application linéaire suivante :
ϕ:P→ P(4).
MÉTHODE 2 : Montrer des relations entre sev
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Principe :
Par relation, on entend les problèmes d’inclusion et d’égalité. Détaillons ces
deux problèmes.
1
Méthodes d’études des espaces vectoriels 9
Inclusion :
Pour prouver que EF(avec Eet Fdeux sous-espaces vectoriels d’un
même espace vectoriel A), on prend un élément quelconque de Eet on
montre qu’il est dans F. Comme Fest stable par somme, on peut se conten-
ter de prouver qu’une famille génératrice quelconque de Eest dans F, il suf-
fit, pour conclure d’ajouter que si Fcontient cette famille (e1,··· ,e
n)alors il
contient Vect (e1,··· ,e
n)car, par définition, le plus petit espace vectoriel
(au sens de l’inclusion) contenant (e1,··· ,e
n)est Vect (e1,··· ,e
n)et Fest
un espace vectoriel. Fcontient donc E(puisque Vect (e1,··· ,e
n)est Ecar
(e1,··· ,e
n)est une famille génératrice de E).
Egalité :
Pour prouver que E=F, il suffit, comme pour tout ensemble, de montrer
que EFet FE.SiEet Fsont de dimension finie, on peut commencer
par chercher dim(E)et dim(F). Si dim(E)=dim(F)alors il suffit de prouver
une seule inclusion pour avoir l’égalité (réfléchissez pour faire le plus simple
entre EFet FE). Si dim(E)=dim(F)alors on peut conclure que E=F.
Exemple :
Soient Eet Fles sous-espaces vectoriels engendrés respectivement par :
((2, 3, 1),(1, 1, 2))et ((3, 7, 0),(5, 0, 7)). Montrer que E=F.
Déjà, une base de Eest ((2, 3, 1),(1, 1, 2))car ((2, 3, 1),(1, 1, 2))est
une famille génératrice de Epar définition et c’est une famille libre (2vec-
teurs non colinéaires). Eest donc de dimension 2... et Faussi pour la même
raison.
Il nous reste donc une simple inclusion à faire. Il est a priori plus simple de
montrer que (2, 3, 1)et (1, 1, 2)sont dans F(grâce aux 0dans les coor-
données de la base ((3, 7, 0),(5, 0, 7))de Fqu’on utilise ici) que de montrer
que Econtient (3, 7, 0)et (5, 0, 7).
(2, 3, 1)et (1, 1, 2)sont dans Fcar Fest engendré par ((3, 7, 0),(5, 0, 7))
et :
(2, 3, 1)= 3
7·(3, 7, 0)+ 1
7·(5, 0, 7)et (1, 1, 2)= 1
7·(3, 7, 0)+ 2
7·(5, 0, 7)
Fcontient donc les vecteurs (2, 3, 1)et (1, 1, 2). Or le plus petit espace
vectoriel contenant les vecteurs (2, 3, 1)et (1, 1, 2)est par définition
Vect ((2, 3, 1),(1, 1, 2)) et Fest un espace vectoriel. Fcontient donc
Vect ((2, 3, 1),(1, 1, 2)), c’est-à-dire E. De plus, Eet Fsont tous les deux
de dimension 2, ils sont donc égaux.
MÉTHODE 3 : Trouver des équations cartésiennes d’un sev
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Principe :
Soit Aun K-espace vectoriel. Voici quelques étapes qui vous conduiront droit
aux équations cartésiennes d’un sous-espace vectoriel de Anommé E:
1. On commence par chercher une famille génératrice (e1,··· ,e
n)de E.
2. On écrit le système linéaire en rapport avec cette famille en disant
qu’un vecteur quelconque xde Aappartient à Esi et seulement si x
10 METHODIX BCPST-2
peut s’écrire sous la forme suivante : a1e1+···+anen. On obtient donc
un système d’inconnue (a1,··· ,a
n)Knsuivant :
x=a1e1+···+anen.
3. On explicite ce système en utilisant les coordonnées des vecteurs x,e1,
..., endans une base de A.
4. On résout ce dernier système qui mêle les coordonnées de xet les ai.Il
n’est compatible que pour les vecteurs xde E. On cherche donc toutes
les équations de compatibilité de ce système (Equations ne faisant in-
tervenir que les coordonnées de x). Ce sont les équations cartésiennes
que l’on cherchait.
Exemple :
On pose E=Vect ((1, 0, 0, 2),(2, 3, 0, 1)). Soit v=(x, y, z, t)un vecteur de R4.
Trouver des conditions nécessaires et suffisantes sur x, y, z et tpour que v
appartienne à E.
Soit v=(x, y, z, t)un vecteur de R4.
vE⇔∃(a, b)R2tel que (x, y, z, t)=a(1, 0, 0, 2)+b(2, 3, 0, 1)
⇔∃(a, b)R2tel que
x=a+2b
y=3b
z=0
t=2a +b
⇔∃(a, b)R2tel que
b=y
3
a=x2y
3
z=0
t=2x 4y
3+y
3
z=0et t=2x y.
(x, y, z, t)appartient donc à Esi et seulement si on a z=0et t2x +y=0.
On a prouvé ainsi l’égalité suivante :
E=(x, y, z, t)R4tel que z=t2x +y=0.
MÉTHODE 4 : Trouver une famille génératrice d’un sev
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Principe :
On appelle El’espace dont on cherche une famille génératrice et on sup-
pose que c’est un sous-espace vectoriel d’un espace vectoriel A.Onprend
un vecteur quelconque de A, on écrit que ses coordonnées doivent vérifier
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Méthodes d’études des espaces vectoriels 11
des relations cartésiennes de Epour y appartenir puis on élimine ainsi au fur et
à mesure les coordonnées en trop. Et hop, une famille génératrice apparaît !
Exemple :
On pose : E=(x, y, z, t)R4tels que x+y=2z t+x=0. Trouver une
famille génératrice de E.
Soit Xun vecteur de R4.
XE⇐⇒ (x, y, z, t)R4tel que X=(x, y, z, t)et x+y=2z t+x=0
⇐⇒ (y, z, t)R3tel que X=(y, y, z, t)et 2z ty=0
⇐⇒ (y, z)R2tel que X=(y, y, z, 2z y)
⇐⇒ (y, z)R2tel que X=y(−1, 1, 0, 1)+z(0, 0, 1, 2)
⇐⇒ XVect ((−1, 1, 0, 1),(0, 0, 1, 2)).
D’où E=Vect ((−1, 1, 0, 1),(0, 0, 1, 2))et ((−1, 1, 0, 1),(0, 0, 1, 2))est une
famille génératrice de E.
MÉTHODE 5 : Décrire EF
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Principe :
Une évidence, les éléments de Eet Fsont à la fois dans Eet dans F. Il suffit
donc de vérifier simultanément toutes les conditions. Si on est dans Kn, le plus
simple pour décrire EFest d’avoir des équations cartésiennes de Eet de
F. Après, il suffit de dire qu’un élément appartient EFs’il vérifie à la fois des
équations cartésiennes de Eet des équations cartésiennes de F. Il suffit donc
de résoudre un gros système linéaire !
Cas particulier :
Si EFon vous signale que EFest tout simplement E. Il faut y penser quand
Eou Fest "grand".
MÉTHODE 6 : Trouver la dimension d’un ev
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Rappel :
Quelques dimensions qui sont dans votre cours :
dim(Kn)=n, dim(Mn,p(K)) = np et dim(Rn[X]) = n+1.
Principe :
Quelques idées pour surmonter une telle difficulté :
Par une base.
Une fois qu’on a trouvé une base d’un espace vectoriel, il suffit de compter
pour avoir sa dimension. On rappelle que la dimension d’un espace vec-
toriel est le nombre d’éléments d’une base quelconque de cet espace.
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