Notons alors Kile corps engendr´e par les coordonn´ees des points de Aide sorte que K0=Q
et x∈Kn. Les ´equations de droites ou de cercles ´etant de degr´e ≤2, il n’est pas difficile de
montrer que [Ki:Ki−1]≤2. La formule de multiplicativit´e des degr´es implique que
[Kn:Q] = [Kn:Kn−1]·[Kn−1:Kn−2]···[K1:Q] = 2m
= [Kn:Q(x)] ·[Q(x) : Q].
Il en r´esulte que xest alg´ebrique et que [Q(x) : Q] est une puissance de 2.
Corollaire 3.5 Il est impossible de dupliquer un cube `a la r`egle et au compas.
Preuve. En tant que racine du polynˆome irr´eductible X3−2, le r´eel 3
√2 est alg´ebrique sur Qde
degr´e 3. Il r´esulte du th´eor`eme de Wantzel que 3
√2 n’est pas constructible `a la r`egle et au compas
d’o`u bien sˆur l’impossibilit´e de dupliquer un cube.
Corollaire 3.6 Il est impossible de trisecter un angle `a la r`egle et au compas.
Preuve. Montrons par exemple que l’angle π/3 ne peut pas ˆetre trisect´e, i.e. que le r´eel a=
cos(π/9) n’est pas constructible. L’´equation cos 3θ= 4 cos3θ−3 cos θmontre que aest racine
du polynˆome irr´eductible 4X3−3X−1. En particulier, aest alg´ebrique de degr´e 3 donc non
constructible en vertu du th´eor`eme de Wantzel.
Lemme 3.7 Etant donn´e Gun p-groupe d’ordre pnil existe une suite G0⊂ ··· ⊂ Gnde sous-
groupes distingu´es de Gtels que |Gi|=pipour tout 0 ≤i≤n. [2], Ex. 1.4
Th´eor`eme 3.8 Soient Lun sous-corps de Ret (x, y) un ´el´ement de L2. Si l’extension Q⊂Lest
normale de degr´e une puissance de 2 alors le point de coordonn´ees (x, y) est constructible `a la
r`egle et au compas. [2], Ex 4.14
Preuve. Soit G= Gal(L|Q) le groupe de Galois de l’extension Q⊂L. Cette extension ´etant
normale, il r´esulte du th´eor`eme de correspondance de Galois que |G|= [L:Q] = 2n. En particulier,
d’apr`es le lemme 3.7, il existe une suite G0⊂ ··· ⊂ Gnde sous-groupes distingu´es de Gtels que
|Gi|= 2ipour tout 0 ≤i≤n. Notons Ki= inv(Gn−i) le corps des invariants de Gn−isoit
Ki={x∈L:σ(x) = xpour tout σ∈Gn−i}.
Il est clair que K0=Qet Kn=L. Par ailleurs, comme (Gn−i:Gn−i−1) = 2, Gn−i−1est ´egalement
distingu´e dans Gn−i. Une nouvelle application du th´eor`eme de correspondance nous permet alors
d’affirmer que
[Ki+1 :Ki] = |Gal(Ki+1 |Ki)|= (Gn−i:Gn−i−1) = 2.
Pour conclure, montrons par r´ecurrence que les ´el´ements de Ki, 0 ≤i≤n, sont constructibles `a la
r`egle et au compas. Tout d’abord, la constructibilit´e des ´el´ements de K0=Qest une cons´equence
directe du th´eor`eme de Thal`es (voir Figure 1). Supposons maintenant que les ´el´ements de Kisont
constructibles pour un certain i≤n−1. Comme l’extension Ki+1 ⊂Kiest de degr´e 2, il suffit de
montrer que l’ensemble des r´eels constructibles est stable par racine carr´ee, ce qui est assur´e par
le th´eor`eme de Pythagore (voir Figure 1). Puisque L=Kn, le r´esultat s’ensuit.