Dans un espace affine euclidien, on sait d´efinir la distance entre deux points,
puis les applications affines qui conservent les distances ; ce sont les isom´etries
affines, que nous d´ecrirons de fa¸con assez vague en toutes dimensions, et tr`es
pr´ecis´ement en dimensions 0, 1, 2, et 3.
On sait aussi dire ce que sont l’angle entre deux vecteurs (ou deux droites)
et sa mesure (ces notions n’ont rien de sp´ecifiquement affine, existent d´ej`a dans
les espaces vectoriels euclidiens et c’est `a leur propos que nous y reviendrons),
mais on se heurte `a leur sujet `a deux difficult´es : la premi`ere, c’est que les d´efinir
rigoureusement est d´elicat – et il faut bien reconnaˆıtre que la fa¸con dont on s’y
prend faute de mieux est un peu indigeste ; la seconde est li´ee aux probl`emes
d’orientation, qui correspondent `a des subtilit´es de la vraie vie. Par exemple,
essayez de r´epondre aux questions suivantes.
i ) Si deux roues tournent dans un mˆeme plan, cela a-t-il un sens de demander
si elles tournent toutes deux dans le mˆeme sens ?
ii) Si deux roues tournent dans l’espace (en position arbitraire l’une par
rapport `a l’autre), cela a-t-il un sens de demander si elles tournent toutes deux
dans le mˆeme sens ?
iii) Pourquoi un miroir inverse-t-il la gauche et la droite mais pas le haut et
le bas ?
Les pr´erequis et le point de vue adopt´e dans ce cours
Les pr´erequis. Ce cours supposera connues les notions de base d’alg`ebre lin´eaire
(espaces vectoriels, sous-espaces vectoriels, applications lin´eaires, images, noyaux,
familles libres et g´en´eratrices, bases, th´eorie de la dimension, valeurs propres et
vecteurs propres) dont nous nous servirons sans le moindre rappel. Nous utili-
serons ´egalement la th´eorie des espaces vectoriels euclidiens, dont nous redon-
nerons les r´esultats principaux assez rapidement et sans d´emonstration ; une
certaine familiarit´e avec ceux-ci est donc pr´ef´erable.
Le point de vue adopt´e. Nous avons fait le choix d’´enoncer les d´efinitions
et th´eor`emes de ce cours dans un cadre tr`es g´en´eral : `a chaque fois que ce sera
possible, nous nous placerons sur un corps quelconque, qui pourrait ˆetre aussi
bien Q,Rou Cque Z/65537Z(le lecteur curieux est invit´e `a v´erifier que 65537
est bien premier), et en dimension (finie) quelconque ; la plupart du temps, ce
parti pris n’est source d’aucune complication dans les d´emonstrations.
Cela dit, afin de vous faire une intuition des objets en jeu, et si vous avez
du mal `a voir ce qui se passe, le mieux est ´evidemment de vous raccrocher `a
ce que vous connaissez, c’est-`a-dire les espaces affines r´eels de dimension 2 ou
3, autrement dit le plan et l’espace usuels ; cela peut souvent vous donner une
premi`ere id´ee de ce qui se passe – mˆeme s’il faut ensuite extrapoler `a bon escient.
Et par ailleurs, beaucoup d’exercices et certaines parties importantes du
cours (notamment la classification des isom´etries affines) porteront effectivement
sur des espaces affines r´eels de dimension 2 ou 3.
Nous aurons toutefois l’occasion de mentionner, dans le cours ou `a travers
certains exercices, quelques ph´enom`enes amusants 1en g´eom´etrie affine sur les
corps de caract´eristique non nulle (par exemple, les m´edianes d’un triangles sont
parall`eles sur un corps de caract´eristique 3 !), ou de faire travailler un peu votre
1. `
A condition, certes, d’appr´ecier ce genre d’humour.
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