ISOMORPHISMES ENTRE GROUPES DE PERMUTATIONS 3
Construction d’un automorphisme extérieur. On peut construire un
automorphisme de Snde manière directe, mais nous préférons motiver la
construction.
Soit Xun ensemble à néléments sur lequel Snagit transitivement. Soit
ρ:Sn→SX
le morphisme de groupes défini par cette action.
Montrons que ρest un isomorphisme. Soit Hle stabilisateur d’un élément
de X; c’est un sous-groupe de Snd’indice n. Soit Nle noyau de ρ. C’est un
sous-groupe distingué de Gcontenu dans H; son indice est donc un multiple
de n.
Si n6= 4,Snn’a pas d’autres sous-groupes distingués que 1,Anet lui-même.
Quant à A4, il admet de surcroît un sous-groupe distingué d’indice 6. Dans
tous les cas, seul le sous-groupe trivial a pour indice un multiple de n. On a
donc N= 1, et ρest un isomorphisme pour des raisons de cardinalité.
Ainsi, toute action transitive de Snsur un ensemble Xànéléments définit
un isomorphisme
ρ:Sn∼
−→ SX.
A quelle condition l’isomorphisme ρainsi défini est-il intérieur ?
Pour i= 1, . . . , n, notons Σile sous-groupe de Sndes permutations qui
fixent i. Les Σiforment une classe de conjugaison de sous-groupes d’indice
ndans Sn.
Soit x∈Xet Hxson stabilisateur sous l’action de Sn. S’il existe une
bijection fde {1, . . . , n}sur Xtelle que ρ=βf, on aura pour tout i:
ρ(Σi) = (Hf(i)).
Par conséquent, si Hest un sous-groupe de Snd’indice nqui n’est pas de la
forme Σi, l’action de Snsur le quotient X=Sn/H induit un isomorphisme
ρ:Sn∼
−→ SXqui n’est pas intérieur. Soit fune bijection de {1, . . . , n}sur
X: alors β−1
f◦ρsera un automorphisme non intérieur de Sn.
En conclusion : trouver un automorphisme non intérieur de Snrevient à
trouver un sous-groupe d’indice nde Snqui ne soit pas de la forme Σi.
Puisqu’on sait déjà que Out(Sn) = 1 pour n6= 6, on peut donc affirmer que
Sna exactement nsous-groupes d’indice nsi n6= 6, qui sont les Σi. Il en
résulte qu’un groupe isomorphe à Snagit canoniquement sur un ensemble à
6éléments : il permute ses nsous-groupes d’indice npar conjugaison.
Il n’en va pas de même dans le cas n= 6. Dans son Cours d’Algèbre Da-
niel Perrin donne une construction très élégante d’un sous-groupe Hde S6,
d’indice 6, et distinct des Σi. La voici.
On observe que la droite projective D=P(F5)sur le corps à 5éléments pos-
sède exactement six points, qui sont 0,1,2,3,4et ∞. Soit HDle groupe des
transformations homographiques de cette droite projective, qui n’est autre
que le quotient de Gl2(F5)par son centre F∗
5. L’ordre de HDest :
HD=24 ×20
4= 120 .
Ainsi HDest un sous-groupe d’indice 6de SD. Le groupe des homographies
opère transitivement sur la droite projective, donc il ne fixe aucun point de
la droite : ce groupe fait donc l’affaire.