Séries de nombres réels ou complexes. Comportement des restes

Séries de nombres réels ou complexes. Comportement des restes
ou des sommes partielles des séries numériques.
Kevin Quirin et Pierre Vigué
2011-2012
Dans la suite, on prend K=Rou C.
1 Définitions, séries à termes positifs
1.1 Définitions
Définition. Soit (un)nKN. La série de terme général unest la suite (Sn)ndéfinie par
nN, Sn=
n
X
k=0
uk.
On note cette série Pun.
Snest la somme partielle d’indice n.
On dit que Punconverge si la suite (Sn)nconverge (sinon, on dit qu’elle diverge), et dans le cas de
la convergence, lim Snest la somme de la série, notée
X
n=0
un.
Si Punconverge, on définit pour tout nle reste d’indice npar
Rn=
X
n=0
unSn=
X
k=n+1
uk
Exemple Soit qK. La série Pqnest appelée série géométrique, qui converge si et seulement si
|q|<1.
Dans ce cas,
X
n=0
qn=1
1q.
Définition. Une série Punest dite de Cauchy si (Sn)nest une suite de Cauchy.
Proposition. La série Punconverge si et seulement si
ε > 0,NN,n>N, pN,
n+p
X
k=n
uk
< ε.
Proposition. Si Punconverge, alors lim un= 0.
Définition. Une série Punest dite absolument convergente si P|un|converge.
Théorème. Une série absolument convergente est convergente.
1
1.2 Comparaison
Dans la suite, (un)n,(vn)n(R+)N.
Théorème. Punconverge si et seulement si (Sn)est majorée.
Théorème. On a les résultats suivants :
Si nN, un6vn, alors
Xvnconverge Xunconverge
Si un=O(vn), alors
Xvnconverge )(Xunconverge
Théorème. On suppose que unvn. Alors :
Si Punconverge, alors Pvnaussi et les restes des séries sont équivalents.
Si Pundiverge, alors Pvnaussi et les sommes partielles sont équivalentes.
Application : formule de Stirling
n!2πnn+1
2en.
Exemple : développement asymptotique de la suite définie par un+1 = sin unet u0(0,π
2).
1.3 Critères usuels
Dans ce paragraphe, on suppose un>0pour tout n.
Proposition (Règle de d’Alembert).On suppose lim un+1
un
existe et vaut λ[0,].
si λ < 1, alors Punconverge.
si λ > 1, alors Pundiverge.
si λ= 1+, alors Pundiverge.
Proposition (Règle de Cauchy).On suppose lim n
unexiste et vaut λ[0,].
si λ < 1, alors Punconverge.
si λ > 1, alors Pundiverge.
si λ= 1+, alors Pundiverge.
Proposition (Règle de Raab-Duhamel).On suppose que
un+1
un
=1
1 + a
n+O1
nα.
Si a > 1et α > 1, alors Punconverge.
1.4 Comparaison à des séries usuelles
Proposition (Séries de Riemann).Soit αR. Alors Pnαconverge si et seulement si α > 1.
Proposition (Séries de Bertrand).Soient α, β R. Alors X1
nαlogβnconverge si et seulement si
(α > 1) ou (α= 1 et β > 1).
La combinaison des résultats du 1.2 et sur les séries géométriques, de Riemann et de Bertrand permet
de traiter de nombreux exemples.
Exemples :
Xsin2n
n2converge.
La série harmonique X1
ndiverge.
2
2 Cas général
On revient maintenant au cas (un)nKN.
2.1 La transformation d’Abel
Principe de la méthode :
Soit un=αnvn. On note Sn=Pn
k=0 vk. Alors
n
X
k=0
uk=
n1
X
k=0
(αkαk+1)Sk+αnSn.
Théorème (Règle d’Abel).Avec les notations précédentes :
si (αn)est positive, décroissante, tend vers 0, et (Sn)bornée, alors Punconverge.
Application : Critère des séries alternées
Soit (an)(R+)Ndécroissante et tendant vers 0. Alors P(1)nanconverge, et
X
k=n+1
(1)kak
6an+1.
Exemple :Xeinθ
nconverge pour tout θR\2πZ.
2.2 Ordre des termes
Définition. On dit que Punest commutativement convergente et de somme Ssi pour toute bijection
ϕ:NN,Puϕ(n)converge et a pour somme S.
Théorème. Sont équivalentes :
Punconverge absolument
Punconverge commutativement.
Théorème (de Riemann).Soit Punune série réelle semi-convergente, et soit αR.
Alors il existe une bijection ϕ:NNtelle que Puϕ(n)converge, et
X
n=0
uϕ(n)=α.
Théorème (Sommation par paquets).Soit (Iα)αAune partition de Net Punune série commutati-
vement convergente. Alors αA,PnIαunest commutativement convergente, vers Sα, et PαASα
converge commutativement avec
X
n=0
un=X
αAX
nIα
un
Théorème. Si une série converge, alors toute série obtenue par regroupement de termes consécutifs
converge aussi vers la même limite. Pour une série à termes positifs, toute série obtenue par regroupement
de termes consécutifs est de même nature.
Exemple : on note pnle nème entier naturel non nul dont l’écriture décimale ne comporte pas de 9.
Alors P1
pnconverge.
2.3 Produit de convolution
Théorème (de Mertens).Soit Punune série absolument convergente de somme U, et soit Pvnune
série convergente de somme V.
Alors la série Pwn, où wn=Pn
i=0 uivni, converge, et a pour somme UV .
Exemple : contre-exemple de Cauchy Avec un=vn=(1)n
n+ 1, la série produit diverge.
3
2.4 Séries doubles
Théorème. Soit (up,q)(p,q)N2une suite à double entrée. Sont équivalentes :
(i) Pour tout qN,Ppup,q converge abolument et X
q
X
p=0 |up,q|!converge
(ii) Pour tout pN,Pqup,q converge abolument et X
p
X
q=0 |up,q|!converge
Dans ce cas,
X
p=0
X
q=0
up,q =
X
q=0
X
p=0
up,q.
Exemple :
X
k=2
(ζ(k)1) = 1,
ζest la fonction de Riemann
ζ(k) =
X
n=1
nk.
3 Utilisation de fonctions
3.1 Utilisation d’une intégrale
Théorème. Soit f:R+R+croissante, continue par morceaux. Alors σf (n)et R
0f(t)dtont
même nature.
Exemple : On a :
E
109
X
n=1
= 2997.
Théorème. Soient x0>0et f: [x0,)Cde classe C1. Si Z
x0|f0(t)|dtconverge, alors Pf(n)et
Z
x0
f(t)dtsont de même nature.
Application : On peut prolonger ζ:{sC| <(s)} → Cà{sC| <(s)>0}\{1}.
3.2 Séries entières
Définition. On appelle série entière toute série de fonctions de la forme Pnanzn, où zest une variable
complexe, et (an)nCN.
On appelle rayon de convergence le nombre
R= sup{r>0| ∃M > 0,nN,|anrn|< M }.
Théorème (d’Abel angulaire).Soit Panznune série entière de rayon de convergence R>1, telle que
Panconverge. On note fla somme de cette série entière sur le disque unité. Pour θ0[0,π
2), on pose
θ0={zC,|z|<1| ∃ρ > 0,ϕ[θ0, θ0], z = 1 ρe.
Alors
lim
z1,zθ0
f(z) =
X
n=0
an.
4
Exemple : On a
X
n=0
(1)n
2n+ 1 = lim
x1,x<1arctan x=π
4.
Théorème (taubérien faible).Soit Panznune série entière de rayon de convergence R>1, et soit f
la somme de cette série sur le disque unité. On suppose :
SC,lim
x1,x<1f(x) = Set an=o1
n.
Alors Panconverge, vers S.
3.3 Séries de Fourier
Définition. Soit f:RCune fonction 2π-périodique, continue par morceaux. On appelle coefficients
de Fourier de fles nombres :
nZ, cn(f) = 1
2πZ2π
0
f(t)eintdt.
On appelle série de Fourier associée à fla série PnZcn(f)einx.
Théorème (de Dirichlet).Si fest 2π-périodique et C1par morceaux, alors pour tout xR,
X
n=−∞
cn(f)einx
converge vers f(x+) + f(x)
2.
Application : Formule d’Euler
On définit les nombres de Bernoulli bnpar
z
ez1=
X
n=0
bn
n!zn.
On a alors :
X
n>1
1
n2k= (1)k1(2π)2k
2(2n)! b2k.
Théorème (Formule de Parseval).Soit f:RCune fonction 2π-périodique et continue par morceaux.
Alors X
nZ|cn(f)|2converge, et
X
nZ|cn(f)|2=1
2πZ2π
0|f(t)|2dt.
Exemple : on peut retrouver avec la formule de Parseval :
X
n=1
1
n4=π4
90 .
Théorème (Formule sommatoire de Poisson).Soit f∈ S(R). On pose pour tout nZ,ˆ
f(n) = ZR
f(t)e2iπntdt.
Alors X
nZ
f(n) = X
nZ
ˆ
f(n).
Application : Pour tout s > 0:
X
nZ
eπn2s=s1/2X
nZ
eπk2/s.
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