FONCTION EXPONENTIELLE ET EQUATION DIFFERENTIELLE. I

FONCTION EXPONENTIELLE ET EQUATION DIFFERENTIELLE.
I LA FONCTION EXPONENTIELLE
1° Généralités
Il existe de nombreuses situations en sciences expérimentales et en sciences économiques dans lesquelles des
phénomènes peuvent être modélisés par des équations du type y' = k y, où y désigne une fonction définie et
dérivable sur un intervalle I.
Résoudre sur I l’équation différentielle que l’on note y' = k y, c’est rechercher toutes les fonctions f dérivables sur
l’intervalle I qui vérifie la relation : f '(x) = k f(x) pour tout x de I
Si de plus, le problème considéré impose aux fonctions f cherchées des conditions qui se traduisent par une égalité
de la forme f(x0) = y0 où x0 et y0 sont deux réels donnés avec x0 élément de I, on dit que l’on résout
l’équation différentielle avec condition initiale (à savoir f(x0) = y0) que l’on note alors :
y' = k y
y(x0) = y0
2° Cas particulier : équation différentielle y' = y, y(0) = 1. Fonction exponentielle
a) Définition
Il existe une fonction f, dérivable sur IR, solution de l'équation différentielle Y '= Y et telle que f(0) = 1 que l'on
appelle la fonction exponentielle.
Existence de f :
La méthode d'Euler suggère d'étudier les suites
1 + x
n
n
et
1 – x
n
n
.
On admet provisoirement que pour tout réel x ces deux suites convergent vers la même limite et on note
provisoirement exp (x).
b) Démonstration. Unicité de f
Démontrons d'abord que exp ne s'annule pas sur IR .
Soit la fonction φ définie sur IR par φ (x) = exp(x) exp(– x). φ est dérivable sur IR et
φ'(x) = exp'(x) exp(–x) – exp(x) exp'(– x) = 0.
La fonction φ est constante sur IR et égale à 1 car exp(0) = 1. donc φ(0) = 1
Donc pour tout réel x, exp(x) × exp(– x) = 1. exp ne s'annule donc pas sur IR .
Démontrons maintenant l'unicité de la solution.
Soit f une solution de
y' = y
y(0) = 1
On définit h la fonction définie sur IR par h(x) = f(x)
exp(x)
Remarque : f est bien définie sur IR car la fonction exp est définie sur IR et elle ne s'annule pas sur IR.
On va démontrer que la fonction h est constante sur IR et pour tout réel x h(x) = 1 ce qui démontrera que les
fonction f et exp sont identiques.
h est le quotient de deux fonctions dérivables sur IR et h est définie sur IR donc h est dérivable sur IR.
h
'(x) = f
'(x) × exp (x) – f(x) × exp
'(x)
(exp(x))2 = f(x) × exp(x) – f(x) × exp(x)
(exp(x))2 = 0.
En effet pour tout réel x f
'(x) = f(x) et exp
'(x) = exp(x).
La fonction h a donc sa fonction dérivée nulle sur l'intervalle IR elle est donc constante sur IR.
Pour tout réel x h(x) =h(0) = f(0)
exp(0) = 1
1 = 1.
On a donc bien pour tout réel x, f(x)
exp(x) = 1 c'est à dire f(x) = exp(x).
2° Propriété
La fonction exponentielle est strictement positive sur IR.
Démonstration
On démontre maintenant, par l'absurde, que la fonction exp est strictement positive.
S'il existait x0, tel que exp(x0) 0, alors, exp étant dérivable sur IR, elle est continue sur IR. En appliquant le
théorème des valeurs intermédiaires à la fonction exp sur [0 ; x0] ou [x0 ; 0], on trouverait une solution à l'équation
exp(x) = 0. Ceci est faux puisqu'on a montré que exp ne s'annule jamais, donc xo tel que exp(x0) 0 n'existe pas.
Remarque : si f est continue sur un intervalle I et si f ne s'annule pas sur cet intervalle alors f garde un signe
constant sur l'intervalle I.
3° propriété ("caractéristique" de la fonction exp)
Pour tous nombres réels a et b, exp (a + b) = exp(a) × exp(b).
Démonstration
Soit la fonction g définie sur IR par g(x) = exp(a+ b – x) ×exp(x) où a et b sont des nombres réels. g est dérivable
sur IR, et on a pour tout réel x : g
'(x) = – exp(a + b – x) × exp (x) + exp(a + b – x) × exp
'(x) = 0
car exp
'(x) = exp(x)
la fonction g est donc constante sur l'intervalle IR
g(a) = g(b) = exp(a) × exp(b)
g(0) = g(a + b) = exp(a + b)
on a donc : exp(x + b) = exp(x) exp(b).
La propriété est "caractéristique" de la fonction exp
f est dérivable sur IR
pour tout réel a et b : f(a + b) = f(a) × f(b)
f
'(0) = 1
caractérise la fonction exp.
C'est à dire que si une fonction f vérifie
f est dérivable sur IR
pour tout réel a et b : f(a + b) = f(a) × f(b)
f
'(0) = 1
.
Alors cette fonction est la fonction exp.
Démonstration
Soit f une fonction vérifiant
f est dérivable sur IR
pour tout réel a et b : f(a + b) = f(a) × f(b)
f
'(0) = 1
Pour tout réel a, f(a + 0) = f(a) × f(0) donc pour tout réel a : f(a) (1 – f(0)) = 0
Comme f '(0) 0 on peut dire que la fonction f n'est pas constant sur I et donc qu'il existe un réel a tel que f(a) 0.
On peut donc conclure que f(0) = 1
Pour tout réel a on pose ga la fonction définie sur IR par : ga(x) = f(a + x) = f(a) × f(x).
ga est la composée de deux fonctions dérivables sur IR elle est donc dérivable sur IR
on peut alors calculer la fonction dérivable de g de deux manières différentes
En utilisant l'égalité : ga(x) = f(a + x)
Pour tout réel x on a donc :
Pour tout réel x on a ga(x) = f(a + x) donc ga '(x) = f '(a + x) × (x + a)'
En utilisant l'égalité : ga(x) = f(a) × f(x)
Pour tout réel x on a :ga(x) = f(a) × f(x) donc ga '(x) = f(a) × f '(x)
En comparant les deux calculs on peut dire que :
Pour tout réel x f '(a + x) = f (a) × f '(x).
Pour x = 0 on obtient (pour tout réel a): f '(a + 0) = f(a) × f
'(0) c'est à dire f
'(a) = f(a) (car f '(0) = 1)
On peut dire que pour tout réel a, f '(a) = f(a)
f vérifie
f(0) = 1
f ' = f f est donc la fonction exp
II NOTATION ex
1° Cas de x
IQ
Le nombre réel exp(l) se note e.
• Tout d'abord, on montre, par récurrence, que, pour tout nombre n entier naturel, on a :
« exp(n) = (exp(1))n. »
Initialisation
On a : exp(0) = 1 et (exp(1))0 = 1
La propriété est donc vraie pour n = 0
Hérédité
Considérons un entier k, on ait exp(k) = exp(1))k.
On a vu qu'alors :
exp((k + 1)) = exp(k) × exp(1)= exp(1))k × exp(1) = (exp(1))k+ 1 .
On a bien exp(k + 1) = (exp(1))k+1
Conclusion
La propriété est vérifiée pour n = 0.et elle est héréditaire donc pour tout nombre entier n exp(n) = (exp(1)n = en
• Pour tout entier relatif m on a : exp(m) = em
Si m IN la propriété a été vérifié.
Si m = – n avec n IN
Par définition, exp(1) = e et on a vu que, exp(n) × exp(–n) = 1.
Donc exp(m) = exp(–n) = 1
exp(n) = 1
(exp(1))n = (exp(1)–n = (exp(1))m = em
• Pour tout nombre rationnel q : exp(q) = eq
Si q est un nombre rationnel, on peut écrire q = p × a avec a = 1
q , q entier strictement positif et p un entier relatif. :
exp(1) = exp(q a) = (exp(a))q.
On peut donc dire que : exp(a) = (exp(1))
1
q
exp(q) = exp(p a) = exp(a)p =
(exp(1))
1
q
p
= (exp(1))
p
q Soit exp(q) = (exp(1)q = eq
Donc, pour tout q élément de IQ, exp(q) = eq .
2° Notation
• On étend cette propriété à IR et on convient de noter ex le nombre exp(x) pour tout x élément de IR.
Remarques Ainsi e
2
a un sens, c'est l'image de 2 par la fonction exp : x
→
ex .
On a aussi e0 = 1 ; el = e ; e1 = 1 ; e
2
1
= e
3° Conséquences
Pour tous nombres réels a et b . ea+b = ea ×eb
e–a = 1
ea
ea–b = ea
eb
Pour tout nombre réel a et tout nombre rationnel r : era = (e°)r.
Exemples
ex+1 = ex × e ; ex–2 = ex × e2 ; e2x = (ex)2 ; e
2
x
= ex.
Remarque
Ne pas confondre e
(
)
b
a
et
( )
ea b ; ainsi e
2
x
= exp(x2) alors que (ex)2 = e2x.
III ETUDE DE LA FONCTION x
ex
D'après sa définition : solution de l'équation différentielle Y ' = Y et telle que f(0) = 1, la fonction x
→
ex est
dérivable sur IR donc continue sur IR, et égale à sa dérivée.
1° Variations
• x
→
ex est strictement croissante sur IR.
Démonstration
On a (ex )' = ex et pour tout x ex > 0.
2° Limite en 0
lim
x 0
ex – 1
x = 1
Démonstration
La fonction x
→
ex est dérivable en 0 donc son taux de variation ex – 1
x a pour limite en 0 le nombre dérivé de
x
→
ex en 0, soit : lim
x 0 ex – 1
x = e0
3° limites en +
et en –
lim
x +
ex = + lim
x
ex = 0
Démonstration
• Pour étudier la limite en + , on montre d'abord que, pour tout x,
ex x Soit la fonction f définie sur R par f (x) = ex – x.
f est dérivable sur IR et f (x) = ex – 1.
Comme exp est croissante sur IR et e0 = 1, on obtient le tableau de
variations de f ci-dessous.
Comme, pour tout x, f(x) > 0, on a ex > x et,
d'après un des théorèmes « des gendarmes », on a : lim
x +
ex = +
.• Pour étudier la limite en – , on pose X = – x et on a ex = e–X = 1
eX. :
lim
x
ex = lim
x
e–X = lim
x +
1
eX = 0 car lim
x +
eX = +
4° Tableau de variations de la fonction exp et représentation graphique
x
1
1
+
signe de f '
+
+
+
f e
1
0
• La courbe représentative de la fonction : x
→
ex passe par les points de coordonnée (0 ; l) et (1 ; e).
• La tangente à la courbe représentative de la fonction : x
→
ex au point de coordonnées (0 ;1) a pour équation
y = x + 1. De plus, pour h « assez petit » : eh 1 + h.
• La courbe représentative de la fonction x
→
ex est au-dessus de l'axe des abscisses, qui est une droite asymptote.
5° Conséquences
• Pour tout nombre réel x : ex > 0.
• Pour tous nombres réels x et y : ex = ey équivaut à x = y . ex > ey' équivaut à x > y.
Exemples
• e3x = ex+1 équivaut à 3x = x + 1. • ex 1 équivaut à x 0. • ex = 1 équivaut à x = 0.
6° Fonction eu(x)
Soit u une fonction définie sur un intervalle I.
Si u est dérivable sur I, alors la fonction x
→
eu(x) est dérivable sur I et sa dérivée est : x
→
u '(x) eu(x).
Démonstration
D'après le théorème de la dérivée d'une fonction composée, x
→
ex étant dérivable sur IR et u dérivable sur I, la
fonction composée : x
→
u-(x)
→
eu(x) est dérivable sur I de dérivée x
→
u'(x) eu(x).
Exemple La fonction x
→
esin x est dérivable sur IR de dérivée x –
→
cos x esin x.
x
0
+
f '
+
f
1
7° Des limites fondamentales
lim
x +
ex
x = + lim
x
x ex = 0
Démonstration
• On a vu que, pour tout x, ex > x.
Donc, pour tout x, ex/2 x
2 et, pour tout x 0,
( )
ex/2 2
x
2
2
soit ex x2
4 donc ex
x x
4.
D'après un des « théorèmes des gendarmes », on obtient lim
x +
ex
x = + .
• On a x ex = x
e–x .En posant X = – x, on a : x ex = – X
eX .
Or lim
x +
X
eX = 0 donc lim
x
x ex = lim
x +
X
eX = 0
8° Autres limites
Pour tout nombre entier n strictement positif n
lim
x + ex
xn = + lim
x xn ex = 0.
Démonstration
• Comme ex > 0, - = ex
xn =
ex/n
n×x/n
n
.
On pose X = x
n on a lim
x +
eX
X = + donc : lim
x +
ex
xn = lim
x +
eX
n X
n
= +
• On pose x = – X. On a : xn ex = (– X)n e–X, soit xn ex = (– 1)n Xn
eX.
Donc lim
x xn ex = lim
x + (– 1)n Xn
eX = 0
Pour les limites en + et en –, on retiendra que « exp l'emporte sur x » .
III EQUATION DIFFERENTIELLE Y'= A Y+ B
1° Théorème
Soit a un nombre réel.
• Les fonctions solutions de l'équation différentielle Y '= a Y sont définies sur IR par : f(x) = k eax où k est une
constante réelle.
• Soit (x0; y0) un couple de nombre réels.
L'équation différentielle Y '= a Y admet une solution unique sur R vérifiant les conditions initiales : y0 = f(x0).
Démonstration
La fonction x
→
eax est solution de l'équation Y ' = a Y.
Si f est une autre solution de l'équation Y ' = a Y
Soit g la fonction définie sur
°
par g(x) = f(x)
eax
On a : g '(x) = f '(x) eax – a f(x) eax
(eax)2 = 0 donc g est une fonction constante donc f est de la forme k × eax
La condition y0 = f(x0) s'écrit y0 = k ea xo soit k = y0
eaxo.
Donc il existe un réel k unique et une unique fonction f solution de l'équation Y'= aY et vérifiant y0 = f (x0).
Exemple : Soit l'équation différentielle Y ' = – 2 Y.
Les solutions sont les fonctions x
→
ke–2x définies sur IR. Parmi ces solutions, une seule vérifie f(1) = 3
f(1) = 3 équivaut à 3 = k e–2, soit k = 3 e2, donc f(x) = 3 e2 e–2x = 3e2–2x.
Remarque : Le réel a et le point A(xo ; yo) sont donnés.
Parmi les courbes représentatives des solutions de Y ' = a Y, il existe une seule courbe passant par A.
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