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Je vais vous parler du point de vue d’un
clinicien, qui n’est ni immunologiste ni
virologue, un peu épidémiologiste peut-être.
Il faut, tout d’abord, souligner que nous avons
beaucoup progressé ces dernières années : il
existe aujourd’hui un nombre très important et
très impressionnant de traitements contre
l’infection par le VIH ; nous avons maintenant
au moins cinq familles de traitement et la
recherche continue de progresser. De
nouvelles familles de traitements arrivent et
de nouveaux traitements seront bientôt sur le
marché. Ces traitements nous ont permis de
lutter efficacement contre le virus et d’obtenir
que 80 à 90 % des patients aient une charge
virale indétectable. Ils ont également réduit
considérablement la mortalité. Un article,
publié dans JAMA1en 2008, compare les taux
de mortalité de patients séropositifs avant et
après 1996. Cet article indique que dans les
années 2000, chez des patients qui avaient
moins de 45 ans au moment de la
séroconversion, la mortalité était devenu très
proche de celle de la population non infectée
par le VIH. Le premier message important de
cette journée est donc qu’il ne faut pas oublier
que nous avons fait beaucoup de progrès. Des
progrès en termes d’efficacité, mais aussi en
termes de toxicité. Les traitements que nous
avons aujourd’hui sont beaucoup mieux
tolérés et beaucoup moins toxiques. Nous
avons désormais des combinaisons en une
fois par jour, ce qui améliore considérablement
l’adhérence, l’observance au traitement, et
bien sûr la qualité de vie des patients.
Par ailleurs, plusieurs études mettent en
évidence le bénéfice individuel et collectif de
traiter tôt. Une étude publiée en 2009 dans le
New England Journal of Medicine, montre
que traiter à plus de 350 voire à plus de 500
CD4 permet d’améliorer la survie. Un autre
travail publié cet été, toujours dans le New
England Journal of Medicine, insiste sur
l’intérêt collectif sur la transmission que peut
avoir un traitement débuté rapidement. Le
deuxième message est donc qu’il faut
dépister le plus tôt possible. Traiter tôt ne
peut avoir de sens que si nous dépistons tôt.
Il faut donc traiter tôt mais il faut aussi « bien »
traiter. Les problématiques et les exigences
des traitements anti-VIH ont évolué. En 1987,
nous parlions de « puissance » des
traitements, parce que les gens mouraient et
qu’il fallait surtout que le traitement soit
Médecin ayant longuement exercé à l’hôpital de Tourcoing dans le Nord,
Yazdan Yazdanpanah est désormais médecin et chercheur au sein du
Service de maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Bichat, à Paris.
Membre du groupe d’experts sur la prise en charge médicale des PVVIH, ce
clinicien s‘intéresse aussi aux dimensions épidémiologiques et de santé
publique de la prise en charge du VIH et des hépatites. Il a mené plusieurs
recherches dans ce champ.
Apports et limites. Pourquoi en vient-on à
parler d’un « après antirétroviraux » et de
toutes ces notions « nouvelles »?
Panorama des questions de recherche sur
les nouvelles pistes thérapeutiques.
Yazdan Yazdanpanah
Traitements du VIH aujourd’hui