et "César" à la place des trois petits points et des trois petites astérisques respectivement 2.
On fait ainsi apparaître, ce que Frege appelait une partie constante ". . .est l’assassin de César"
ou ". . . est l’assassin de ∗∗∗" et une ou des parties variables, "Brutus", ou "Brutus" et "César",
car on peut imaginer qu’à la place de "Brutus ou de “Brutus" et de "César", se trouvent d’autres
noms propres. Ainsi, par ex., à la place de "Brutus" dans la première analyse, on pourrait insérer
les noms propres "Cassius" ou "Pompée" ou tout autre nom propre que l’on veut.
A la suite de Russell, on appelle "fonction propositionnelle" la partie constante ; une fonction
propositionnelle peut avoir une, deux ou plus de deux "places d’argument" : "Brutus est l’assassin
de. . ." est une fonction propositionnelle à une place d’argument, ". . . est l’assassin de ∗∗∗", une
fonction propositionnelle à deux places d’argument, etc. Pour plus de simplicité, on peut remplacer
les trois petits points ou les trois petites astérisques dans une fonction propositionnelle par des
"variables", x,y,z, etc. Nos trois fonctions propositionnelles s’écrivent alors : "xest l’assassin de
César", "Brutus est l’assassin de x", "xest l’assassin de y". Sans qu’il soit besoin d’entrer dans
plus détails, on remarque qu’une fonction propositionnelle à une place d’argument exprime quelque
chose qui ressemble à une propriété d’objet, mais évidement en un sens très large de "propriété" qui
va au delà de ce que l’on entend habituellement par là et qui s’exprime dans le langage naturel par
des substantifs comme "étudiant" ("Alfred est un étudiant"), "chat", "étoile", etc., ou bien par des
adjectifs comme "courageux" ("Brutus est courageux"), "beau", "rabougri", etc. En particulier, ce
que la tradition aristotélicienne appelle un "terme général" exprime une propriété 3.
D’un autre côté, une fonction propositionnelle à deux, ou plus de deux places d’arguments
exprime ce que l’on entend habituellement par une relation entre objets : "être le père de", "assassi-
ner", "jalouser", "préférer" etc. C’est là une des innovations majeures de la logique contemporaine
qui permet de justifier la validité d’inférences dont les prémisses et/ou la conclusion mentionnent
des relations à deux ou plus de deux places et donc en particulier les inférences que l’on trouve en
mathématiques. Ce n’est évidemment pas un hasard si le renouveau de la logique à la fin du XIXème
siècle et au début du XXème fut le fait de mathématiciens ou de gens formés aux mathématiques
(Frege, Peano, Russell. . .). Il importe de bien distinguer une propriété d’une relation (à deux places,
par ex.) : une propriété peut être "attribuée" significativement à un objet : on peut dire "Sirius est
une étoile" ou "Médor est un chien", "être une étoile" ou "être un chien" sont donc des propriétés.
Par contre il n’y a aucun sens à dire "Sirius est à droite" ou "Médor court plus vite" car il faut
nécessairement préciser à droite de quoi est Sirius et plus vite que qui court Médor ; "être à droite"
ou "courir plus vite" expriment donc des relations ce qui impose que l’on mentionne deux objets 4.
Dans ce qui suit, on ne considérera toutefois que des fonctions propositionnelles à une place
d’argument, réservant pour plus tard l’étude des fonctions propositionnelles à plus d’une place d’ar-
gument. On notera P(x), ou plus simplement P x une fonction propositionnelle quelconque à une
place d’argument, exprimant donc une propriété (ou un "concept"). On appelle Pune "lettre de
prédicat" 5. Plus généralement, on utilisera des majuscules P,Q,R, ou A,B,C, etc. comme lettres
2. On peut même admettre que cette proposition est formée à partir de l’expression "Brutus . . . César" en mettant
à la place des trois petits points une expression pour une relation ; nous n’envisagerons pas ce genre d’analyse ici.
3. A la place de "propriété", on peut parler de "concept" : on peut tout aussi bien dire que "Bucéphale a la
propriété d’être un cheval" ou que "Bucéphale tombe sous le concept de "cheval" ", ce qui, en bon français, se dirait :
Bucéphale est un cheval.
4. Il faut prendre garde que le langage ordinaire s’autorise parfois à transformer grammaticalement une relation
en propriété ; par ex. on peut dire : "Auguste est père", ou "Alfred est amoureux" mais cela n’est qu’une manière
abrégée, et logiquement trompeuse, de dire qu’il existe au moins un objet (un enfant) tel que Auguste est père de
cet ou de ces enfants, ou qu’il existe au moins un objet (femme ou homme) qu’Alfred aime.
5. On pourrait distinguer parmi les fonctions propositionnelles à une place d’argument, celles, que l’on pourrait
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