INTEGRATION
A. Résumé de théorie de la mesure
1. Tribu sur un ensemble non vide
2. Mesure positive sur un espace mesurable
3. Applications mesurables
4. Intégrale associée à une mesure
5. Extension de l'intégrale aux fonctions à valeurs complexes
6. Intégrale de Lebesgue et intégrale de Riemann
7. Intégrale associée à une mesure de dénombrement
8. Corollaires du théorème de convergence dominée pour les intégrales dépendant d'un
paramètre
B. Les espaces Lp, 1 p +
1. Espaces Lp, 1 p < +
2. Sous-espaces denses dans Lp , 1 p < +
3. Espaces L
C. Intégration sur un espace produit
1. Tribu produit
2. Mesure produit de deux mesures σ-finies
3. Intégrale associée à une mesure produit
4. Tribus et mesures produit dans le cadre de l'intégrale de Lebesgue
5. Changement de variable dans une intégrale
D. Mesure image, mesure à densité; intégrales associées
1. Mesure image
2. Mesure à densité
E. Mesure et intégrale associée sur certaines surfaces de R3. Généralisation en
dimension n
1. Vocabulaire et limites de l'étude
2. Construction d'une mesure sur le support d'une nappe paramétrée plongée
3. Invariance par changement de paramétrage
4. Généralisation en dimension n: notion de (n-1)-volume
F. Transformation de Fourier
1. Transformation de Fourier dans L1(Rd)
2. Convolution, régularisation et formule d'inversion dans L1(Rd)
3. Transformation de Fourier dans L2(Rd)
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A) RESUME DE THEORIE DE LA MESURE.
E désigne un ensemble non vide.
1)Tribu sur E : partie T de P(E) contenant , E, stable par réunion et intersection finie ou dénombrable,
complémentarité, différence et différence symétrique.
Conditions suffisantes: pour que T P(E) soit une tribu, il suffit que a) ou b) soit vérifié:
a) T contient E, est stable par réunion dénombrable et complémentarité.
b) T contient E, est stable par intersection finie, différence et réunion dénombrable croissante.
Notion de tribu engendrée par une famille de parties de E; de tribu induite sur un sous-ensemble; (E,T) est appelé
ensemble mesurable. Les éléments de T sont les parties mesurables de (E,T).
Tribu borelienne B(X) sur un espace topologique X: c'est la tribu engendrée par les ouverts (ou les
fermés); ses éléments sont les boréliens de l'espace; la tribu induite sur un sous-espace en est la tribu
borélienne.
Tout ouvert de R étant réunion dénombrable et disjointe d’intervalles ouverts, on en déduit quelques
familles génératrices de B(R): {intervalles ouverts}; {intervalles fermés}; { ]- ,x[, xR};
{ ]-,x], x R}…
De même : B(Rd) est engendrée par les pavés ]ak,bk[ ; les pavés [ak,bk], …
2) Mesure (positive) sur un espace mesurable (E,T) : application µ : T [0,+] (muni des opérations et de
l'ordre naturels) telle que µ() = 0 et vérifiant la propriété de σ-addivité (ou additivité dénombrable): pour toute
suite (An) d’éléments deux à deux disjoints de T :
µ
n=0
+ An = n=0
+ µ(An).
Exemples: ensemble muni de la tribu P():
Si a : mesure de Dirac δa : δa(A) = 1 si a A, 0 sinon.
Mesure de dénombrement δ : δ(A) = Card A (soit donc δ = k∈Ω
∑δ
k ).
Propriétés d’une mesure µ sur un espace mesurable (E,T):
Pour A, B, Ao, …, An , … (non nécessairement deux à deux disjoints) dans T :
! A B µ(B) = µ(A) + µ(B\A) µ(A) (croissance et différenciation).
! µ(AB) µ(AB) + µ(AB) = µ(A) + µ(B).
! Si AnA , alors µ(An)µ(A) (monotonie croissante) .
Si An A et s'il existe p tel que µ(Ap) < + , alors µ(An)µ(A) (monotonie décroissante).
(Poser Ao = , puis écrire A = (An+1\An)) ; pour la monotonie décroissante, le résultat devient
faux en général lorsque tous les µ(Ap) valent + ; par exemple avec la mesure de dénombrement
sur N , et An = [[n,+[ ).
! µ
n=0
+ An n=0
+ µ(An) (sous-additivité dénombrable).
(Immédiat par récurrence si la réunion est finie; utiliser ensuite la monotonie croissante).
Si µ est une mesure sur (E,T), (E,T,µ) est appelé ensemble mesuré. µ est dite σ-finie sur (E,T) s'il existe
une suite (An) croissante d'éléments de T de mesures finies telle que An = E . µ est dite finie si µ(E)
est fini. Si µ(E) = 1, µ est une probabilité sur E.
Les parties de E incluses dans un élément de T de mesure nulle sont dites négligeables .
Une partie négligeable n’est pas toujours mesurable ; lorsque c’est le cas, on dit que l'ensemble mesuré
est complet. Par exemple, si désigne un ensemble non vide, (,P(),δ) est complet (la seule partie
négligeable est l'ensemble vide).
3
Une sous-partie d’une partie négligeable est négligeable ; une réunion dénombrable de parties
négligeables est négligeable.
Une propriété concernant les élément de E est dite vraie presque partout (en abrégé : pp) si elle l’est
sauf peut-être sur un ensemble négligeable.
Théorème d’unicité : Soient deux mesures µ et η
ηη
η sur (E,T) et R une partie génératrice de T.
Si µ et η
ηη
η sont égales et σ
σσ
σ-finies sur R et si R est stable par intersection finie et différence, alors µ et
η
ηη
η sont égales. Si µ et η
ηη
η sont des probabilités, la stabilité par intersection finie est suffisante.
Ce résultat non immédiat (on ne peut pas explicitement décrire un élément de T à l'aide d'éléments de
R) est très important pour la reconnaissance de mesures, et en particulier des lois de variables
aléatoires ; il est aussi utile pour la démonstration des résultats qui suivent (mesures de Borel et de
Lebesgue sur Rd. On en trouvera une démonstration dans [Buchwalter. Le calcul intégral. P20,21]).
Une construction de la tribu et de la mesure de Lebesgue sur Rd:
Ce qui suit est donné sans démonstrations. On trouvera le détail (construction d’une mesure complète à
partir d’une mesure σ-finie définie sur un anneau) dans [Buchwalter. Le calcul intégral], ou dans
[Rudin; analyse réelle et complexe (p.49)].
Pour un pavé P = (ak,bk), on pose µ(P) = |bk-ak|, et on prolonge naturellement µ sur l’ensemble
R des réunions finies de pavés disjoints de Rd ; on vérifie que µ a la propriété de σ-additivité sur R,
et est σ-finie sur R ( une suite croissante (An) d’éléments de R de mesures finies tq An = Rd).
On construit la « mesure extérieure » associée par : E Rd :
µ*(E) = Inf { n=0
+µ(An) , E An , An R} avec la convention Inf = +.
On constate que µ* prolonge µ, est croissante et σ-sous-additive (µ*( En) µ*(En)) , mais n’a
toutefois pas la propriété d’additivité dénombrable.
On montre que la restriction de µ à B(Rd) (tribu engendrée par R) est une mesure : c’est la mesure
de Borel sur Rd, que l’on note θ(d).
On montre enfin (à l'aide du théorème d'unicité) qu’il existe une unique plus grande tribu L
contenant R sur laquelle la restriction de µ* est une mesure: c’est la tribu engendrée par R et les
parties négligeables (au sens de µ*), appelée tribu de Lebesgue L(Rd) ; elle contient bien sûr la
tribu borelienne de Rd. µ*|L est la mesure de Lebesgue sur Rd, notée λ(d) .
λ(d) est complète. Toute partie de Rd incluse dans un hyperplan a une mesure de Lebesgue nulle (un
hyperplan est limite croissante de « pavés » de mesures nulles).
La mesure de Lebesgue possède les propriétés de régularité extérieure et intérieure suivantes :
A L(Rd) : λ(d)(A) = inf { λ(d)(O) , O ouvert contenant A} = sup { λ(d)(K), K cpact A}).
Les parties de Rd λ(d)-mesurables sont exactement les parties E de Rd pour lesquelles il existe
un Fσ (réunion dénombrable de fermés) A et un Gδ (intersection dénombrable d'ouverts) B tels
que l'on ait A E B et λ(d)(B-A) = 0 (voir Rudin p.49).
Par induction et restriction, on définit de même la tribu et la mesure de Lebesgue (encore notée λ(d), ou
plus simplement λ par commodité) sur une partie mesurable E de Rd .
Remarque : la condition de stabilité par intersection finie dans le théorème d'unicité est essentielle; dans
R par exemple, si désigne la tribu engendrée par [0,1] et [1,2], les deux mesures θ(1) et δ1 sont égales
sur [0,1] et sur [1,2] mais pas sur leur intersection {1} .
On trouvera un exemple de partie de R non mesurable au sens de Lebesgue dans [Ru] p51.
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3) Application mesurable entre deux espaces mesurables: application telle que l'image réciproque de toute
partie mesurable soit mesurable.
Pour vérifier qu'une application f de (E,T) dans (E',T') est mesurable lorsque l'on a un système générateur de la
tribu d'arrivée T', il suffit de vérifier que l'image réciproque par f de tout élément de est dans T (car dans ce cas
on vérifie que T1 = {B T ' , f -1(B) T} est une tribu qui contient , et donc T1 = T ').
1A est mesurable A est mesurable .
Une composée de fonctions mesurables est mesurable .
Une fonction démarrant d’un espace mesuré discret (I,P(I)) est toujours mesurable.
Si l'espace de départ est complet, une fonction presque partout égale à une fonction mesurable est
mesurable .
( Si f = g sur E\N : f -1(A) = [g-1(A) (E\N)] [f –1(A)N] est mesurable).
Fonctions de (E,T) dans (X topologique, BX) (X = R , [-
,+
] , [0,+
] , C ,…) :
f continue f mesurable (E topologique ici) (mais par exemple 1Q est mesurable).
Si f est à valeurs complexes, f est mesurable ssi Re f et Im f le sont (si f = g+i.h, pour les
générateurs de BC de la forme I+i.J, on a f -1(I+i.J) = g-1(I)h-1(J)).
Si f, g, f1,…, fn, … sont mesurables et si cela a un sens : f +g , λ.f, fg , max (f,g), min (f,g), f +, f ,
| f | , f/g , sup fn , inf fn ,limfn lim fn , lim fn , n=0
+ fn , n=0
+fn sont mesurables.
(On démontre d’abord ces résultats pour f, g à valeurs dans [0,+], à l’aide d’égalités du type :
{f + g < α} = r,sQ+,r+s<α
{f<r}{g<s} ; {sup f α} = n
{fn α} …).
Fonctions étagées: une fonction f : (E,T) (E',T') est dite étagée si elle est mesurable et ne prend
qu'un nombre fini de valeurs. Les fonctions étagées à valeurs complexes sont de la forme f = k=0
nαk.1Ak
où les αk sont des complexes et (Ak) une partition de E d'ensembles mesurables.
On a le résultat d'approximation suivant:
Thm Toute fonction mesurable et bornée de (E,T) dans C est limite uniforme d’une suite de
fonctions étagées.
(se ramener au cas réel, avec f à valeurs dans [-1,1], et considérer pour n 1 et k [[-n,n [[ les
parties mesurables Ak,n = { k/n f < (k+1)/n}, An,n = {f = 1} puis la suite fn(x) = k= -n
n(k/n).1Ak,n:
on a évidemment ||f-fn|| 1/n pour tout n.
4) Intégrale associée à une mesure µ dans un espace mesuré (E,T,µ) :
On note L+(E,T,µ) = { f : E [0,+], f mesurable} ,en abrégé : L+(E) ( [0,+] est muni de sa tribu borelienne).
Nous allons démonstrer qu’il existe une unique application I : L+(E) [0,+], f I(f) =
f (notation) telle
que :
! (C1) A E , A mesurable :
1A = µ (A);
! (C2) f, g L+(E) , ∀λ R+ :
f+λg =
f + λ.
g (linéarité positive);
! (C3) (fn) L+(E)N : (fn) f
fn
f (propriété de convergence croissante de Beppo-Levi).
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Les propriétés suivantes sont conséquences immédiates des précédentes pour f, g, fo,…fn,… L+(E):
! f g
f
g (croissance; conséquence de C1 et C2 uniquement).
!
n=0
+fn = n=0
+
fn ( règle des séries pour les fonctions positives) .
! [(fn) f et p,
fp < + ]
fn
f (convergence décroissante).
!
f µ(E).Sup
xEf(x) .
!
lim fn lim
fn (Fatou).
(
lim fn =
lim(Inf
knfk) ==
B.L. lim
(Inf
knfk) mais pour tout n et tout p n: Inf
knfk fp , donc
(Inf
knfk)
fp ; par suite:
(Inf
knfk) Inf
pn
fp et
lim fn limInf
pn
fp = lim
fn ).
On utilisera si nécessaire des notations plus précises:
f =
E
f =
f.dµ =
f(x) dµ(x).
Soit A une partie mesurable de E. A étant naturellement muni de la tribu et de la mesure induites par
celles de E, l'écriture
A
f est donc connue pour f L+(A).
Si f L+(E), on convient de poser
A
f =
E
f.1A (on vérifiera que la notation est cohérente avec la
précédente; elle consiste à assimiler un élément de L+(A) à sa prolongée par 0 hors de A).
La preuve de l’existence et de l’unicité de I repose sur un résultat d’approximation monotone:
Thm Tout élément de L+(E) est limite d’une suite croissante de fonctions positives étagées sur E.
Démo: Soit f L+(E). Pour n1, on partitionne E avec Ak,n={k.2-n f < (k+1)2-n}( k = 0,...,n2n-1) et
Bn={f n}, de sorte que la partition au rang n+1 est emboitée dans la partition au rang n; on pose
fn = k=0
n2n-1 k2-n.1Ak,n+ n.1Bn . On vérifie la croissance de (fn):
Dans Ak,n = A2k,n+1 A2k+1,n+1 : fn = k
2n et fn+1 2k
2n+1 fn .
Dans Bn = k=n.2n+1
(n+1)2n+1-1Ak,n+1 Bn+1 : fn = n et fn+1 n.2n+1
2n+1 = fn.
On vérifie la convergence de (fn) vers f:
Si f(x) = +, alors n, x Bn et fn(x) = n f(x).
Si f(x) < +, alors pour n > f(x): k, x Ak,n et 0 f(x) - fn(x) 2-n : fn(x) f(x).
Existence et unicité de I :
La définition de I sur les fonctions positives étagées est imposée par (C1) et (C2); l'unicité de I une fois
son existence établie découlera du théorème démontré ci-dessus et de (C3).
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