Algèbre Linéaire 2
Bernard Le Stum
Université de Rennes 1
Version du 2 décembre 2008
Table des matières
0 Les droites du plan 2
1 Vecteurs dans Rn5
2 Applications linéaires de Rmvers Rn12
3 Espaces vectoriels sur un corps 20
4 Applications linéaires 24
5 Sommes directes 33
6 Systèmes générateurs et libres 36
7 Bases 42
8 Dimension 46
9 Rang 51
10 Matrices d’applications linéaires 56
11 Dualité 61
12 Déterminants 67
13 Diagonalisation 76
1
2B04 – Version du December 2, 2008
14 Produit scalaire 81
15 Quelques exercices 89
0 Les droites du plan
La notion de ligne droite est la base de l’algèbre linéaire. On dit plus simplement
droite et on précise parfois droite ane. En fait, sur une droite ane, on peut
marquer des points mais aucun ne joue un rôle privilégié a priori. Quand on fixe
une origine O, on parle de droite vectorielle et on écrit parfois −→D. On peut alors
considérer le vecteur −→
OP joignant OàP. Et réciproquement, à tout vecteur ude −→D
correspond un unique point P, extrémité du vecteur ud’origine O. On écrit parfois
P=O+u.
[DESSIN]
Si on fixe un vecteur de base e, tout vecteur ude −→Dest un multiple de e, disons
qu’on a u=x×eavec xun réel. On dit que xest la composante du vecteur udans
la base esur la droite −→D. Si P=O+u, on dit alors que xest la coordonnée de P
dans le repère (O, u).
[DESSIN]
On s’intéresse à certaines transformations (dites anes) de la droite comme les
translations et les homothéties. Une telle transformation est dite vectorielle ou li-
aire si elle fixe l’origine. Une translation correspond à une application de la forme
x$→ x+α. Elle n’est pas linéaire si α%=0. Une homothétie vectorielle correspond à
une application x$→ λxavec λ%=0.
[DESSIN]
On peut étudier les droites d’un même plan. Comme pour les droites dit plan vec-
toriel si on fixe une origine O. Les droites vectorielles sont celles qui passent par
O. Par un point, il passe une unique droite parallèle à une autre. Il suit que toute
droite ane Ds’obtient par translation à partir d’une unique droite vectorielle −→D
passant par O, appelée direction de D.
[DESSIN]
On voit assez rapidement qu’il faut fixer deux vecteurs de base e1et e2pour pouvoir
atteindre n’importe quel point du plan à partir de Oen ajoutant des multiples de
ces vecteurs. Tout vecteur udu plan s’écrira donc de manière unique x1e1+x2e2et
(x1,y
2)seront les composantes de udans la base (e1,e
2). Comme ci-dessus, on dira
aussi que (x1,y
2)sont les coordonnées du point P, extrémité de udans le repÃĺre
(O, e1,e
2).
B04 – Version du December 2, 2008 3
[DESSIN]
Si on fixe un repÃĺre, une droite Ddu plan est caractérisée par son (une) équation
ax +by =α
avec a%=0ou b%=0. En d’autre termes, Dcorresponds à l’ensemble des solutions
(x, y)de cette équation. Et sa direction −→Dest donnée par l’équation homogène
ax +by =0.
[DESSIN]
Intersecter deux droites revient à résoudre un système
(S):!ax +by =α
cx +dy =β.
On trouve soit un point, ou rien, ou une droite. L’intersection des directions s’obtient
en résolvant le système homogène
(−→S):!ax +by =0
cx +dy =0 .
correspondant.
[DESSIN]
On peut s’intéresser aux transformations (dites anes) du plan comme les trans-
lations, symétries, homothéties, rotations... Quitte à faire une translation, une telle
transformation préserve l’origine et est donnée par une application linéaire
ϕ:(x, y)$→ (ax +by, cx +dy).
[DESSIN]
Le noyau d’une transformation linéaire est formé de tous les points qui sont envoyés
sur l’origine. Cet ensemble correspond au noyau
ker ϕ:= {(x, y)R2,ϕ(x, y) = (0,0)}
de ϕ. On retrouve l’ensemble des solutions du système homogène (−→S).
On peut aussi regarder la projection du plan sur une droite . Si on demande
toujours que l’origine soit préservée, celle-ci correspond à une forme linéaire
f:(x, y)ax +by.
4B04 – Version du December 2, 2008
[DESSIN]
La droite −→Dd’équation ax +by =0est alors le noyau de la projection.
On remarque aussi que l’application linéaire ϕci-dessus est donnée par un couple
de formes linéaires (f, g). Et que les solutions de (−→S)correspondent à l’intersection
des droites données par les noyaux des formes linéaires.
On identifie ainsi implicitement la droite avec R, le plan avec R2et on fait de même
avec les espaces de dimension supérieure. Les sous-espaces (anes) correspondent à
des ensembles de solutions de systèmes linéaires. Les transformations géométriques
correspondent à des applications linéaires, à translation près. Les problèmes géomé-
triques deviennent des questions algébriques.
Mais on peut aller encore plus loin en utilisant la notation matricielle. On définit un
vecteur « colonne » ou un vecteur « ligne » comme un tableau
"a
b#ou $ab
%.
On dit aussi matrice 2×1et matrice 1×2. De même, une matrice 2×2est un
tableau "ab
cd
#.
On identifiera une matrice 1×1avec le réel acorrespondant mais on pourrait aussi
écrire [a]. On peut ajouter des matrices de même type en additionnant terme à
terme, par exemple
A:= "ab
cd
#,B := "a!b!
c!d!#et alors A+B="a+a!b+b!
c+c!d+d!#.
On peut aussi multiplier une matrice par une constante, par exemple
A:= "ab
cd
#et alors λA="λaλb
λcλd#.
Mais toute la magie tient dans le fait qu’on peut aussi multiplier un vecteur ligne
par un vecteur colonne $αβ
%"a
b#=αa+βb
pour obtenir un scalaire. On peut alors étendre cette méthode pour multiplier une
matrice 2×2à droite par une ligne
$αβ
%"ab
cd
#=$αa+βcαb+βd%
ou à gauche par une colonne
"αβ
γδ
#"c
d#="αc+βd
γc+δd#
B04 – Version du December 2, 2008 5
et on peut aussi multiplier les matrices 2×2entre elles...
Avec ces conventions, on voit ainsi que le système (S)ci-dessus peut se réécrire
"ab
cd
#"x
y#="α
β#
ou encore
AX =Bavec A:= "ab
cd
#,X:= "x
y#et B:= "α
β#.
On a ainsi ramené formellement un problème en deux variables en un problème en
une variable ! On dit que Aest la matrice du système linéaire. On dit aussi que c’est
la matrice de l’application linéaire ϕci-dessus. Étudier Arevient à étudier ϕ.
1 Vecteurs dans Rn
Nous allons formaliser un peu tout ce qui précède en oubliant l’origine géométrique
des objets. Tant qu’à faire, on va aussi travailler en dimension quelconque.
Définition 1.1 Si nN, alors Rndésigne l’ensemble des n-uples (x1, . . . , xn)de
réels. Un tel n-uple s’appelle aussi un vecteur de Rnet on dit que xiest sa i-ème
composante (mais on peut aussi voir (x1, . . . , xn)comme un point de Rn. . .).
Dans Rn, on dispose d’une addition (terme à terme)
(x1, . . . , xn)+(y1, . . . , yn)=(x1+y1, . . . , xn+yn)
qui fournit une somme et d’une multiplication externe (terme à terme)
λ(x1, . . . , xn)=(λx1,...,λxn)
qui fournit un produit.
Par exemple, R2peut s’identifier au plan comme on l’a vu dans l’introduction, R1
n’est autre que Rlui même que l’on identifie à la droite et R0est le singleton {0}
(disons, par convention) que l’on peut voir comme un point.
En général, on écrira
ei:= (0,...,0,1,0,...,0)
avec le 1à la i-ème place. On dit parfois que (e1, . . . , en)est la base canonique
de Rn(tout ce qui suit est relatif à cette base). Remarquons en particulier que si
u:= (x1, . . . , xn), on a
x1e1+··· +xnen=(x1,0,...,0) + ··· + (0,···,0,x
n)=(x1, . . . , xn)=u.
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