L’INTOLERANCE AU LACTOSE Qu’en est-il exactement? L’idée qu’on puisse ne pas tolérer le lait est des plus répandue. Il est important de ne pas confondre allergie au lait et intolérance au lait. L’intolérance au lait de vache dont on parle généralement est une intolérance à son sucre, le lactose, qui relève d’une incapacité à le digérer. Une intolérance primaire d’origine génétique au lactose chez le nouveau-né est rarissime. Elle s’observe aussi bien avec le lait naturel que le lait de vache. Par contre, la capacité de digérer le lactose diminue avec l’âge adulte et peut entraîner parfois des manifestations d’intolérance digestive. LA DIGESTION DU LACTOSE Le lactose est un sucre présent en grandes quantités dans le lait des mammifères. On en trouve 70 g/litre dans le lait maternel, 43g/litre dans le lait de vache, 64 g/litre dans le lait d’ânesse, 48 g/litre dans le lait de jument et 31 g/litre dans celui de la chèvre. Le lactose est un disaccharide formé de l’association de galactose et de glucose. Le système digestif ne peut pas assimiler le lactose directement mais uniquement après dissociation en galactose et glucose. Cette dégradation se fait au niveau de l’intestin grêle sous l’action d’une enzyme appelée lactase. La lactase est une enzyme localisée dans les microvillosités de la bordure en brosse de l’intestin grêle. Son activité est maximale chez le nourrisson qui a la capacité à hydrolyser 60 g de lactose par jour ce qui correspond à au moins 1 litre de lait de femme ou de lait infantile. Cette activité lactasique demeure élevée durant l’allaitement puis elle décroit au moment du sevrage pour se stabiliser à un âge variable selon les populations. Cette perte d’activité est un phénomène physiologique correspondant à une évolution naturelle rencontrée dans la plupart des populations. Toutefois certains groupes ethniques conservent toute leur vie une activité lactasique élevée. C’est le cas notamment pour les peuples du nord de l’Europe. La production de la lactase est déterminée génétiquement . Le gène responsable appelé LCT est localisé sur le chromosome 2. Ce gène est activé durant la période de l’allaitement puis survient, en fonction de l’appartenance ethnique, une répression de la synthèse de la lactase. Celle-ci est liée à une mutation génétique agissant sur la régulation du gène de la lactase et qui est transmise selon le mode autosomique récessif. Le gène CT code pour la production de la lactase. La mutation n’est pas directement localisée sur le gène lui-même mais dans un gène voisin qui agit sur la régulation du gène LCT. La mutation consiste en un échange des deux nucléotides, la thymidine (T) et la cytosine (C) en position 13910. Les individus homozygotes pour le génotype C (LCT-CC) n’ont pas d’activité lactasique détectable comparés aux probants avec le génotype C-T hétérozygote ou T-T homozygote, l’allèle T déterminant la persistance de l’activité lactasique. Un polymorphisme G/G en position 22018 est également associé à des niveaux très bas de lactase. Il est pratiquement toujours associé au polymorphisme C/C. L’insuffisance en lactase est d’importance variable en fonction des individus mais il reste en général chez chacun une activité résiduelle plus ou moins importante. La fréquence de l’hypolactosie dans les différents groupes ethniques est la suivante: > Basques 0,3% > Hollandais 1% > Suédois 2% > Scandinaves5% > Anglais 5-15% > Suisses 10% > Allemands 15% > Autrichiens 15% > Espagnols 15% > Français du nord 17% > Italiens du centre19% > Portugais 35% > Italiens du sud 41% > Mexicains 55% > Français du sud 65% > Grecs 66% > Juifs 60-85% > Siciliens 71% > Sud Américains 65-75% > Libanais 78% > Asiatiques 80% > Africains 89% > Chinois 95% INFOLABO - 17 37, rue Romain Fandel + B.P. 143 + L-4002 Esch/Alzette + Tél. 488 288-1 + Fax 488 288-306 + [email protected] Avant de conclure à une hypolactasie il est nécessaire de s’assurer qu’il ne s’agit pas d’une forme secondaire de déficit en lactase. Dans tous les cas, une anamnèse rigoureuse doit tenter de faire ressortir la relation entre symptômes et ingestion de lactose. La façon la plus simple consiste à mettre en évidence la disparition des symptômes par un test d’éviction totale du lactose pendant 72 heures. Il est in- dispensable de bien informer le patient des aliments qui contiennent du lactose. L’épreuve peut être complétée, si les symptômes digestifs ont disparu, par une réintroduction de lactose dans l’alimentation pour voir réapparaître ces symptômes. DIVERSES ÉPREUVES DE DIAGNOSTIC SONT ÉGALEMENT DISPONIBLES Le test génétique permet de mettre en évidence le polymorphisme présent dans le gène LCT pour rechercher le phénotype CC. Ce test permet uniquement de détecter les sujets éventuellement prédisposés à une intolérance au lactose. Le test de charge en lactose et mesure de l’H2 dans l’air expiré. Chez les sujets avec hypolactasie, le lactose non digéré est transformé dans le colon, avec production de gaz dont l’H2. En passant dans le sang, H2 passe dans les poumons et est exhalé. Des résultats faussement positifs sont possibles en cas de déséquilibre de la flore bactérienne de l’intestin grêle ou de la cavité buccale. Les faux négatifs peuvent s’observer à la suite d’une antibiothérapie ou d’une colonisation du colon par des bactéries produisant du méthane. Le test de tolérance oral au lactose, le plus simple. On donne au sujet 50 g de lactose pur et on dose la glycémie sérique à 0,60 et 120 minutes. Normalement le taux de glucose s’élève de plus de 20 mg/litre pour affirmer une digestion normale du lactose. Chez un sujet déficient en lactose, cette épreuve est souvent suivie d’un épisode diarrhéique avec élimination de selles acides. Si l’intolérance au lait est confirmée, le traitement repose sur un régime pauvre en lactose en sachant que le lactose n’est pas seulement un constituant du lait, mais qu’il est souvent présent dans des préparations de divers produits industriels courants. Cela ne constitue pas un grand problème puisqu’on dispose aujourd’hui d’un grand choix de produits sans lactose. Lors de la fabrication de produits laitiers acidifiés (comme les yoghourts, le lait acidulé) le lactose subit pour la grande part une hydrolyse bactérienne (s’assurer l’absence d’ajout de poudre de lait). Dans les fromages à pâte molle il est pratiquement entièrement dégradé par fermentation. Certaines personnes supportent jusqu’à 50 g de lactose, d’autres sont intolérantes avec 3 g. Il est donc nécessaire d’estimer la tolérance de chaque individu. Version1 © 2010 Laboratoire Ketterthill Le développement des symptômes dépend entre autre de la dose de lactose ingérée (la plupart des individus tolèrent 12 à 15g de lactose soit une tasse de lait), de la durée du transit des aliments, de la capacité de la flore du colon de fermenter le lactose. L’intolérance au lactose se manifeste par des troubles digestifs comprenant un inconfort abdominal qui apparaît environ une heure après l’ingestion d ‘une quantité seuil de lactose et qui comprend ballonnements, borborygmes, des crampes, rapidement suivi de selles défaites et de flatulences. Ces manifestations sont la conséquence de l’accumulation dans l’intestin du lactose non hydrolysé du fait du déficit en lactase. Alors que normalement le lactose ingéré est rapidement scindé par la lactase en glucose et galactose, celui-ci s’accumule dans la lumière digestive incapable d’être adsorbé et va induire une rétention d’eau. Le volume intestinal augmente et provoque la diarrhée. Le lactose non digéré passe dans le colon où il est attaqué par la flore microbienne et produit de l’acide lactique, de l’hydrogène (H2), du dioxyde de carbone et des acides gras à courtes chaînes. La majorité des personnes avec une hypolactasie ne présentent pas une intolérance clinique au lactose. Bon nombre de gens se croient à tort être intolérant au lactose et évitent le lait et les produits laitiers ce qui réduit leurs apports en vitamine D et en calcium. Une intolérance au lactose peut être secondaire à une forte accélération du transit intestinal et d’une maladie qui s’accompagne d’une atteinte des entérocytes et de la bordure en brosse (infections intestinales, maladie coeliaque, maladie de Crohn).