Intolérances alimentaires
Pas de quoi en faire un drame
Tu es ce que tu manges... ou ne manges pas. On a tendance à se priver, ce qui est rarement
une bonne idée. De nombreux troubles considérés comme des allergies alimentaires sont en
fait des intolérances. Comme les symptômes se ressemblent souvent, on les confond facile-
ment. Un diagnostic médical permet de clarier la situation et de ne pas se priver inutilement.
«Est-ce qu’il y a des noix là-dedans? Je ne
peux pas en manger, je suis allergique»,
signale Gian au comptoir de la boulangerie.
Au café à côté, Sarah commande son cap-
puccino. «Pour moi avec du lait délactosé,
s’il vous plaît, sinon j’aurai mal au ventre.»
Ce sont là des demandes de plus en plus
fréquentes. Mais qu’est-ce qu’une into-
lérance? Comment faire la diérence avec
une allergie? Et pourquoi confond-on
souvent les deux?
Si Gian demande un gâteau sans noix, c’est
qu’il est allergique à celles-ci. Son organisme
réagit fortement à des protéines végétales
normalement inoensives. Lors de l’inges-
tion de doses inmes de noix, des anticorps
déclenchent chez lui des éruptions cuta-
nées, voire un collapsus cardiovasculaire.
Gian est donc obligé d’exclure les noix de
son alimentation. Les personnes adultes
sourant d’allergies alimentaires sont
heureusement peu nombreuses (4 à 8%).
Celles-ci sont en revanche un peu plus
répandues chez les enfants, mais disparais-
sent généralement avant l’âge de scolarité.
Petites quantités tolérées
Pour Sarah, la situation est diérente. Elle
est intolérante au lactose (sucre du lait),
qu’elle est incapable de digérer. Si elle ab-
sorbe une grande quantité de lait normal
avec le cappuccino qu’elle adore, elle soure
de maux de ventre, de ballonnements et
de troubles digestifs. Mais contrairement
à Gian, elle peut encore absorber sans
problème une certaine dose de lactose.
Il ne se passe rien si elle prend un petit
cappuccino au dîner ou un yogourt pour
le dessert.
Inutile de se priver
Près de 20% de la population suisse est
concernée par une intolérance au lactose.
Les médecins savent faire la diérence
avec les allergies alimentaires. Pour dia-
gnostiquer une intolérance, ils se basent
sur l’anamnèse et ont recours à des tests
spéciaux qui n’ont rien à voir avec les tests
d’allergie. Une fois que l’aliment ou la sub-
stance qui perturbe l’intestin est identiée,
il n’y a qu’une chose à faire: en réduire la
consommation. En cas d’intolérance ali-
mentaire, l’exclusion pure et simple de
l’aliment est généralement inutile.
Intolérance au lactose:
de quoi parle-t-on?
Une personne bien portante produit au
cours de la digestion de la lactase. Cette
enzyme scinde le lactose en glucose et en
galactose, qui peuvent ainsi être résorbés
dans l’intestin.
Les intolérants au lactose ne peuvent pas
digérer le lactose parce que la muqueuse
de leur intestin grêle produit peu, voire
pas du tout de lactase. Le lactose arrive
tel quel dans le gros intestin, provoquant
des ballonnements et des diarrhées – mais
aussi ce qu’on prend facilement pour des
réactions allergiques, comme des érup-
tions cutanées ou des maux de tête.
Bon à savoir
Davantage d’informations sur les intolé-
rances à l’adresse www.swissmilk.ch/idees-
recues
«Quiconque pense être
intolérant à un certain aliment
devrait demander conseil à son
médecin. Les investigations
d’un spécialiste permettent
d’éviter des régimes inutiles.»
Prof. Dr. med. Roger Lauener, médecin-chef
à l’hôpital pédiatrique de Suisse orientale,
à St-Gall.
Conseils pratiques
– Ne renoncez pas à certains aliments,
mais réduisez la consommation de
l’élément à l’origine des troubles.
– Apprenez à connaître votre degré de
tolérance en suivant les conseils d’un
diététicien.
– Les aliments auxquels on est intolérant
sont mieux digérés s’ils sont consom-
més dans le cadre d‘un repas.
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