Communication et influence Bromberg Marcel Université Paris 8 Trognon Alain Université Nancy 2 1. Introduction Ce chapitre abordera essentiellement la communication à visée persuasive, c'est à dire un champ relativement plus restreint que celui de l’influence sociale. En effet, il y a bien des façons d’obtenir ou de provoquer des changements chez l’être humain. Ces changements peuvent être le résultat d’un comportement intentionnel ou non intentionnel, solliciter ou non la participation consciente et volontaire de la personne visée, utiliser le langage ou bien des actions symboliques. De nombreux facteurs concourent à nous influencer de façon subreptice et ce quel que soit notre statut de locuteur ou d’interlocuteur. Des indices comme l’apparence, la hauteur tonale de la voix, le statut, la gestuelle ou encore l’image de la source de la communication peuvent agir sur la crédibilité et l’efficacité des propos échangés sans que les interlocuteurs en soient conscients. C’est dire l’étendue du champ qu’il y aurait à explorer pour rendre compte de la totalité de ces phénomènes, d’autant qu’il n’existe pas une Théorie de la communication persuasive mais des théories de portée plus ou moins générale expliquant chacune une portion de la réalité. Toutes ont leur importance. Mais notre objectif n’est pas d’être exhaustif (il existe de nombreux ouvrages dont leur lecture permet de couvrir le champ). Il est de tracer un cadre général à l’intérieur duquel nous aborderons les travaux et théories qui nous paraissent tout d’abord marquer le champ d’un point de vue historique et d’autre part qui initient de nouvelles problématiques susceptibles de modifier notre conception de la communication persuasive. Mais peut-on parler de communication persuasive sans définir la persuasion ? Il existe bien des définitions, aussi nous en donnerons quelques unes qui nous paraissent prototypiques du domaine et dont l’analyse nous permettra de structurer le chapitre (cf. Encadré1). Encadré 1 : définitions de la persuasion « une tentative consciente de la part d’un individu ou d’un groupe pour modifier les attitudes, croyances ou comportements d’autres individus ou groupes par la transmission d’un certain message. » (Bettinghaus et Cody, 1994, p.6) « Nous définissons la persuasion comme un acte symbolique et conscient ayant l’intention de façonner, modifier ou renforcer les croyances opinions, valeurs, attitudes et/ou comportements de nous-mêmes ou d’autrui. » (Burgoon & al., 1994, p177) « la persuasion consiste en une communication intentionnelle qui a un effet sur la façon dont les gens pensent, ressentent et /ou agissent envers un objet, une personne, un groupe, une idée. » (Cegala, 1987, p. 13) « [c’est] une tentative couronnée de succès pour modifier l’état mental d’autrui par l’intermédiaire d’une communication dans un contexte de liberté. » (O’Keffe, 2002, p.17) « Nous définissons [la persuasion] comme la modification ou le renforcement des réponses du récepteur, incluant les attitudes, les émotions, les intentions et les comportements. » (Pfau & Perrot, 1993, p6) « la persuasion est le processus qui consiste à préparer et délivrer des messages verbaux et non verbaux à des individus autonomes dans le but de modifier, d’altérer ou renforcer leurs attitudes, croyances et comportements. » (Woodward & Denton, 1992, p.21) Cet échantillon nous parait suffisant pour dégager certaines caractéristiques communes suffisamment structurantes pour organiser le chapitre. On remarquera, tout d’abord, qu’audelà de certaines variations sémantiques, il existe un noyau définitoire commun : c’est un processus intentionnel qui opère par l’intermédiaire d’une communication verbale et non verbale. Il ressort aussi, de façon convergente, que la persuasion est définie comme une tentative de modifier le comportement d’un individu en modifiant préalablement son état mental1. Cette référence à la notion d’état mental renvoie clairement à celle de l’attitude conçue comme le résultat de l’évaluation que fait une personne d’un objet. Cette conception traduit plus ou moins explicitement l’idée que les états mentaux, les attitudes, sont corrélées avec les comportements et que cette relation est de nature prédictive. C’est pourquoi le concept d’attitude et son lien avec le comportement seront abordés dans la première partie. On notera aussi que toutes ces définitions ont comme visée d’atteindre un seul et même objectif, celui de modifier les croyances, attitudes et comportements d’autrui. Mais au-delà de cette visée commune, l’échantillon de définitions présentées ici est illustratif de deux types de conception, celle de la persuasion comme un processus par opposition à celle de la persuasion comme un résultat. Une des critiques que l’on peut faire à la conception de la persuasion Modifier l’état mental ne constitue pas la seule voie pour modifier le comportement d’autrui. On peut aussi comme dans les théories de l’engagement (paradigmes du pied dans la porte ou de la porte au nez par exemple) intervenir sur le comportement plutôt que sur l’état mental du sujet. Voir à ce propos le chapitre de Joule. 1 comme résultat est qu’elle restreint inutilement les limites du champ d’étude, car elle ne prend en compte que les situations dans lesquelles les stratégies persuasives ont atteint leur objectif : modifier les attitudes et ou comportements de la cible. Un certain nombre d’auteurs ont souligné que la définir de façon aussi étroite pouvait conduire à une sorte de paradoxe : exclure du champ de la persuasion non seulement les stratégies persuasives qui échouent à atteindre leur objectif mais surtout celles qui, au contraire, ont comme objectif d’empêcher la persuasion, c'est à dire d’augmenter la résistance à une communication persuasive. Cette observation nous amène à préciser ce que l’on entend par le concept de résistance et le rapport qu’il entretient avec celui de persuasion. Même si le phénomène de résistance à la persuasion a peu été étudié en comparaison avec celui de la persuasion, le terme, lui, a été souvent utilisé dans la littérature pour rendre compte de l’échec de tentatives de persuasion. Dans toutes les expériences sur le changement d’attitudes utilisant une échelle d’attitude pour mesurer l’efficacité de la communication persuasive, on utilise le terme de résistance comme une étiquette utile pour rendre compte d’une position sur l’échelle de mesure. Dans cette acception, il représente la marque d’un non changement, c'est à dire l’absence de persuasion. Mais, à quelle réalité psychologique renvoie ce non changement ? Est-ce l’indication d’un échec de la persuasion ou de résistance au changement ? Résister n’est pas synonyme de ne pas être persuadé. La résistance peut ne pas être l’image en miroir de l’acceptation. Par exemple, il est possible de ne pas être convaincu par un mauvais argument pour faire ou ne pas faire telle ou telle chose. Mais en l’absence d’une motivation à changer d’attitude ou à éviter de faire la chose recommandée, on ne pourra pas parler de résistance à propos de ce non changement. C’est pourquoi, on peut définir la résistance à la persuasion comme un état motivationnel dont le but est de résister aux effets de persuasion communicative. Cela peut se traduire sur les plans : cognitif par la contre-argumentation ; émotionnel en se mettant en colère, ou en étant irrité ; comportemental en évitant toute information contradictoire à ses opinions. Nous sommes capables de mettre en œuvre, si nous en éprouvons le besoin, des stratégies pour résister à la persuasion dont les plus utilisées, sont par ordre de fréquence : la contre-argumentation, le renforcement de l’attitude, la dépréciation de la source, l’élaboration de sentiments négatifs (Jacks & Cameron (2003). Si on définit la résistance à la persuasion comme un état motivationnel, une motivation à résister, qu’est ce qui motive le sujet à résister ? La réponse à cette question fera l’objet de la troisième partie après avoir exposé dans la deuxième partie les théories dont la visée est la persuasion proprement dite. 2. Attitudes et changement d’attitudes 2. 1. Définition de l'attitude Souvent lorsque nous parlons des objets du monde nous disons à leur propos, qu’on les aime ou qu’on ne les aime pas. Cela nous paraitrait étrange d’entendre quelqu’un dire je n’éprouve que des sentiments neutres à l’égard de tel objet. Cela nous paraitrait étrange, car nous ne sommes jamais des observateurs neutres du monde qui nous entoure. Nous évaluons sans cesse les objets que nous rencontrons. C’est pourquoi le concept d’attitude joue un rôle majeur dans le champ de la psychologie sociale. Il a d’ailleurs été défini de bien des façons (Bromberg, 2005). Mais, ce qu’il faut en retenir, c’est d’une part, que les attitudes constituent des prédispositions acquises à répondre durablement vis-à-vis d'un objet et d’autre part, qu’elles reflètent les évaluations que portent les sujets sur ces mêmes objets. Cette notion de prédisposition acquise à répondre durablement vis-à-vis d'un objet est fondamentale car elle permet de faire des prédictions concernant le comportement d’un sujet à partir de la connaissance de ses attitudes. Lorsque quelqu’un nous dit, par exemple, qu’il est contre la culture des organismes génétiquement modifiés, l’information que nous pouvons tirer de cette déclaration va au-delà de la simple évaluation communiquée. En effet, nous sommes alors en mesure de prédire que dans certaines situations appropriées, la personne adoptera des comportements cohérents avec son évaluation. Par exemple, elle lira attentivement les étiquettes des aliments, refusera d’acheter des aliments génétiquement modifiés, signera des pétitions contre leur culture etc. De même, si nous observons ces comportements de façon répétée, nous inférerons que la personne possède une attitude défavorable à l’égard des OGM. Donc, connaitre l'attitude d'une personne à l’égard d’un objet, c’est être en mesure de prédire son comportement futur à l’égard de cet objet. Cette conception est partagée par un grand nombre d’acteurs sociaux. N’est-il pas vrai que partout dans le monde, les grandes entreprises dépensent des sommes colossales en publicité afin de changer nos attitudes à l’égard de leurs produits, persuadées qu’elles guident ainsi nos comportements d’achat ? On doit noter aussi que ces attitudes en tant que prédispositions nous accompagnent tout au long de nos actions. Elles existent même lorsque nous ne pensons pas à l'objet de l'attitude ou que nous ne sommes pas dans une situation nécessitant notre action envers l'objet attitudinel. On peut dire que les attitudes sont des évaluations globales des objets, des personnes des idées (Eagly & Chaiken, 1998). Cette évaluation globale est sous-tendue par trois composantes évaluatives spécifiques : affective, cognitive, comportementale. ➢ La composante affective renvoie aux sentiments et émotions qui sont associés à l’objet. On peut aimer ou détester quelque chose selon la nature des sentiments que l’on a éprouvés à son égard. Ne pas aimer faire don de son sang parce que la vue d’une seringue nous angoisse. ➢ La composante cognitive revoie aux croyances possédées à propos de l’objet. Si l’on croit que Mme X est intelligente et qu’elle défend des positions économiques et sociales qui ont notre faveur alors nous aurons une attitude positive à son égard. ➢ La composante comportementale fait référence aux comportements qui dans le passé ont été associés à l’objet de l’attitude. Par exemple, l’acquisition d’une attitude positive ou négative à l’égard d’un objet peut dépendre de notre comportement et de notre engagement vis-à-vis de cet objet. 2. 2 Utilité du concept d’attitude Considérer l'attitude comme un précurseur du comportement n’implique cependant pas nécessairement que cette prédisposition se manifeste systématiquement dans le comportement. Nous avons tous pu observer au cours de nos interactions, que les personnes peuvent - ainsi que nous-mêmes - se comporter de façon incohérente avec leurs attitudes selon les circonstances. Il existe parfois un écart entre ce que nous disons à propos d’un objet et ce que nous faisons réellement en présence de cet objet. Une étude célèbre de LaPiere (1934) mit clairement en évidence l’existence d’un tel écart. Au cours d’un périple en voiture sur la côte ouest des Etats-Unis, il coucha dans 66 hôtels et mangea dans pas moins de 184 restaurants. Durant ce périple, un seul hôtelier refusa de l’accueillir. Et alors, direz vous, qui y a t-il de si marquant qu’il faille s’en émouvoir. En soi, cela ne parait pas anormal si ce n’est qu’il était accompagné d’un couple d’étudiants chinois. Connaissant la sinophobie farouche de ses compatriotes - à l’époque, de nombreuses études avaient mis en évidence l’existence de préjugés raciaux des américains envers les « orientaux » -, il s’attendait à bien plus de refus que cela. Afin de comprendre ces résultats inattendus, LaPiere écrivit à tous les établissements qu’il avait fréquentés. Il leur demanda s’ils acceptaient des clients d’origine chinoise dans leur établissement. Sur les 128 réponses, il ne reçu qu’une seule acceptation contre 90% de refus. Ce résultat ébranla la conception de la relation entre attitude et comportement. Les études scientifiques sur les attitudes venaient véritablement de commencer avec le développement des techniques de mesures dans la période1920-30. La relation attitude-comportement paraissait fortement établie. Il ne serait venu à l’idée de personne de la remettre en question. Mais ce fut Wicker en 1969 qui porta l’attaque la plus sérieuse contre cette conception. S’appuyant sur l’analyse de près de quarante recherches sur ce sujet, il concluait : « pris comme un tout, ces études suggèrent qu’il est plus vraisemblable que les attitudes soient sans relation ou peu reliées aux comportements explicites que le contraire… les coefficients de corrélation concernant ces deux mesures sont rarement au dessus de .30 et souvent près de zéro » (p. 65). Ce constat, puis beaucoup d’autres ensuite, l’ont conduit à écrire (1971, p 29) « il peut être désirable d’abandonner le concept d’attitude ». Abelson (1972) lui faisait écho en publiant, un an plus tard, un article ayant pour titre : « Le concept d'attitude est-il utile » ? A ce pessimisme général, s’ajoutait la publication de nouveaux travaux expérimentaux mettant en évidence de façon convergente que, sous certaines conditions, les attitudes pouvaient être la conséquence directe du comportement plutôt que la cause. Que le changement d'attitude put être la conséquence et non l’antécédent, d’un comportement librement effectué fut mis en évidence aussi bien dans la théorie de la dissonance cognitive de Festinger (1957) et celle de l'auto-perception de Bem (1967) qu’au travers les travaux de Janis (1968) sur le rôle playing, dans le cadre des fameux Yale Studies in Attitude and Communication du laboratoire du même nom. Cette approche se fonde sur la conviction que l'homme change à travers ses actes et que les conséquences ou les résidus évaluatifs de ses comportements successifs s'organisent dans un système stable et dynamique (les attitudes), qui à son tour, détermine en partie les comportements évaluatifs ultérieurs. Les résultats contrastés des nombreuses recherches sur la relation attitude-comportement nécessitent donc une approche différente de la relation. Plutôt que de se demander si les attitudes prédisent les comportements, nous devons nous demander à quelles conditions elles prédisent les comportements. Répondre à cette question nécessite l’identification des facteurs qui déterminent la force de la relation. Ces facteurs constituent ce que l’on appelle des variables modératrices parce qu’elles modèrent la relation attitude-comportement. Ces modérateurs peuvent être de toute nature, les caractéristiques du comportement, des personnes, des situations dans lesquelles les comportements se produisent, et les attitudes elles mêmes. Des travaux récents ont mis en évidence d’autres propriétés de l’attitude sur lesquelles on peut agir : l’accessibilité, l’ambivalence, la saillance, le degré de confiance qu’on lui accorde, la force, l’importance des liens qu’elle entretient avec d’autres attitudes. Ces travaux participent d’un nouveau courant de recherches qui conçoit différemment l’attitude (et sa mesure) ainsi que sa relation au comportement (et donc son rôle dans la persuasion). L’économie du texte ne permet pas de les exposer ici. Ces développements, indispensables à connaître, ont été clairement exposés par Giger (2005) dans une publication récente. 3. Communication et persuasion 3. 1 Les caractéristiques de la communication Être compris constitue certainement un des buts que nous poursuivons lorsque nous communiquons avec autrui. Il en existe cependant un autre tout aussi important, celui d’être cru. Ce dernier objectif suppose que nous soyons capable d’influencer d’autrui. C’est pourquoi tous nos efforts tendent à organiser ce que nous disons afin de paraître le plus convaincant possible. La communication persuasive consiste à réaliser ces deux objectifs au moyen du langage. Historiquement, les premières études qui ont étudié les caractéristiques de la communication persuasive ont été effectuées dès la seconde guerre mondiale par l’équipe de Hovland. Ces travaux se sont largement inspirés de la conception des sophistes et rhéteurs de la Grèce Antique concernant l’élaboration des stratégies argumentatives (Bromberg, 1983, 1991). 3. 1. 1 Communication unilatérale vs communication bilatérale La communication unilatérale ne présente que les arguments en faveur de la position défendue, tandis que la communication bilatérale présente les deux aspects contradictoires. Hovland & al. (1949) comparent l’efficacité relative de ces deux stratégies dans un contexte un peu particulier. Alors que la seconde guerre mondiale prenait fin en Europe avec la capitulation de l’Allemagne, les États Unis restaient toujours en guerre avec le Japon. L’armée craignait que les soldats engagés dans la guerre du pacifique ne soient démotivés pensant la fin de la guerre proche. La recherche avait pour but d’étudier l’efficacité relative des deux stratégies communicatives visant à convaincre les soldats du contraire. L’expérience consistait à leur faire entendre des transcriptions radio d'analyses supposées faites par un commentateur sur la guerre du Pacifique. Dans la condition de communication unilatérale, l’analyse ne faisait mention que d’arguments en faveur de cette position, éloignement des sources d'approvisionnement, importance des réserves des troupes japonaises etc. Dans la condition communication bilatérale, on ajoutait aux arguments précédents des contrearguments en faveur de la position opposée (i. e. supériorité navale et industrielle des Étatsunis). Globalement, on n’observe aucune différence d’efficacité entre les deux stratégies. Mais si l’on tient compte de la mesure de l’attitude initiale des sujets, les résultats montrent que lorsque l’attitude préalable est : • semblable à la position défendue, le discours unilatéral est plus efficace que le discours bilatéral (52% contre 23% de changements). • contraire à la position défendue, le discours bilatéral est plus efficace que le discours unilatéral (48% contre 30% de changements) Les auteurs vérifient par ailleurs que l’efficacité des discours dépend du niveau d’étude. Plus le niveau est élevé plus le discours bilatéral est efficace. Deux explications ont été avancées. L’une met l’accent sur le fait que les sujets de niveau élevé seraient plus enclins à penser que le discours unilatéral est biaisé par un parti pris, l’autre sur leur capacité à contre-argumenter son contenu. Faisant suite à ces résultats, Lumsdaine et Janis (1953) se demandent si les changements d’attitude consécutifs à ces deux stratégies langagières présentent la même résistance à une attaque persuasive ultérieure. Dans un premier temps, deux groupes de sujets entendent un discours développant l’idée que l’Union Soviétique sera capable de produire une bombe atomique dans un délai de 5 ans ; l’un reçoit un discours unilatéral, l’autre un discours bilatéral (le même que le précédent auquel on ajoute quelques arguments contraires). Une semaine plus tard la moitié de chacun des deux groupes entend un discours opposé (propagande) au premier. On y insiste sur le fait que les Russes produiront probablement la bombe dans un délai de 2 ans maximum. Les résultats montrent que le discours bilatéral a pour effet d'augmenter davantage la résistance des sujets à une propagande ultérieure qu’une présentation unilatérale et qu’il est d’autant plus efficace que l’attitude initiale des sujets est opposée à la première position défendue. Les auteurs comparent cet effet à une sorte d'inoculation. 3. 2 Les caractéristiques de la source « Qui peut ignorer que les mots véhiculent une conviction bien plus grande quand ils sont prononcés par des hommes réputés que par des hommes obscurs et que les faits tirés de l’expérience vécue constituent des arguments bien plus forts que les mots ». Cette citation d’Isocrate, contemporain d’Aristote, illustre l’importance accordée de tout temps aux caractéristiques de la source dans le champ de la persuasion. Si de nombreuses recherches en psychologie attestent cet effet, il est nécessaire d’en expliquer le mécanisme. Une première piste nous est donnée en comparant les recherches dans lesquelles la source du message est connue avant ou après la réception du message. Cette comparaison atteste que la crédibilité de la source n’a d’effet sur la persuasion que si elle est identifiée avant que le message ne soit traité. Ward & McGinnies (1974) mettent en évidence que le degré de crédibilité de la source (forte vs faible) n’a aucun effet sur l’efficacité de la communication persuasive si la source est connue après l’écoute du message. Le fait qu’il soit indispensable que la source soit identifiée avant ou en même temps que l’écoute du message constitue une première indication pour comprendre la nature du processus mis en jeu. En effet, ce résultat est compatible avec l’hypothèse selon laquelle la crédibilité de la source modifie l’efficacité de la persuasion en modifiant la façon dont les gens traitent ou élaborent les messages. Lorsqu’on révèle l’identité de la source après l’écoute du message, il est trop tard pour qu’elle produise un effet. Il n’y a pas d’effet rétroactif : le sujet ayant produit, pendant l’écoute du message, toutes les pensées s’y rapportant. On peut donc penser que les indicateurs de la crédibilité de la source médiatisent la persuasion en agissant sur les processus cognitifs de traitement du contenu du message. Plus précisément, selon Petty & Cacioppo (1986), la crédibilité accroît la persuasion en agissant sur le nombre de pensées produites pendant l’écoute du message. Si le sujet croit que la source de la communication est un expert du domaine, il a toutes le raisons de relâcher ses défenses ou encore d’abaisser sa motivation à examiner attentivement le contenu du message ; dans ce cas, il produira peu de réponses cognitives. A l’opposé, si la source est perçue comme peu experte du domaine, il est probable qu’il reste sur ses gardes et qu’il accorde plus d’attention au contenu ; ce qui se traduira par une activité cognitive plus intense : élaboration de pensées critiques, élaboration de contres arguments. En résumé, on peut décrire le mécanisme par lequel les caractéristiques de la source agissent sur l’efficacité persuasive du message de la façon suivante : a) la crédibilité a pour effet d’activer un processus de pensée pendant l’écoute du message b) ce processus sera d’autant plus important que la crédibilité de la source sera faible, c) l’efficacité de la source est inversement proportionnelle au nombre de pensées élaborées. L’implication du sujet De nombreuses recherches ont montré que le degré d’efficacité de la source dépendait du degré d’implication du sujet à l’égard du thème de la communication et donc de la position défendue dans le message. Plus précisément, on a observé que l’effet de la crédibilité était inversement proportionnel au degré d’implication du sujet. Lorsque l’objet de la communication est peu impliquant, ce sont les caractéristiques de la source qui jouent un rôle dans la persuasion ; la pertinence des arguments dans ce cas importe peu. A l’inverse, lorsque le sujet est fortement impliqué, c’est la qualité des arguments qui cette fois compte et non les caractéristiques de la source (Petty & al., 1981). La méta analyse conduite par Wilson et Sherell (1993) résume assez bien l’ensemble des résultats. Dans les deux tiers des recherches analysées, le facteur source n’a un effet significatif sur le changement d'attitude que dans la condition de faible implication. On explique ce résultat par le fait que, l’objet impliquant motive le sujet et déclenche un processus de traitement central du contenu du message au cours duquel est élaboré un ensemble de pensées et d’arguments. Selon que cette production est ou non favorable à la position défendue, le message sera plus ou moins persuasif. C’est pourquoi la crédibilité de la source a un impact minime dans lorsque le sujet est fortement impliqué. Relation entre crédibilité et force persuasive En fonction de ce qui précède, on pourrait en déduire que plus les sources sont crédibles plus elles sont persuasives. Certaines recherches montrent que cela n’est pas toujours le cas lorsque le message a pour but de renforcer plutôt que de changer l’attitude existante du sujet. Les auteurs rapportent que les sources modérément crédibles sont plus efficaces que les sources fortement crédibles. Sternthal et al., (1978) par exemple, expliquent ce résultat en montrant qu’une source modérée déclenche la production de pensées favorables plus nombreuses qu’une source très crédible. En effet, on sait (cf. ci-dessus) qu’une source très crédible réduit la motivation du sujet à traiter le contenu et à générer des réponses cognitives. Mais comme le contenu du message persuasif est ici congruent avec la position des sujets, ces arguments qui auraient pu être élaboré auraient été des arguments favorables à la position défendue. Ceci explique pourquoi dans ce cas, la source très crédible est moins efficace, puisque l’efficacité de la source dépend du nombre de réponses cognitives favorables produites. Degré de similarité des attitudes entre la source et le récepteur Il est évident que si nous voulons modifier l’attitude de quelqu’un, nous devons marquer notre désaccord avec lui. Mais comment le mettre en scène ? Si nous marquons un désaccord trop important, l’interlocuteur peut juger le contenu du message trop extrême, fabriquer des pensées défavorables et ainsi être peu ou pas du tout influencé. C’est pourquoi le degré de désaccord existant entre la position défendue dans le message et la position du récepteur constitue une variable importante. Certaines recherches ont montré une relation curvilinéaire entre le degré de désaccord et l’efficacité du message. Un faible désaccord produit une persuasion faible, un désaccord modéré une persuasion plus élevée et un désaccord important, peu ou pas du tout de persuasion (Peterson & Koulack, 1969). Cependant, ce résultat doit être modulé en fonction du degré de crédibilité de la source. Aronson et al., (1963) confirment l’existence d’une relation curvilinéaire quand la crédibilité de la source est modérée. Mais, quand elle est très crédible la relation devient linéaire : plus le désaccord est important plus le message est efficace. Comment expliquer ce résultat ? Si on compare les deux conditions de crédibilité forte et modérée : • Dans le premier cas, en réduisant la motivation du récepteur elle diminue parallèlement le nombre de pensées défavorables. • Dans le second cas, la condition de crédibilité modérée ne diminuant pas la motivation à traiter le contenu du message, les sujets produisent plus de pensées défavorables que dans la première condition. Ainsi, dans une situation où la position défendue par la source du message est éloignée de celle du récepteur, plus la crédibilité de la source est importante plus elle est persuasive. Conclusion En guise de conclusion, une question s’impose : qu’entend-t-on par crédibilité de la source ? La question soulève quelques problèmes à la fois théoriques et méthodologique. Lorsque l’on passe en revue l’ensemble des travaux qui s’y rapporte, on peut faire deux constats : - Tout d’abord, les différentes opérationnalisation de la variable crédibilité de la source effectuées par les chercheurs recouvrent des réalités bien souvent différentes d’une expérience à une autre et parfois dans la même. Tantôt l’effet de la crédibilité est étudié en manipulant le degré d’expertise de la source dans le domaine considéré, tantôt en manipulant le degré de confiance2 qui lui est accordée, tantôt encore en manipulant le degré d’attractivité ressentie à son égard. Par exemple, Johnson & Scileppi (1969) font varier le degré de crédibilité de la source en la décrivant, selon les conditions expérimentales, soit comme un médecin de réputation mondiale soit comme un charlatan sorti de prison. De leur côté, Ward et McGinnies (1974) opposent une source très crédible définie comme un expert dans le domaine et à qui on peut faire confiance, à une source peu crédible sans aucune expertise, sournoise et retorse. Dans les deux recherches citées, la source crédible produit un plus grand changement d'attitude. Mais, étant donné que les notions d’expertise et de confiance sont confondues dans ces opérationnalisations, il est impossible d’apprécier les effets respectifs de ces deux conceptions de la crédibilité. Il arrive d’ailleurs fréquemment que ces deux composantes (l’expertise et la confiance) entrent simultanément en jeu sans que l’on puisse toujours l’éviter. Les gens ont plutôt tendance à accorder leur confiance à des experts qu’à des non experts ! Ce problème de confusion de variables se pose aussi pour d’autres composantes 2 C'est-à-dire la probabilité qu’il dise la vérité de la crédibilité. Chebat, Filatrault et al. (1988) manipulent le degré d’expertise en attribuant le message s’adressant à des étudiants, tantôt à des professeurs, tantôt à des étudiants. Cette opérationnalisation a l’inconvénient de confondre deux variables : l’expertise et la similarité perçue avec la source. On ne peut éviter que l’on perçoive une source étudiante comme plus semblable à soi qu’un professeur. - Ensuite, ainsi que nous le faisions remarquer (Bromberg, 1990), dans la grande majorité des recherches lorsque l’on étudie le rôle des caractéristiques de la source, on utilise des sources fictives. C'est-à-dire des sources construites de toute pièce, matérialisée tantôt par une photographie, tantôt par une voix, et parfois par un enregistrement vidéo. Le plus souvent elle est absente physiquement de la situation expérimentale et n’existe que par la description que l'on en fait. En réalité, ce n'est pas la source elle même qui joue un rôle mais l'image de la source que le sujet se construit à partir des scénarios construits par l'expérimentateur. Il y a une sorte de paradoxe à étudier les effets des caractéristiques d'une source absente et présente à la fois qu'on ne voit ou ne rencontre jamais. Il est donc important de souligner combien il est nécessaire pour étudier l’effet de la crédibilité de la source sur le changement d’attitudes et comparer les résultats entre eux, de définir préalablement le concept de crédibilité et de préciser ce que l’on entend réellement mesurer. 3. 3 Argumentation, agressivité verbale et persuasion La grande majorité des travaux sur la persuasion s’inscrivent dans des modèles de communication monologiques où locuteurs (appelés sources) et interlocuteurs (appelés récepteurs ou audience) n’ont jamais la possibilité d’interagir en instaurant une relation interlocutive. Dans ce cadre théorique, les recherches sont plutôt focalisées sur l’étude de l’impact de différentes variables de la situation communicative sur un sujet récepteur, souvent passif, mutique toujours (Bromberg, 1999 ; Bromberg, Trognon, 2004). On mesurera d’autant mieux l’originalité et l’importance des travaux de Miller, Boster et al. (1977) qu’ils furent les premiers à attirer l’attention sur ce qu’ils ont appelés la persuasion interpersonnelle. Leur modèle met en œuvre une conception dialogique de la communication persuasive avec pour objectif d’apporter des réponses sur la manière dont nous arrivons à persuader autrui à faire ce que nous voulons, à résister nous-mêmes aux tentatives d’influence. La façon dont ces jeux argumentatifs, ouverts par le dialogue, réalisent l’intention persuasive du ou des interlocuteurs détermine pour une grande part la nature de la relation interpersonnelle établie ainsi que la nature et l’efficacité des stratégies mobilisées. Par exemple, il n’est pas rare que les interlocuteurs, voulant gagner à tout prix l’enjeu de la conversation, du débat, ou tout simplement réussir à influencer autrui, adoptent des comportements langagiers agressifs sans considération pour la face3 de l’interlocuteur, ni même de la justesse des idées défendues. On dira qu’une communication est agressive4 si elle exerce de façon symbolique une force afin d’assurer la défaite de l’interlocuteur et/ou la disqualification de l’attaque persuasive (Infante, 1989). Cette force résulte de la combinaison de quatre comportements langagiers traduisant l’assurance verbale, le désir de contradiction, l’hostilité et l’agressivité verbale et de leurs interactions avec la situation communicative. Les deux premiers caractérisent la mise en œuvre de stratégies langagière dites constructives par opposition aux deux derniers qui caractérisent des stratégies dites destructives. Chacun d’eux interagit avec des éléments situationnels pour dynamiser le comportement communicatif. Un locuteur qui adopte une stratégie langagière constructive traduisant son assurance (réelle ou supposée) quant à la maîtrise de l’objet en discussion, acquérra une position forte, dominante, lui donnant un avantage pour atteindre ses objectifs. S’il adopte une stratégie langagière visant à porter la contradiction, il argumentera de façon polémique afin de réfuter la position adverse (Infante & Rancer, 1996). Concernant les stratégies destructrices, on ne peut ignorer que dans la dynamique de l’interaction, les interlocuteurs mis en difficulté peuvent à tout moment modifier leur mouvement stratégique en passant d’une forme de communication agressive relativement constructive à une autre plus destructrice, animé par le désir d’être blessant et d’attaquer la face de l’interlocuteur afin de rétablir une position menacée. L’hostilité se traduit sur le plan de la communication par l’expression d’un ressentiment, d’irritabilité ou encore d’une suspicion. L’agressivité verbale quant à elle vise essentiellement à attaquer l’estime de soi des interlocuteurs afin de leur infliger des souffrances psychologiques (Kinney, 1994). Les auteurs situent leur modèle dans une approche interactionniste de la personnalité en ce sens qu’ils pensent que ces quatre stratégies trouvent leur fondement dans ces quatre traits de personnalité5 que chaque acteur social possède à des degrés variables. Il s’ensuit que le style agressif du comportement communicatif est le produit conjoint des facteurs situationnels et des caractéristiques de la personne. Par exemple, si Marie croit que son argumentation a des chances d’échouer et qu’elle n’y attache pas une grande importance, sa motivation à Selon Brown et Levinson (1987), la face fait référence à l’identité de la personne. Ils distinguent la face négative, qui se définit par le désir de ne pas subir des contraintes et la face positive par le désir de recevoir l’approbation d’autrui. 4 Dire qu’une communication est agressive ne signifie pas qu’elle soit forcément mauvaise 5 L’assurance, la contradiction, l’hostilité et l’agressivité 3 argumenter sera faible. Mais, si elle croit qu’elle emportera le gain conversationnel et que le remporter est important pour elle, sa motivation à argumenter sera élevée. Une motivation élevée combinée avec un esprit de contradiction devrait accroître encore plus le style de comportement communicatif agressif qui s’y rattache. Plusieurs recherches (Infante & Rancer, 1993, Steward & Roach, 1993) ont validé ce modèle interactionniste en montrant que la connaissance simultanée des traits de personnalité de la personne et des facteurs situationnels (comme les caractéristiques de l’objet conversationnel) permettaient de prédire le style du comportement communicatif des acteurs de l’interlocution. Onyekwer et Al (1991) ont montré que lorsque les gens sont fortement impliqués dans l’objet conversationnel (argumenter en faveur du contrôle des armes lorsque l’on est propriétaire d’un magasin d’armes à feu) accroît non seulement leur motivation à argumenter mais aussi améliore leur comportement communicatif dans le registre de la contestation. Dans un autre contexte, Infante (1989) met en évidence l’utilisation de stratégies différentes selon que ce sont des hommes ou des femmes qui essaient de convaincre quelqu’un. Lorsque l’interlocuteur utilise un comportement communicatif agressif, les hommes ont plus tendance que les femmes à répliquer agressivement, tandis que les femmes ont plus tendance que les hommes à utiliser un style de communication argumentatif. Ainsi, les comportements des interlocuteurs sont en partie déterminés par la nature enjeux et des jeux de dialogues qui structurent l’interaction communicative. Mais qu’est ce qui peut déterminer l’intention d’argumenter et donc les stratégies employées pour convaincre son interlocuteur ? Une façon de comprendre la communication agressive consiste à étudier les croyances que les gens ont à propos du fait d’argumenter et de l’emploi d’un comportement agressif. Rancer et Al (1985) montrent que les gens possèdent en général des croyances bien structurées à propos de l’acte de convaincre. Elles se structurent en fonction des valeurs que l’on attache à la persuasion : • Hostilité : croyance selon laquelle argumenter est un combat • Activité : croyance selon laquelle argumenter constitue un mode d’interaction au même titre qu’une conversation • Contrôle/dominance : croyance selon laquelle argumenter constitue une façon d’imposer son opinion • Conflit : croyance selon laquelle argumenter constitue une source de conflit entre les gens • L’image de soi : croyance selon laquelle argumenter constitue une interaction qui produit un effet sur l’image de soi • Apprentissage : croyance selon laquelle argumenter constitue une façon d’apprendre sur soi-même, autrui ou l’environnement • Compétence : croyance selon laquelle argumenter constitue un indicateur de ses compétences langagières. La combinaison de ces croyances caractérise en fait le caractère plus ou moins ergoteur des individus. Ceux qui ont volontiers l’esprit batailleur possèdent des croyances positives à propos de l’activité, du contrôle, du conflit, de l’image de soi, de l’apprentissage et des compétences. Ceux qui ont moins l’esprit batailleur possèdent des croyances négatives concernant l’hostilité, le contrôle et le conflit. Dans cette optique, Rancer & Al (1985) ont montré que les gens à l’esprit batailleur considèrent que la dispute constitue une source d’informations, alors que ceux qui sont peu batailleurs envisagent la dispute comme un acte défavorable et hostile que l’on doit éviter à tout prix. 3. 4. L’appel à la peur Faire appel à la peur pour convaincre autrui de faire ou ne pas faire quelque chose est un procédé vieux comme le monde. On ne peut oublier la mise en garde qui avait été faite à Adam et Eve de ne pas gouter les fruits de l’arbre de la connaissance sous peine d’encourir la mort. L’appel à la peur, en laissant voir les terribles conséquences du refus de suivre les recommandations, a pour objectif de persuader l’interlocuteur de changer son attitude et son comportement. Cependant l’utilisation de cette technique n’est pas aussi simple qu’il y parait. N’oublions pas qu’Ève fut aussi le premier exemple de l’échec de l’appel à la peur puisque, comme chacun le sait, elle succomba malgré tout à la tentation en dépit de la menace. L’utilisation de la peur comme stratégie persuasive consiste à associer dans le discours soit une action indésirable (fumer) à une conséquence négative (cancer du poumon), soit un acte désirable (se brosser les dents) à un évitement de conséquences négatives (carries). Une fois l'association réalisée, on préconise des recommandations visant à modifier le comportement afin d'éviter les conséquences négatives décrites. Le paradigme habituel consiste à communiquer, en éveillant la peur, les risques qu'encourt l'individu à ne pas suivre les recommandations. Nous présenterons successivement les principales théories qui ont marqué cette problématique 3. 4. 1 Le modèle de la réduction du drive Selon Janis (1968) le danger décrit dans les messages déclenche une réaction émotionnelle de peur qui induit une tension motivationnelle (ou drive). Cette tension, selon les auteurs, constitue le véritable moteur du changement car elle pousse l’individu à agir pour la réduire. Si l’individu produit une réponse qui réduit sa peur, elle sera renforcée (selon la théorie de l’apprentissage) et intégrée dans le répertoire de ses réponses. Ce modèle postule l'existence d'un processus séquentiel dont le changement d'attitude - qui en est le terme - est médiatisé par une succession de réponses émotionnelles de peur. La réaction de peur constitue donc le principal concept explicatif de ce modèle. Les variables indépendantes sont supposées agir sur le changement d'attitude de façon médiate, puisqu'elles agissent et modulent d'abord les réactions émotionnelles. Ce modèle suggère que plus le message fait peur, plus il sera efficace à modifier les attitudes et comportements à condition que les recommandations réduisent la peur. Par contre, si la peur est éliminée par d'autres réponses que l'acceptation des recommandations (en ignorant ou en niant le danger évoqué par exemple) alors le sujet opposera une résistance aux recommandations. Cependant, les auteurs précisent que la relation entre le niveau de la peur éveillée et l’acceptation du message n’est pas linéaire mais curvilinéaire (en forme de U). C'est-à-dire, que s’il est nécessaire de provoquer une peur d’une certaine intensité pour déclencher le drive, une peur trop intense pousse le sujet à adopter une position défensive d’évitement le conduisant à ignorer le danger. Cette conception qui a marqué durablement les années 50 et 60 est devenue obsolète. L’hypothèse centrale selon laquelle l’acceptation de la recommandation du message se produit quand la peur est réduite n’a pas reçu de confirmations probantes (Rogers, 1983). Mewborn & Roger (1979) ont montré que ce n’était pas la réduction du drive qui agissait sur l’intention de se conformer au nom au message mais au contraire son déclenchement. 3. 4. 2 Le modèle des réponses parallèles Ce modèle (Leventhal, 1970) se centre davantage sur les processus cognitifs qu’émotionnels. La communication déclenche deux processus parallèles et relativement indépendants : un processus de contrôle de peur et un processus de contrôle de danger. La réaction du sujet à la communication menaçante est médiatisée par des processus cognitifs de traitement de l'information permettant au sujet d'identifier tout d'abord la menace. Le procès de contrôle du danger serait analogue à un processus de résolution de problème. Le sujet est attentif non seulement aux informations liées à la situation mais également aux informations dont il est lui-même la source. Sa capacité à faire face au danger, ses réponses ainsi que leur efficacité plus ou moins grande à faire cesser la menace constituent autant d'informations qui vont jouer un rôle croissant à mesure que le processus de résolution de problème se déroule dans le temps. La perception du danger déclenche chez le sujet une réaction émotionnelle forte. Cette réponse constitue des indices internes qui à leur tour sont interprétés par le sujet comme une réaction de peur. Le contrôle de la peur est alors activé. Ce processus déclenche ensuite des réponses comportementales qui permettent au sujet d'éliminer cette peur. Il est clair pour Leventhal que le comportement de protection adapté est celui qui procède de la tentative de contrôler le danger (cognitions), et non celui qui procède du contrôle de la peur (émotions). Dans le premier cas, les gens pensent au message menaçant et développent des stratégies permettant d’éviter le danger, dans le second cas, au contraire en se focalisant sur la peur, ils essaieront de la contrôler en activant des mécanismes de défense inadaptés comme le déni, l’évitement, ou l’adoption de comportements visant à conjurer la peur comme manger (message sur les conséquence de l’obésité sur la santé), boire (message sur l’abus de l’alcool), fumer (message sur le danger de la cigarette). Bien que le modèle de Leventhal rénove en quelque sorte le modèle précédent, il manque de précision sur les circonstances qui déclenchent l’un ou l’autre processus de contrôle, ce qui fait qu’à un moment donné l’un prend le pas sur l’autre. 3. 4. 3 La théorie de la motivation à la protection Rogers (1975, 1983, 1985) apporte une clarification conceptuelle importante de l’utilisation de la peur dans le champ de la communication persuasive en accordant une priorité importante aux processus cognitifs qui médiatisent le changement de comportements. Dans son modèle, la peur a un rôle minime. Deux processus cognitifs permettent à l'individu de stabiliser sa relation avec son environnement : l'évaluation cognitive (appraisal) de la menace et l'adaptation (coping) de la réponse à cette menace. Selon Rogers (1983), ces deux évaluations peuvent se traduire soit par des réponses adaptées au risque mentionné dans la communication (motivation à la protection), soit inadaptées avec des conséquences négatives (i.e., fumer), soit encore par des absences d’action (i.e., ne pas participer à une campagne de dépistage du cancer du sein). Pour que l’appel à la peur soit efficace, la motivation à la protection doit être éveillée chez le sujet. Pour cela, la communication doit agir sur les 4 composantes (cf. Figure 1) : Insérer ici Figure 1 1) la gravité perçue des événements menaçants (i.e., une crise cardiaque), 2) la probabilité perçue qu’ils se réalisent, ou la vulnérabilité personnelle perçue vis-à-vis de cet événement, 3) la croyance en l’efficacité des recommandations préconisées et donc des comportements demandés. 4) l’auto-efficacité attendue, c'est-à-dire le niveau de confiance que le sujet accorde à sa capacité à exécuter les comportements préventifs. La motivation à la protection est le résultat de deux processus cognitifs, celui de l’évaluation de la menace et celui du coping. 1. L’évaluation de la menace repose sur : ➢ L’estimation de la gravité : « le cancer de la peau est une maladie très grave » ➢ La perception de sa vulnérabilité : « mes chances d’avoir ce cancer sont importantes » 2. L’évaluation du coping repose sur : ➢ La croyance en l’efficacité des comportements à conjurer la menace : « me protéger du soleil m’évitera d’avoir le cancer » ➢ L’auto efficacité : « je suis capable de faire attention et de me protéger du soleil » L’efficacité de la théorie repose sur le raisonnement suivant : si quelqu’un est confronté à un événement menaçant, il commencera par évaluer la menace, puis les réponses sollicitées (coping). La combinaison de ces deux évaluations le conduira alors à adopter une stratégie de coping qui déterminera l’intention et le comportement. On fait l’hypothèse que la menace perçue ainsi que la croyance en sa capacité à la conjurer (auto-efficacité) agissent de concert pour déterminer la force de l’intention d’agir et la probabilité d’adopter ou non l’action préconisée (Rogers & Prentice-Dunn, 1997). Après avoir informé des femmes sur le risque du cancer du sein, Rippetoe & Rogers (1987) examinent les effets de l’information sur les composantes du modèle et leur lien avec l’intention de pratiquer ou non l’auto palpation des seins. Les résultats montrent que les composantes : efficacité du comportement (croire que cette pratique détectera les premiers signes du cancer), perception de la gravité (penser que le cancer du sein est une maladie dangereuse et difficile à traiter lorsqu’il est dans un état avancé) et l’auto-efficacité (penser que l’on est capable de pratiquer cette auto palpation de manière efficace) sont les meilleurs prédicateurs de l’intention. Bien que ce modèle ait été validé de nombreuses fois, il n’est pas exempt de critiques. On lui reproche notamment qu’il postule que les individus traitent les informations de manière rationnelle sans tenir compte du fait qu’il introduit un élément irrationnel lié à la peur. Ensuite, ce modèle n’explique pas pourquoi ni comment l’évaluation de la menace interagit avec celle du coping, et comment cette interaction joue sur l’intention et le comportement. Enfin, il est incapable d’expliciter les facteurs responsables du rejet de la communication. 3. 4. 4 Le modèle étendu des processus parallèles White et Al., (2001), à la différence du modèle précédent, réintroduisent la distinction faite par Leventhal entre les contrôles de la peur et de danger en évitant la critique faite à la théorie des réponses parallèles. Il précise les conditions qui déclenchent un processus plutôt qu’un autre. Ce modèle est structuré autour de deux concepts, la menace et l’efficacité perçue : 1. La menace perçue. Imaginez que vous fumiez deux paquets de cigarettes par jour, on vous dit que fumer provoque le cancer et qu’un chewing-gum à la nicotine vous aidera à vous arrêter. La menace perçue réfère au fait que vous percevez le danger. Or, vous ne percevez le danger que si : a) vous êtes sensible à la menace et b) que la menace est sérieuse. Si vous pensez que la probabilité d’avoir un cancer est élevée (vulnérabilité perçue) et que c’est une maladie grave (gravité perçue), la menace perçue est élevée. 2. L’efficacité perçue. Elle fait référence la perception qu’a la personne de la recommandation qui accompagne l’appel à la peur. L’efficacité perçue repose sur deux éléments, l’auto efficacité et l’efficacité de la réponse : a) La perception de l’autoefficacité renvoie à la croyance que vous avez à propos de votre capacité à suivre la recommandation (je suis capable de mâcher du chewing-gum) et b) la perception de l’efficacité de la réponse renvoie aux croyances que vous avez quant à l’efficacité de la recommandation. Le Modèle étendu des processus parallèles suggère que les sujets soumis à l’appel à la peur ont deux façons de l’évaluer et trois façons d’y faire face (cf. Figure 2). Insérer Figure 2 En premier, on évalue la menace. Plus la menace perçue est grande plus la motivation à agir est importante. Si aucune menace n’est perçue, aucune action n’a lieu : l’appel à la peur est complètement ignoré et la recommandation n’est même pas évaluée. Si la menace perçue est importante et prise très au sérieux, on procède à une deuxième évaluation au cours de laquelle seront évaluées l’auto-efficacité et l’efficacité de la réponse. C’est cette deuxième évaluation qui détermine le type d’action à entreprendre. Si on pense qu’on est capable d’agir pour prévenir la menace alors on sera motivé pour contrôler le processus de danger et on adoptera les attitudes, intentions ou changements comportementaux appropriés. Dans l’exemple utilisé, on choisira de mâcher du chewing-gum à la nicotine. Mais si on doute de notre capacité à suivre efficacement la recommandation ou ne croit pas en son efficacité, on ne cherchera plus à essayer de contrôler le danger mais de contrôler sa peur. Cette motivation à contrôler sa peur se manifestera par une résistance inadaptée parce qu’elle repose sur un mécanisme de défense d’évitement (inhiber toute pensée à propos de la menace), de déni ou encore de réactance6. Il est important de faire la distinction entre l’absence d’effet, qui est du à l’absence d’une menace perçue et les effets du contrôle de la peur provoqués simultanément par la perception d’une menace importante et d’une faible efficacité. Dans les deux cas cela aboutit à un rejet des recommandations de l’appel à la peur. Cependant, les stratégies à appliquer sont différentes. Dans le premier cas, il s’agira d’intensifier l’appel à la peur, dans le second de mettre l’accent sur l’efficacité de la recommandation. Witte et Allen (2000) ont évalué le modèle au moyen d’une méta-analyse. Cette analyse montre que quoique les menaces soient nécessaires à la motivation, une trop forte intensité peut engendrer un niveau de peur insurmontable et pousser les gens à consacrer beaucoup d’énergie à l’éviter en la rationalisant. Plutôt que d’entreprendre une action pour éviter le danger (je vais cesser de fumer sur les recommandations du médecin) ils sont enclins à produire des pensées mal adaptée pour maitriser la peur : ce n’est pas parce que je vais fumer quelques années de plus que je vais attraper le cancer. Il est donc crucial que la menace ne soit pas employée seule. Pour que la stratégie persuasive ait des chances de réussir, susciter la peur ne suffit pas. Après qu’on a clairement communiqué à la personne le fait que ne pas suivre les recommandations entraine des conséquences sérieuses pour la santé et accroit les risques d’en être la victime, il faut la convaincre par une stratégie discursive adaptée que les comportements demandés réduiront la menace et surtout qu’elle sera capable de les mettre en œuvre. 3. 5 La théorie de l'action raisonnée et la théorie du comportement planifié Ce qui fait défaut aux deux modèles précédents est le concept de croyances normatives. Une croyance normative est une croyance que possède un individu à propos de ce que pensent les gens sur que l’on doit faire ou ne pas faire. L’importance du rôle joué par ce type de croyance avait déjà été soulignée dans les années soixante dans les théories des processus d’influence Lorsqu’une personne a le sentiment que sa liberté d’action ou de pensée est menacée, elle éprouve un état mental déplaisant appelé réactance. Cet état mental la motive à défendre ou à restaurer sa liberté menacée. La réactance peut pousser une personne à adopter ou renforcer son opinion ou attitude dans le sens opposé à ce qui était attendu et donc opposer une résistance à la persuasion. 6 (Kelman 1961) et du pouvoir (French et Raven 1959) à savoir que les gens que nous connaissons servent de cadre de référence à nos comportements. La soumission peut résulter de l’identification à la source et du désir de lui plaire. Que les croyances sociales normatives influencent le fait de se conformer par un besoin inné d’approbation sociale ou par un besoin de satisfaire une relation avec autrui est un fait dont les deux auteurs, Ajzen & Fishbein (1980), n’ont pas sous-estimé l’importance. C’est ce qui les a conduit à développer les deux modèles, la Théorie de l'action raisonnée et la Théorie du comportement planifié. Dans les deux modèles, les auteurs développent l’idée selon laquelle a) l’intention comportementale a un effet direct sur les comportements b) qu’elle dépend de l’attitude du sujet envers le comportement et les normes subjectives existantes à propos de ce comportement. L’attitude à l’égard du comportement dépend quant à elle des conséquences personnelles anticipées du comportement effectué - en termes de coût et de bénéfices - et de la valeur affective attribuée à ces conséquences. Donc, les conséquences personnelles englobent les notions de bénéfices, d’obstacles, d’efficacité de réponse, et de rigueur abordées dans les deux théories précédentes. La Théorie du comportement planifié constitue un développement de la théorie précédente en affirmant que l’intention comportementale est fonction du contrôle exercé sur le comportement en plus de l’attitude à l’égard du comportement et les normes subjectives. Cette modification s’est avérée nécessaire afin que la théorie puisse s’appliquer aux situations dans lesquelles le comportement en question n’est pas sous contrôle volontaire du sujet (Ajzen, 1988). Par exemple, il est clair que si l’utilisation des protections contre les maladies sexuelles dépend de l’attitude à l’égard de ce comportement de protection et des croyances normatives, elle dépend aussi des comportements du partenaire. Selon la Théorie du comportement planifié, l’auto efficacité (c'est à dire le contrôle du comportement) a une influence directe à la fois sur l’intention comportementale et le comportement lui-même. Un individu qui possède des attitudes pertinentes et des croyances normatives peut très bien ne pas produire le comportement qui en découlerait à cause justement de ce manque de contrôle (auto efficacité faible). C’est la combinaison du contrôle perçu du comportement (auto efficacité) et l’intention comportementale qui permet de prédire la réussite du comportement. Par exemple, imaginons le cas où deux personnes ayant la même intention d’apprendre à faire du golfe commencent ensemble cet apprentissage. La personne qui aura l’impression qu’elle pourra maîtriser cette activité a plus de chance de persévérer que la personne qui doute de ses capacités. Les deux théories se sont avérées efficaces à expliquer et prédire une variété de comportements en relation avec la santé. Par exemple, chez les adolescents, les croyances normatives concernant l’utilisation de la drogue chez les camarades de classe constituent la classe de prédicteurs la plus efficace de l’utilisation d’une substance. Le médecin, est aussi un référent important. Les études ont montré que ses recommandations sont parmi les facteurs les plus influents de la décision des patients de prendre des précautions. C’est pourquoi son comportement verbal et/ou non-verbal joue un rôle important sur l’intention comportementale du patient car il communique son approbation ou sa désapprobation concernant ses agissements, et donc influence ses comportements futurs. 3. 6. La théorie de l’attente langagière7 3. 6. 1. Les propositions de base Cette théorie (Burgoon & Miller 1985) est fondée sur un postulat simple. Le langage est un système gouverné par des règles au moyen duquel les gens construisent des attentes concernant la manière dont le langage et les stratégies langagières sont utilisées dans des situation de persuasion. On peut trouver les prémisses de cette idée dans un article de Brook publié en 1970. Dans cet article, Brook développait la conception selon laquelle les stéréotypes marquaient les discours sociaux comme n’importe quel autre fait social. Dans le cas où un discours ou une parole publique d’un acteur social entre en contradiction avec le contenu du stéréotype attaché à sa personne, le contraste produit avec les attentes de l’auditeur aura un effet sur la perception du locuteur. Par exemple, si un homme connu pour sa violence et sa brutalité tient un discours empreint de respect et de courtoisie, il sera perçu par contraste comme plus respectueux courtois et donc plus crédible qu’il ne l’est en réalité par l’auditeur qui s’attend à des comportements violents. La raison tient au fait qu’une personne peut être perçue comme plus ou moins crédible, non pas en vertu de son comportement intrinsèquement persuasif mais parce que son comportement contraste avec les attentes stéréotypées qu’ont les gens à son égard. Burgoon, à la lecture de cet article, en vint à s’interroger sur la nature et le contenu de ces attentes. Il se demanda, notamment, si ces attentes ne concernaient pas la manière dont on anticipait la façon dont les gens sont censés user du langage en fonction non seulement de leur personnalité mais aussi de la culture à laquelle ils appartiennent. Mais, s’il existe vraiment des attentes concernant un usage différentié du langage, de quel type d’usage parle-t-on et ensuite de quoi dépendent ces 7 language expectancy theory ou LET attentes ? Du genre de la personne ? De son statut socioéconomique ? De son degré de crédibilité ? Nous apprenons, dès notre plus jeune, âge que le langage peut exprimer des choses avec une plus ou moins grande intensité8. La notion d’intensité à propos du langage fait référence à la façon dont son usage s’écarte plus ou moins de ce que l’on pourrait appeler une neutralité affective : l’intensité du substantif haine est plus forte que celui d’antipathie ou d’aversion, de l’adjectif terrifié que craintif, du verbe frapper que cogner et ainsi de suite. Un certain nombre de recherches ont montré que des messages à visée persuasive étaient plus efficaces lorsqu’on utilisait des termes de forte intensité plutôt que le contraire (Bradac & al., 1979). Cependant, on a aussi montré que cet effet pouvait dépendre de la position défendue par la source du message. Lorsque la source du message défend une position qui a les faveurs de l’audience, un langage de forte intensité accroît la crédibilité et favorise l’acceptation du message. A l’inverse, lorsque la source défend une position contraire à celle de l’audience, elle accroît plutôt la résistance. 3. 6. 2 Validation empirique Plusieurs recherches vont affiner cette conception. Burgoon & Chase (1973) par exemple utilisent deux messages séparés par un intervalle de cinq semaines dont ils font varier l’intensité du langage9. Ils font l’hypothèse : a) qu’ayant lu le premier message les sujets s’attendent à ce que le second soit de même intensité ; b) qu’ils seront davantage persuadés si l’intensité (plus forte ou plus faible) du deuxième message ne correspond pas à leur attente. Les résultats confirment ces prédictions. Il en va de même pour ceux qui ont eu un premier message d’intensité modérée ou faible suivi d’un message de forte intensité. McPeek & Edwards (1973) de leur côté, testent l’efficacité d’un message contre l’usage de la marijuana selon les caractéristiques de la source et des attentes qui en découlent en fonction des normes culturelles partagées par les sujets. Les auteurs font l’hypothèse que si un hippie et un prêtre tiennent un discours contre l’utilisation la marijuana, seul le premier aura un comportement langagier inattendu : il sera plus crédible et plus persuasif. A l’inverse, si les deux tiennent des propos favorables à son utilisation, c’est le prêtre qui sera le plus crédible selon le même principe. Les résultats confirment partiellement cette hypothèse. Elle n’est vérifiée que dans le L’enfant sait très rapidement user de façon pertinente la force avec laquelle il exprime un désir en jouant sur toute une gamme d’atténuateurs langagiers. Comme dans l’exemple suivant : maman, s’il te plait, soit gentille, je voudrai bien un bonbon vs maman, je veux un bonbon 9 En faisant varier les adverbes comme par exemple, quelque fois vs toujours, un nombre important de crimes vs astronomique ; ou les verbes, l’addiction entraîne vs contraint 8 cas du hippie et non dans celui du séminariste. Cependant, quelle que soit la source, il apparaît que si elle tient des propos qui violent l’attente des sujets, elle est perçue comme plus honnête et sincère. Enfin, Burgoon et al., (1975) initient une série de recherches visant à montrer que dans certains contextes, des messages à visées persuasives peuvent conduire les gens à anticiper des degrés variables d’intensité du langage en fonction de normes culturelles et de stéréotypes existants. Afin de vérifier cette idée, les auteurs construisent deux messages en faveur d’une condition particulière d’entrée à l’université adressés à des étudiants. Les deux messages sont identiques hormis le fait que certains verbes utilisés sont de forte ou de faible intensité. La clef de cette expérience repose sur les attentes culturelles attachées à la source du message selon que l’on est un homme ou une femme. Pour justifier leurs hypothèses, ils écrivent (p 245) : « Bem et Bem suggèrent (1970) que le processus de socialisation [. . .] a programmé les femmes de sorte qu’elles soient plus complémentaires qu’indépendantes, plus soumises que dominatrices, ayant l’esprit tourné plus vers la famille que les affaires ou que la science, que les hommes [. . . ]. Si ces stéréotypes sont corrects, alors on peut s’attendre à ce que certains comportements communicatifs des femmes soient différents des hommes ». Le fait qu’une femme encode sa pensée à l’aide de mots intenses produira un effet boomerang parce qu’ « elle prend de façon non conventionnelle et inattendue une position forte. Un homme qui utilise un langage de faible intensité, alors que l’on attend le contraire, aura de fortes chances d’être moins efficace » (Ibid, 245). Cette recherche tire son importance du fait que les attentes ne sont pas créées par l’expérimentateur mais par la société elle-même. Les hypothèses sont vérifiées. Lorsque la source du message est une femme, l’utilisation d’un langage ayant un niveau d’intensité faible est plus efficace qu’un niveau d’intensité fort ; La source masculine est plus efficace avec un niveau d’intensité fort que faible. L’ensemble de ces résultats suggère que souvent nous évaluons ou réévaluons les propos de quelqu’un selon que ce qu’il dit confirme ou viole nos attentes le concernant. 3. 7. La théorie du traitement central et périphérique10 3. 7. 1. Présentation générale Selon Aristote, persuader autrui nécessite de prendre en compte les facteurs liés à la source (ethos), au message (logos) et à l’émotion suscitée chez l’audience (pathos). Ce sont ces idées qui ont structuré les premiers travaux expérimentaux initiés par Hovland et ses collaborateurs 10 Appelé encore modèle de probabilité d’élaboration dans les années cinquante. Ces premières recherches reposaient sur une conception relativement étroite du rôle des variables dans le processus de persuasion. Selon cette conception, le rôle d’une variable ne se résumait qu’à un seul et unique effet - elle facilitait ou non l’impact persuasif - et cet effet n’impliquait qu’un seul mécanisme cognitif. Cette conception a participé largement au développement des recherches mais s’est trouvée démunie pour expliquer les résultats contradictoires de plus en plus nombreux. D’autant que l’on n’a cesser de montrer que presque toutes les variables étudiées étaient susceptibles d’influencer les attitudes dans un sens ou dans un autre selon les contextes situationnels et selon des mécanismes différents. La théorie de Petty & Cacioppo (1986) constitue une des premières tentatives pour unifier ces résultats contradictoires dans un même système explicatif. Le point central de la théorie est l’affirmation selon laquelle il existerait un continuum d’élaboration reposant sur la capacité et la motivation de l’individu à réfléchir au contenu de la communication persuasive et à l’évaluer dans le contexte de la tentative d’influence. Ce continuum d’élaboration serait borné à une extrémité par l’absence totale de pensées à propos de l’information disponible dans la situation de persuasion et à l’extrémité opposée, une élaboration complète de cette information. Lorsque le sujet est à la fois motivé et capable de réfléchir, il est enclin à examiner attentivement toutes les informations découlant du message, de la source, du contexte, de ce qu’il ressent, afin de se faire une opinion la plus juste. On dit qu’il emprunte la voie centrale. Par contre, s’il est peu motivé (son intérêt est faible) ou si ses capacités cognitives sont perturbées (si son attention est distraite) le changement d’attitude peut découler de l’activation de mécanismes cognitifs peu coûteux ; il n’accordera de l’importance qu’à des indices sans rapport avec le contenu du message. On dit qu’il emprunte la voie périphérique. Ce qu’il faut comprendre, c'est que ces deux voies ne sont pas parallèles mais sur un même continuum. 3. 7. 2. Traitement central Lorsqu'un procès cognitif de traitement central est mis en œuvre, l'individu focalise toute son attention et ses ressources cognitives sur le traitement du contenu de la communication. En même temps qu'il analyse ce contenu et l'intègre à ses connaissances préalables, il produit des pensées favorables ou non à la position défendue par la source du message selon qu’il juge les arguments utilisés valides, pertinents ou médiocres. En effet, l'approche de la communication sociale en termes de réponses cognitives fait l'hypothèse que l’effet de la communication sur l’interlocuteur sera déterminé en tout premier lieu par la nature des pensées produites par le sujet lorsqu'il anticipe ou écoute une communication persuasive (cf. Fig. 3). Insérer Figure 3 Greenwald (1968) fut le premier à rendre compte de façon explicite du rôle joué par de telles réponses internes. Pour cela, il demanda aux sujets d’inscrire toutes les pensées qui leur étaient venues à l’esprit sur une feuille de papier pendant l’écoute de la communication. Ces pensées étaient ensuite classées, par le sujet lui-même ou un juge indépendant, en trois catégories : pensées favorables ou défavorables ou neutre. Les résultats montrèrent que ces réponses déterminaient la nature des modifications des attitudes et de leur contenu cognitif : • L’efficacité du message est d’autant plus importante que le message incite le sujet à élaborer des pensées et/ou arguments favorables • Plus ces pensées sont nombreuses plus le changement d’attitude sera importante • Plus le sujet élabore des pensées défavorables plus la résistance sera grande. De nombreuses recherches ont confirmé cette conception selon laquelle lorsque le sujet active un traitement central de l’information, l’importance du changement d'attitude dépend de la valence et du nombre de pensées élaborées vis-à-vis du message. Les expériences sur l’effet de la distraction constituent un bon paradigme pour mettre en évidence ce mécanisme. Par exemple, Festinger et Maccoby (1964) distraient l'attention des sujets pendant l'écoute d’une communication. Conformément à l’hypothèse selon laquelle la distraction aurait pour effet d'empêcher ou de freiner toute activité cognitive de contreargumentation de la part du sujet. Les résultats montrent que la distraction facilite la persuasion. Selon Petty & al., (1976) la distraction aurait un effet bien plus spécifique : elle n’inhiberait que les réponses cognitives dominantes suscitées par le contenu du message. Elle augmenterait donc la résistance à la persuasion dans le cas où le message entraînerait naturellement des pensées favorables de la part du sujet et augmenterait l'efficacité de la persuasion dans le cas inverse. Les auteurs vérifient cette hypothèse : lorsqu’on administre aux sujets un message contenant des arguments faibles et/ou non-pertinents, donc des messages censés provoquer la production prédominante de pensées défavorables, une forte distraction a pour effet d'inhiber ces réponses et, conséquemment, d'augmenter l'efficacité persuasive du message. A l'opposé, quand on administre aux sujets un message avec des arguments forts, donc censé provoquer des réponses dominantes favorables, une forte distraction inhibe la production de ces réponses et, conséquemment, diminue l'efficacité du message (cf. Figure 4). Insérer ici Figure 4 On doit insister sur le fait que si ces réponses cognitives médiatisent l'impact de la communication sur les attitudes, deux conditions au moins doivent être remplies pour que le sujet s'engage dans ce processus de traitement central : • qu'il soit motivé et • qu'il ait les capacités cognitives suffisantes pour traiter le contenu de la communication. Le traitement central des messages persuasifs est probablement le plus souvent un procès sous contrôle du sujet, car il requiert son attention et des efforts soutenus pour traiter le maximum d'informations. 3. 7. 3. Le traitement périphérique A l'opposé, le processus de traitement périphérique repose sur l'idée que souvent, nous agissons sans vraiment faire attention à l'ensemble des informations de notre environnement. Il nous arrive souvent d’effectuer une correspondance dans le métro sans véritablement prêter attention au trajet qui nous mène d’un quai à un autre - si le trajet est habituel. Dans notre environnement social, nous sommes soumis sans cesse à des communications et nous n'avons pas toujours les ressources cognitives nécessaires, ni la motivation pour prendre en compte de façon exhaustive l'ensemble de ces tentatives, ni la possibilité de les ignorer totalement. Dans certains cas, l'application d'une structure de savoirs (structure cognitive) à une situation ou à un événement suffit à en fournir une connaissance, ou une lecture, acceptable, sans avoir à traiter véritablement toute l’information. Une expérience de Langer & al., (1978) nous permettra d’illustrer ce propos. L’expérimentateur attendait que se forme une file d’attente devant la photocopieuse pour doubler tous les étudiants qui faisaient la queue. Selon les conditions expérimentales, pour que les étudiants acceptent de céder leur tour, il formulait l’une des trois requêtes suivantes : 1 : excusez moi, j'ai X photocopies à faire, puis je utiliser la photocopieuse ? 2 : excusez moi, j'ai X photocopies à faire, puis je utiliser la photocopieuse car je suis très pressé ? 3 : excusez moi, j'ai X photocopies à faire, puis je utiliser la photocopieuse car je dois faire des photocopies ? On remarquera que la première requête n’est suivie d’aucune justification, que les requêtes 2 et 3 sont toutes deux suivies d’une justification pertinente pour la première, et non pertinente pour la seconde. Les résultats montrent que lorsque la requête était : - peu coûteuse (5 photocopies) : a) les requêtes 2 et 3 produisaient autant d'acceptation (93 %), b) ces deux requêtes étaient plus efficaces que la première sans justification. - coûteuse (20 photocopies) seule la requête avec justification pertinente (2) était efficace. Ces résultats peuvent s’expliquer par le fait que, dans le cours normal de la vie sociale, nous décryptons, en général, les situations sociales en vérifiant que le cours des choses est conforme à ce qu'il doit être, c’est à dire que les événements se déroulent selon le scénario dons nous avons l’habitude. Dans la situation que nous venons de décrire, le script que les sujets ont dans la tête est simple : une requête implique normativement une demande ET une justification. Lorsque la requête n'est pas très importante, les sujets vont s'assurer que le déroulement du script est respecté du point de vue de la forme, sans se préoccuper du contenu. C’est pourquoi, dans la requête (3), bien que la justification avancée (je dois faire des photocopies) ne soit pas valide, sa forme syntaxique obéissant au script habituel d’une requête suffit à satisfaire les sujets. Ce fonctionnement cognitif n'est pas aberrant : le sujet se contente de vérifier que certaines règles de succession d'événements sous-tendus par les scripts sont respectées. Il évite ainsi tout recours, lorsque cela n’est pas nécessaire, à des activités cognitives plus complexes et, plus particulièrement, à toute activité d'inférence coûteuse en énergie cognitive. Par contre, dans le cas de la requête coûteuse, le sujet ne se satisfait pas d’un examen superficiel de la communication visant à valider la bonne forme du script, il active, au contraire, un processus de traitement central du contenu. Lorsque le sujet n’est pas motivé à activer un traitement central, il dispose d’autres indices que le contenu lui-même pour décider s’il accepte ou non le message. Ces indices périphériques, sorte de raccourcis mentaux, sont nombreux. Par exemple, si la source d’un message est un top modèle, son physique attractif peut constituer un indice périphérique pour le sujet et le conduire à penser : elle (il) est vraiment belle (beau), je pense que je devrais être d’accord avec elle (lui). De même, si un message contient de nombreux arguments, cet indice périphérique peut conduire le sujet à penser qu’un tel message est probablement très sérieux. Tout se passe comme si le sujet utilisait une règle selon laquelle, toute chose étant égale par ailleurs, un message utilisant beaucoup d’arguments a plus de chance d’être vrai que celui qui en utilise peu. On le voit, nous pouvons selon les situations évaluer la validité d'un message persuasif en appliquant de simples règles pragmatiques (ou heuristiques), sans tenir compte du contenu sémantique pour évaluer la validité d’une information. De telles règles découlent directement d'une base de connaissances acquises à travers des nombreuses interactions qui constituent la vie sociale de tout individu. Pour mémoire, on pourra donner quelques exemples de règles heuristiques : - Les experts ne mentent pas et disent la vérité - La majorité a souvent raison - Les gens beaux sont généralement bons - Quelqu’un de sincère dit la vérité - En général je suis d’accord avec les gens que j’aime - Je crois à ce que disent les gens en qui j’ai confiance - Les statistiques ne mentent pas - Un long message est plus valide qu’un message court - Un message qui tient compte des arguments adverses est plus objectif qu’un message monolithique Lorsque les savoirs préalables à propos du thème communiqué ou quand les conséquences personnelles qui en découlent ne sont pas claires, les gens peuvent ne pas être sûres de savoir si le message vaut le coup d’être traité ou s’ils en ont la capacité. Dans ce cas, ce sont les caractéristiques des indices périphériques qui permettront à la personne de décider si le traitement central est justifié ou non. Une recherche menée par Petty, et al., (1993) sur le rôle de l’humeur dans le traitement de l’information montre, par exemple, que cette variable peut agir différemment selon les différents niveaux de probabilité d’élaboration : • Lorsque le niveau de probabilité d’élaboration est faible, les résultats montrent que l’humeur positive fonctionne comme une heuristique et agit directement sur l’attitude. • Lorsque le niveau est intermédiaire, elle réduire le niveau global du processus de traitement et, • Lorsque le niveau est élevé elle a un effet sur l’attitude en déclenchant un processus de pensées important à propos du message. Enfin, on doit noter que selon que les attitudes se forment à la suite d’un traitement de l’information central ou périphérique elles acquièrent des propriétés différentes. Dans le premier cas elles sont plus stables dans le temps, plus prédictibles des comportements et manifestent une plus grande résistante aux tentatives de changement que celles construites à partir du traitement périphérique. 4. Communication et Résistance Dans certains cas le but de la communication ne consiste pas à vaincre les résistances au changement mais au contraire à créer des attitudes susceptibles de résister à une éventuelle tentative de changement. 4. 1. La théorie de l'inoculation 4. 1. 2. Introduction L’origine de cette théorie est double. Elle repose, d’une part, sur les résultats obtenus par Lumsdaine et Janis (1953) dans une expérience dont l’objectif était de comparer l’efficacité relative de deux stratégies discursives, unilatérale - ne contenant que des arguments en faveur de la position défendue - et bilatérale, contenant ces mêmes arguments auxquels s’ajoutaient des arguments opposés avec leur réfutation. Une semaine après avoir écouté un premier message unilatéral ou bilatéral, la moitié des sujets de chacun des groupes était la cible d’une attaque persuasive constituée d’un discours opposé au premier, et réfutant chacun des points principaux. Les résultats mettaient en évidence que le discours bilatéral augmentait la résistance des sujets à l’attaque persuasive ultérieure. Pour les auteurs cette résistance ne pouvait s’expliquer que parce qu’ils avaient été protégés par une sorte d’inoculation. D’autre part, il faut rappeler qu’à cette époque une guerre opposait les États Unis à la Corée et qu’un fait marquant inquiétait fortement les membres du gouvernement. Une fois fait prisonniers, les soldats opposaient une faible résistance idéologique à la propagande ennemie. Pourquoi ? Une première réponse fut de dire que la facilité avec laquelle les soldats avaient été endoctrinés tenait au fait qu’ils avaient reçu une préparation idéologique insuffisante. Par conséquent, pour y remédier, pensait-on, il suffisait de revoir le contenu de l'instruction civique donnée au soldat avant de partir au front et de leur faire subir un endoctrinement adéquat. 4. 1. 3. Le concept d’inoculation McGuire (1962) proposa une autre explication. La vulnérabilité des croyances des soldats faits prisonniers concernant des valeurs telles que la démocratie, la liberté, le capitalisme s’expliquait par le fait qu’elles étaient des truismes culturels11. Il se trouve que les attitudes à l’égard de ces valeurs sont surprotégées, car rarement attaquées. C’est la raison pour laquelle, McGuire pensa qu’il était plus efficace pour immuniser les croyances, de présenter les arguments de l'ennemi plutôt que d’utiliser uniquement des arguments pro-américains. Cette analyse repose sur une analogie prise dans le domaine de la santé. Il y a deux façons de renforcer la résistance d’un organisme à l’attaque d’un virus. On peut utiliser une thérapie de soutien qui consiste à prescrire une alimentation saine, des exercices physiques pour maintenir la forme, et pourquoi pas des vitamines. Mais on peut aussi, pour le protéger, 11 Un truisme est une croyance qui - dans une culture, un environnement social donné - n'a pratiquement jamais été attaquée. Cette croyance est alors admise de façon si unanime qu'il est peu probable que les gens s'attendent à la voir remise en cause. Et si elles sont fragiles, c'est justement parce que les gens les croient indiscutables. De plus, étant partagées de façon majoritaire, peu de gens ont eu l'occasion d'avoir à les défendre faute d'attaques, d’autant que personne n'est motivée à rechercher de lui-même ce qui pourrait remettre en cause ses croyances. stimuler ses défenses contre l'attaque ultérieure du virus en lui inoculant préalablement une faible dose de ce même virus, dont la virulence aura été préalablement atténuée. Ainsi, si l’on file la métaphore, on peut dire que de la même façon qu'il est possible de stimuler les défenses de l'organisme contre l'attaque ultérieure d'un virus en le lui inoculant préalablement sous une forme atténuée, il est possible de stimuler les défenses attitudinelles de l'organisme en lui inoculant une forme atténuée des arguments contre-attitudinels (le virus) qu'il est susceptible de rencontrer dans le futur. De même, concernant la thérapie de soutien, on peut de façon analogique donner à l'individu des arguments (vitamines) en faveur de la croyance afin de mieux résister à la contre-propagande. Si cette analogie biologique est appropriée au champ de la persuasion, on peut alors faire l'hypothèse que la défense par inoculation devrait constituer une stratégie plus efficace à instaurer une résistance à la persuasion qu'une stratégie dite de soutien. Pour valider cette conception, McGuire conduisit une série d’expérimentations construites sur un même paradigme expérimental. Ce paradigme comprend toujours, une première phase préparatoire au cours de laquelle on présente au sujet, soit des arguments qui renforcent le truisme, c’est la défense par soutien ; soit des arguments opposés au truisme suivis de leur réfutation, c’est la défense par réfutation. C’est phase est censée permettre au sujet de mettre en place des défenses cognitives. Puis, à l'issue d'un intervalle de temps variable selon les expériences, suit une deuxième phase dite phase d'attaque : la croyance est alors soumise à une attaque en règle. Un questionnaire d'opinion administré à la fin de la deuxième phase permet de mesurer le changement intervenu. Afin de comparer l'efficacité relative de ces deux types de défense (soutien vs réfutation). McGuire et Papageorgis (1961) font écouter à tous les sujets quatre truismes du genre : chacun devrait se laver les dents après chaque repas si cela était possible. Sur les quatre truismes, deux ont servi de contrôle : l’un n’a été ni défendu ni attaqué, l’autre attaqué mais non défendu. Le troisième recevait une défense par soutien. Les sujets lisaient un texte comprenant des arguments du genre : se laver les dents améliore leur aspect et élimine les bactéries responsables des caries. Enfin, le quatrième, recevait une défense par réfutation. Les sujets lisaient un texte contenant des arguments faibles contre le truisme suivi d'autres réfutant les premiers. Deux jours plus tard les trois truismes (celui qui n’est pas défendu12 et les deux autres défendus par soutien et par réfutation) font l’objet d’une attaque persuasive. Les résultats mettent en évidence : a) qu'une défense par soutien ou par réfutation est plus efficace que pas de défense du tout et b) qu'une défense par réfutation est plus efficace qu'une défense par soutien. 12 Mais attaqué 4. 1. 4. Processus responsables de la résistance McGuire (1962) fait l’hypothèse que le fait de voir sa croyance menacée joue un rôle capital dans l’émergence de la résistance. L’existence d’arguments contre-attitudinels dans la défense par réfutation constitue un véritable choc pour le sujet, elle lui fait prendre conscience de la vulnérabilité de sa croyance. Cette prise de conscience le motive alors à construire des défenses cognitives l'immunisant ensuite contre l'attaque persuasive. Mais qu’en est-il si l’attaque persuasive utilise des arguments différents de ceux utilisés dans la défense par réfutation ? Pour que l’inoculation soit vraiment efficace, il faudrait faire l’hypothèse que l'accroissement de la résistance à la persuasion soit indépendant du type de réfutation utilisé. Pour le vérifier, McGuire (1962) utilise deux sortes d’attaque, l’une qui utilise des arguments semblables à ceux utilisés dans la défense et l’autre, des arguments totalement nouveaux. Les résultats confirment l’hypothèse. La défense par réfutation immunise les sujets quelle que soit l’attaque utilisée. Il en conclut que c’est la menace intrinsèque, attachée au contenu des arguments, qui constitue le vrai catalyseur de la résistance à la persuasion. Les résultats de l’expérience de McGuire & Papageorgis (1961) modulent cependant cette affirmation. La mise en évidence du rôle essentiel de la menace pour les croyances ne constitue qu’une moitié d’explication de l’effet de l’inoculation. Il reste à comprendre encore la nature des mécanismes qu’elle déclenche. L’effet de l’inoculation repose sur un mécanisme à double détente. La menace implicite contenue dans la défense par réfutation crée la motivation à protéger ses croyances qui à son tour pousse le sujet à engranger les processus cognitifs nécessaires pour l’immuniser contre l’attaque. En effet, le contenu de la défense par réfutation, qui constitue une contre-argumentation explicite, fournit au sujet non seulement des arguments susceptibles de renforcer son attitude, mais aussi un guide, une sorte de script utile pour produire lui même ses propres arguments. C’est bien parce que le sujet est motivé à élaborer ses propres défenses cognitives sur la base du contenu et du modèle de contreargumentation qui lui sont proposés dans la phase de protection qu’il est capable de résister à des attaques moins spécifiques et non prévues. Il faut noter que les premiers travaux sur l’inoculation se limitaient aux seules croyances qui étaient des truismes culturels, c'est-à-dire, si l’on conserve la métaphore biologique, qui n’avaient jamais été contaminées par des attaques persuasives. Pendant un temps on a cru que son champ d’application se restreignait aux seules croyances non controversées. Depuis on a montré de façon systématique que l’inoculation pouvait conférer une résistance à tout un ensemble de croyances qu’elles soient ou non controversées (Pfau, 1997) 3. 1. 5. Recherches récentes. Modalité de la communication Jusque dans les années 90, toutes les recherches dans le cadre de la théorie de l'inoculation ont utilisé un support papier partant du principe que le medium avait peu d’effet sur le contenu. Ce n’est que récemment que l’on a commencé à envisager le problème d’une autre façon et à utiliser d’autres supports, notamment la vidéo. Holbert et Stephenson (2003) ont étudié l’efficacité relative de deux supports écrit/vidéo sur le processus de résistance. De nombreuses recherches avaient montré que les communications écrites déclenchaient plus facilement des traitements actifs de l’information que ne le faisait la vidéo considérée comme un médium passif (Chaiken & Eagly, 1983 ; Petty & Cacioppo, 1986). A partir de ces résultats, on peut avancer l’hypothèse que le traitement de l’inoculation administré par écrit devrait déclencher des processus cognitifs plus actifs que celui administré par vidéo, donc produire plus de contre-arguments, et donc in fine conférer une résistance plus importante. Contrairement aux prédictions, l’inoculation par vidéo est aussi efficace que celle par écrit et produit plus de contre-arguments. Mais le plus intéressant, c’est que les processus responsables de la résistance sont différents selon la modalité utilisée. Le traitement par écrit nécessite plusieurs jours pour qu’il soit efficace et se dilue dans le temps alors que l’efficacité du traitement vidéo est immédiate et durable, et dépend plus des caractéristiques de la source que du contenu de la communication. Le rôle de l’émotion Jusqu’à une date récente, l’explication de l’immunisation reposait exclusivement sur la nature des processus cognitifs mis en jeux par le traitement. Lee & Pfau (1997) introduisirent les premiers la dimension affective dans la théorie. Ils comparent l’efficacité relative des traitements utilisant des messages ayant un contenu cognitif versus émotionnel sur la résistance induite. Le contenu cognitif était constitué de faits et d’arguments rationnels, le contenu émotionnel d’anecdotes, de métaphores, et de stéréotypes supposés susciter des sentiments positifs ou négatifs. Les auteurs prédisent a) que le traitement cognitif sera plus efficace que le traitement émotionnel parce qu’il déclenche un processus cognitif plus actif ; b) que le traitement suscitant une émotion négative sera plus efficace que celui qui suscite une émotion positive, parce qu’un état émotionnel négatif motive les gens à scruter d’avantage les informations tandis qu’un état émotionnel positif déclenche le plus souvent un traitement périphérique de l’information (Bohner & al., 1991). Les résultats confirment globalement les hypothèses, avec toutefois quelques différences si l’on tient compte de la nature de l’attaque. Le traitement cognitif immunise les sujets contre des attaques cognitive et/ émotionnelle positives mais pas contre une attaque suscitant une émotion négative. Les traitements faisant appel à l’émotion positive ou négative sont aussi efficaces mais seulement contre des attaques cognitives. Un grand nombre de travaux confirment le rôle joué par l’émotion dans la mise en place de la résistance au changement (Cf., Compton & Pfau, 2005 pour une revue de question) L’implication L’implication se définit par l’importance ou la saillance que revêt l’objet attitudinel pour l’individu. Contrairement à l’explication couramment admise selon laquelle la menace motive directement la production de contre-arguments, Pfau et al., (1997) observent que seule l’implication à un effet direct sur ce processus. Ce qui les amène à penser qu’une forte implication constitue une condition préliminaire à la réussite de l’inoculation. Cela veut dire que lorsque la personne prend conscience de la vulnérabilité de sa croyance, son niveau d’implication doit être suffisant, mais pas trop, pour qu’elle soit suffisamment motivée pour s’engager dans un processus de contre-argumentation implicite. Pas trop, car si son implication est très élevée, il est probable qu’elle aura déjà pris conscience de la vulnérabilité de sa croyance et pris ses disposition pour la protéger. Dans ces conditions, on comprend qu’une défense par réfutation ne peut motiver davantage la personne qu’elle ne l’est déjà ou déclencher un processus de contre-argumentation supplémentaire. Pfau & Al., (2004) confirment le rôle de l’implication comme l’élément moteur de la résistance et mettent en évidence l’existence a) d’une synergie entre les deux variables : dès que la menace est perçue le niveau d’implication augmente, b) d’un lien direct entre niveau d’implication et contreargumentation. Pour conclure on peut dire que ce sont la menace et l’implication qui ensemble concourent à mettre en place les éléments de protection de la croyance et donc à augmenter la résistance. 5. 2. Théorie de la mise en garde Savoir que quelqu’un va vous demander quelque chose ou tenter de vous influencer est en général utile pour préparer sa réponse et résister si cela était nécessaire à la requête ou à la tentative d’influence. Ce phénomène de résistance consécutif à une mise en garde s’inscrit dans une longue lignée de recherches mais aussi de pratiques empiriques. N’oublions pas que l’objectif principal des campagnes d’information sur la santé consiste à mettre en garde les gens contre certains risques, afin de les motiver à se protéger en évitant des comportements risqués pour leur santé. L’avertissement, en mettant la personne sur la défensive, peut avoir une variété d’effets sur ses pensées à propos de l’attitude et du comportement dont elle anticipe la sollicitation. On peut prêter attention à toute information cohérente avec son attitude, encoder de façon sélective ou récupérer des informations pertinentes, contre-argumenter le contenu du message anticipé (si l’objet de l’attaque est connu) et renforcer ses attitudes et croyances existantes (Eagly, chen, & al., 1999). Une autre forme de résistance peut émerger quand l’avertissement induit une réactance13 parce qu’il nous apparaît comme limitant notre liberté de maintenir nos attitudes (Brehm, 1966 ; Hass & Grady, 1975). Le fait que la mise en garde entraîne la résistance au changement est largement attesté par la synthèse effectuée par Benoit (1998). Quel est le mécanisme responsable de cette résistance ? Pour le mettre en évidence de nombreuses recherches ont, pendant le délai qui sépare la mise en garde de la délivrance du message, demander aux sujets d’exécuter des taches mobilisant leurs ressources cognitives (résolution de problèmes mathématiques ou verbaux). Cette méthodologie a permis de montrer que la résistance consécutive à la mise en garde était bien le résultat d’un processus cognitif d’élaboration de pensées activé pendant le délai séparant l’attaque de l’avertissement. En effet, on peut faire l’hypothèse que si on distrait les sujets avec des tâches de résolution de problème pendant le délai, ils seront incapables d’utiliser parallèlement d’autres ressources cognitives pour mobiliser leurs arguments, contre argumenter de façon préventive et donc se préparer à l’attaque. On peut alors prédire que si cette explication est valide, ils ne seront pas plus résistants que le groupe contrôle sans mise en garde (Eagly & Chaiken, 1993) ; ce qui fut vérifié. D’autres expériences ont fait varier seulement le délai de la mise en garde. En effet, si on garde la même hypothèse explicative, on peut penser que le processus consistant à mobiliser, récapituler, rendre accessibles et disponibles toutes les informations stockées dans sa mémoire permettant de résister ultérieurement nécessite du temps, fut-il très court. Donc on peut prédire que plus le délai sera important plus les sujets pourront se consacrer à leur défense et donc plus ils seront résistants. Les résultats observés sont plutôt contradictoires. Seules trois expériences vérifient cette prédiction (Freedman et Sears, 1965 ; Hass & Grady, 13 Selon la théorie de la réactance (Brehm, 1966), les gens détestent voir leur liberté menacée et préfère dans un contexte d’influence défendre leur position ou prendre une position contraire 1975 ; Petty & Cacioppo, 1977). Elles ont en commun que les attaques persuasives portent sur des thèmes très impliquant pour les sujets. On peut conclure que quoique le délai entre la mise en garde et l’attaque persuasive donne l’opportunité aux sujets d’établir des défenses cognitives, cette opportunité a relativement peu d’effet si les sujets ne sont pas motivés à défendre l’objet attaqué. On a montré également qu’augmenter la résistance de l’attitude en utilisant cette technique avait pour effet de rendre l’attitude du sujet relativement plus forte, plus durable, plus prédictive du comportement futur et plus résistante à une future tentative d’influence. Certains auteurs comme McGuire et Millman (1965) ont montré cependant que la mise en garde ne produisait pas systématiquement une résistance au message. Quand elle menace, par exemple, l’identité de la personne ou son estime de soi, elle peut produire, au contraire, un changement d’attitude anticipé en faveur du message. Les auteurs expliquent ce résultat par le fait que la mise en garde peut rendre certaines personnes inquiètes à l’idée d’être persuadées par le message. La meilleure stratégie pour préserver son estime de soi consiste alors à changer d’attitude préventivement afin de minimiser l’impact du message. Ce changement anticipé est d’autant plus important que la source est experte ou a la réputation d’être très persuasive, ces caractéristiques accentuent la croyance que l’on sera influencé. Ce schéma de changement d’attitude anticipé semble constituer une réponse relativement superficielle, produite avec un minimum de réponses cognitives. Il est plausible que le changement d'attitude, ici, soit le résultat d’un traitement heuristique. Les participants sélectionnent la règle - par exemple : les experts doivent avoir raison - qui satisfait au mieux leur désir de maintenir, sur l’instant, une perception de soi positive. Il est aussi probable que les sujets sont inconscients du fait que l’application d’une telle règle produit un changement d'attitude. D’autres recherches comme celles de Cialdini et al (1973) confirment de manière indirecte que ce changement d’attitude ne repose pas sur un traitement central. Parce que, lorsqu’on dit au sujet que l’attaque persuasive n’aura pas lieu, le changement d'attitude anticipé disparaît et son attitude reprend sa valeur initiale. Ce changement d'attitude anticipé constitue donc un changement élastique, temporaire et n’apparaît que dans des situations où les sujets anticipent une communication à visée persuasive. Cette réponse élastique correspond à une motivation de défense et non à un véritable changement d’attitude. 4.3 La résistance comme résultat ou comme processus Nous aimerions revenir sur un point déjà évoqué en introduction. Dans les expériences sur le changement d’attitude, la persuasion aussi bien que la résistance est mesurée en fonction du changement d’attitude. C'est-à-dire, qu’elles sont estimées en mesurant sur une échelle l’écart existant entre la position initiale du sujet et la position finale consécutive à l’attaque persuasive. C’est donc la quantité de changement mesurée qui sert d’indicateur de l’efficacité de la tentative de persuasion. Cela étant établi, une question se pose. A partir de quand un écart observé traduit un changement d’attitude ou une résistance au changement ? Avant de répondre, il nous faut préciser un point. On distingue deux types de changement d'attitudes selon la nature de la modification observée sur l’échelle de mesure : un changement congruent et incongruent. Le changement d’attitude congruent est un changement qui maintient la polarité de l’attitude : l’attitude initiale du sujet est contre (ou pour), son attitude finale devient plus ou moins contre (ou pour) ; le changement d’attitude incongruent, quant à lui, modifie la polarité de l’attitude, le sujet initialement contre, devient pour et vice et versa. Dans le premier cas, on obtient une modification de l’intensité sans changement de polarité dans les second cas les deux simultanément (cf. Figure5) Insérer ici figure 5 Dans la grande majorité des expériences sur la persuasion, on observe un mouvement vers la position défendue par le message mais sans que l’attitude ne change de polarité14. Le fait que les sujets ne soient pas entièrement d’accord avec le message peut laisser supposer l’existence de forces qui s’opposent au changement. Si bien que l’on peut considérer que les changements d’attitude obtenus (mouvement vers la position défendue) sont, certes, le résultat d’une persuasion, mais aussi d’une résistance (absence de mouvement vers la position). On peut alors penser que persuasion et résistance constituent les deux versants d’une même réalité. Le fait que le changement d'attitude puisse se traduire soit comme une quantité de changement ou une quantité de résistance, devrait conduire à se poser des questions conceptuelles de même nature pour les deux processus. Expliquer pourquoi un sujet résiste à une tentative d’influence n’est pas simple. Les deux théories qui viennent d’être exposées, mais ce ne sont pas les seules15, envisagent la résistance à la persuasion comme le résultat d’un processus de pensée dont l’objet consiste à opposer des contre arguments au message persuasif. Mais, nous disposons d’autres stratégies pour résister : nous pouvons renforcer notre attitude en récapitulant tous les informations que nous avons en mémoire en faveur de notre position (Zanna & Ross, 1988d) ; utiliser de règles heuristiques ad hoc ; dénigrer la 14 Il est assez rare que dans une expérience en laboratoire des sujets initialement contre deviennent pour (ou l’inverse) à moins que leur attitude se situe dans la zone centrale de l’échelle. 15 On a vu également le rôle joué par ce processus de pensée sur l’efficacité de la persuasion d le cadre de la théorie du traitement central et périphérique. source du message (Zuwerink & Devine, 1966) ou encore élaborer des sentiments négatifs en se mettant, par exemple, en colère. La résistance peut être aussi le résultat de réponses émotionnelles non contrôlées provoquées par le message fonctionnant comme un signal négatif de désaccord avec le message. Comprendre les processus qui sous-tendent les mécanismes de résistance devrait permettre de comprendre comment former des attitudes plus résistantes dans des domaines où la communication est d’une importance cruciale comme celui de la santé, de l’éducation, de la religion, de la politique, de l’éthique. Nous le voyons, le mécanisme de résistance implique une variété de processus cognitifs impliquant plus ou moins des processus de pensée aussi bien que des réactions émotionnelles. A un niveau général, ces mécanismes ne sont pas seulement responsables de la résistance au changement mais participent de la même façon au processus de persuasion. Bibliographie Abelson, R. (1972). An attitudes necessary ? In: King, B.T., McGinnies, E. (eds). Attitudes conflict, and social change. New York : Academic Press. Ajzen, I. (1988). Attitudes, personality, and behavior. Chicago: Dorsey. Ajzen, I., Fishbein, M. (1980). 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Index thématique Contrôle de la peur, 17, 19, 20 Contrôle du danger 16, Inoculation 8, 03, 31, 32, 33, 34 Crédibilité de la source 9, 10, 1, 12, Continuum d’élaboration 27 Réponses cognitives 10, 26, 27, 36 Index Auteurs Ajzen, I., 21, Burgoon, M., 23, 40, Cacioppo, J. T., 9, 25, Fishbein, M., 21, Hovland, C.I., 7, 25 Infante, D. A., 13, 14 Janis, I.L., 6, 8, 16, 30, Leventhal, H., 17, 19 Lumsdaine, A. A., 8, 30, McGinnies, E., 9, 11, McGuire, W. J., 31, 32, 36 Petty, R. E., 9, 10, 25, 26, 29, 33, 36 Rancer, A. S., 13, 14, 15 Rogers, R. W., 16, 17, 18 Ward, C. D., 9, 11, White, K., 19, Figures à insérer dans le Texte Gravité de la menace Vulnérabilité Perçue Efficacité du comportement Les intentions comportementales Comportements Auto-efficacité Figure 1. Modèle de la motivation à la protection. D’après Rogers (1983) MISE EN SCENE DISCURSIVE DE LA STRATEGIE PERSUASIVE o Gravité o Efficacité des recommandations o Vulnérabilité o Auto-efficacité TRAITEMENT DU CONTENU DE LA COMMUNICATION Évaluation de l’efficacité perçue : • Auto efficacité • Efficacité des recommandations Évaluation de la menace perçue : • Gravité • Vulnérabilité RESULTAT Motivation à la protection Acceptation du message Contrôle du Danger Peur Contrôle de la peur Motivation à la défense Aucune menace perçue Aucune réponse Perception liée aux différences individuelle Figure 2. Modèle étendu des réponses parallèles. D’après WITTE (1994) Refus du message Objet de la communication SUJET CONTENU Arguments forts Traitement Central Motivation Implication Arguments faibles Pensées Résistance Défavorables Persuasion Favorables Figure 3. Motivation et traitement central Réponses cognitives défavorables Arguments faibles DISTRACTION Inhibe Réponses cognitives favorables Arguments forts Résistance Persuasion Figure 4. Effet de la distraction sur la persuasion Attitude initiale = A0 Attitude finale = A1 Changement congruent = A’1 Changement incongruent A0 A1 Milieu de l’échelle A’1 Position défendue par le message Pour Contre Persuasion Résistance Figure 5.