LE MAGAZINE DE L’HÔPITAL GÉRIATRIQUE LES MAGNOLIAS HPGM N°15 Journal le Les Magnolias DÉCEMBRE 2012 POUR LA GÉRIATRIE La télémédecine, c’est maintenant Comment ça marche ? P. 5 Mieux assurer la fonction hôtelière Une journée avec P. 12 L’équipe des diététiciennes Méthode humanitude® L’hôpital site pilote P. 10 P. 16 Paroles croisées de soignantes et de familles L’innovation toujours Le progrès sans cesse Travailler ensemble Une première expérience de télémédecine prometteuse Depuis 2011, l’hôpital a pris en charge un projet de télémédecine qui garantit une prise en charge continue des personnes accueillies dans les Ehpad du territoire. Réaction des deux partenaires pilotes : on continue ! ’Ehpad dirigé par Annie Beausse est si- 24 heures sur 24. Si l’aide soignante de nuit, tué dans une région mal pourvue en per- une infirmière présente un jour férié, un dimanence de soins. Or il est impératif, manche sont inquiètes pour un patient, elles appellent la plateforme. Le médecin pour l’établissement, d’obtenir une peut, à distance, prendre la tension. réponse médicale la nuit, les jours Il observe les antécédents du patient, fériés et les fins de semaine comme les traitements en cours et rappelle. les jours de semaine avec les méde- Ce système cins libéraux du secteur. Jusqu’à la est une sécurité S’il faut hospitaliser, il prévient les urgences et le service de l’hôpital mise en place de la télémédecine, évidente pour va accueillir le malade, ce qui face à des situations qui ne releles patients… qui permet au soignant de rester à son vaient pas forcément de l’urgence, les soignants n’avaient pas d’autre solution chevet. Un de nos résidents était en hypoque d’appeler le Samu, les pompiers ou de pas- glycémie. Quand le Samu est arrivé, informé ser par la gendarmerie pour réquisitionner un par la plateforme, il disposait de tous les éléments. Au retour de la personne, la télémémédecin. Aujourd’hui, tout a changé et Mme Beausse decine garantit un suivi. Ce système est une est satisfaite : « Avec l’accord des résidents sécurité évidente pour les patients et réassure et du Conseil de la vie sociale, nous transmet- le personnel. » tons les dossiers des résidents régulièrement Sur les 38 appels passés entre janvier et juillet, réactualisés à la société de télémédecine H2AD, 23 ont donné lieu à une hospitalisation (dont 13 une plateforme de télésurveillance médicalisée pour moins de 24 heures), 8 ont été évitées. © D.R. À NOTRE DAME DE L’ESPÉRANCE, ON SOUHAITE DES PROLONGATIONS L Annie Beausse, Directrice de l’Ehpad Notre Dame de l’espérance. • Notre Dame de l’Espérance 1, boulevard du Maréchal Joffre, 91400 Milly-la-Forêt Tél. : 01 64 98 10 00 © D.R. À LA GENTILHOMMIÈRE, CHACUN SE SAIT EN SÉCURITÉ ise en place à la mi-novembre 2010, de la télémédecine. Le médecin à distance a la télémédecine n’a d’abord pas été répondu et pris les dispositions par rapport à très utilisée. Les soignants étaient l’état du malade. Du coup, les soignants ont pu frileux devant cette chose inconnue et loin- rester auprès de lui. Et le lendemain, le médecin a rappelé pour prendre des nouvelles. taine puisqu’implantée à SaintLes soignants ont compris qu’il s’imÉtienne. Y envoyer les dossiers des pliquait et apprécié ce suivi. Depuis, patients avec leurs antécédents, leurs traitements, par fax, était in- La télémédecine la télémédecine est devenue un outil indispensable. En cas de chute un diquiétant. Les soignants présents aumanche, de malaise la nuit, en l’abprès du résident et le médecin de la est devenue sence de médecin, on n’appelle plus plateforme n’étaient pas toujours un outil d’accord, les uns désirant une hos- indispensable… le Samu mais la plateforme et tout le monde est en sécurité, résidents et pitalisation, l’autre la repoussant. Évelyne Gaussens a organisé une réunion en soignants. » mettant l’accent sur la sécurité les nuits, les Entre mai et décembre 2011, sur 42 appels, fins de semaine et les jours fériés, lorsque les 55 % d’hospitalisations injustifiées ont été évimédecins sont indisponibles. Elle a rappelé tées. Les résidents sont assurés d’avoir un que le logiciel d’H2AD était entièrement sé- médecin disponible 24 heures sur 24, 7 jours curisé. M. Rocagel, cadre infirmier, raconte la sur 7, leurs familles rassurées et les soignants suite. « Un week-end, l’infirmière a eu besoin travaillent en toute sécurité. M M. Éric Rocagel, cadre infirmier à la Gentilhommière. • La Gentilhommière 11, rue du Gord, 91800 Boussy-Saint-Antoine Tél.: 0169006720 2 L’Agence régionale de santé a décidé de prolonger cette expérimentation sur trois ans et de l’étendre à quatre Ehpad, par le projet “TMG 91” (voir p. 6 à 9). Journal Les Magnolias N° 15 - Décembre 2012 Pour tout vous dire L’hôpital hors les murs A Évelyne Gaussens Directrice générale de l’HPGM. Le pilotage du parcours de santé et de vie de la personne âgée doit être visible pour le citoyen” * Maison pour l’autonomie et l’intégration des malades Alzheimer et des personnes âgées en perte d’autonomie Journal le Les Magnolias vec ses deux projets phares compétents ayant tous une culture pour 2013 – la télémédecine gériatrique et des valeurs humaet la MAIA*- l’HPGM pournistes. suit résolument ses actions novaMais une telle politique aboutit inétrices engagées depuis plus de dix vitablement à diminuer les hospitaans, pour décloisonner le sanitaire lisations et donc à diminuer la prinet le médico-social, pour privilégier cipale source de financement d’un le préventif sur le curatif, pour s’enhôpital… ! Il faut que le financement gager dans la transversalité du paractuel des hôpitaux, qui ne les incite cours de santé et de vie de la perpas à développer la prévention et sonne âgée, seules l’accompagnement, méthodes gamais bien au Le financement rantes d’un “bien contraire, pénalise actuel des hôpitaux ceux qui s’engagent vieillir”, à domicile ou en Ehpad, audans cette voie, soit pénalise ceux qui tonome le plus adapté à travers nos’engagent dans longtemps possitamment une fongibila prévention” ble et en gardant lité des enveloppes fitoute sa dignité. nancières, afin que les L’HPGM prouve – s’il en était besoin hôpitaux puissent évoluer sereine– qu’un hôpital peut être porteur des ment vers cette mutation et travailler diverses structures et coordinations étroitement et en parfaite complédu parcours de la personne âgée sur mentarité avec les professionnels un territoire donné, sans être taxé de ville et des Ehpad. Et si l’État d’hospitalo-centrisme… mais bien veut que le parcours de santé et de au contraire, démontrer qu’un hôpital vie de la personne âgée devienne peut sortir de ses murs, en mettant une réalité à l’échelon national, il à la disposition des professionnels faut aussi que le pilotage soit visible de ville, des familles et des partepour le citoyen et qu’il ne consiste naires, des outils de prévention, de pas simplement à empiler de mulsoins, d’aide et d’accompagnement, tiples coordinations. avec des personnels hospitaliers Évelyne Gaussens Sommaire P. 02 TRAVAILLER ENSEMBLE Une première expérience de télémédecine prometteuse P. 04 Établissement de santé privé non lucratif adhérent à la FEHAP et fondé par les caisses de retraite AGIRC/ARRCO Magazine de l’hôpital privé gériatrique Les Magnolias (HPGM) P. 05 > Directeur de la publication : Évelyne Gaussens > Rédaction : Agence Atouts Presse Senior www.atoutspresse.com > Création maquette et photos : Caroline Paux CP Médias > Impression : Azaprim 12, avenue du Gué Langlois ZAC du Gué Langlois 77600 Bussy-Saint-Martin. Ce numéro a été tiré à 3 000 exemplaires. COMMENT ÇA MARCHE ? Mieux assurer la fonction hôtelière P. 06 77, rue du Perray - 91160 Ballainvilliers Tél : 01 69 80 46 46 - Fax :01 69 01 55 35 Consultez notre site www.hopital-les-magnolias.com REPORTAGE La Semaine Bleue : l’occasion de célébrer les anciens HPGM ZOOM Pour la gériatrie, la télémédecine, c’est maintenant P. 10 UNE JOURNÉE AVEC… l’équipe des diététiciennes. Objectif : garder le plaisir de manger P. 12 LA MÉTHODE HUMANITUDE®, UNE PHILOSOPHIE DE SOINS Paroles croisées de soignantes et de familles P. 14 P. 15 P. 16 ILS NOUS REJOIGNENT LA VIE DE L’HÔPITAL L’HÔPITAL SITE PILOTE Décembre 2012 - Journal Les Magnolias N° 15 3 Reportage Rubrique La Semaine Bleue L’occasion de célébrer les anciens La Semaine Bleue propose chaque année un nouveau thème. Cette année, c’était “Vieillir et agir ensemble dans la communauté”. L’HPGM abrite deux Centres locaux d’information et de coordination (Clic) qui organisent le programme de cette semaine avec les communes de leur territoire. De longs préparatifs ont été nécessaires et la Semaine Bleue a été belle ! À ORGYVETTE : SOMMEIL, NOUVELLES TECHNOLOGIES ET CODE DE LA ROUTE… ur fond de prévention, la Semaine a proposé des activités attrayantes pour attirer un maximum de participants et créer des liens entre les habitants des trois communes partenaires: Chilly-Mazarin, Longjumeau et Morangis. Ceci en collaboration avec les caisses de retraite complémentaire Agirc-Arrco. Animée par un médecin, une conférence interactive sur le sommeil et son évolution avec l’âge s’est tenue à Morangis le 15 octobre. Des ateliers baptisés “Raconte moi tes technologies” s’adressaient aux seniors et S à des enfants de primaire et des centres de loisirs. Des scientifiques y rendaient accessibles les technologies concernant les jouets et l’audiovisuel en présentant jeux d’hier et d’aujourd’hui, anciens téléphones, radios et jeux vidéos ou lecteurs MP3. Les trois communes accueillant ces ateliers ont réuni 70 enfants et 70 seniors les 16 et 17 octobre. Le 18 octobre, à Chilly-Mazarin, le Comité départemental de prévention routière invitait cinq seniors de chaque commune à une journée de révision du code de la route, théorique puis au pratique l’après-midi. À Chilly et Morangis, quatre ateliers “remue-méninges” de 10 personnes chacun, proposaient des exercices pour stimuler et entretenir sa mémoire. Le 16 octobre, les aînés des trois communes effectuaient une randonnée au départ de Longjumeau. Et tout le monde fut convié, le 19 après-midi, à un thé dansant à Longjumeau. Le Clic était aussi partenaire de la Semaine Bleue de Saulx-les-Chartreux, centrée sur les abus de confiance et les arnaques contre les seniors. À LA HARPE: L’EUROPE A L’HONNEUR, À TABLE NOTAMMENT e Clic agit sur six communes : Massy, Palaiseau, Villebonsur-Yvette, Verrières-le-Buisson, Igny et Bièvre, mais c’est avec Massy qu’est signée une convention qui stipule l’appui du Clic au Centre communal d’action sociale (Ccas) pour organiser la Semaine Bleue. Les salles de l’Espace Liberté, deux Ehpad, Vilmorin et La Citadine et deux foyers logements, Les Pervenches et Les Hibiscus, ont accueilli l’essentiel des animations intergénérationnelles sur le thème de l’Europe. Un atelier peinture a permis de réaliser une œuvre commune. Un défilé présentait des chapeaux des régions C 4 d’Europe réalisés par une dizaine de personnes âgées avec une classe de la section “métiers de la mode et du vêtement” du lycée Gustave Eiffel. Puis un jury a décerné des prix. Le même soir l’Espace Liberté accueillait un thé dansant. Une compagnie d’action théâtrale a monté un “théâtre forum” : de courtes scènes évoquent des situations quotidiennes où sont mêlées les préoccupations des générations présentes. Le public, de tout âge, a été incité à intervenir pour transformer l’histoire, y compris en remplaçant un comédien. Un atelier “Goûts et senteurs d’ici et d’ailleurs” a stimulé les sens des seniors et des plus jeunes Journal Les Magnolias N° 15 - Décembre 2012 lors d’un marché autour d’odeurs et de goûts rares, tels ceux de légumes et de fruits anciens d’une maraîchère de Marolles en Hurepoix. Des contes, des lectures à voix haute ont rappelé des souvenirs ou donné l’occasion de découvrir mythes et histoires de l’Europe et d’échanger. S’est ajoutée une séance de loto à la Citadine. Et, tous les jours de la semaine, des repas européens ont été servis dans tous les Ehpad et foyers : le 15 octobre, un repas français, le 16, une paella espagnole, le 17, une choucroute allemande, le 18 des lasagnes italiennes et le 19, des moules frites belges. Laetitia Borel et Marielle Goulet du Clic Orgycette. Tatiana Criton du Clic La Harpe. Pour en savoir + Un historique significatif De la “Journée des vieillards”, lancée en 1951 pour secourir les anciens les plus“nécessiteux”, on passa à la “Semaine nationale des vieillards” puis à la “Semaine nationale des retraités et des personnes âgées et de leurs associations” pour s’arrêter, en 1977, à la “Semaine Bleue” avec pour slogan: « 365 jours pour agir, 7 jours pour le dire ». Aujourd’hui, la Semaine Bleue vise à sensibiliser l’opinion publique sur la contribution des retraités à la vie économique, sociale et culturelle, sur les préoccupations et difficultés des personnes âgées, sur les réalisations et projets des associations. Chaque fois, un thème national est développé et, partout en France, des manifestations sont organisées pour l’illustrer. Un concours prime les meilleurs programmes. Comment ça marche ? Mieux assurer la fonction hôtelière La préoccupation « hôtelière » n’est pas nouvelle à l’HPGM où l’on sait depuis longtemps que, outre la qualité des soins prodigués, le « prendre soin » est un élément capital de l’accompagnement des personnes âgées. Et un atout non négligeable dans les critères de choix d’un établissement. ne mission temporaire vient d’être chérit Martine Bourgeron. Cette aide exconfiée à Olivia Varandas, res- térieure temporaire permettra de profesponsable hôtellerie-restauration sionnaliser la fonction. Et d’aboutir à des mise à disposition par Sodexo pour amé- postes de référents hôtellerie, un peu liorer les prestations d’hôtellerie et de comme les référents humanitude. restauration de l’HPGM. Ce n’est pas une question d’argent. « À « J’attache beaucoup d’importance à la l’HPGM, on a tout ce qu’il faut sur le plan fonction hôtelière qui, en gériatrie, participe matériel », constate Martine Bourgeron. à la qualité de vie et à la fonction restau- Reste à optimiser la présentation et à ration qui fait partie du soin », explique faire du repas un moment encore plus Évelyne Gaussens, directrice générale, convivial. Il est bon de rappeler régulièqui a demandé à Martine Bourgeron et rement certaines règles, comme par Martine Demamen, respectivement en exemple que les patients doivent être charge de l’hôtellerie pour le pôle médico habillés et prendre leurs repas dans la social Europa et le pôle salle à manger pour maintenir médical, de réfléchir et leur autonomie et leur sociad’agir avec Olivia Varandas. Professionnaliser bilisation. En chambre, c’est « Et je souhaite que tous seulement sur prescription la fonction” s’impliquent dans cet effort médicale. de qualité du “prendre soin” L’hôtellerie c’est l’affaire des et du bien-être de nos patients et résidents. » cadres, des diététiciens et des agents La fonction hôtelière, ce n’est pas que la hôteliers, mais pas seulement. Chaque table et la cuisine. C’est aussi par exemple membre du personnel doit avoir le réflexe la propreté des fauteuils et des rideaux et de contrôler que les lieux de convivialité par dessus tout une attitude chaleureuse et les chambres sont impeccables et envers les patients. confortables. La nutrition des personnes L’environnement, c’est un tout. « Il faut âgées est un vrai soin. « Il fait partie de avoir un œil critique en permanence », sou- nos objectifs de maintien de l’autonomie ligne Martine Demamen. Même dans le et aussi de préparation du retour à domi“médical” où ce n’est pas la priorité. « Cela cile », ajoute Évelyne Gaussens. « Il faut s’apprend et quand c’est appris, c’est in- professionnaliser la fonction, les soignants tégré. Et les retours des patients et de leurs doivent avoir des réflexes hôteliers, et cela familles sont toujours très positifs », ren- s’apprend. » Martine Bourgeron (à gauche) et Martine Demamen (à droite) : chacune dans son secteur a à cœur de tout faire pour que les patients se sentent chez eux. Olivia Varandas (ci-dessous), de Sodexo, en mission temporaire pour améliorer l’hôtellerie-restauration. U Pour en savoir + En cohérence avec les équipes soignantes Les mots “hôpital” et “hôtellerie” ont la même racine latine hospes, qui reçoit une personne de passage et le cas échéant est reçu par lui en réciprocité (d’où hospitalum "hospitalité"). Les prestations hôtelières ont vocation à répondre efficacement aux besoins du patient qui devient un hôte pour quelques heures, plusieurs jours ou plusieurs années. Elles assurent ainsi l’accueil hôtelier du patient, la distribution des repas et l’entretien des locaux. Ses missions sont assurées en cohérence avec les équipes soignantes. L’hôtellerie hospitalière vise en fait à la mise en place de conditions favorables aux soins. Décembre 2012 - Journal Les Magnolias N° 15 5 Zoom LA TÉLÉMÉDEC C’EST MAINTENANT En gériatrie, la télémédecine permet de prévenir l’hospitalisation et donc d’éviter les hospitalisations inutiles. Autre avantage, elle favorise la coordination entre les différents acteurs du parcours de soins des personnes âgées. Elle favorise ainsi le développement d’une culture gérontologique. Pas étonnant, donc que Les Magnolias aient décidé de jouer cette carte. e nom de code de l’opération est un peu énigmatique : “TMG 91”. Pour parler en clair, il s’agit d’une expérimentation de télémédecine menée par l’HPGM, en partenariat avec une plateforme d’intermédiation, cinq Ehpad de l’Essonne (voir liste ci-après), et à terme au moins un autre centre hospitalier. Le tout financé par l’ARS sur trois ans. L’HPGM va une nouvelle fois, à cette occasion, innover et sortir de ses murs pour répondre au mieux aux nouveaux besoins des patients âgés. « La télémédecine répond à nos valeurs fortes », rappelle Évelyne Gaussens, directrice générale de l’HPGM. Et notamment à notre politique de facilitation de maintien à domicile. Elle permet également d’éviter aux personnes âgées des passages aux urgences inutiles et elle leur permet d’avoir accès à des soins de qualité. » Et elle ajoute : « La télémédecine est un vrai levier de transformation de notre sys- L 6 Journal Les Magnolias N° 15 - Décembre 2012 © D.R. POUR LA GÉRIATRIE, CINQ EHPAD • La Gentilhommière (Boussy-St-Antoine) • Notre Dame d’Espérance (Milly-La-Forêt) • Les Tisserins (Evry) • Le Centenaire (Pussay) • La résidence de l’Orge (St-Germain-lès-Arpajon) 1 APPEL à la plateforme d’intermédiation médicalisée, soit pour un avis médical (permanence des soins) soit pour programmer une consultation de spécialiste de l’un ou l’autre CH. 2 RECHERCHE du praticien par la plateforme. 3 MISE EN RELATION entre requérant et requis pour la mise en place de la téléconsultation (visio + télésurveillance). 1 CINE Catherine Lainé et Alain Gendraud, infirmiers de la plateforme H2AD et du service « Ma Santé chez moi », localisé à l’HPGM, ont pour mission, notamment Catherine Lainé, d’accompagner les cinq EHPAD et l’HPGM dans le projet TMG 91. 3 HÔPITAL GÉRIATRIQUE LES MAGNOLIAS (HPGM) 2 2 1 3 2 CENTRE HOSPITALIER 2 Comment ça marche ? PLATEFORME D’INTERMÉDIATION MÉDICALISÉE, H2AD, formée à la gériatrie, disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, chargée de la coordination des demandes. © stefanolunardi - Fotolia.com • Téléconsultation et télésurveillance 24 heures sur 24 Après accord du patient, un professionnel de l’Ehpad appelle la plateforme à l’aide d’un numéro unique. Il est mis en contact avec un médecin de la plateforme qui dispose de tous les éléments du dossier médical et social du résident. Des dispositifs médicaux de l’Ehpad sont mis en relation avec la plateforme : tensiomètre, oxymètre de pouls, lecteur de glycémie, poids. Ils permettent de favoriser la prise de décision. • Consultations de spécialistes confirmés La télémédecine permet d’établir un diagnostic, d’assurer pour un patient à risque, un suivi dans le cadre de la prévention ou un suivi post-thérapeutique, de préparer une décision thérapeutique, de prescrire des produits ou des actes et in fine d’effectuer une surveillance de l’état des patients. Décembre 2012 - Journal Les Magnolias N° 15 7 Zoom LA TÉLÉMÉDECINE C’EST MAINTENANT tème de santé. Notre projet va concrétiser un prototype d’organisation nouvelle autour du parcours de soins des malades, parmi les plus fragiles. Il s’agit de coordonner la prise en charge adaptée à la vulnérabilité et à la complexité de leur fonction et, en même temps, de coordonner les compétences, qu’elles soient médicales, médico-sociales ou sociales. » En terrain connu Parallèlement, on constate que les urgences ou les problèmes de santé en Ehpad sont trop fréquemment assurés par le Samu, notamment la nuit, les week-ends et les jours fériés. En outre, les services médicaux sollicités en urgence ne disposent pas suffisamment des données du dossier médical du résident. Pour faire face à ces problématiques de gardes, l’HPGM participe déjà à une expérimentation qui consiste à sécuriser la veille de nuit et de weekend en offrant au personnel de deux Ehpad l’assistance du médecin de la plate-forme H2AD® (voir p.2). L’HPGM intervient donc déjà en terrain connu puisque depuis 2008, outre ce projet, il finance un système de téléassistance pour le retour à domicile sé- 3 Questions à curisé pour les sorties d’hospitalisation en médecine et SSR dont bénéficient tous les ans plus de 3 000 personnes âgées. Les retours de ces premières mises en place ont été très positifs. Patients, familles, personnel et directions d’établissements s’en félicitent. Et, par ailleurs, on a constaté une diminution des transferts ou des déplacements inutiles pour les Ehpad et une diminution de moitié des réhospitalisation pour l’HPGM. Un outil efficace dans le contexte Le contexte général actuel est lui-même très favorable au développement de la télémédecine. L’augmentation régulière de notre durée de vie confronte notre société à un cadre de contraintes sévères, en particuliers sur les plans économiques et financiers. Par rapport à 2005, 23 600 Franciliens supplémentaires de 75 ans ou plus pourraient être confrontés à une perte d’autonomie en 2020, dont 20 300 vivant à domicile et Jean-Michel Sovrano Directeur-adjoint du pôle médico social à l’Ars « La télémédecine peut proposer des solutions adaptées » Pourquoi l’ARS s’est-elle impliquée dans ce projet ? L’Agence Régionale de Santé d’Ile-de-France voit un intérêt à développer ce type de projets dans la mise en œuvre du projet régional de santé, et notamment du schéma régional d’organisation médico-sociale. De plus, L’agence a élaboré le programme régional de développement des activités de télémédecine. À travers TMG 91 et les deux projets soutenus par l’Agence, on cherche à démontrer la plus value de cette modalité de prise en charge dans la continuité des soins au sein des structures 8 médico-sociales qui sont moins médicalisées que les établissements de santé. ressources médicales et d’augmentation des besoins en soins des personnes âgées. En quoi la gériatrie est-elle concernée par ces organisations ? Compte tenu de la fragilité des personnes âgées et des conséquences des ruptures de parcours de soins, la télémédecine peut proposer des solutions adaptées comme éviter les hospitalisations inappropriées, réduire les transports et passages aux urgences, améliorer l’accès aux consultations spécialisées dans un contexte de diminution des Quels seront les critères d’appréciation de cette expérimentation ? TMG 91 comme les autres projets régionaux feront l’objet d’une évaluation médico-économique pilotée par l’Agence. L’objectif est de mesurer le service médical rendu par les solutions de télémédecine au regard de leur coût (investissement de départ et fonctionnement). On cherche à démontrer les gains potentiels en matière d’effi- Journal Les Magnolias N° 15 - Décembre 2012 cience globale de ce nouveau mode de prise en charge sur le système de santé. Des premiers résultats sont attendus d’ici deux ans sur les trois projets et seront confrontés aux résultats d’une expérimentation à laquelle participe l’HPGM, l’expérimentation « IDE de nuit ». Les cinq actes réalisables en télémédecine La téléconsultation. Un médecin donne une consultation à distance à un patient, lequel peut être assisté d’un professionnel de santé. Le patient et/ou le professionnel à ses côtés fournissent les informations, le médecin à distance pose le diagnostic. La télé expertise. Un médecin sollicite à distance l’avis d’un ou de plusieurs confrères sur la base d’informations médicales liées à la prise en charge d’un patient. La télésurveillance médicale. Un médecin surveille et interprète à distance les paramètres médicaux d’un patient. L’enregistrement et la transmission des données peuvent être automatisés ou réalisés par le patient lui-même ou par un professionnel de santé. La téléassistance médicale. Un médecin assiste à distance un autre professionnel de santé au cours de la réalisation d’un acte. La régulation médicale. Les médecins des centres 15 établissent par téléphone un premier diagnostic afin de déterminer et de déclencher la réponse la mieux adaptée à la nature de l’appel. 3 300 vivant en institution (source Insee). ; on note également une croissance du nombre de personnes dépendantes très âgées, plus souvent isolées, ou l’existence plus fréquente de couples dont les deux membres sont dépendants. La télésanté devient un outil très efficace pour un égal accès aux soins des plus vulnérables, face à une démographie médicale problématique. Elle permet une prévention qui doit occuper une place centrale dans la future réforme de la dépendance, aussi bien la prévention physique et médicale « qui vise à prolonger l’indépendance physique et l’autonomie » que la prévention sociale « qui vise à éviter l’isolement et à renforcer l’autonomie et la vie sociale des personnes âgées les plus fragiles et des aidants familiaux.» Le “TMG 91” est mis sur orbite Le Dr Laurence Luquel, médecin chef des Magnolias, qui porte avec enthousiasme ce projet, repère trois phénomènes : « On assiste aujourd’hui à une explosion des maladies chroniques et de la perte d’autonomie. On constate également un changement dans les comportements des patients et de leurs proches. Les professionnels de santé sont en pleine mutation.» La réponse proposée par le projet “TMG91” est la mise en place de solutions de télémédecine pour un parcours de soins gradués et coordonnés: • Étape 1 (déjà réalisée) : téléconsultation/régulation médicale 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 avec télésurveillance pour la permanence de soins dans les cinq Ehpad pour éviter notamment les transferts inappropriés aux urgences. • Étape 2 (avril 2013): téléconsultations à distance de spécialités médicales déployée entre l’HPGM et les 5 Ehpad pour des avis en cardiologie, médecine vasculaire, bilans neuropsychologiques, consultations mémoire, psychiatrie, MPR, dysmédication, consultation aidants, oncogériatrie, escarres, nutrition, gastro-entérologie, psychogériatrie, douleur, soins palliatifs… Ces télé consultations seront complétées progressivement par de la télé-expertise et du télé-enseignement. • Étape 3 (juin 2013) : inclusion d’un Centre hospitalier supplémentaire pour augmenter l’offre des spécialités que n’offre pas l’HPGM, telles que la neurologie, les maladies infectieuses, la dermatologie, l’ophtalmologie, l’orthopédie, l’urologie… Des outils de pilotage L’organisation mise en place prendra en charge un minimum de 400 résidents et 3 000 patients de l’HPGM par an. Pour mieux piloter ce projet innovant, a été créé un GCSMS* entre les partenaires utilisateurs et un comité de pilotage regroupant, outre les utilisateurs, l’ARS et le conseil général. De plus, une évaluation médico-économique sérieuse sur 24 mois sera menée pour les trois projets de télémédecine de l’ARS par l’URC ECO (dirigée par le Pr Durand- Zaleski) selon un schéma avant/après, avec un site contrôle. L’HPGM s’apprête donc à franchir une nouvelle étape au service d’une organisation des soins de qualité. « Nous allons vers des coopérations qui facilitent le décloisonnement sanitaire/médicosocial, et ces solutions représentent l’avenir, car avec le vieillissement de la population et les problèmes de démographie médicale et paramédicale, la télémédecine reste un espoir pour garantir demain que les personnes âgées les plus dépendantes et les plus vulnérables ne soient pas exclues des soins de qualité. Mais cela ne se fera pas sans une mutualisation des moyens – car aucun établissement ne pourra y investir seul – et une mutualisation des compétences qui devront être partagées… » * Groupement de coopération sociale et médicosociale. Pour en savoir + • Les données en télémédecine sont cryptées et protégées, respectant la déontologie médicale. • Un acte ou un dispositif de télémédecine ne peut se faire qu’avec l’accord du patient. • Tout acte médical, diagnostic ou prescription est inscrit sur le dossier médical du patient. • Les remboursements pour les patients se basent sur les actes dits “classiques” : la téléconsultation est remboursée au même titre qu’une consultation. Décembre 2012 - Journal Les Magnolias N° 15 9 Une journée avec… L’équipe des diététiciennes Objectif : garder ou retrouver le PLAISIR DE MANGER Le repas est un moment de soin : source de mobilisation, de communication, de repère dans le temps et de plaisir. Les diététiciennes de l’HPGM veillent à ce que la nutrition réponde aux besoins des personnes très âgées et fragilisées hospitalisées, en restant vigilantes sur les risques nutritionnels des 3 000 “clients/patients” annuels et 120 résidents qui leur sont confiés. nent connaissance des mouvements survenus la veille. Chacune d’entre elles est rattachée à un service. Elles réalisent un bilan nutritionnel à chaque entrant à l’HPGM. « Nous allons vite rencontrer les personnes entrées la veille dès le petit-déjeuner », explique Sylvie Veinat, responsable de l’équipe. Le bilan permet d’identifier les risques et de mettre en place les mesures adaptées à chaque situation (texture, régime, aide). Elles échangent avec les médecins, les IDE, les aides-soignants afin de traduire et personnaliser la prescription médicale. À l’issue des bilans, elles réalisent la mise à jour des classeurs d’office, guides indispensables pour les soignants pour la distribution des repas. Elles participent à la sortie des patients en adaptant des conseils personnalisés qui tiennent compte des conditions et lieux de vie. Consultation diététique à l’hôpital de jour Les mardis et mercredis matins. Aujourd’hui, Julie Lefrançois-Rodriguez reçoit d’abord la fille d’une patiente présentant une maladie d’Alzheimer au stade léger, adressée pour l’apparition récente d’une toux aux liquides pouvant faire évoquer l’apparition de troubles de la déglutition. Elles font le point sur l’alimentation de la patiente, puis invitent cette dernière à les rejoindre pour poursuivre l’enquête alimentaire. Devant le problème des quintes de toux en buvant, Julie indique les conduites à tenir pour adapter les boissons et utiliser les bons gestes. Elle préconise la vérification de la présence d’une hernie hiatale ou d’une consultation ORL pour déterminer la cause des troubles. La patiente parle aussi de son désir de ne pas prendre de poids, Julie rappelle l’importance de maintenir les apports en viande (ou équivalent) et en produits laitiers pour ne pas perdre ses muscles. 10 Journal Les Magnolias N° 15 - Décembre 2012 PHOTOS CAROLINE PAUX Dès 8 h 30 Les cinq diététiciennes pren- 10:00 Consultation diététique à l’hôpital de jour. Participation aux repas des patients 12 h Toute l’équipe se répartit dans l’hôpital pour être présente au moment des repas. « On peut ainsi constater le décalage entre ce qui est dit par les patients et leurs habitudes alimentaires. » Elles notent leur progression. Elles peuvent ainsi réadapter un régime, une texture et donner des conseils… N’oublions pas que le repas est très souvent leur dernier plaisir. À l’HPGM, on évite de donner le repas en chambre, car on privilégie le maintien du lien social et le maintien de l’autonomie. Au troisième étage, Amandine L’Her est la diététicienne en charge. Il est midi: 19 patients sont attablés par petites tables dans la salle à manger et attaquent un déjeuner qui semble fort appétissant. Bavardages et plaisanteries agrémentent cet intermède si important dans la vie d’un patient âgé hospitalisé. Surgit souvent le problème des textures, normales ou mixées, ou entre les deux. Il faut trouver des astuces: du lait en poudre supplémentaire dans le chocolat, de la vache qui rit dans la soupe… 13h45 Staff avec les médecins: moment important de synthèse pluridisciplinaire. Rencontre avec les familles L’après-midi. La journée se poursuit avec la prise de connaissance des marqueurs nutritionnels pour adapter les prises en charge, la rencontre avec les familles moment privilégié pour initier ou poursuivre une éducation nutritionnelle. N’oublions pas, non plus les ateliers thérapeutiques pour aider au retour à domicile et la réflexion continue sur l’adaptation à toutes les situations, comme la mise en place de la “finger food” (tout ce qu’on peut manger avec la main) bien utile pour les patients “déambulants”. Une des diététiciennes se consacre à la commande pour la cuisine, des menus du lendemain. Le service paramètre actuellement un logiciel de prise de commande de repas. Une équipe professionnelle et chaleureuse (de g. à dr.) Julie Lefrançois -Rodriguez, Sylvie Veinat, (responsable du service), Amandine L’Her, Chantal Bordes et Florence Vattier. 12:00 Pendant le repas au troisième étage, Amandine Lher surveille les réactions des patients et échange avec les soignants pour la préparation d’une assiette. POUR EN SAVOIR + Un rôle capital et discret Le diététicien en établissement de soins assure le suivi nutritionnel des patients et intervient tout au long de la chaîne alimentaire. Les bilans diététiques sont primordiaux en gériatrie, en effet 60 à 70 % des patients sont dénutris ou à risque de dénutrition. Il faut intervenir le plus rapidement possible afin d’éviter l’entrée dans le “cercle vicieux” de la dénutrition. La formation La mission du diététicien, est aussi de lever des interdits : régimes trop stricts avec des réductions abusives. Les diététiciennes ont un rôle important de formation auprès des soignants. Le soin nutritionnel est un travail d’équipe, les diététiciennes sont le lien entre les différents acteurs (patient, médecins IDE, AS/ASH, ergo, kiné et cuisiniers) Pour devenir diététicien, il faut passer un BTS diététique ou un DUT génie biologique, option diététique. Avec un Bac S de préférence, ou un bac ST2S (sciences et technologies de la santé et du social) Le diplôme est en cours de revalorisation via la réforme Licence Master Doctorat. Décembre 2012 - Journal Les Magnolias N° 15 11 ® La méthode de l’Humanitude une philosophie de soins Paroles croisées de soignantes et de familles… Site pilote de la méthodologie de soin Gineste-Marescotti®, dite philosophie de l’Humanitude, fondée sur une culture du « prendre soin », l’HPGM a fait former des « référentes » pour que les bonnes pratiques apprises perdurent. Toujours sur le métier remettons notre ouvrage. Paroles croisées de trois référentes et de deux familles. Soignantes elles veillent sur les bonnes Les patients La méthode — On avait l’impression de savoir faire, mais la formation permet d’acquérir de vraies techniques et de mettre des mots sur les gestes. — L’important, c’est que tout le monde dans le service accepte de faire autrement. — C’est un plus pour accompagner les patients en fin de vie. On accorde plus d’importance au confort qu’à l’aspect technique. — La méthode demande un esprit d’équipe. Il suffit d’une personne qui ne l’applique pas pour tout déséquilibrer. La fonction des référentes À l’HPGM, y a 10 référents Humanitude dont la mission est d’entretenir les bonnes pratiques et de développer la mise en œuvre de la méthodologie de soins Gineste Marescotti qui repose sur une philosophie de l’humanitude et des outils adaptés. Ils interviennent une semaine par mois au sein de chaque unité, tant dans le pôle médical (médecine, SSR) que dans l’Ehpad, afin d’aider les agents en poste à appliquer la méthode, mais aussi concrètement afin de réaliser des toilettes évaluatives et d’expliquer aux nouveaux arrivants les bases de cette méthodologie de soins dont la 12 Journal Les Magnolias N° 15 - Décembre 2012 philosophie est un axe fort du projet d’établissement. Ils ont pour mission d’accompagner leurs collègues dans cet apprentissage de la bientraitance. Entretenir la flamme Un groupe de pilotage « humanitude » composé d’Évelyne Gaussens, du Dr Laurence Luquel, des cadres de santé et des référents a pour mission de fixer des objectifs en matière d’application de la méthodologie, mais aussi d’organiser des actions et des formations des soignants et des référents. Leur travail — Appliquer la méthode humanitude a redonné un sens à mon travail. — L’application de cette méthode donne des résultats encore plus visibles. — On a de vraies relations et on passe de bons moments avec les patients. Ils nous posent des questions sur nous, notre vie. Ils nous parlent de la leur. — On se fixe des objectifs : les faire remarcher, les verticaliser, même s’ils sont en fauteuil roulant ou s’ils souffrent d’escarres. — On travaille avec un autre regard. La prise en charge comportementale et relationnelle est prépondérante. — La prise en charge des patients est globale et nous travaillons avec les familles. — C’est un bien-être pour moi. Quand je rentre à la maison, je me dis : j’ai fait du bon travail. © CAROLINE PAUX — On aide à leur créer un vrai lieu de vie. — On s’efforce de les stimuler et de ne pas faire à leur place pour garder au maximum les capacités restantes. — On doit respecter leur rythme. — On ne rentre pas chez quelqu’un sans frapper et en allumant brusquement la lumière. — L’important, c’est de connaître leur histoire de vie et leurs habitudes afin de s’adapter à eux le mieux possible. — La personne âgée a besoin d’un peu d’amour, c’est aussi important que les soins d’hygiène. Du côté des référentes : Florence Lix Nathalie Parmentier Laurinda Figueira. Du côté des familles : Marie-Claude Franvil, 72 ans, dont le mari Paul est atteint de la maladie d’Alzheimer. Josette Mouric, 80 ans, dont le mari Marcel est atteint de la maladie de Parkinson. Toutes les deux viennent à l’hôpital tous les jours dès le début de l’aprèsmidi, pour « maintenir le lien affectif ». Elles sont devenues amies. Elles apprécient sans réserve le climat relationnel de l’HPGM. Leurs deux maris sont hospitalisés en USLD. pratiques Familles, elles vivent mieux Marie-Claude Franvil et son mari Paul. . Leurs relations avec les soignants — Ici, ils sont gracieux, ils nous disent toujours tous bonjour avec un mot gentil pour nos maris. Nous sommes intégrées dans le service. — C’est un partage permanent. Nous avons le sentiment d’une vie commune. — On nous écoute avec une vraie attention. Leur vie avec leur mari hospitalisé — Vous avez vu l’attention que leur portent les soignants ? — Il y a toujours quelqu’un qui prodigue un geste affectueux, de réconfort. — Ici, on ne les attache pas et pourtant Paul faisait des fugues. Josette Mouric et son mari Marcel. Les grands principes de la méthodologie — Une philosophie qui donne du sens aux soins, qui maintient le lien soignant-soigné-famille, qui repose sur les quatre piliers que sont le regard, le toucher, la parole, la verticalité. — Des objectifs : bâtir dans un service un projet de soin et de vie fondé sur cette philosophie, avec des objectifs : zéro soins de force, verticalisation, remotivation du personnel, maintien de milieux de vie, éléments essentiels pour se sentir un être humain à part entière. — Des techniques particulières : les 150 gestes et techniques permettent de faire des soins sans force : l'utilisation de drap de manutention, la toilette évaluative pour un soin personnalisé, la capture sensorielle par exemple. L'ensemble de ces techniques ne sont malheureusement pas apprises dans la formation initiale des soignants. — On les écoute avec attention. — Il y a beaucoup d’animations, le tissu social ne disparaît pas. — Marcel était un mort-vivant quand il est arrivé après trois mois dans un Ehpad où on ne s’occupait pas de lui. Il avait perdu 25 kg. Regardez-le maintenant. Il ne parle pas, mais il participe par le regard ou par une pression de main. Il y a toujours quelqu’un qui prodigue un geste affectueux, de réconfort… Décembre 2012 - Journal Les Magnolias N° 15 13 Ils nous rejoignent Le Dr Luc-Michel Porche Psychiatre en charge des activités des gérontopsychiatrie. Arrivé en juin dernier, en remplacement du Dr Marie-Pierre Pancrazi, le Dr Porche a pour mission de piloter la filière géronto-psychiatrique et de superviser l’équipe mobile de gérontopsychiatrie, en partenariat avec l’EPS Barthélémy Durand. Auparavant, le Dr Porche exerçait à l’institut Marcel Rivière de La Verrière, dans les Yvelines. Le Dr Adeline Bodin Après avoir travaillé en médecine interne au Centre médical de Bligny puis en SSR gériatrique à la clinique du Moulin de Viry, le Dr Adeline Bodin a pris ses fonctions depuis le 10 septembre, dans le service SSR au 1er étage du pôle médical. Le Dr Élodie Fauveau Depuis le 13 novembre, Élodie Fauveau, cardiologue, a rejoint l'équipe du Pôle ambulatoire pour développer la prise en charge de l'insuffisance cardiaque de la personne âgée à domicile. Après avoir créé une unité d’éducation thérapeutique à l’insuffisance cardiaque au Centre Intercommunal de Créteil où elle a exercé précédemment, c’est aux Magnolias qu’Élodie Fauveau mettra en place ce programme, en collaboration avec le Dr Valérie Mathé, responsable de l’Hôpital de jour SSR. Élisabeth Calmon, directrice générale-adjointe Un parcours au long cours lle arrive de La Réunion, où elle a passé six années « vraiment intéressantes et souvent surprenantes » dans un hôpital général « très dynamique ». À l’évidence, Élisabeth Calmon, 46 ans, en dépit de son apparence paisible, aime les expériences professionnelles qui demandent du caractère. Son ascendant pyrénéen peut-être… Née à Tarbes, sa jeunesse s’est déroulée dans le grand Sud-Ouest, des Hautes-Pyrénées au Pays Basque, à Bayonne où elle a suivi des études de droit. Après avoir réussi le concours de directeur d’hôpital en 1988, elle commence sa carrière dans une maison de retraite en Gironde. Elle occupe ensuite les fonctions de chef de projet à la direction des affaires médicales et à la DRH au siège de l’AP-HP. Puis elle est nommée directrice adjointe, chargée des affaires médicales et de la stratégie au groupe hospitalier Charles Foix-Jean Rostand. E Des années intenses En 2000, elle prend la direction de la Fondation d’Aligre et Marie-Thérèse (structure accueillant des personnes porteuses de handicap mental) à côté de Chartres. Elle prend ensuite le poste de directeur de santé mentale au Centre hospitalier Henry Ey à Bonneval. « J’y ai beaucoup appris sur les problèmes de santé mentale. Et sur les problèmes de pénurie de personnel. Ces années ont été intenses, reconnaît-elle. » En 2006, elle suit son mari, lui aussi dans la filière hospitalière, nommé à La Réunion. Elle occupe le poste de directeur adjoint au centre hospitalier Gabriel Martin à Saint-Paul de la Réunion. En 2008, elle est nommée directrice des ressources humaines, de la qualité et de la gestion des risques. Son mari étant de nouveau nommé à Paris, elle le suit avec ses deux filles (16 et 18 ans). Aux Magnolias, elle a pris en charge immédiatement plusieurs dossiers : l'organisation du secrétariat médical, des services techniques, des services économiques, le fonctionnement de la future chambre mortuaire… « Je fais le tour des personnes, je m’imprègne des dossiers. » L’HPGM agréé pour recevoir des internes Vanessa Demontoux, pharmacienne Après 30 ans d’exercice en tant que pharmacienne à l’HPGM, Catherine Guicheteau a pris sa retraite. C’est Vanessa Demontoux qui a pris la relève, depuis le 12 novembre. Après avoir travaillé à l’hôpital Claude Galien à Quincy-sous-sénart, établissement de chirurgie, médecine et obstétrique, elle met aujourd’hui ses compétences au service des personnes âgées accueillies à l’HPGM. Elle devra notamment poursuivre la mise en place du dossier patient informatisé, en collaboration avec les équipes de l’hôpital. 14 Journal Les Magnolias N° 15 - Décembre 2012 Depuis novembre 2011, l’HPGM a été agréé pour 5 ans par l’ARS pour accueillir des internes de médecine générale de la faculté de Bicêtre. Chaque année, les appréciations des internes ont été très élogieuses. La nouvelle promotion (ci-contre) a pris ses quartiers : de g. à dr. : Mélodie Vanopbrocke, Jean-Luc Weber, Virginie Loze, Jennyfer Suarez et Charlotte Gaspard. VIRubrique La vie de l’hôpital Des infirmiers portugais à l’HPGM Afin de pallier les difficultés de recrutement de personnel infirmier, en Ile-de-France, sept infirmiers diplômés d’état portugais ont été recrutés. Ils possèdent un niveau théorique comparable à celui de leurs homologues français (4 ans d’études versus 3 en France). La pratique infirmière est identique, ainsi que les valeurs et l’éthique professionnelle centrées sur les soins. Pour eux, la 4e année de formation est centrée sur le “prendre soin” et l’accompagnement des personnes soignées et surtout âgées. De g. à dr. au premier plan : Andrea Perreira, Liliana Sousa, Alors qu’aujourd’hui, les politiques Joana Oliveira. Derrière : Christophe Fraga, Catarina Oliveira, Catarina Machado Et Joana Silva publiques s’efforcent de faire émerger une prise en charge globale fisamment affirmé, cette expérience avec des centrée sur la personne, et à faire émerger infirmiers du Portugal, ne peut que se révéler un “prendre soin” qui en France n’est pas suf- positive. Un concours: desserts en fête Six équipes venues de tous les horizons, ont concouru pour réaliser le meilleur dessert, choisi pour être dégusté par 300 patientsrésidents et familles de la résidence Europa de l’HPGM, lors du repas de Noël. Le jury était composé de deux résidentes de l’Ehpad les Magnolias, Colette Nodin, directrice du centre hospitalier d’Arpajon, de représentants du groupe Korian et de Sodexo, ainsi que d’Évelyne Gaussens, Directrice de l’HPGM. Après une notation à l’aveugle, difficile devant la qualité des mets présentés, le jury a décerné le 1er prix à l’HPGM, avec 2 places au Lido offertes à Jean-Luc Chochon et Patrick Rousson, qui ont confectionné le “chocoBroise” ; Le 2er prix à Mitte Gréjor et David Stéphane du Centre hospitalier 1er prix à l’HPGM. d’Arpajon, pour “l’échiquier de Noël”, le 3e prix à Anuar Cabral Garcia Costa et David Lemaître, du groupe Korian, pour la “dame en habit blanc”. Réunion rituelle de travail Agirc-Arco Les négociations avec les partenaires sociaux Les négociations annuelles 2012 ont commencé le 30 mai. À ce jour, la Direction a conclu, avec le syndicat CGT, 4 accords sur les thèmes suivants : • l’intéressement pour 2011-2012-2013 (révision dès l’année 2012, des critères et conditions d’attribution de la prime), • l’égalité professionnelle, • la prévention de la pénibilité, • les mesures salariales pour l’année 2012 (révision des modalités d’application de l’indemnité différentielle HPGM). Le dernier thème fixé à l’ordre du jour concernant le Compte épargne temps (CET) est encore en discussion. Conformément à l’engagement de 2011, il est procédé actuellement à l’évaluation de la mise en œuvre de l’avenant à l’accord RTT de 1999, ayant permis le passage en 12 heures des services de soins, des 1er et 3e étages du pôle médical, ainsi que du rez-de-jardin et du 1er étage d’Europa. Le point sur les travaux Après les grands travaux d’aménagement d’Europa et la restructuration des ailes A, il restait deux unités à rénover: l’aile C du rez-de-chaussée et l’aile C du 2e étage. L’établissement ayant obtenu le financement de cette rénovation grâce aux avances des caisses de retraite Agirc/Arrco, le projet a été confié à un architecte. Après toutes les étapes nécessaires (APS, APD, appel d’offres…), les travaux devraient commencer en mars 2013 pour une livraison fin 2013. • Le rez-de-chaussée (350 m2), situé à proximité du pôle ambulatoire, regroupera les admissions, les assistantes sociales, le CLIC et la MAIA, ainsi que la facturation, permettant ainsi l’installation du pôle de coordination du parcours de santé et de vie des patients. • Le 2e étage (350 m2) aménagé complétera la filière Alzheimer et le pôle géronto-psy en rouvrant 10 lits de médecine réservés aux patients Alzheimer. La Présidence d’Humanis à l’HPGM Réunion rituelle de travail, avec les établissements sanitaires Agirc/Arrco : de g. à dr. Évelyne Gaussens, directrice de l’HPGM, Hervé Ferrant, directeur de la clinique Les Sources à Nice, Martine Chardigny, directrice du CGAS de Gouvieux et Cécile Spender, directrice de la clinique de la Porte Verte à Versailles. En octobre dernier, l’HPGM a eu l’honneur et le plaisir d’accueillir Michel Keller, Président du groupe Humanis (caisse pilote de l’établissement), Pierre Steff, viceprésident, et Maurice Ballue, Michel Keller accompagnés de Jacques et Pierre Steff Nozach, Président de l’HPGM. Tous ont été ravis de visiter l’établissement et de constater que le “prendre soin”, axe fort du projet d’établissement de l’hôpital, était bien une réalité... Décembre 2012 - Journal Les Magnolias N° 15 15 15 L’hôpital site pilote L’innovation toujours DÉCLOISONNEMENT le progrès sans cesse Une MAIA pour renforcer l’articulation des intervenants e tous temps, l’HPGM est et a été porteur de nouvelles expériences tant dans le pôle sanitaire que dans le pôle médico-social : de l’accueil 24 heures sur 24 en médecine au soutien au retour à domicile, en passant par la pratique de la philosophie de l’humanitude et par la pratique de stimulation Snoezelen, sans oublier la plateforme de répit d’aide aux aidants. L’HPGM vient de nouveau d’être choisi comme site pilote pour cinq nouvelles expérimentations : la MAIA, Vigifall, les infirmières de nuit et le cabinet dentaire ouvert sur l’extérieur. Sans oublier, bien sûr la télémédecine. Quatre axes prioritaires sont ainsi établis : prévention, mieux soigner, décloisonnement, transversalité. D Suite à un appel à candidatures lancé par l’ARS, l’HPGM est aujourd’hui porteur d’une MAIA (Maison pour l’autonomie et l’intégration des malades Alzheimer) qui couvre 37 Communes et une population de plus de 60 ans de 80 223 (insee 2009). Florence Schvallinger, quitte la direction du Clic La Harpe, pour se consacrer pleinement au pilotage de cette MAIA, dispositif visant visant à prendre en charge de manière globale et personnalisée la personne malade et son entourage, en renforçant l’articulation des intervenants Florence Schvallinger. sur le territoire nord-Essonne. L’hôpital a su ainsi décliner sur le terrain, l’ensemble des préconisations du plan Alzheimer 2008-2012 (filière Alzheimer, plateforme de répit, UCC, UHR, etc.). La mission de la MAIA s’étend aujourd’hui à l’ensemble des personnes âgées à risque de perte d’autonomie. PRÉVENTION Un dispositif pour détecter les chutes Sur proposition du Conseil général, l’HPGM a procèdé à une première expérimentation d’un dispositif de détection des chutes des personnes âgées. La solution Vigi’Fall après avoir été expérimentée à domicile, arrive à Europa. La société Vigilio, fondée par le Dr Jean-Eric Lundy, qui a mis au point le détecteur avec le soutien de la Commission Européenne, a procédé à l’équipement de dix chambres d’Europa en détecteurs infrarouges, disposés à différents endroits : au niveau de la porte d’entrée, de la salle de bains et dans la chambre même. Grâce à un biocapteur patché sur le thorax du résident, relié aux détecteurs, une alerte est donnée immédiatement, en cas de chute et ce, 24 heures sur 24. Cette solution est complémentaire de celle déjà installée pour lanuit (caméras Link Care Services). Une évaluation sera faite entre les deux solutions. TRANSVERSALITÉ Un cabinet dentaire ouvert sur l’extérieur Le réseau Apolline, réseau bucco-dentaire de l’Essonne, travaille étroitement avec l’HPGM, membre actif de son CA. Le réseau a un triple but : pratiquer le dépistage en Ehpad ou à domicile, orienter les patients vers un praticien libéral ou à l’hôpital et former le personnel soignant. Dans le cadre de ce partenariat, la consultation externe du cabinet dentaire de l’hôpital a été mise à disposition du réseau pour des patients âgés vulnérables, notamment atteints par la maladie d’Alzheimer. Les résultats sont importants: 486 résidents en Ehpad ont pu bénéficier de soins et une centaine à domicile en 2012. MIEUX SOIGNER Un dispositif expérimental pour les infirmières de nuit Sully Mbele et Marie-Laure Rubin, infirmières de nuit. • encadrer le retour du résident en Ehpad après consultation ; • assurer une présence régulière auprès de trois Ehpad pour améliorer la continuité des soins ; • participer et améliorer la formation des soignants de nuit. Le projet de télémédecine TMG 91 L’HPGM joue à fond l’expérience télémédecine. Lire en pages 6 à 9. 16 Journal Les Magnolias N°15 - Décembre 2012 © JEAN-PHILIPPE RAINAUT Pour l’expérience concernant les infirmières de nuit dans les Ehpad, l’ARS Ile de France a retenu un établissement par département. C’est l’HPGM qui est porteur de ce projet dans l’Essonne et qui a recruté, à ce titre, trois IDE de nuit. Chaque professionnel assurera la mise en œuvre du dispositif expérimental auprès de trois Ehpad partenaires situés dans le secteur géographique proche de l’hôpital. Il devra : • assurer l’évaluation d’un problème de santé d’un résident ;