SOMMAIRE PARTIE 5- LA POLITIQUE ECONOMIQUE DANS UN CADRE EUROPEEN Chapitre 2 : Les politiques économiques Dossier de découverte du chapitre p2 La synthèse écrite du chapitre p 11 La synthèse schématique du chapitre p 16 Correction du dossier documentaire p 18 Liste des ressources pour enseignant p 21 Pierre VAUDELIN Académie de Nantes DOSSIER DOCUMENTAIRE Crise économique et dette publique : Les marges de manœuvre de l’Etat Situation : crise actuelle et impact sur l’économie française En période de crise économique, les Etats agissent dans un contexte risqué de globalisation financière. Leur objectif premier est de retrouver rapidement un chemin de croissance. Pour cela, ils doivent démontrer la soutenabilité de leurs finances publiques afin d’accéder plus facilement aux marchés financiers dans le but de recouvrir des ressources à affecter à la productivité de leur économie et à la compétitivité de leurs entreprises. Ce grand écart est compliqué à mettre en œuvre face aux exigences des marchés mais l’Etat montre également sa force en coordonnant ses décisions avec d’autres pour être plus efficace sur les sujets financiers notamment. Vous êtes chargé(e) d’études auprès d’un organisme français de coopération économique et votre responsable vous demande de répondre à l’analyse suivante : Etude et analyse : 1) En période de crise économique, comme nous la connaissons aujourd’hui, l’Etat doit-il être interventionniste ou doit-il laisser faire les marchés ? Expliquez. 2) La conjoncture économique actuelle est-elle synonyme de déficit budgétaire et de crise de la dette uniquement? 3) Les Etats, dans un contexte économique et financier perturbé, ont-ils suffisamment de marges de manœuvre pour engager des politiques économiques de relance? Expliquez. 4) La crise de l’endettement public des Etats rend ceux-ci «otages» des marchés financiers par obligation budgétaire. Comment cette crise est-elle arrivée? Quels sont les faits et les instruments financiers qui sont à l’origine de ce défaut de soutenabilité des finances publiques des Etats ? Analyse et argumentation structurée : Une politique économique de réduction des déficits est-elle suffisante pour relancer la croissance économique ? Document n°1 : Qu’est-ce que la politique économique ? La politique économique désigne l'ensemble des interventions des pouvoirs publics dans l'économie d'un pays en vue de l'orienter vers des objectifs précis au moyen d'instruments spécifiques. Les principaux objectifs de la politique économique sont la croissance, le plein-emploi, la stabilité des prix et l'équilibre des échanges extérieurs. Les instruments spécifiques de politique économique sont le budget, la régulation de la masse monétaire, l'action sur les taux d'intérêt et le taux de change, l'intervention sur la formation des revenus et sur la redistribution, et la réglementation. Pour définir les objectifs de la politique économique, il est souvent fait référence au carré magique de l'économiste keynésien Nicholas Kaldor (1908-1988). Cette représentation graphique des objectifs de la politique économique résume la situation conjoncturelle d'un pays à partir de quatre indicateurs : le taux de croissance du PIB, le taux de chômage, le taux d'inflation (le taux de croissance des prix à la consommation) et le solde de la balance des transactions courantes (en pourcentage du PIB). Ces quatre indicateurs correspondent aux quatre objectifs fondamentaux des politiques économiques. La jonction des quatre points permet de montrer la situation économique idéale. Le carré est appelé magique car une telle situation d'équilibre est dans les faits quasiment impossibles à atteindre. En revanche, la distance des points par rapport au carré idéal permet d'apprécier le niveau de détérioration de la situation économique ou bien l'efficacité des politiques mises en œuvre. 2 Carré magique de Nicholas Kaldor (source : maxicours.com). A partir de ce carré, on distingue deux relations importantes en macroéconomie : la relation entre l'inflation et le chômage, et la relation entre la croissance et le chômage. La relation entre l'inflation et le chômage est aussi connue sous le nom de courbe de Phillips. Cette courbe est révélatrice du dilemme des politiques économiques keynésiennes : la hausse de l'inflation permet de réduire le chômage, mais la lutte contre l'inflation entraîne une hausse du chômage. La relation entre la croissance et le chômage s'exprime ainsi : plus la croissance est forte et plus le chômage baisse. L'interventionnisme public est un événement assez récent dans l'histoire économique. Il émerge au XIXe siècle dans l'Allemagne de Bismarck (création d'une assurance maladie obligatoire en 1883). Il est mis en place en Angleterre selon un autre modèle par Lord Beveridge (création de la sécurité sociale en 1942 selon trois principes : uniformité, unicité et universalité). Mais il est réellement systématisé qu'après la seconde guerre mondiale. Avant cela, l'interventionnisme est limité en vue du maintien de la concurrence pure et parfaite, ainsi que de l'exercice des fonctions régaliennes (défense, police, droit et monnaie) suivant en cela les recommandations de la doctrine libérale classique. C'est avec la révolution keynésienne que la politique de stabilisation conjoncturelle apparaît, et avec elle toute une série de nouvelles fonctions que doit assumer l'Etat. Robert Musgrave, économiste américain, a défini le rôle de l'État à travers trois fonctions : la fonction d'allocation, la fonction de redistribution et la fonction de régulation. La fonction d'allocation couvre les investissements publics qui présentent une dimension stratégique en termes de croissance sur le long terme. La fonction de redistribution concerne la dimension sociale de la politique économique : au moyen de prélèvements obligatoires, l'Etat modifie la répartition primaire des revenus pour assurer une justice sociale. La fonction de régulation couvre les politiques économiques conjoncturelles visant à assurer la croissance et le plein-emploi, via une action par la monnaie ou le budget. Source : Le budget de l’Etat, M. BASLE, mars 2012, collection Repères n°33 Pierre VAUDELIN Académie de Nantes Document n°2 : Qu’est-ce que la politique conjoncturelle? Avant la crise de 1929, les finances publiques n'avaient que pour but d'assurer les activités régaliennes de l’Etat, ce qui limitait les possibilités de mise en œuvre d’une telle politique ; on pensait alors que le budget ne pouvait pas avoir une fonction régulatrice de l’activité économique. Ce n’est qu’avec la mise en application des théories keynésiennes que la relance économique a pu avoir lieu par l’augmentation des dépenses publiques. La mise en œuvre de cette politique a fonctionné un temps, avant d’être vivement remise en cause dans les années soixante, à un moment où elle révélait ses limites. La politique budgétaire reste un levier nécessaire à l’action économique de l’Etat. Néanmoins, les Etats européens doivent respecter des règles particulières (par exemple, le pacte de stabilité et de croissance), qui peuvent nuire à l’autonomie des Etat dans la conduite d’une telle politique. La politique budgétaire a donc tout d’abord pour rôle la stabilisation de la conjoncture. La politique économique conjoncturelle vise à réguler l'activité à court terme pour garantir une croissance forte sans déséquilibres (chômage, inflation, déficit budgétaire...). Elle peut être procyclique ou contracyclique. . La politique conjoncturelle est procyclique lorsque l'Etat agit dans le sens de la conjoncture pour l'amplifier. Exemple : prendre des mesures de relance pour stimuler la demande et la croissance économique en période de récession. . La politique conjoncturelle est contracyclique lorsque l'Etat intervient pour contrer une évolution conjoncturelle indésirable. Exemple : prendre des mesures d'augmentation des taux d'intérêt pour diminuer les tensions inflationnistes. La mise en œuvre de la politique économique conjoncturelle nécessite des politiques complémentaires : politique des revenus, politique fiscale, politique de l'emploi... La régulation conjoncturelle de l'activité s'effectue au moyen de deux instruments principaux : . Le budget de l'Etat et la monnaie, . La politique budgétaire et la politique monétaire peuvent être combinées pour maintenir un taux de croissance économique soutenue et un faible taux d'inflation. Qu'est-ce qu'une politique conjoncturelle dite de relance ? D’inspiration keynésienne, la politique économique conjoncturelle dite de relance privilégie les objectifs de stimulation de la croissance économique et de lutte contre le chômage. En cas de croissance faible et de chômage élevé, l'Etat peut mettre en œuvre une politique conjoncturelle qui vise à accroître la demande globale (consommation des ménages et investissements des entreprises) pour stimuler l'activité économique. Cette politique est mise en œuvre à l'aide d'une politique budgétaire et monétaire expansionnistes. . Une politique budgétaire expansionniste se traduit par une hausse des dépenses publiques, une baisse des impôts et un creusement du déficit budgétaire. Celui-ci est considéré comme favorable parce qu’il stimule la demande globale. Le mécanisme économique qui justifie cette politique est le suivant : l'augmentation des dépenses publiques et la diminution des impôts déclenchent une hausse du revenu disponible des ménages d'où une hausse de la consommation, ce qui engendre une hausse de la production des entreprises et donc une hausse de l'emploi. . Une politique monétaire expansionniste se traduit par une baisse des taux d'intérêt, une progression des crédits et de la masse monétaire. Le mécanisme économique qui justifie cette politique est le suivant : une baisse des taux d'intérêt génère des sources de financement moins coûteuses pour les agents économiques. Ménages et entreprises vont donc recourir à plus de crédits et vont effectuer plus d'échanges donc plus d'activité économique et plus d’emploi. Les politiques de relance ont des effets positifs sur l’activité économique, sur le revenu des ménages et sur l’emploi. Cependant ces politiques peuvent favoriser l’inflation des prix et dégrader l’équilibre extérieur en raison de l’augmentation des importations. 4 Qu'est-ce qu'une politique conjoncturelle dite de rigueur ? La politique économique conjoncturelle dite de rigueur (de stabilisation) privilégie la lutte contre l’inflation et la réduction des déficits. Elle implique le plus souvent le freinage de la croissance économique. Elle est mise en œuvre à l'aide de politiques monétaire et/ ou budgétaire restrictives. . Une politique budgétaire restrictive recherche l’équilibre ou l’excédent du budget afin de limiter le poids de la dette publique. . Une politique monétaire restrictive se traduit par une limitation du crédit et une hausse des taux d’intérêt. Les politiques de rigueur ont, en principe, des effets bénéfiques sur les prix, sur les équilibres extérieurs et sur les résultats des entreprises. Cependant, elles peuvent avoir des effets dépressifs sur l’emploi, sur le pouvoir d’achat des ménages et sur la production. Source : 50 fiches pour comprendre les débats économiques actuels, M. Montoussé, Bréal. Document n°3 : L’économie de marché Paradoxe : l’économie de marché est aujourd’hui sans concurrence ! Après un long combat, elle a gagné par KO contre le collectivisme et le dirigisme. Même les rares pays qui se réclament encore du communisme, notamment la Chine, sont convertis. Son principe : Il est simple, mais a fait ses preuves sous toutes les latitudes : la concurrence permet de produire au moindre coût pour vendre au meilleur prix et satisfaire une part croissante des désirs humains. Le marché est aujourd’hui une réalité universelle : partout, les hommes produisent, échangent, achètent ou vendent en surveillant sur leur marché leurs concurrents pour ne pas perdre leurs clients. Malgré bien des aléas, l’histoire économique apparait ainsi comme celle de la diffusion progressive des mécanismes de marché à l’ensemble de l’économie mondiale. Sur ce marché planétaire, les capitaux, les biens et services, et, désormais, les salariés sont en situation de concurrence globale. C’est ce progrès qui a permis à un nombre croissant d’êtres humains de bénéficier à leur tour des avantages de la croissance économique. Ce succès de l’économie de marché est souvent mal ressenti par l’opinion. Il incite les entreprises à délocaliser leurs productions afin de tirer avantage des moindres salaires pratiqués dans les économies émergentes. La mise en concurrence des industries avec de nouveaux producteurs lointains réduit la capacité de contrôle des autorités nationales. Elle leur impose de déréglementer pour rétablir une plus grande flexibilité. Les réformes sont Pierre VAUDELIN Académie de Nantes la seule voie pour résister à cette nouvelle concurrence dans un cadre d’ouverture des échanges. Ces réformes imposent certains sacrifices, mais la contrepartie est la baisse des prix de maints produits manufacturés, désormais fabriqués là où ils sont moins chers. Tout le monde en profite : le consommateur occidental (qui dispose ainsi davantage de ressources pour faire autre chose, par exemple voyager) et les salariés des pays émergents qui peuvent enfin sortir de l’extrême pauvreté qui était leur sort quotidien. Modèle unique et universel, l’économie de marché condamnerait-elle, au nom du libre échange et de la libre-concurrence, les États à l’impuissance ? Pas nécessairement car cette concurrence a, entre autres paradoxes, besoin de règles pour se développer. Sans institutions politiques, sans la régulation de l’État, l’économie de marché risquerait de s’autodétruire selon un schéma bien connu des économistes. L’absence de contrôles engendrerait la généralisation d’oligopoles qui dicteraient leurs propres lois à leurs concurrents qui disparaitraient progressivement et avec eux l’économie de marché… Les États-Unis, puis les Européens, l’ont bien compris en promulguant des « lois anti-trust » permettant d’éviter les concentrations d’entreprises jugées abusives car mettant en danger l’économie de marché. Cependant il faut se garder de pousser cette logique de régulation trop loin, même dans le domaine des pratiques de la concurrence. Si l’économie de marché a besoin de règles pour fonctionner efficacement, ces règles sont d’abord celles du Droit – c’est à dire le respect de notions aussi basiques que l’interdiction de voler, de mentir, d’user de la contrainte pour forcer le consentement d’autrui. Par dessus tout, l’économie de marché repose sur le respect des droits de propriété, une notion indispensable pour assurer la stabilité institutionnelle dont les agents ont besoin pour librement procéder à leurs échanges. C’est une des leçons qu’il est notamment permis de tirer de la récente crise financière. L’économie de marché ne peut apporter tous les bénéfices que les économistes décrivent que si le pouvoir réglementaire de l’État, sa capacité d’exiger des acteurs qu’ils obéissent à un nombre croissant de normes imposées par lui, reste cantonné dans des limites raisonnables. L’abus du pouvoir réglementaire peut tuer l’économie de marché Source : www.economie.gouv.fr, octobre 2012 Document n°4 : Le rôle de l’Etat Keynésien En période normale, la stabilité des dépenses publiques leur confère un rôle de stabilisateur automatique. En effet, les recettes de l'État sont étroitement liées à l'activité économique. C'est le cas de la TVA qui est liée à la consommation des ménages, c'est le cas de l'impôt sur le revenu même s'il y a un décalage entre le revenu et la perception de l'impôt, c'est le cas également des cotisations sociales qui sont liées aux rémunérations. Ainsi, lorsque l'activité fléchit, les recettes de l'État baissent, ce qui se traduit par un déficit public lorsque l'État décide de maintenir le niveau de ses dépenses. Inversement, en cas de croissance de l'activité, les recettes de l'État augmentent et il apparaît un excédent budgétaire si les dépenses publiques ne croissent pas parallèlement. Ce phénomène est renforcé par les dépenses sociales qui sont, elles aussi, liées à l'activité, par exemple l'indemnisation du chômage augmente lorsque l'activité ralentit. Ainsi, en période normale, une baisse d'activité a pour conséquence de creuser le déficit public (ou de réduire l'excédent), ce qui relance l'activité. Inversement, une hausse d'activité se traduit par un excédent budgétaire (ou une réduction du déficit) qui a tendance à ralentir l'activité économique. Puisque le déficit public a un impact positif sur la demande et l'excédent un effet négatif, la stabilité des dépenses publiques a un effet stabilisateur sur l'activité économique. Le soutien de l'activité par le déficit public consiste donc à permettre un enrichissement suffisant des ménages en le compensant par un appauvrissement de l'État. L'endettement de l'État a pour contrepartie des créances, c'est-à-dire soit de la monnaie lorsque le déficit public est financé par une émission monétaire, soit des titres émis par l'État, par exemple des bons du Trésor. Ces créances, qui deviennent la propriété des épargnants, ont une valeur qui n'est pas fondée sur des actifs physiques mais sur la capacité de l'État à percevoir des impôts dans le futur. Le mode de financement du déficit public joue un rôle important puisqu'un financement bancaire a des conséquences assez différentes d'un financement par émission d'obligations auprès du public. Dans le cas d'un financement par emprunt auprès du système bancaire, le déficit public se traduit par une augmentation de la masse monétaire et une pression à la baisse sur les taux d'intérêt, c'est-à-dire aussi par une incitation à la relance de l'investissement privé. C'est ce mode de financement qui agit le plus efficacement sur la demande puisqu'il agit à la fois directement par les dépenses publiques et, indirectement, sur l'investissement des entreprises par la baisse des taux d'intérêt. Lorsque le déficit public est financé par des emprunts auprès du public, l'offre de titres de l'État vient en concurrence des titres émis par les entreprises, ce qui met une pression à la baisse sur leurs prix, c'est-à-dire ce qui tire les taux d'intérêt vers le haut. Dans ce cas, l'investissement privé est freiné par la dépense publique et l'on parle d'un effet d'éviction. Le rôle de l'État peut alors être illustré par le schéma suivant du circuit économique où n'apparaissent que les flux monétaires : Pierre VAUDELIN Académie de Nantes Source : www.comptanat.fr/keynes Document n°5 : L’Etat, une force vulnérable dans un contexte perturbé Les Etats se doivent de réfléchir à une ou des stratégies pour être efficaces afin d’accéder aux marchés financiers pour obtenir les ressources nécessaires à leurs dépenses publiques. Un manque de stratégie, des choix économiques et/ou politiques en contradiction avec les bases de la financiarisation de l’économie peuvent rendre l’accessibilité d’un Etat au marché difficile. Les Etats « otages » des marchés financiers dans l’application de leur politique économique A force de répondre avec application et régularité aux exigences des marchés financiers, les Etats deviennent prisonniers des agences de notation. François Hollande, lors de sa campagne présidentielle de 2012 souhaitait se battre contre les marchés financiers1. Force est de constater que malgré toute sa bonne volonté, la France est toujours obligée d’appliquer une politique économique de rigueur pour diminuer son déficit budgétaire et assainir ses finances publiques. Tous les gouvernements libéraux et sociaux-démocrates s’obligent à développer des actions publiques en faveur d’une plus grande soutenabilité de leurs finances publiques afin de ne pas laisser filer leur dette souveraine. Zone Euro : des Etats en difficulté face à leur endettement public important La monnaie unique est face à des critiques qui sont de plus en plus prégnantes quant à la survie de la zone euro suite aux défaillances de paiement de plusieurs pays : Irlande, Grèce, Italie, Espagne et Portugal. Ces Etats se sont trouvés en situation financière compliquée lorsqu’il a fallu rembourser leurs emprunts sur le marché financier. Le manque de croissance économique, un chômage massif et des finances publiques très détériorées ont incité les agents à capacité de financement, au vu des notations appliquées par les agences de notation, à augmenter leurs taux d’intérêts d’emprunt. Cette action a plongé ces pays dans de lourdes difficultés financières, économiques et sociales. Source : CREG, Académie de Versailles, Avril 2013 Document n°6 : Des Etats qui réagissent aux contraintes économiques internationales L’ensemble des Etats dans l’Union européenne ont tous la volonté d’agir ensemble et solidairement dans le but de sauver leur souveraineté économique et sociale. Dans ce cadre, l’Etat stratège européen a la volonté de créer une nouvelle structure financière commune par la mise en place du fonds de solidarité économique et financière (FESF) et du mécanisme européen de solidarité financière (MESF). Ces deux fonds de solidarité ont été crées en 2010 pour aider les pays dont la soutenabilité financière est très faible. Pour exemple frappant, la Grèce qui a déchainé l’actualité économique et sociale pendant de nombreux mois. Malgré quelques hésitations, l’Union européenne a joué la carte de la solidarité en créant les mécanismes de soutien financier aux Etats en difficulté financière. Pour enrayer la panique qui a éclaté suite à la « crise irlandaise » (2008), les Etats, au delà de l’aide accordée à ce pays, se sont entendus sur un gigantesque plan de secours à plusieurs étages, comme le montre cette infographie. 1 Site www.huffingtonpost.fr/.../hollande-a-strasbourg-discours-offensif-finance-austerite, 05/02/2013 7 Source : CREG, Académie de Versailles, Avril 2013 Document n°7 : La dette publique des économies développées de 1999 à 2011 8 Qui détient la dette de l’Etat français ? Bulletin mensuel de l'Agence France Trésor, mai 2013 Document n°8 : La situation économique conjoncturelle de la France en 2010 et 2011 Source : INSEE, MINEFI 2011 9 Document n°9 : Un pacte de convergence et des règles de politique budgétaire à respecter 10 CHAPITRE 2 LES POLITIQUES ECONOMIQUES L’Etat comprend les administrations publiques, les collectivités locales et les administrations de la sécurité sociale. Deux conceptions de l’Etat opposent les partisans de l’intervention de l’Etat dans les domaines économiques et social (J.M.Keynes) et ceux qui défendent un libéralisme économique (A.Smith, JB Say). Dans la pratique, l’opposition entre les partisans d’un Etat gendarme et ceux de l’Etat providence n’est pas aussi tranchée et les modes d’expression de l’intervention de l’Etat sont très variés. La politique économique regroupe l’ensemble des interventions des pouvoirs publics qui permettent de corriger les déséquilibres économiques tels que le ralentissement de la croissance, le chômage, la hausse des prix et le déséquilibre des échanges extérieurs. L’État définit des objectifs stratégiques prioritaires pour sa politique économique, en fonction desquels il détermine les moyens les plus adaptés pour les atteindre. Les principaux instruments utilisés sont la politique budgétaire et la politique monétaire qui peuvent être accompagnées de politiques spécifiques telles que la politique des revenus, la politique des prix… Les objectifs comme les instruments sont soumis à des contraintes régionales (Union Européenne avec le pacte de stabilité et de croissance pour la zone euro) et internationales (OMC et FMI). I. La notion de politique économique A. POURQUOI METTRE EN ŒUVRE DES POLITIQUES ECONOMIQUES ? La politique économique est un ensemble de décisions cohérentes prises par les pouvoirs publics et visant à atteindre des objectifs à l’aide de divers instruments, afin d’orienter l’économie dans un sens souhaitable à plus ou moins long terme. En 1989, l’économiste américain Richard Musgrave (1910-2007) identifie plus précisément trois fonctions principales de l’État, chacune étant liée à certaines défaillances du marché auxquelles peuvent remédier les politiques économiques : – la fonction d’allocation des ressources (par exemple, prise en charge de certaines productions comme les infrastructures ou les biens publics par l’État) ; – la fonction de redistribution, pour corriger les inégalités générées par le marché ; – la fonction de stabilisation, pour limiter les fluctuations de la conjoncture, inhérentes à l’économie de marché. 11 B. LES OBJECTIFS DE LA POLITIQUE ECONOMIQUE Les politiques économiques ont pour objectif la stabilisation de la conjoncture et la croissance durable. La politique conjoncturelle vise à agir à court terme sur les déséquilibres de la situation économique, à l’aide d’instruments dans un cadre institutionnel donné. Elle englobe la politique budgétaire, la politique monétaire, la politique de change, la politique des revenus, la politique de l’emploi… La politique structurelle vise à agir à long terme sur les caractéristiques fondamentales de l’économique (fonctionnement du marché du travail, état de la concurrence, réglementation...) pour améliorer les performances de l’économie. Les politiques structurelles visent à agir sur l’économie à moyen et à long terme en modifiant les structures économiques et sociales d’un pays et les conditions de fonctionnement des différents marchés. Elles se déclinent en politique industrielle, politique d’aménagement du territoire, politique de recherche et développement, politique de l’environnement, politique de l’emploi, politique de la concurrence, politique agricole, etc. Ces deux volets de politique économique sont complémentaires. L’efficacité d’une politique conjoncturelle peut être renforcée grâce à des mesures structurelles (par exemple, la baisse de la TVA dans le secteur de la restauration). Par ailleurs, on peut entendre la politique économique au sens large et y inclure la politique sociale. Celle-ci, définie comme l’ensemble des actions de l’État visant à agir sur la situation sociale des individus, peut être utilisée à des fins économiques (exemple du RSA étendu aux jeunes utilisé aussi comme mesure de relance conjoncturelle pour faire face à la crise économique). 12 C. LES OUTILS DE CONTROLE DES POLITIQUES ECONOMIQUES Un outil de contrôle peut être assigné à chaque objectif : Objectifs Croissance économique Création d’emplois Stabilité des prix Outils de contrôle Taux de croissance du PIB Taux de chômage en % de la population active Taux d’inflation Solde de la balance des transactions courantes Équilibre du commerce extérieur (exportations – importations) en % du PIB Par exemple, la mise en œuvre de la baisse de la TVA dans la restauration est contrôlée par des objectifs de baisse de prix pour les consommateurs et de création d’emplois dans le secteur. L’outil théorique qui va représenter les objectifs de court terme de la politique économique est le Carré Magique de Kaldor : Cet outil, proposé en 1971 par l’économiste britannique Nicholas Kaldor (1908-1986) représente le plein emploi, la stabilité des prix, l’équilibre de la balance extérieure, la croissance. Ces quatre objectifs paraissent difficiles à atteindre simultanément, d’où l’expression de « carré magique ». Ce carré est qualifié de magique car l'expérience et les faits économiques prouvent qu'il est très difficile d'atteindre simultanément les quatre objectifs. Certains objectifs s'opposent comme l'inflation et le chômage, par exemple une baisse de l'inflation provoque une hausse du chômage et inversement. Il existe deux grands types de politique économique conjoncturelle : une politique de relance (France en 1982) et une politique de rigueur. La politique de relance, d'inspiration Keynésienne, privilégie les objectifs de lutte contre le chômage et de stimulation de la croissance grâce à une politique budgétaire visant à soutenir la demande au prix d'un déficit budgétaire. Cependant en voulant atteindre ces deux objectifs, cette politique déforme le "carré" car elle favorise l'inflation et détériore le commerce extérieur. 13 La politique de rigueur quant à elle privilégie la lutte contre l'inflation (politique monétaire de la Banque Centrale Européenne), l'équilibre budgétaire et la réduction du déficit de la balance commerciale. En voulant atteindre ces deux objectifs, cette politique freine la croissance ainsi que les emplois durables et donc modifie ce "carré". Mais dans un contexte de mondialisation de l'économie les gouvernements ont-ils encore suffisamment de marges de manœuvre pour conduire la politique économique ? II. La coordination des politiques économiques A. L’INTERACTION DES POLITIQUES ECONOMIQUES Il est souvent difficile de concilier les différents objectifs des politiques économiques. Par exemple, une politique qui vise à atteindre un objectif de croissance ou de plein emploi peut se faire au détriment de la stabilité des prix et de l’équilibre du commerce extérieur. Il est par exemple admis que la lutte contre l’inflation peut créer du chômage. De même, la relation entre inflation et salaire s’explique par le fait que lorsque le chômage dépasse un certain niveau, les salariés ne sont plus en position de force pour revendiquer des hausses de salaires. B. LES CONTRAINTES DE L’APPARTENANCE A L’UE La politique économique de la France est encadrée par son appartenance à l’UE et son adhésion à la monnaie unique. Pour garantir la stabilité macroéconomique de l’UE, les membres fondateurs de la zone euro ont défini un Pacte de stabilité et de croissance (PSC), qui constitue un engagement politique des États membres sur le contrôle de leurs déficits publics. Le PSC a été adopté au Conseil européen d’Amsterdam en juin 1997. Il prolonge l’effort de réduction des déficits publics engagé en vue de l’adhésion à l’Union économique et monétaire (UEM). Cependant, à l’inverse de la politique monétaire, la politique budgétaire demeure une compétence nationale. Ce Pacte oblige à renforcer la convergence des politiques économiques. Le Pacte de stabilité et de croissance est l’outil de contrôle budgétaire dont les pays de la zone euro se sont dotés afin de coordonner leurs politiques budgétaires nationales et d’éviter l’apparition de déficits budgétaires excessifs. Il impose aux États de la zone euro d’avoir à terme des budgets proches de l’équilibre ou excédentaires. Le PSC comporte deux types de dispositions : . La surveillance multilatérale, disposition préventive : les États de la zone euro présentent leurs objectifs budgétaires à moyen terme dans un programme de stabilité actualisé chaque année. Un système d’alerte rapide permet au Conseil Ecofin, réunissant les ministres de l’Économie et des Finances de l’Union, d’adresser une recommandation à un État en cas de dérapage budgétaire. . La procédure des déficits excessifs, disposition dissuasive. Elle est enclenchée dès qu’un État dépasse le critère de déficit public cumulé des administrations centrales, locales et de sécurité sociale, fixé à 3 % du PIB, sauf circonstances exceptionnelles. Le Conseil Ecofin adresse alors des recommandations pour que l’État mette fin à cette situation. Si tel n’est pas 14 le cas, le Conseil peut prendre des sanctions : dépôt auprès de la BCE qui peut devenir une amende à payer au Trésor Public d’une somme d’argent fixée par la loi. (De 0,2 à 0,5 % PIB de l’État en question) si le déficit excessif n’est pas comblé. Le PSC a été révisé en 2005. Les déficits des États membres ne doivent pas dépasser 3 % de leur PIB, sauf circonstances exceptionnelles (comme une récession économique grave, par exemple). Les dix sept États membres de l’Union économique et monétaire doivent viser une coordination étroite de leurs politiques économiques dans le cadre du Pacte de stabilité et de croissance. C. LA COORDINATION DES POLITIQUES ECONOMIQUES MONDIALES Le FMI, l’OMC mais surtout le G20 ont mis en place des processus de décision conjoints pour définir les grandes orientations de la politique économique au niveau mondial. Cette coordination apparaît indispensable en période de crise pour que les politiques de relance soient cohérentes entre elles afin d’assurer avec succès le retour de la croissance économique au niveau international. Le dernier sommet du G20 a été l’occasion au Mexique de discuter des difficultés de l’économie mondiale. Le sommet du G20 des 18-19 juin 2012 à Los-Cabos, au Mexique a abordé en priorité la crise économique européenne, mais a traité aussi de thèmes plus larges tels que le développement futur de l'économie mondiale. Selon le chef d'Etat mexicain, la crise européenne a eu des répercussions sur l'économie mondiale, et les participants du sommet de Mexique tenteront d'adopter un plan d'action économique à long terme. Ce plan comprendra non seulement les mesures censées résoudre les problèmes économiques européens, mais proposera également une série de mesures concrètes portant sur les domaines clés de l'économie mondiale. Elles concerneront la politique, les finances, les impôts, l'action monétaire - tout ce qui nous permettra de stimuler le développement global à long terme et d'augmenter au maximum l'emploi, ce qui constitue l'objectif commun de nos pays", a-t-il souligné. 15 S YNTHESE DU CHAPITRE 2 : LA POLITIQUE ECONOMIQUE La mise en œuvre de la politique économique : En théorie, la mise en œuvre des 4 objectifs de la politique économique devrait suivre deux principes : • Jan Tinberger, économiste américain, Le principe de cohérence recommande de disposer d'autant d'instruments que d'objectifs pour atteindre un chemin de croissance. Le principe d'efficience • Robert Mundell , économiste canadien, recommande d'affecter chaque instrument à l'objectif pour lequel il posséde la meilleure efficatité relative pour atteindre une chemin de croissance. Les politiques conjoncturelles et structurelles : 16 Les instruments de la politique conjoncturelle : L’on peut classer les politiques conjoncturelles en fonction de leurs instruments et de leur orientation générale : Mots clés Libéralisme économique Interventionnisme doctrine selon laquelle l'Etat doit intervenir pour réguler l'économie doctrine selon laquelles les acteurs économiques agissent librement dans l'économie pour son bon fonctionnement. Politique conjoncturelle Politique structurelle ensemble de mesures visant à réduire les fluctuations de l'activité économique à court terme. ensemble de mesures visant à modifier les caractéristiques d'une économie à long terme. 17 Correction du dossier documentaire Situation : crise actuelle et impact sur l’économie française Etude et analyse : 1) En période de crise économique, comme nous la connaissons aujourd’hui, l’Etat doit-il être interventionniste ou doit-il laisser faire les marchés ? Expliquez. 2) La conjoncture économique actuelle est-elle synonyme de déficit budgétaire et de crise de la dette uniquement? 3) Les Etats, dans un contexte économique et financier perturbé, ont-ils suffisamment de marges de manœuvre pour engager des politiques économiques de relance? Expliquez. 4) La crise de l’endettement public des Etats rend ceux-ci «otages» des marchés financiers par obligation budgétaire. Comment cette crise est-elle arrivée? Quels sont les faits et les instruments financiers qui sont à l’origine de ce défaut de soutenabilité des finances publiques des Etats ? Analyse et argumentation structurée : Une politique économique de réduction des déficits est-elle suffisante pour relancer la croissance économique ? ******** 1) En période de crise économique et financière, les Etats sont quasi obligés d’intervenir dans l’économie mais cette intervention peut se faire de différente manière. Soit l’Etat est social et interventionniste et il va intervenir dans le cadre de la mise en œuvre d’une politique conjoncturelle budgétaire de relance. A cet effet, il utilisera l’outil budgétaire pour dépenser dans l’objectif d’une relance de la demande (politique keynésienne de relance budgétaire) en souhaitant un traitement social du chômage. Soit l’Etat est gendarme et libéral et il souhaitera intervenir mais de façon différente dans l’économie pour endiguer la crise économique. En effet, l’Etat libéral a comme précepte de laisser faire les marchés comme le suggérait A.SMITH au 19ème siècle. Les marchés sont seuls capables de régler les dysfonctionnements entre acteurs qui utilisent leurs forces pour progresser et non les subventions de l’Etat qui risquent de rendre les acteurs producteurs plus dépendants que productifs. Mais en période de crise économique, même si l’Etat libéral ne souhaite pas intervenir, il doit tout de même développer des politiques structurelles de l’emploi dites, politiques actives de l’emploi, comme la politique de l’emploi ayant pour objectif de trouver des compromis entre organisations syndicales sur l’a compétitivité, la flexibilité et l’emploi avec la signature d’un accord le 18 janvier 2013. La baisse du coût du travail est aussi un serpent de mer qui n’arrive pas percer malgré des demandes soutenues des entrepreneurs depuis des années pour modifier les charges trop lourdes supportées par ceux-ci. En conclusion, l’Etat qu’il soit libéral ou providence intervient dans l’économie surtout en période de crise économique car il doit supporter les acteurs économiques avec comme objectif la sortie de crise et le retour vers un chemin de croissance. 2) La conjoncture économique actuelle morose est synonyme de nombreux maux. La période de crise économique est ponctuée de périodes de récession et de légère reprise sans pour autant repartir vers la croissance économique. Si la situation actuelle influence de manière négative le budget des Etats comme leur capacité financière à investir, il n’en demeure pas moins qu’il existe d’autres raisons au cercle vicieux de cette conjoncture. 18 Si la crise financière de 2008 a eu comme conséquence une crise bancaire qui a obligé les Etats à intervenir pour recapitaliser les banques pour ne pas qu’elle fasse faillite, de leur côté, les Etats ont vu en retour leur dette filer très vite si bien que beaucoup de pays de la zone euro sont en difficulté financière face à l’insoutenabilité de leurs finances publiques. Cet endettement public rend prisonniers les Etats des marchés financiers qui ne peuvent pas faire autrement que d’aller sur les marchés pour trouver des ressources afin de compenser leurs déficits. Cette dépendance les privent aussi de renouer avec la croissance possible de leur nation, en investissant davantage dans les secteurs stratégiques pourvoyeurs d’emplois et donc de revenus. Ce manque de dynamisme en politique industrielle ne permet pas aux entreprises d’être porteurs d’investissements et d’innovations sur leurs marchés et plutôt d’attendre comment l’Etat va-t-il redonner confiance aux agents économiques soit par une politique de relance par la demande ou par l’offre. Mais, cette politique de croissance ne peut être efficiente que si déjà l’Etat est capable de faire des efforts pour redonner confiance aux agents sur leurs marchés. Sans cette confiance, aucune réelle reprise ne peut être possible dans le temps. Donc, la situation économique actuelle est aussi synonyme de ralentissement de la consommation et donc de la production, d’un attentisme des entreprises comme des consommateurs d’un retournement de situation conjoncturel et enfin d’un manque d’investissement et de prospective dans le temps. 3) Les Etats dans le contexte risqué de globalisation financière sont souvent dépendants des marchés qui leur dictent indirectement leur politique budgétaire quant à la soutenabilité de leurs finances publiques. Dans ce contexte, les marges de manœuvre des Etats sont minces et ne leur permettent pas de se désengager de leur lourd endettement qui a comme point de départ, la crise des subprimes. Pour compenser leur déficit budgétaire annuel, les Etats sont contraints d’aller sur les marchés financiers emprunter à des taux plus ou moins faibles par rapport à la notation qu’ils reçoivent des agences de notation. Les agences de notation notent les Etats en fonction de leur capacité à rembourser ou non leurs emprunts sur les marchés. Cette condition n’est pas toujours satisfaite par tous et handicape beaucoup d’entre eux dans leurs marges de manœuvre dans la mise en œuvre de leur politiques conjoncturelles et notamment budgétaire. Car, en plus de la pression des agences de notation, les Etats de la zone euro ont également la pression de Bruxelles et de la zone euro avec l’application des critères du pacte de stabilité et de croissance. Certains pays, comme la Grèce, n’ont pas pu tenir cette pression. Dans ce cadre risqué et perturbé, les marges de manœuvre des Etats, notamment de la zone euro, sont comprimées et ne leur permettent pas de trouver les moyens financiers suffisants pour combler leur déficit et engager des politiques conjoncturelles de relance, notamment budgétaire. Des politiques d’austérité, de rigueur, sont plutôt menées pour démontrer leur capacité à rembourser leurs emprunts et leur permettre d’emprunter encore à des taux faibles pour peut-être plus tard, lorsque la situation se sera améliorée, s’attaquer à la relance de l’activité économique. 4) Cette crise de l’endettement des Etats provient de la crise des subprimes déclenchée aux USA en octobre 2007. Cette crise de titres immobiliers provenant d’emprunts de ménages américains non solvables a plongé la planète dans plus de quatre ans de crise. Cette crise financière des subprimes a touché les banques commerciales de nationalités différentes sur toute la planète qui avaient acquis des produits dérivés toxiques comme les subprimes. Les pertes des banques sur les marchés financiers suite à la vente de ces titres toxiques ont engagé une crise bancaire très importante qui a eu comme conséquence des faillites de banques aux Etats-Unis comme dans de nombreux autres pays. Afin de ne pas faire perdre leur épargne et leurs revenus aux clients, les Etats se sont portés garants du capital des banques en les recapitalisant. Cette action a déclenché pour les Etats une véritable crise de la dette, car ceuxci en voulant aider les banques se sont lourdement endettés sur les marchés financiers. Cette crise de soutenabilité des finances publiques casse le retour des nations vers la croissance économique par manque de ressources suffisantes pour l’investissement nécessaire au retour de la croissance. 19 Analyse et argumentation structurée : Une politique économique de réduction des déficits est-elle suffisante pour relancer la croissance économique ? La conjoncture économique actuelle précipite les actions économiques et politiques des Etats vers une réduction de leurs déficits afin de pouvoir davantage investir à moyen ou long terme pour relancer la croissance économique. Elle correspond, sur une longue période, à une augmentation de la richesse de biens et de services produites par les agents économiques à l’intérieur d’un pays. Elle est mesurée par un agrégat appelé le produit intérieur brut, qui est égale à la somme des valeurs ajoutées. Elle constitue l’un des principaux objectifs macroéconomiques des gouvernements, car elle traduit au moins au niveau quantitatif, la « bonne santé » d’une économie. Force est de constater que les économies européennes sont endettées lourdement depuis le début de l’épisode de la crise des subprimes. En effet, depuis longtemps, les Etats accumulent des déficits plus ou moins importants qui alourdissent les budgets nationaux en déficits qui se cumulent et dégagent une dette alarmante. Le déficit public est la différence entre la somme des recettes et des dépenses de l’Etat sur une année. Si les dépenses sont supérieures aux recettes, alors l’Etat est en besoin de financement car il dégage un déficit en recettes. Dans ce contexte, tous les Etats souhaitent réduire ces déficits et mettent en œuvre des politiques économiques en conséquence. Ces politiques mises en œuvre sont appelées « politiques conjoncturelles ». Il s’agit, pour l’Etat, d’aller contre le cycle économique qui se développe à court terme pour retrouver un équilibre économique et budgétaire. La politique économique représente l’ensemble des choix politiques d’un gouvernement en fonction d’actions économiques qu’il souhaite mettre en œuvre dans l’objectif d’une relance de l’activité économique. Nous allons tenter de répondre à la question suivante : Une politique économique de réduction des déficits est-elle suffisante pour relancer la croissance économique ? Dans un premier temps, nous expliquerons qu’une politique de réduction des déficits peut être un frein à la croissance économique puis dans un second temps, qu’elle peut aussi être un moyen ou un relai pour relancer la croissance d’une nation. I) La réduction des déficits peut être un frein à la croissance économique La politique de réduction des déficits, en contraignant les dépenses de l’Etat va obliger celui-ci à ne plus ou moins intervenir de façon importante dans l’économie. Les politiques économiques structurelles en lien avec les infrastructures, les innovations et la formation risquent d’être compromises et pourtant elles sont efficaces pour un retour à la croissance. L’Etat, dans un contexte de crise, n’a pas toujours le choix en termes d’intervention ou non de ses actions dans le domaine économique. Il peut aussi être contraint par des obligations budgétaires et monétaires (pacte de stabilité et de croissance dans la zone euro par exemple) et dans ce cadre doit suivre une certaine rigueur dans ces actes et choix politiques et économiques. La réduction des déficits peut aussi passer par une augmentation des recettes de l’Etat en augmentant la fiscalité. Cette action risque d’aggraver, par la perte de revenu disponible des ménages, la consommation, principale levier de la croissance économique. Enfin, une politique de réduction des déficits par une hausse de la fiscalité peut réduire la compétitivité des entreprises. En effet, la fiscalité supplémentaire engendrée par les dépenses de l’Etat va créer une charge financière sur les entreprises qui vont répercuter celle-ci sur leurs prix ce qui va réduire la consommation nationale d’abord et la compétitivité mondiale en terme d’exportations. 20 II) La réduction des déficits peut être un moteur de la croissance d’une nation Une politique de réduction des déficits est tout d’abord une politique conjoncturelle budgétaire dite d’austérité. Elle peut avoir comme objet de contraindre les dépenses de l’Etat, comme d’augmenter ses recettes en fiscalité pour ramener l’équilibre budgétaire. Une politique de ce type permet une baisse des taux d’intérêt sur les marchés et incitent plus les entreprises comme les ménages à investir et consommer. En effet, le manque d’intervention de l’Etat dans l’économie, fait que les banques ayant moins de monnaie à créer (pour ne pas créer en plus de l’inflation) baissent leurs taux d’intérêt des prêts. La réduction des déficits voulue par les Etats fait que celui-ci est moins présent sur les marchés financiers pour emprunter, en tout cas de moins grande quantité de monnaie, cela permet aux autres agents économiques et notamment aux entreprises de plus emprunter, à des taux d’intérêts plus bas et donc de plus investir pour produire plus et consommer plus également. Enfin une politique d’austérité engage l’Etat à moins intervenir et donc incite les marchés comme les entreprises à agir plus sur ceux-ci pour relancer la croissance économique. Il s’agit pour l’Etat de développer plus des politiques fiscales avantageuses pour inciter les entreprises à être plus compétitives et concurrentielles sur leurs marchés afin qu’elles retrouvent confiance en l’avenir et embauchent de nouveau. L’Etat peut également développer des politiques structurelles qui vont vouloir modifier les structures du marché. Liste de ressources enseignantes BIBLIOGRAPHIE - 50 fiches pour comprendre les débats économiques, édition Bréal Revue Alternatives économiques et Alternatives Internationales Revue les Cahiers français sur la politique économique Revue Problèmes économiques : Comprendre les crises économiques Un manuel d’économie appliqué à la macroéconomie SITOGRAPHIE - www.alternativeseconomiques.fr www.creg.fr www.minefi.gouv.fr www.insee.fr www.ladocumentationfrancaise.fr 21