Pierre VAUDELIN Académie de Nantes
SOMMAIRE PARTIE 5- LA POLITIQUE ECONOMIQUE DANS UN
CADRE EUROPEEN
Chapitre 2 : Les politiques économiques
Dossier de découverte du chapitre p 2
La synthèse écrite du chapitre p 11
La synthèse schématique du chapitre p 16
Correction du dossier documentaire p 18
Liste des ressources pour enseignant p 21
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DOSSIER DOCUMENTAIRE
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Situation : crise actuelle et impact sur l’économie française
En période de crise économique, les Etats agissent dans un contexte risqué de globalisation
financière. Leur objectif premier est de retrouver rapidement un chemin de croissance. Pour
cela, ils doivent démontrer la soutenabilité de leurs finances publiques afin d’accéder plus
facilement aux marchés financiers dans le but de recouvrir des ressources à affecter à la
productivité de leur économie et à la compétitivité de leurs entreprises. Ce grand écart est
compliqué à mettre en œuvre face aux exigences des marchés mais l’Etat montre également sa
force en coordonnant ses décisions avec d’autres pour être plus efficace sur les sujets
financiers notamment. Vous êtes chargé(e) d’études auprès d’un organisme français de
coopération économique et votre responsable vous demande de répondre à l’analyse suivante :
Etude et analyse :
1) En période de crise économique, comme nous la connaissons aujourd’hui, l’Etat doit-il
être interventionniste ou doit-il laisser faire les marchés ? Expliquez.
2) La conjoncture économique actuelle est-elle synonyme de déficit budgétaire et de crise
de la dette uniquement?
3) Les Etats, dans un contexte économique et financier perturbé, ont-ils suffisamment de
marges de manœuvre pour engager des politiques économiques de relance? Expliquez.
4) La crise de l’endettement public des Etats rend ceux-ci «otages» des marchés
financiers par obligation budgétaire. Comment cette crise est-elle arrivée? Quels sont
les faits et les instruments financiers qui sont à l’origine de ce faut de soutenabilité
des finances publiques des Etats ?
Analyse et argumentation structurée :
Une politique économique de réduction des déficits est-elle suffisante pour relancer la
croissance économique ?
Document n°1 : Qu’est-ce que la politique économique ?
La politique économique désigne l'ensemble des interventions des pouvoirs publics dans l'économie
d'un pays en vue de l'orienter vers des objectifs précis au moyen d'instruments spécifiques. Les
principaux objectifs de la politique économique sont la croissance, le plein-emploi, la stabilité des prix
et l'équilibre des échanges extérieurs. Les instruments spécifiques de politique économique sont le
budget, la régulation de la masse monétaire, l'action sur les taux d'intérêt et le taux de change,
l'intervention sur la formation des revenus et sur la redistribution, et la réglementation. Pour définir les
objectifs de la politique économique, il est souvent fait référence au carré magique de l'économiste
keynésien Nicholas Kaldor (1908-1988). Cette représentation graphique des objectifs de la politique
économique résume la situation conjoncturelle d'un pays à partir de quatre indicateurs : le taux de
croissance du PIB, le taux de chômage, le taux d'inflation (le taux de croissance des prix à la
consommation) et le solde de la balance des transactions courantes (en pourcentage du PIB). Ces
quatre indicateurs correspondent aux quatre objectifs fondamentaux des politiques économiques. La
jonction des quatre points permet de montrer la situation économique idéale. Le carré est appelé
magique car une telle situation d'équilibre est dans les faits quasiment impossibles à atteindre. En
revanche, la distance des points par rapport au carré idéal permet d'apprécier le niveau de détérioration
de la situation économique ou bien l'efficacité des politiques mises en œuvre.
Pierre VAUDELIN Académie de Nantes
Carré magique de Nicholas Kaldor (source : maxicours.com).
A partir de ce carré, on distingue deux
relations importantes en macroéconomie : la
relation entre l'inflation et le chômage, et la
relation entre la croissance et le chômage. La
relation entre l'inflation et le chômage est aussi
connue sous le nom de courbe de Phillips.
Cette courbe est révélatrice du dilemme des
politiques économiques keynésiennes : la
hausse de l'inflation permet de réduire le
chômage, mais la lutte contre l'inflation
entraîne une hausse du chômage.
La relation entre la croissance et le chômage
s'exprime ainsi : plus la croissance est forte et
plus le chômage baisse. L'interventionnisme
public est un événement assez récent dans
l'histoire économique. Il émerge au XIXe
siècle dans l'Allemagne de Bismarck (création
d'une assurance maladie obligatoire en 1883).
Il est mis en place en Angleterre selon un autre
modèle par Lord Beveridge (création de la
sécurité sociale en 1942 selon trois principes :
uniformité, unicité et universalité). Mais il est
réellement systématisé qu'après la seconde
guerre mondiale. Avant cela,
l'interventionnisme est limité en vue du
maintien de la concurrence pure et parfaite,
ainsi que de l'exercice des fonctions
régaliennes (défense, police, droit et monnaie)
suivant en cela les recommandations de la
doctrine libérale classique. C'est avec la
révolution keynésienne que la politique de
stabilisation conjoncturelle apparaît, et avec
elle toute une série de nouvelles fonctions que
doit assumer l'Etat.
Robert Musgrave, économiste américain, a
défini le rôle de l'État à travers trois fonctions :
la fonction d'allocation, la fonction de
redistribution et la fonction de régulation. La
fonction d'allocation couvre les
investissements publics qui présentent une
dimension stratégique en termes de croissance
sur le long terme. La fonction de redistribution
concerne la dimension sociale de la politique
économique : au moyen de prélèvements
obligatoires, l'Etat modifie la répartition
primaire des revenus pour assurer une justice
sociale. La fonction de régulation couvre les
politiques économiques conjoncturelles visant
à assurer la croissance et le plein-emploi, via
une action par la monnaie ou le budget.
Source : Le budget de l’Etat, M. BASLE, mars 2012, collection Repères n°33
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Document n°2 : Qu’est-ce que la politique conjoncturelle?
Avant la crise de 1929, les finances publiques n'avaient que pour but d'assurer les activités
régaliennes de l’Etat, ce qui limitait les possibilités de mise en œuvre d’une telle politique ; on
pensait alors que le budget ne pouvait pas avoir une fonction régulatrice de l’activité économique.
Ce n’est qu’avec la mise en application des théories keynésiennes que la relance économique a pu
avoir lieu par l’augmentation des dépenses publiques. La mise en œuvre de cette politique a
fonctionné un temps, avant d’être vivement remise en cause dans les années soixante, à un moment
elle révélait ses limites. La politique budgétaire reste un levier cessaire à l’action économique
de l’Etat. Néanmoins, les Etats européens doivent respecter des règles particulières (par exemple, le
pacte de stabilité et de croissance), qui peuvent nuire à l’autonomie des Etat dans la conduite d’une
telle politique. La politique budgétaire a donc tout d’abord pour rôle la stabilisation de la
conjoncture. La politique économique conjoncturelle vise à réguler l'activité à court terme pour
garantir une croissance forte sans déséquilibres (chômage, inflation, déficit budgétaire...). Elle peut
être procyclique ou contracyclique.
. La politique conjoncturelle est procyclique lorsque l'Etat agit dans le sens de la conjoncture pour
l'amplifier. Exemple : prendre des mesures de relance pour stimuler la demande et la croissance
économique en période de récession.
. La politique conjoncturelle est contracyclique lorsque l'Etat intervient pour contrer une évolution
conjoncturelle indésirable. Exemple : prendre des mesures d'augmentation des taux d'intérêt pour
diminuer les tensions inflationnistes.
La mise en œuvre de la politique économique conjoncturelle nécessite des politiques
complémentaires : politique des revenus, politique fiscale, politique de l'emploi...
La régulation conjoncturelle de l'activité s'effectue au moyen de deux instruments principaux :
. Le budget de l'Etat et la monnaie,
. La politique budgétaire et la politique monétaire peuvent être combinées pour maintenir un taux
de croissance économique soutenue et un faible taux d'inflation.
Qu'est-ce qu'une politique conjoncturelle
dite de relance ?
D’inspiration keynésienne, la politique
économique conjoncturelle dite de
relance privilégie les objectifs de stimulation
de la croissance économique et de lutte
contre le chômage. En cas de croissance faible
et de chômage élevé, l'Etat peut mettre en
œuvre une politique conjoncturelle qui vise à
accroître la demande globale (consommation
des ménages et investissements des
entreprises) pour stimuler l'activité
économique.
Cette politique est mise en œuvre à l'aide d'une
politique budgétaire et monétaire
expansionnistes.
. Une politique budgétaire expansionniste se
traduit par une hausse des dépenses publiques,
une baisse des impôts et un creusement du
déficit budgétaire. Celui-ci est considéré
comme favorable parce qu’il stimule la
demande globale. Le mécanisme économique
qui justifie cette politique est le suivant :
l'augmentation des dépenses publiques et la
diminution des impôts déclenchent une hausse
du revenu disponible des ménages d'où une
hausse de la consommation, ce qui engendre
une hausse de la production des entreprises et
donc une hausse de l'emploi.
. Une politique monétaire expansionniste se
traduit par une baisse des taux d'intérêt, une
progression des crédits et de la masse
monétaire. Le mécanisme économique qui
justifie cette politique est le suivant : une
baisse des taux d'intérêt génère des sources de
financement moins coûteuses pour les agents
économiques. Ménages et entreprises vont
donc recourir à plus de crédits et vont effectuer
plus d'échanges donc plus d'activité
économique et plus d’emploi.
Les politiques de relance ont des effets positifs
sur l’activité économique, sur le revenu des
ménages et sur l’emploi. Cependant ces
politiques peuvent favoriser l’inflation des
prix et dégrader l’équilibre extérieur en
raison de l’augmentation des importations.
Pierre VAUDELIN Académie de Nantes
Qu'est-ce qu'une politique conjoncturelle
dite de rigueur ?
La politique économique conjoncturelle dite de
rigueur (de stabilisation) privilégie la lutte
contre l’inflation et la réduction des déficits.
Elle implique le plus souvent le freinage de la
croissance économique. Elle est mise en œuvre
à l'aide de politiques monétaire et/ ou
budgétaire restrictives.
. Une politique budgétaire restrictive
recherche l’équilibre ou l’excédent du budget
afin de limiter le poids de la dette publique.
. Une politique monétaire restrictive se traduit
par une limitation du crédit et une hausse des
taux d’intérêt.
Les politiques de rigueur ont, en principe, des
effets bénéfiques sur les prix, sur les
équilibres extérieurs et sur les résultats des
entreprises. Cependant, elles peuvent avoir
des effets dépressifs sur l’emploi, sur le
pouvoir d’achat des ménages et sur la
production.
Source : 50 fiches pour comprendre les débats économiques actuels, M. Montoussé, Bréal.
Document n°3 : L’économie de marché
Paradoxe : l’économie de marché est
aujourd’hui sans concurrence ! Après un long
combat, elle a gagné par KO contre le
collectivisme et le dirigisme. Même les rares
pays qui se réclament encore du communisme,
notamment la Chine, sont convertis.
Son principe : Il est simple, mais a fait ses
preuves sous toutes les latitudes : la
concurrence permet de produire au moindre
coût pour vendre au meilleur prix et satisfaire
une part croissante des désirs humains. Le
marché est aujourd’hui une réalité universelle :
partout, les hommes produisent, échangent,
achètent ou vendent en surveillant sur leur
marché leurs concurrents pour ne pas perdre
leurs clients.
Malgré bien des aléas, l’histoire économique
apparait ainsi comme celle de la diffusion
progressive des mécanismes de marché à
l’ensemble de l’économie mondiale. Sur ce
marché planétaire, les capitaux, les biens et
services, et, désormais, les salariés sont en
situation de concurrence globale. C’est ce
progrès qui a permis à un nombre croissant
d’êtres humains de bénéficier à leur tour des
avantages de la croissance économique.
Ce succès de l’économie de marché est
souvent mal ressenti par l’opinion. Il incite les
entreprises à délocaliser leurs productions afin
de tirer avantage des moindres salaires
pratiqués dans les économies émergentes. La
mise en concurrence des industries avec de
nouveaux producteurs lointains réduit la
capacité de contrôle des autorités nationales.
Elle leur impose de déréglementer pour rétablir
une plus grande flexibilité. Les réformes sont
la seule voie pour résister à cette nouvelle
concurrence dans un cadre d’ouverture des
échanges. Ces réformes imposent certains
sacrifices, mais la contrepartie est la baisse des
prix de maints produits manufacturés,
désormais fabriqués ils sont moins chers.
Tout le monde en profite : le consommateur
occidental (qui dispose ainsi davantage de
ressources pour faire autre chose, par exemple
voyager) et les salariés des pays émergents qui
peuvent enfin sortir de l’extrême pauvreté qui
était leur sort quotidien. Modèle unique et
universel, l’économie de marché
condamnerait-elle, au nom du libre échange et
de la libre-concurrence, les États à
l’impuissance ? Pas nécessairement car cette
concurrence a, entre autres paradoxes, besoin
de règles pour se développer. Sans institutions
politiques, sans la régulation de l’État,
l’économie de marché risquerait de
s’autodétruire selon un schéma bien connu des
économistes. L’absence de contrôles
engendrerait la généralisation d’oligopoles qui
dicteraient leurs propres lois à leurs
concurrents qui disparaitraient
progressivement et avec eux l’économie de
marché…
Les États-Unis, puis les Européens, l’ont bien
compris en promulguant des « lois anti-trust »
permettant d’éviter les concentrations
d’entreprises jugées abusives car mettant en
danger l’économie de marché.
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