
Pierre VAUDELIN Académie de Nantes
Qu'est-ce qu'une politique conjoncturelle
dite de rigueur ?
La politique économique conjoncturelle dite de
rigueur (de stabilisation) privilégie la lutte
contre l’inflation et la réduction des déficits.
Elle implique le plus souvent le freinage de la
croissance économique. Elle est mise en œuvre
à l'aide de politiques monétaire et/ ou
budgétaire restrictives.
. Une politique budgétaire restrictive
recherche l’équilibre ou l’excédent du budget
afin de limiter le poids de la dette publique.
. Une politique monétaire restrictive se traduit
par une limitation du crédit et une hausse des
taux d’intérêt.
Les politiques de rigueur ont, en principe, des
effets bénéfiques sur les prix, sur les
équilibres extérieurs et sur les résultats des
entreprises. Cependant, elles peuvent avoir
des effets dépressifs sur l’emploi, sur le
pouvoir d’achat des ménages et sur la
production.
Source : 50 fiches pour comprendre les débats économiques actuels, M. Montoussé, Bréal.
Document n°3 : L’économie de marché
Paradoxe : l’économie de marché est
aujourd’hui sans concurrence ! Après un long
combat, elle a gagné par KO contre le
collectivisme et le dirigisme. Même les rares
pays qui se réclament encore du communisme,
notamment la Chine, sont convertis.
Son principe : Il est simple, mais a fait ses
preuves sous toutes les latitudes : la
concurrence permet de produire au moindre
coût pour vendre au meilleur prix et satisfaire
une part croissante des désirs humains. Le
marché est aujourd’hui une réalité universelle :
partout, les hommes produisent, échangent,
achètent ou vendent en surveillant sur leur
marché leurs concurrents pour ne pas perdre
leurs clients.
Malgré bien des aléas, l’histoire économique
apparait ainsi comme celle de la diffusion
progressive des mécanismes de marché à
l’ensemble de l’économie mondiale. Sur ce
marché planétaire, les capitaux, les biens et
services, et, désormais, les salariés sont en
situation de concurrence globale. C’est ce
progrès qui a permis à un nombre croissant
d’êtres humains de bénéficier à leur tour des
avantages de la croissance économique.
Ce succès de l’économie de marché est
souvent mal ressenti par l’opinion. Il incite les
entreprises à délocaliser leurs productions afin
de tirer avantage des moindres salaires
pratiqués dans les économies émergentes. La
mise en concurrence des industries avec de
nouveaux producteurs lointains réduit la
capacité de contrôle des autorités nationales.
Elle leur impose de déréglementer pour rétablir
une plus grande flexibilité. Les réformes sont
la seule voie pour résister à cette nouvelle
concurrence dans un cadre d’ouverture des
échanges. Ces réformes imposent certains
sacrifices, mais la contrepartie est la baisse des
prix de maints produits manufacturés,
désormais fabriqués là où ils sont moins chers.
Tout le monde en profite : le consommateur
occidental (qui dispose ainsi davantage de
ressources pour faire autre chose, par exemple
voyager) et les salariés des pays émergents qui
peuvent enfin sortir de l’extrême pauvreté qui
était leur sort quotidien. Modèle unique et
universel, l’économie de marché
condamnerait-elle, au nom du libre échange et
de la libre-concurrence, les États à
l’impuissance ? Pas nécessairement car cette
concurrence a, entre autres paradoxes, besoin
de règles pour se développer. Sans institutions
politiques, sans la régulation de l’État,
l’économie de marché risquerait de
s’autodétruire selon un schéma bien connu des
économistes. L’absence de contrôles
engendrerait la généralisation d’oligopoles qui
dicteraient leurs propres lois à leurs
concurrents qui disparaitraient
progressivement et avec eux l’économie de
marché…
Les États-Unis, puis les Européens, l’ont bien
compris en promulguant des « lois anti-trust »
permettant d’éviter les concentrations
d’entreprises jugées abusives car mettant en
danger l’économie de marché.