Sujet : La politique conjoncturelle existe-t-elle encore ?
Définition : Politique de court terme, s’opposant à la politique structurelle ; instruments budgétaire
et monétaire.
Problématique : Les autorités monétaires et budgétaires utilisent-elles toujours l’arme
conjoncturelle ?
I – La politique conjoncturelle a connu son heure de gloire des années 1950 aux
années 1970
1- Politique de stop and go utilisée dans la plupart des PDEM : exemple des baisses d’impôts
pratiquées par les démocrates aux USA au début des années 1960
2- Inspiration keynésienne : rôle actif de l’Etat, effet multiplicateur, schéma IS/LM. La politique
conjoncturelle agit principalement sur la demande, agrégat fétiche des keynésiens.
3- Philosophie sous-jacente : les autorités sont capables de réguler l’économie, de la stabiliser
(Musgrave), de la piloter avec le budget et la monnaie (importance de la comptabilité
nationale) : c’est le réglage fin de la conjoncture
II – Cette politique a fait l’objet de sévères critiques dans les années 1980 et 1990
1- Critiques théoriques : monétarisme (politique déstabilisante à cause des délais d’application,
effet d’éviction), nouveaux classiques (la relance monétaire entraîne seulement de
l’inflation, la relance budgétaire une hausse de l’épargne), école de l’offre (effets
désincitatifs de la hausse des P.O.)
2- Faits : échec de la relance Mauroy en France en 1981-1982, de la relance au Japon dans les
années 1990 : Ces politiques relancent le déficit public et la dette publique mais pas la
croissance. Elles nourrissent l’inflation à court ou long terme.
3- Nouvelles contraintes : contrainte extérieure plus forte, banques centrales indépendantes,
contrainte budgétaire (Loi Gramm-Rudmann aux USA, Pacte de stabilité dans la zone euro).
III – Pourtant, la politique conjoncturelle continue d’être utilisée massivement
depuis les années 2000
1- Gonflement gigantesque du déficit budgétaire pour essayer de sortir de la récession en 2009
: USA, Japon, Europe (non respect du Pacte de stabilité par de nombreux pays de la zone
euro)
2- Baisses massives des taux d’intérêt suite aux crises : le krach de la bulle internet en 2000 et
la crise des subprimes en 2008. Les taux directeurs des banques centrales des principaux
pays développés ont presque atteint 0 (ZIRP)
3- Les banques centrales ont même utilisé des politiques monétaires inédites, appelées non
conventionnelles : l’assouplissement quantitatif (QE) consistant à racheter des obligations
d’Etat, afin de faire baisser les taux d’intérêt à long terme
Conclusion :
Dans les années 1980, avec le retour en force des idées libérales, les outils monétaires et
budgétaires ont été utilisés de manière de plus en plus structurelle. Par exemple, la politique
monétaire visait principalement à lutter contre l’inflation pour permettre la cohérence temporelle
et la crédibilité des politiques économiques (Kydland et Prescott). Les politiques structurelles
prédominaient : restauration des taux de marge, politique du franc fort, désinflation compétitive,
privatisations, déréglementation.
La crise de 2008 a fait voler en éclat ce relatif consensus. Depuis 2009, les gouvernements
s’acharnent à faire repartir l’économie avec des doses massives de politiques de relance monétaire
et budgétaire.