Agriculture Une dizaine de halles d’élevage, pouvant chacune accueillir 8600 poulets, verront le jour dans le Nord vaudois et la Broye. Le poulet est à la mode. Dans les assiettes d’abord. La consommation de volaille augmente dans le monde entier et la Suisse ne fait pas exception. Selon Aviforum, centre de compétences sur l’aviculture, dans dix ans, la consommation de poulet passera à 14 kilos par année et par habitant, soit 21% de plus qu’actuellement. Dans les fermes ensuite. «Nous concluons des partenariats pour 20 nouvelles halles par année. Actuellement, nous avons 80 précontrats», relève Vincent Genoud, responsable de la production volaille pour l’entreprise Micarna (propriété de Migros), principal acheteur en Suisse romande. Cette année, parmi les 20 halles qui vont être construites, la moitié le sera dans le canton de Vaud, plus précisément dans le Nord vaudois et la Broye. Et plusieurs projets sont actuellement mis à l’enquête dans la région. «Avec la crise du lait et des prix très variables sur le marché du porc, la volaille présente pas mal d’intérêt pour les agriculteurs, car elle offre un revenu stable», souligne Vincent Genoud. Sans compter que l’élevage de poulets d’engraissement ne se fait pas sans contrat préalable de plusieurs années avec un acheteur, ce qui garantit une sécurité financière. Même si tout le monde reste muet sur le montant exact des transactions. Agriculteur à Chavornay, gérant un domaine de grandes cultures, Eric Känel est un des paysans à avoir conclu un partenariat avec Micarna. Au Grand Pâquier, la construction de ses deux halles de 600 m2, qui accueilleront chacune 8600 poussins, vient de démarrer. En tout, quatre halles vont être construites à cet endroit, un autre agriculteur du village ayant également obtenu un contrat. «Cette activité permettra à mon fils de revenir avec moi sur l’exploitation. En Suisse, le poulet indigène représente 50%-60% de la production, il y a donc une bonne marge de progression. Car le poulet local est quand même d’une autre qualité que le poulet hongrois.» 63 000 poulets par année Si l’élevage de poulets est rentable, il est aussi écologique, la production de 1 kg de poulet nécessitant seulement 1,6 kg d’aliments, contre 10 kg pour 1 kg de bœuf. Et l’engrais de ferme peut être recyclé sur l’exploitation. Autre avantage, les agriculteurs n’ont pas besoin de formation spécifique pour se lancer et l’élevage demande peu de main-d’œuvre, les poulets étant nourris et abreuvés de manière automatique. «Il y a beaucoup de travail à l’arrivée des poussins et à leur départ pour l’abattoir, mais, entre deux, il s’agit surtout de surveiller les installations», remarque Pierre-André Tenthorey, producteur de volaille à Dompierre et contrôleur attitré du canton de Vaud pour la détention des animaux. Maîtrisant toute la chaîne de production, de la ponte des œufs à la transformation de la viande en passant par l’abattage des poulets, Micarna fournit sept fois par année 8600 poussins aux éleveurs, les poulets étant engraissés environ 35 jours. Soit 63 000 poulets par an. Et autant de piaillements? «Les poulets font très peu de bruit et chaque halle doit se situer au minimum à 150 mètres d’une habitation», souligne Vincent Genoud. Autre point sensible, le bien-être des animaux. Chez Micarna, à chaque nouvelle arrivée, des conseillers veillent à ce que toutes les normes d’hygiène et de bien-être des animaux soient respectées. «En Suisse, nous sommes très bons. Seulement 5% de nos lots sont traités à titre curatif, contre 60% en moyenne européenne», relève Isabelle Faye, vétérinaire spécialisée. Un point de vue partagé par Pierre-André Tenthorey: «Dans une production de volaille, tout est toujours nickel, car c’est géré par des commerces de viande. Les bâtiments sont conçus aux normes et les règles concernant la protection des animaux sont respectées.»