Ceux qui craignent les abus ou l’hécatombe se trompent; la loi
est stricte. En réalité, elle nous protège; elle ne permet à personne
de décider à notre place de la façon dont nous quitterons la vie si
nous sommes atteints d’une maladie incurable. Si nous souhaitons
vivre malgré tout jusqu’au bout, personne n’ira évidemment à
l’encontre de notre volonté. Mais si nos souffrances ou notre
déchéance nous sont devenues insupportables et vaines, si notre
handicap est insurmontable, un autre choix est désormais possible.
L’objectif de cette brochure consiste à vous informer sur les droits
et les devoirs que vous confère cette loi. L’idée est aussi de vaincre
les fausses croyances qui circulent à son sujet. Vous trouverez en
premier lieu un commentaire du texte légal et des explications.
Ensuite, nous vous proposons un rapide tour d’horizon de la loi
par le biais de questions que toute personne est susceptible, à
un moment ou l’autre, de se poser.
1 La loi du 28 mai 2002 relative à l’euthanasie est parue au Moniteur belge le 22 juin 2003
et est entrée en vigueur le 23 septembre 2002. L’Arrêté royal du 2 avril 2003 relatif à la
déclaration anticipée est publié au Moniteur belge le 31 mai 2003.
2 Agé de 18 ans au moins.
3 Un mineur émancipé est une personne qui a été déclarée apte à poser des actes juridiques
par un juge lors d’une procédure juridique. Le mineur doit être âgé d’au moins 15 ans.
| 3|question de droit
Avant-propos
Le respect de la différence
et de la liberté individuelle
La loi dépénalisant l’euthanasie est entrée en vigueur le 23 septem-
bre 2002 1.
La Belgique a ainsi rejoint les Pays-Bas. A l’heure actuelle, ce
sont les deux seuls pays au monde à permettre légalement à tout
citoyen majeur 2ou mineur émancipé 3qui en fait la demande,
d’obtenir une aide médicalisée pour quitter la vie quand il est
à bout de force, quand la douleur est insoutenable, quand le
diagnostic ne laisse aucun espoir.
Cette loi a le mérite de nous faire sortir d’une certaine hypocrisie.
Car il faut être lucide: dans leur pratique, beaucoup de médecins
ont déjà été amenés à interrompre des vies. Auparavant, ils étaient
obligés d’opérer dans l’ombre. Non seulement, ils étaient seuls face
à leur conscience mais en
plus, ils risquaient
une sévère sanc-
tion pénale. Un
poids parfois
très lourd à por-
ter qui explique
que les demandes
d’euthanasie restaient
souvent sans réponse.
Dorénavant, la nou-
velle législation
leur offre un cadre
juridique, c’est-à-dire
une sécurité personnelle
lorsque l’un de leurs
patients, voué à une mort
inéluctable, désire en finir.
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