lioration pondérale de 2 à 3 kg, réduit de 23 % le taux d’échec
chez l’adulte avec surpoids et HTA légère de PAD grade 1 (11).
En 1991, on recensait déjà dix-neuf études d’observation après
sevrage du médicament dont cinq randomisées et contrôlées (2).
Dans le MRC – la plus importante – 50 % des 2 765 hyperten-
dus traités pendant six ans conservaient une PAD < 90 mmHg
après deux années de sevrage (12). Un régime enrichi en potas-
sium maintient la PA sous 160/95 mmHg dans 38 % des cas ver-
sus 9 % sous régime normal, chez l’hypertendu sevré depuis un an
(13).
L’étude TONE (5) a démontré récemment, avec l’exigence
requise, que la réduction de la ration sodée et du surpoids était
réalisable et efficace chez l’hypertendu âgé (60 à 80 ans) à forte
proportion d’obésité ; avec 29 mois de médiane du sevrage, la
monothérapie demeure suspendue dans 34 % des cas sous apport
sodé réduit, dans 37 % en cas de perte de poids, et dans 44 % sous
l’effet conjugué des deux mesures contre 16 % en leur absence,
sans modifier l’incidence des événements cardiovasculaires.
Une étude ouverte chez le sujet très âgé (76 ans de moyenne),
traité pour HTA < 175/100 mmHg, fait état, après intervention
sur le mode de vie, d’une PA 160/90 mmHg dans 25 % des cas
après un an de sevrage et dans 20 % après deux ans (4).
Ces résultats laissent espérer, avec le contrôle du surpoids et de
l’excès de sel, un pourcentage intéressant de sujets même âgés
chez qui l’antihypertenseur pourrait être interrompu, ou du moins
suspendu un temps sans qu’il y ait d’incidence apparente sur le
pronostic.
ARGUMENTATION EN DÉFAVEUR DU SEVRAGE
Le génie de l’hypertension persiste avec l’âge et le temps
On assiste, avec le temps, à l’accentuation et/ou à l’addition des
facteurs responsables de l’HTA – d’autant plus que le sujet est
âgé (2) – à cause de la conjonction du déficit accru de l’excrétion
sodée, de la rigidité et de la perte de compliance des troncs arté-
riels, même si la durée et la qualité du contrôle prolongent le délai
de récurrence de l’HTA. Seulement 10 % des patients de plus de
60 ans conservent une PAD < 90 mmHg deux ans après le sevrage
en cas d’HTA fondée sur une PAD > 100 mmHg (3). Avec l’âge,
la réduction ou la normalisation de la PAD s’opère au détriment
d’une majoration de la pression pulsée, facteur de mortalité par
cardiopathie ischémique et de décompensation cardiaque.
Le risque cardiovasculaire absolu sous-tendu par l’élévation de
la PA s’accentue avec l’âge. À l’inverse, après 60 ans, une réduc-
tion de la pression systolique de 160 à 130 mmHg aura un impact
sur la survie supérieur à celui obtenu entre 30 et 40 ans.
Le sevrage n’est pas la mesure efficiente à privilégier
Les patients susceptibles de bénéficier du sevrage, avec ou sans
correction du mode de vie, se recrutent parmi les hypertendus
accessibles à une monothérapie ; or, à posologie standard, il existe
d’une monothérapie à l’autre des différences de prix allant de
1 à 21 !
Le JNC-VI privilégie, en l’absence de contexte spécifique, l’in-
dication du diurétique thiazidique, en particulier en cas de forme
systolique isolée du sujet âgé (6). La posologie conseillée de
12,5 à 25 mg d’hydrochlorothiazide ou apparenté signifie un coût
mensuel de 4,15 à 8,30 francs, et annuel de l’ordre de 50 à
100 francs, au prix actuel de la chlortalidone. Le patient ainsi
équilibré n’est redevable d’aucune surveillance spécifique à par-
tir de deux consultations annuelles, alors que le sevrage impli-
querait un suivi exigeant, d’une durée indéfinie, beaucoup plus
onéreux, des contraintes de mode de vie à contrôler et à confor-
ter. Peut-on ajouter que la réduction de la calciurie sous l’effet
quotidien du thiazidique assure, après 65 ans, une réduction de
30 % de l’incidence des fractures du col du fémur (14) ?
Aussi, si l’efficience est d’une brûlante actualité dans la conduite
de la thérapeutique, la recherche du sevrage n’est sans doute pas,
dans cette optique, la solution prioritaire et justifiée.
La monothérapie ne compromet pas la qualité de vie
Dans l’étude TOMHS (15), qui demeure la référence pour l’ana-
lyse de la prise en charge de l’HTA légère de 45 à 69 ans, les indi-
cateurs de qualité de vie sont meilleurs après quatre ans sous cinq
monothérapies (en particulier avec 400 mg d’acébutolol et 15 mg
de chlortalidone) par rapport à l’intervention isolée sur le mode
de vie et au groupe placebo. L’amélioration porte sur la santé
mentale, la vie sociale et le score global.
L’OMS reconnaît pour les six antihypertenseurs majeurs – en
intégrant les antagonistes des récepteurs AT1– une efficacité com-
parable, mais des différences réelles au niveau de la tolérance et
de l’incidence des effets adverses. À la posologie évoquée, on
constate sous diurétique un pourcentage de patients avec plainte
égal ou inférieur aux 10 % enregistrés sous placebo en études
contrôlées.
La prise en charge non pharmacologique mérite d’être
commentée
La méta-analyse de 28 essais chez les hypertendus et de 28 autres
chez les normotendus sous restriction sodée objective une réduc-
tion de la PAS respectivement de 3,7 et 1 mmHg, plus nette chez
le sujet âgé, sans baisse significative de la PAD (16). On enre-
gistre chez le sujet de plus de 65 ans, six mois après l’abandon
du diurétique, une élévation de 14 mmHg de la PAS, avec, dans
50 % des cas, nécessité de reprendre le traitement (17). Il s’agit
donc d’une efficacité controversée pour une mesure difficilement
soutenue hors des conditions d’un protocole.
L’efficacité de la réduction du surpoids ou de l’obésité n’est pas
contestable, mais il s’agit d’un préalable à la prescription médi-
camenteuse en cas d’HTA légère, à la rigueur d’une stratégie
parallèle, certes pas d’une solution à envisager une fois enregis-
tré le succès de l’antihypertenseur.
La supériorité de cinq monothérapies sur les conseils de mode de
vie est clairement établie dans l’étude TOMHS (9) :le risque d’un
premier événement mortel ou non a été réduit de 34 % (p = 0,03) ;
l’option du médicament a amélioré plus nettement la pression
systolique, la pression diastolique, le pronostic et la qualité de
vie. Aucun essai n’a démontré, à ce jour, un bénéfice comparable
des recommandations non pharmacologiques et du traitement
antihypertenseur.
La conduite des essais de sevrage soulève bien des réserves
La divergence des résultats – de 3 à 74 % de succès ! (2) – reflète
l’hétérogénéité des protocoles en ce qui concerne la date de réa-
La Lettre du Cardiologue - n° 321 - novembre 1999
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