HTA Encore insuffisamment contrôlée Malgré les progrès thérapeutiques et les risques inhérents en termes de morbi-mortalité, l’hypertension artérielle (HTA) est encore, trop souvent, insuffisamment contrôlée. D « ans l’HTA légère et modérée, la réponse à une monothérapie varie entre 50 et 60 % selon les études et les classes médicamenteuses considérées. Cependant, ce n’est encore qu’une minorité de patients traités qui sont normalisés (24 % dans l’enquête PHARE réalisée en 1992 auprès de médecins généralistes), constate le Pr Yves Frances du CHU Nord de Marseille (Medec 2001). Ce non-contrôle dépend du niveau normatif fixé arbitrairement. Les dernières recommandations des sociétés savantes (OMSJNC VI, ANAES 2000) établissent à 140/90 mmHg le niveau de pression artérielle au-dessous duquel il faut descendre pour considérer le patient comme normotendu. Ces valeurs sont encore plus basses chez le diabétique (< 130/85 mmHg) ou l’insuffisant rénal (< 130/80 mmHg). » Le non-contrôle peut dépendre du patient mais aussi du médecin. La surveillance des hypertendus par la mesure tensionnelle traditionnelle n’est pas suffisante. D’autres moyens complémentaires, voire supplétifs, existent, qui ont l’avantage de contrôler les personnes lorsqu’elles font une activité, notamment les personnes âgées, par ailleurs très promptes à réagir par une HTA “blouse blanche”. L’amélioration du contrôle tensionnel, qui permet de réduire la morbi-mortalité cardiovasculaire, est nécessaire dans la détection des patients à risque souffrant en particulier de microalbuminurie, d’hypertrophie ventriculaire gauche, d’une réponse exagérée à des tests d’activité mentale. Chez eux, la normalisation est impérative. Depuis une trentaine d’années, les nouvelles classes d’antihypertenseurs (bêta-bloquants, in- hibiteurs calciques, inhibiteurs de l’enzyme de conversion, inhibiteurs de l’angiotensine II) ont permis une meilleure tolérance et une meilleure observance du traitement. Ce dernier facteur, le degré d’observance, est une des causes fréquentes du contrôle insuffisant. La non-observance peut être cachée, voire niée par les patients. Les patients les moins observants vivent leur affection avec de la résignation et réagissent à l’annonce du diagnostic avec davantage de répercussions émotionnelles que les autres. Ils semblent fatalistes et disposent en général d’un support social plus limité. Mais un très bon niveau de qualité de vie peut être paradoxalement associé à la non-observance. Quand il n’existe pas de symptômes gênants, il est difficile de se reconnaître malade. C’est pourquoi les patients souffrant d’une pathologie concomitante sont davantage prédisposés à assumer leur statut de malade. Des mesures thérapeutiques hygiéno-diététiques peuvent réduire la résistance de l’HTA et être enseignées aux hypertendus. Une perte de poids, même modérée, une diminution des apports sodés (sans prescription d’un régime désodé strict), la reprise d’une activité, la réduction des apports alcoolisés sont des facteurs de meilleur contrôle de l’hypertension artérielle. Récemment, l’intérêt d’un régime alimentaire assurant des apports suffisants en calcium, potassium et antioxydants a été souligné. Mais la pratique soignante indique à quel point la relation de confiance est la meilleure base d’un contrôle efficace. A.-L.P. Professions Santé Infirmier Infirmière - No 27-28 - juin-juillet-août 2001 15