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quences délétères qui en découlent. Malheureu-
sement, le dépistage n’est pas encore suffisam-
ment pratiqué, alors que l’examen existe et que
des médicaments peuvent enrayer le processus.
Les maladies rhumatismales deviennent une
priorité de santé publique et sont la première
cause de perte de qualité de vie. Est-ce une fata-
lité ayant pour origine la génétique ? Y a-t-il une
place pour la prévention ?
Pr B.C. Ce ne sont pas des maladies héréditaires,
mais le facteur génétique joue son rôle. La mala-
die rhumatismale, notamment inflammatoire, est
polygénique. Les douleurs et la réduction de mo-
tricité contribuent à amoindrir la qualité de vie.
La maladie rhumatismale détient d’ailleurs le
triste record de première place en matière d’at-
teinte à la qualité de vie.
Il ne peut exister de prévention au sens où on
l’entend. En revanche, ce qui est évitable désor-
mais, ce sont les complications. Par exemple, cer-
tains médicaments préviennent les fractures dues
à l’ostéoporose. La prévention peut s’exercer au
niveau alimentaire, grâce à un régime équilibré
riche en calcium et en vitamine D.
Dans la PR, un diagnostic précoce et un trai-
tement approprié permettent de limiter la
destruction de l’os et de prévenir les facteurs
d’atteinte mécanique.
Le patient souffrant de mal de dos peut être édu-
qué en lui faisant réviser la façon d’exécuter cer-
tains gestes, surtout quand ceux-ci sont répéti-
tifs. L’exercice physique est reconnu comme
bénéfique. Le sport, s’il n’est pas violent, est vi-
vement recommandé. Il entretient les ligaments
et renforce les contraintes mécaniques.
Quelle est la place de la morphine pour soulager
la douleur ? Quels sont, en bref, les nouveaux
traitements ?
Pr B.C. Je suis réservé, personnellement, quant à
cette trop grande médiatisation de la morphine.
Dire que celle-ci peut tout soulager n’est pas vrai.
Il ne faut pas l’utiliser en amont sans que les soi-
gnants se posent les vraies questions. Après un dia-
gnostic précis, il faut toujours chercher la cause de
la douleur et adapter le traitement très précisément
à la personne. La morphine n’est pas toujours bien
tolérée, et il existe des cas de iatrogénie, notam-
ment chez les personnes âgées, auxquelles on a
tendance à en donner de façon ni raisonnable ni
raisonnée. Il ne faut pas non plus occulter certains
phénomènes psychosomatiques, qui peuvent in-
duire des prescriptions mal adaptées. Aujourd’hui,
en ce qui concerne les maladies articulaires, il
existe des traitements dont les études les concer-
nant reconnaissent unanimement l’efficacité. Ils
soulagent la douleur mais agissent également sur
l’évolution de la maladie. Pour l’instant, on ne peut
parler de guérison, sinon à longue échéance. Pour
les maladies osseuses, l’objectif du soin est, d’une
part, de limiter la destruction de l’os (c’est le rôle
des biphosphonates), d’autre part de reconstruire
l’os par des agents anabolisants. L’os étant en per-
pétuel renouvellement, le but d’un tel traitement
est d’améliorer ce couple destruction/reconstruc-
tion. De plus, ces médicaments sont en général
bien tolérés. Bientôt, on aura à disposition ce type
de traitement dans lequel on peut moduler l’effet
en fonction de l’évolution.
Les SERMS (agonistes-antagonistes des estrogènes
de type raloxifène) qui préviennent la perte os-
seuse postménopausique entraînent quelquefois
des risques de nausées. Mais le bénéfice est prati-
quement toujours supérieur aux inconvénients.
Pour les maladies inflammatoires, l’arrivée des
coxibs a inauguré une nouvelle classe d’AINS. Ces
médicaments font preuve d’un excellent rapport
bénéfice/risque, notamment grâce à leur bonne
tolérance digestive. Il ne faut pas oublier que les
douleurs digestives sont également une source
d’angoisse pour le patient, ce qui s’ajoute à la
douleur initiale.
Et, bien sûr, on ne peut parler de PR sans citer le
développement des biothérapies, avec les agents
anti-TNFaqui ont été la révélation de ces der-
nières années. Ils ralentissent de façon significa-
tive les lésions structurales ostéoarticulaires. La
qualité de vie des patients se trouve transformée,
car ces médicaments améliorent les manifesta-
tions cliniques inflammatoires et les capacités
fonctionnelles.
Quel est le rôle de l’infirmière ?
Pr B.C. Comme dans toutes les pathologies chro-
niques générant douleur et handicap, le rôle in-
firmier se trouve d’abord dans l’écoute et aussi
dans le suivi de l’observance. On l’a vu dans la
transcription de la douleur, qui n’est pas toujours
facile. Ensuite, il faut distinguer les médicaments
administrés à l’hôpital de ceux prescrits en ville.
Dans le traitement de la PR à l’hôpital, on emploie
des médicaments par voie injectable, qui nécessi-
tent une surveillance de deux heures à cause des
répercussions allergiques. A domicile, les injec-
tions sous-cutanées doivent être administrées se-
lon un certain mode. Elles peuvent entraîner des
intolérances locales et, surtout, un risque infec-
tieux. Pour cela, il faut bien éduquer le patient qui
souhaite effectuer seul son injection sur le bon
geste et sur les précautions à prendre.
Propos recueillis par Andrée-Lucie Pissondes
Professions Santé Infirmier Infirmière - No51 - décembre 2003
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Rhumatologie