Pour les sténoses entre 50 et 70 % (soit entre 75 et 85 % pour les
critères européens) selon NASCET ou entre 70 et 90 % selon
ECST, la chirurgie apporte un bénéfice moins important, qui dis-
paraît lorsque les sténoses sont < 50 % (< 75 % pour les critères
européens) selon NASCET et < 70 % pour ECST.
Les bons résultats sur les sténoses serrées se confirment à 2 ans,
avec une baisse des accidents cérébraux homolatéraux de 29 %
(traitement médical) à 9 % (endartériectomie) et, à 5 ans, de 22 %
à 15 % au profit de la chirurgie.
Fort de ces résultats, le point de vue du chirurgien ne doit pas
faire oublier que le risque de morbi-mortalité cumulée à 30 jours
est de 6,5 % pour NASCET et de 7,5 % pour ECST.
L’évolution des techniques de dilatation carotidienne (modifica-
tion des cathéters, apport des stents et protection cérébrale post-
procédure) permet de rapprocher les résultats de l’angioplastie
de ceux de la chirurgie.
Jusqu’à la fin des années 1990, la plupart des études comparant
les deux techniques comprennent peu de patients ou se heurtent
à des biais méthodologiques.
En 2001, CAVATAS (The CArotid and VertebrAl Transluminal
Angioplasty Study), première étude randomisée à grande échelle
(504 patients), montre que la chirurgie et l’angioplastie ont des
risques de mortalité et d’AVC superposables 30 jours après l’in-
tervention. Plus récemment, SAPPHIRE, présentée à l’AHA en
2002, compare dilatation + stenting carotidien avec système de
protection cérébrale chez les patients à hauts risques chirurgicaux
ayant une sténose > 80 % et asymptomatique ou > 50 % et symp-
tomatique.
L’angioplastie associée à ce système de protection se montre supé-
rieure sur la survenue du critère principal (décès, AVC ou infarc-
tus du myocarde à 30 jours) (figure 2) sans pour autant augmen-
ter les complications cérébrales, mais évite toute blessure
chirurgicale, relativement fréquente, des nerfs crâniens (figure 3).
Il paraît donc évident que, pour les patients à hauts risques chirur-
gicaux, l’angioplastie + stenting carotidien avec protection céré-
brale s’inscrit comme l’alternative logique à la chirurgie trop ris-
quée. Il manque encore, pour trancher, une étude à grande échelle,
randomisée, comparant tous les groupes de patients afin d’établir
la supériorité de l’une ou l’autre de ces méthodes. L’espoir repose
en fait sur la grande étude CREST (Carotid REvascularisation vs
Stent Trial), dont les résultats sont d’ores et déjà très attendus.
Toutefois, il faut garder à l’esprit que toutes les lésions ne se prê-
tent pas à la dilatation percutanée, même avec les meilleurs dis-
positif actuels, notamment l’existence de calcifications, la pré-
sence de plaques instables sur l’aorte, la complexité des lésions...
Indépendamment de ces critères et avant toute décision, il paraît
donc nécessaire de bien évaluer le degré de sténose carotidienne,
surtout lorsqu’elle est asymptomatique, notamment avec deux
examens d’imagerie (échographie doppler des carotides et angio-
scanner carotidien multibarrette offrant une définition proche de
celle de l’artériographie conventionnelle).
RÉSISTANCE À L’ASPIRINE CHEZ LE PATIENT
CORONARIEN
Devant l’utilisation croissante d’endoprothèses coronaires, sur
des populations de plus en plus vastes et des durées de traitement
de plus en plus longues, la question de la résistance aux anti-
agrégants se pose logiquement.
L’utilisation d’aspirine à une dose quotidienne ≥0,5 mg/kg inhibe,
à plus de 95 % entre deux prises, la capacité plaquettaire de syn-
thèse de thromboxane. Toutefois, la variabilité interindividuelle de
réponse au traitement antiagrégant est importante. Reste à savoir
si, pour certains patients, il peut exister une résistance aux anti-
agrégants, et quelle serait sa traduction clinique. En effet, il ne suffit
pas de dire qu’il y a résistance à l’aspirine lorsque survient une
récidive d’accident ischémique. L’analyse biologique de réactivité
plaquettaire est difficile, car elle se heurte à de nombreux problèmes
(voies d’antiagrégation multiples et ayant chacune des tests d’ana-
lyse différents, manque de fiabilité de certains tests, etc.).
Il faut retenir que, dans de nombreux cas, les principales causes
de “résistance” à l’aspirine sont :
1. L’observance insuffisante du traitement antiagrégant : pas plus
de 80 % dans certaines études.
2. L’effet dose-efficacité : même s’il ne semble pas que la dose
soit une explication majeure de la résistance à l’aspirine, une dose
répétée de 100 mg/j suffit à bloquer efficacement au long cours
l’antiagrégation plaquettaire.
3. L’interaction avec certains médicaments :
– notamment les AINS, comme l’ibuprofène, qui inhibe de
manière compétitive l’effet antiagrégant plaquettaire de l’aspi-
rine, lorsqu’il est donné en association ;
– la cholestyramine et les sels d’aluminium, qui diminuent l’ab-
sorption digestive ;