La Lettre du Cardiologue - n° 287 - janvier 1998
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ÉDITORIAL
ondée en 1924 par des cliniciens déjà préoccupés par
l'importance de la recherche, de l'éducation et de la
prévention, l'American Heart Association a tenu ses
70es sessions à Orlando, en Floride, sous la présidence de
Martha N. Hill. Devenu la plus importante réunion mondiale de
cardiologie, le Congrès a rassemblé cette année 37 000 partici-
pants ; il a comporté 13 sessions plénières et 4 290 présentations
orales et posters sélectionnées parmi les 13 103 abstracts adres-
sés de 54 pays différents. Dans son allocution inaugurale,
Martha Hill a souligné le hiatus entre les résultats des grandes
études multicentriques actuelles et l'efficacité réelle de nos inter-
ventions en pratique courante. Elle a souligné aussi la nécessité
d'améliorer les comportements en utilisant toutes les possibilités
médiatiques modernes.
Les maladies cardiovasculaires sont toujours la première cause
de morbidité et de mortalité dans les pays industrialisés. Mais
elles sont aussi en expansion dans les pays en voie de dévelop-
pement comme la Chine et l'Amérique latine, en raison de l'al-
longement de l'espérance de vie et des changements du mode de
vie. En 2020, elles seront responsables d'une mort sur trois sur
la planète.
Le vieillissement des populations est un phénomène mondial.
Dans notre pays, 15 % des Français ont plus de 65 ans, et cette
proportion atteindra 20 % vers 2020. De nombreuses communi-
cations ont été consacrées à la prise en charge de la maladie
coronaire du sujet âgé qui va occuper une part croissante dans
notre activité. Au prix d'une mortalité un peu plus élevée que chez
les sujets plus jeunes (3,2 % vs 1 %), l'angioplastie coronaire
paraît licite chez les octogénaires et donne à distance des amé-
liorations fonctionnelles remarquables. Il en est de même du pon-
tage coronaire, isolé ou associé à une chirurgie valvulaire. Au
prix d'une morbidité et d'une mortalité hospitalières plus élevées
que chez les sujets plus jeunes, les résultats sont bons. Enfin le
quatrième âge n'est une contre-indication ni aux bêtabloquants,
qui réduisent de plus de 20 % la mortalité dans l'année qui suit
l'infarctus, ni aux antivitamines K, en cas de fibrillation auricu-
laire à risque emboligène cérébral élevé chez le vieillard.
Dans les pays industrialisés, la maladie coronaire est la pre-
mière cause de mortalité chez la femme comme chez l'homme.
De nombreuses communications lui ont été consacrées. Taba-
gisme, diabète, hypertension artérielle, obésité et ménopause pré-
coce sont les facteurs de risque les plus fréquents, très souvent
cumulés. L'action bénéfique des estrogènes sur la fonction endo-
théliale est maintenant démontrée. Le retard dans le traitement
de l'infarctus est fréquent, dû souvent au diagnostic et à l'hospi-
talisation plus tardifs que chez l'homme. Les complications des
interventions de revascularisation sont liées surtout au cumul des
facteurs de risque.
Les accidents vasculaires cérébraux, qui ont fait l'objet de la
remarquable “Paul Dudley White International lecture” de
Marie-Germaine Bousser, représentent la deuxième cause de
mortalité féminine. Ils constituent la première cause des handi-
caps moteurs dans les deux sexes, les deux tiers des survivants
ayant des séquelles plus ou moins sévères, ainsi que l'une des
deux principales causes de démences, prédominant chez la femme
pour la maladie d'Alzheimer (52 % vs 44 % chez l'homme). Leur
prévention repose sur une prise en charge efficace des facteurs
de risque (tabac, hypertension artérielle, hypercholestérolémie)
et sur l'utilisation des antiplaquettaires contre les complications
de l'athérothrombose et des antivitamines K pour les accidents
vasculaires d'origine cardiaque. Après la ménopause, il semble
bien que l'hormonothérapie substitutive réduise de 50 % le risque
d'accident vasculaire cérébral mortel.
La maladie coronaire, on le conçoit, a été l'un des thèmes forts
de ce congrès. Les réactions inflammatoires dans les plaques
d'athérosclérose semblent jouer un rôle important dans la patho-
génie des accidents athérothrombotiques aigus, comme en
témoigne l'élévation du fibrinogène plasmatique et de la C-réac-
tive protéine. L'hyperhomocystéinémie pourrait être un facteur
délétère pour l'endothélium, car elle serait associée à la dimi-
nution de la production d'oxyde nitrique vasodilatateur et pro-
tecteur des cellules endothéliales.
Les recherches fondamentales sur l'athérosclérose restent domi-
nées par la compréhension des mécanismes cellulaires contrô-
lant le degré et la sévérité de l'hyperplasie intimale et le remo-
delage après angioplastie. Les mécanismes déstabilisateurs des
plaques sont multiples, avec intervention d'un double processus
de nécrose et d'apoptose cellulaire.
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Pr A. Vacheron*
F
* Clinique cardiologique, Hôpital Necker, 149, rue de Sèvres, 75015 Paris.
L’AHA 9 7
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