VIIIes Journées SFC- F.B. I N 6/05/04 F O 15:37 R Page 7 M A T I O N VIIIes Journées européennes de la Société Française de Cardiologie* S SFC 98 ● Dr F. Beygui** P O I N T S P O I N T S S MALADIE CORONAIRE, CARDIOLOGIE INTERVENTIONNELLE F O R T S L’implantation d’endoprothèses coronaires à la phase aiguë de l’infarctus du myocarde Les résultats hospitaliers de l’étude multicentrique STENTIM II comparant l’angioplastie avec ou sans endoprothèse coronaire (stent Wiktor) à la phase aiguë de l’infarctus de myocarde, rapportés par J.P. Monassier (Mulhouse), montrent la supériorité angiographique du stenting (flux TIMI III obtenu dans 65% des cas avec ballon seul et dans 95 % des cas avec stent). Les complications vasculaires locales sont comparables dans les deux groupes (< 5 %) ; les taux de récidive ischémique sont de 5 % pour les deux groupes et de 8 % pour le groupe “cross-over” ballon vers stent. Dans le même domaine, les résultats de l’étude pilote multicentrique PAMI III, présentés par M.C. Morice (Antony) et étudiant l’implantation d’endoprothèses héparinées à la phase aiguë de l’infarctus chez 101 patients avec fraction d’éjection ventriculaire gauche supérieure à 35 %, sont très encourageants (tableau I). F O R T ■ Les résultats de l’étude STENTIM II et de l’étude pilote PAMI III tendent à confirmer la supériorité de l’implantation d’endoprothèses par rapport à l’angioplastie primaire au ballon seul, à la phase aiguë de l’infarctus du myocarde. ■ L’intérêt des antiplaquettaires anti-GPIIb/IIIa à la phase aiguë de l’infarctus du myocarde semble être acquis ; des études cliniques en cours devraient permettre d’évaluer l’intérêt d’une association stenting + anti-GPIIb/IIIa. ■ La mort subite extrahospitalière ressuscitée est d’origine coronarienne dans environ 50 % des cas. Les facteurs de bon pronostic sont un délai court de l’arrêt cardiaque, une angioplastie réussie et l’absence d’utilisation d’adrénaline durant le transport. ■ La prévention médicamenteuse de la mort subite reste discutée. Le médicament le mieux toléré reste l’amiodarone. Son efficacité semble plus nette en cas de fréquence cardiaque de base élevée et d’association aux bêtabloquants. ■ De nombreuses molécules sont à l’étude dans l’insuffisance cardiaque (inhibiteurs des récepteurs de l’angiotensine, inhibiteurs de l’endothéline, inhibiteurs des métalloprotéases, hormone de croissance). Leur efficacité clinique devrait être étudiée par des essais de grande envergure. Tableau I. Résultats à 6 mois de l’étude pilote PAMI III. Durée moyenne d’hospitalisation (jours) Délai avant désocclusion (h) La Lettre du Cardiologue - n° 291 - mars 1998 3±3 Décès (n) 4 Infarctus (n) 3 Nouvelle revascularisation (n) 11 Critère combiné (DC, IDM, nouvelle revascularisation) Réocclusion * 14-17 janvier 1998. ** Chef de clinique assistant, service de cardiologie (Pr A. Vacheron), Hôpital Necker, 149, rue de Sèvres, 75015 Paris. 8 18 % 3% Resténose angiographique 18 % Nouvelle angioplastie 11 % Pontage 2% 7 VIIIes Journées SFC- F.B. I N F 6/05/04 O 15:37 R Page 8 M A T I O N S Infarctus inférieur, H+2. Occlusion du segment 2 de l’artère coronaire droite. G. Montalescot a rappelé l’intérêt des agents antiplaquettaires anti-GPIIb/IIIa dans l’infarctus de myocarde, améliorant la reperfusion de l’artère responsable avant l’angioplastie (étude GRAPE), et dans l’angioplastie primaire (étude RAPPORT). L’étude multicentrique ADMIRAL, actuellement en cours, devrait permettre d’analyser l’intérêt de l’association de ces agents à l’implantation d’endoprothèses à la phase aiguë de l’infarctus. En ce qui concerne le concept de l’artère ouverte après infarctus de myocarde, P. Guéret (Créteil) a rappelé l’intérêt de l’échocardiographie sous faibles doses de dobutamine (sensibilité de 74 à 87 %, spécificité de 73 à 92 % et valeur diagnostique de 85 %) dans la détection du myocarde hibernant, en insistant sur le fait qu’une dyskinésie et une paroi amincie ne montraient jamais de signes d’amélioration sous dobutamine. S. Chierchia (Milan) a souligné l’intérêt de la désocclusion de l’artère interventriculaire antérieure en post-infarctus en émettant des réserves sur la valeur, la disponibilité et le coût des méthodes de détection du myocarde hibernant (tomoscintigraphie myocardique et tomographie par émission de positons). C. Bauters (Lille) a rappelé les risques élevés de réocclusion après thrombolyse (30 % dans les trois mois) et après angioplastie primaire ou retardée (15 à 20 %). N. Danchin (Nancy) a rapporté le pronostic à 15 ans de la perméabilité à plus d’un mois de l’artère responsable d’un infarctus du myocarde, dans une population de 142 patients consécutifs traités par angioplastie retardée après un traitement médical initial. La survie globale était de 71 %, et en analyse multivariée, les seuls facteurs pronostiques à long terme étaient le volume télédiastolique (p < 0,01) et la fraction d’éjection ventriculaire gauche. La perméabilité de l’artère responsable n’avait pas de valeur pronostique indépendante. Les résultats à court et moyen terme de l’implantation d’endoprothèses chez le diabétique (272 patients, 12,5 % des patients “stentés”) ont été rapportés par T. Joseph (Toulouse). Ils révélaient des taux élevés de succès et de faibles taux de complications immédiates, mais un taux de mortalité plus élevé chez les patients diabétiques insulinodépendants, avec un suivi clinique moyen de 13 ± 8 mois chez 95,6 % des patients (tableau II). 8 Angioplastie primaire, excellent résultat angiographique. Tableau II. Résultats à court et moyen terme du stenting chez le diabétique. Non diabétiques Pluritronculaires DID DNID 67 % 81 % 77 % 99,2 % 100 % 100 % Stents/lésion 1,1 1,1 1,1 Complications hospitalières Décès 0,8 % 0 0,5 % IDM 1,4 % 0 0,5 % 0,05 % 0 0 Succès Pontage Complications tardives Décès Récidive angineuse Revascularisation 9,3 %* 2,4 % 24,5 % 28,5 % 8,2 % 10,5 % * p < 0,05 L’intérêt de l’injection intraveineuse d’un agent alphabloquant (urapidil ou phentolamine) sur les phénomènes de retard de flux en post-thrombolyse pour infarctus de myocarde a été rapporté par L. Gregorini (Milan). Ce travail montre une normalisation du flux ralenti dans l’artère responsable de l’infarctus, mais aussi dans les autres artères, chez quarante patients, par l’association de l’injection de l’alphabloquant et du stenting, 72 heures après la thrombolyse. Cela plaide en faveur du rôle d’un mécanisme neuro-hormonal à l’origine d’une élévation de la résistance vasculaire coronaire, expliquant les ralentissements du flux dans les suites de la reperfusion myocardique. La Lettre du Cardiologue - n° 291 - mars 1998 VIIIes Journées SFC- F.B. 6/05/04 15:37 Page 9 SFC S F C 98 Enfin, C. Spaulding (Paris) a présenté les résultats de l’étude angiographique au décours immédiat d’un arrêt cardiaque extrahospitalier. Cette étude montre que seuls 7 % des arrêts cardiaques extra-hospitaliers sont “récupérés”. Parmi ces patients (84 au total), 40 ont une occlusion coronaire récente et les seuls facteurs pronostiques indépendants sont un délai court entre l’arrêt cardiaque et la réponse hémodynamique (p = 0,003), une angioplastie réussie (p = 0,004) et l’absence d’utilisation d’adrénaline pendant le transport (p = 0,04). La survie hospitalière globale était de 38 % chez ces patients. La prévention médicamenteuse de la mort subite G. Breithart (Münster) a présenté une parfaite mise au point sur la place des antiarythmiques dans la prévention de la mort subite. La mort subite n’est pas toujours d’origine rythmique, et les études cliniques ne sont pas toujours concordantes dans ce domaine. Il ressort de ces études que les médicaments de la classe I prescrits seuls sont au mieux inefficaces (études CAST et IMPACT), que le sotalol est plus efficace que le défibrillateur implantable dans la prévention des troubles de rythme, mais moins efficace en termes de prévention de mortalité et aussi moins efficace que l’association d’un antiarythmique de classe I et d’un bêtabloquant. En ce qui concerne l’amiodarone, l’étude ATMA, méta-analyse de 13 études, révèle une efficacité nette de l’amiodarone dans la prévention de la mort subite mais pas de la mortalité globale. L’amiodarone est sans doute le médicament antiarythmique le mieux toléré, avec une efficacité nette lorsque la fréquence cardiaque de base est élevée et qu’il est associé à un bêtabloquant. Le rôle des bêtabloquants reste assez controversé puisque dans l’étude CIBIS, démontrant l’inefficacité du bisoprolol sur la réduction de la mortalité chez l’insuffisant cardiaque, les patients n’étaient pas sous inhibiteur de l’enzyme de conversion et beaucoup de patients étaient sous un antiarythmique de classe I. Le carvédilol a démontré son efficacité dans la réduction de la mortalité, mais pour ce médicament, de même que pour les bêtabloquants sans effet vasodilatateur, persiste le problème de la tolérance, lorsque la fonction ventriculaire gauche est altérée. Les nouveaux traitements de l’insuffisance cardiaque L’utilisation des inhibiteurs des récepteurs de type I de l’angiotensine dans l’insuffisance cardiaque a fait l’objet de plusieurs études rapportées par M. Komajda (Paris). Alors que l’étude ELITE suggère une réduction de la mortalité et des hospitalisations chez les patients aux stades II ou III de la classification NYHA par le losartan comparé au captopril, l’étude RESOLVED, comparant le candésartan à l’énalapril, a été prématurément arrêtée en raison d’une surmortalité dans le groupe traité par candesartan. Ces résultats contradictoires incitent donc à réaliser des études randomisées de grande envergure, afin d’étudier l’intérêt de ces molécules potentiellement efficaces dans le traitement de l’insuffisance cardiaque. D’autres molécules expérimentalement efficace, telles que les inhibiteurs des récepteurs de l’endothéline, notamment les inhibiteurs des récepteurs de type A (besantan, par exemple) présentés par L. Hittinger (Créteil), les inhibiteurs des métalloprotéases (en particulier les inhibiteurs de l’endopeptidase neutre, coinhibant l’enzyme de conversion de l’angiotensine), présentés par Y. Jullière (Vandœuvre-lès-Nancy), et l’hormone de croissance, présentée par L. Saccà (Naples), représentent des voies de recherche intéressantes dans le traitement de l’insuffisance cardiaque. De nombreuses autres sessions intéressantes ont eu lieu, parmi lesquelles on peut citer, de façon non exhaustive : – les traitements non médicamenteux de la fibrillation auriculaire (les techniques ablatives, les stimulations préventives et les défibrillateurs auriculaires implantables), qui semblent très prometteurs ; – l’intérêt des nouvelles techniques échocardiographiques et, en particulier, le doppler tissulaire myocardique dans l’évaluation de la fonction contractile du myocarde sous stress ou durant l’ischémie ; – l’étude génétique de l’intervalle QT, permettant de distinguer actuellement cinq types d’anomalies génétiques correspondant à des phénotypes différents, l’intérêt de l’analyse de la dispersion et de la dynamique du QT en électrophysiologie myocardique et, enfin, l’influence des médicaments (antiarythmiques, antibiotiques, antiallergiques...) sur l’intervalle QT, qui peuvent entraîner la mort subite, le plus souvent association à d’autres facteurs de risque (déséquilibre ionique, anomalies génétiques, associa■ tion à d’autres médicaments). ANNONCEURS CARVETEAM (Kredex), p. 13 ; RHÔNE-POULENC RORER ( Vasten), p. 2 ; HOECHST (Triatec), p. 28 ; SANOFI (Aprovel), p. 5 ; NOVARTIS (Loxen), p. 27 ; SERVIER (Vastarel, Hyperium), pp. 6, 22. La Lettre du Cardiologue - n° 291 - mars 1998 9