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Le dépistage si possible dans
un délai maximum de 15 jours !
On doit systématiquement proposer le
dépistage de l’hépatite C lors de la visite
d’arrivant. Le plus souvent, il s’agit d’un
triple dépistage du VHC, du VHB et du
VIH. Les textes précisent qu’il doit être
proposé selon les facteurs de risque identi-
fiés lors de la visite médicale. Une infor-
mation précise doit être fournie afin de
favoriser des réponses claires et orientées.
Les questions portent sur les habitudes du
sujet : injections de drogue, sniff, tatouage
“artisanal”, etc.
Le test est fait, de préférence, à l’unité de
consultations et de soins ambulatoire
(UCSA) par le “médecin traitant”. S’il est
pratiqué en centre de dépistage anonyme et
gratuit (le CDAG est présent et référent en
matière de dépistage dans un certain
nombre de prisons), il convient d’adresser
le résultat à l’UCSA, avec l’accord du
patient. Le passage par le CDAG imposant
un délai, du fait des deux consultations
(prélèvement, remise du résultat) et des
procédures de levée de l’anonymat, puis de
transmission de l’information vers l’UCSA,
retarde donc la mise en route d’un éventuel
traitement.
Le “choc de l’incarcération” est peu propice
à l’acceptation d’un examen biologique qui
peut être proposé lors d’une deuxième
consultation. Son résultat doit toujours être
annoncé et expliqué par un médecin. Si un
patient se déclare séropositif au VHC, il
faudra le vérifier, soit par un document
l’attestant, soit en demandant une nouvelle
sérologie car certains détenus pensent, à
tort, pouvoir tirer avantage du statut de
malade !
Diagnostic et consultation
préparatoire
Le diagnostic repose sur la PCR. Un proto-
cole prévoit que le résultat parvienne sous
10 jours ou moins. Il précise les conditions
de transport, les délais, et les volumes de
sérum nécessaires pour que, si la PCR est
positive, les tubes adressés doivent com-
porter systématiquement une charge virale
et une détermination du génotype. Le délai
entre la réception des résultats et la consul-
tation spécialisée est employé à pratiquer
un bilan, mais aussi à informer le patient
pour éclairer et préparer son consentement.
C’est aussi le bon moment pour évaluer son
état psychologique, prévoir éventuellement
une prise en charge médicamenteuse et/ou
psychothérapeutique.
En cas de dépendance aux opiacés, on tente
d’équilibrer au mieux les posologies des
traitements de substitution.
Le traitement doit être préparé et organisé
spécifiquement : certaines prisons sont, en
effet, très éloignées de tout centre de traite-
ment : il faut alors envisager la mise en
route de “la procédure des extractions” par
la gendarmerie. Dans toute la mesure du
possible, la consultation spécialisée doit
se dérouler en prison, afin d’éviter des
délais et des retards liés à ces procédures.
Si le patient doit sortir rapidement, ou si la
peine est inférieure à trois mois, il faut s’at-
tacher à lui proposer un itinéraire “fléché”
de prise en charge : les premiers contacts
avec un réseau de soins sont pris en prison.
Idéalement, le médecin spécialiste vient sur
place et propose le suivi à l’extérieur…
Sinon, en attendant cette consultation, on
réalise le bilan préthérapeutique auquel on
ajoute ECG, radio pulmonaire, et échogra-
phie hépatique rapide (surtout s’il n’y a pas
de PBH, comme dans les cas de génotypes
2 et 3).
Si le virus est de type 1, il faut prévoir une
PBH. Les marqueurs biologiques de fibrose
(Fibrotest®) sont prometteurs. Ce nouvel
examen éviterait l’extraction de prison
pour la PBH, et des retards ou des refus.
Le Courrier des addictions (7), n° 2, avril-mai-juin 2005
Prise en charge des patients détenus
porteurs d’une hépatite
Cl. Deroussent(1),A.Galinier(2),M.Gassin(3),Ph. Griguere(4),L.Harcouet(5),V.Kanoui(6),
S. Martin-Dupont(7),J.N. Marzo(8),F.Meroueh(9),L.Michel(10),A.J. Remy(11),
P. Y. Robert(12),M.Rotily(13),M.Vella(14),C.Wartelle(15),J.Gournay(16),J.L. Daumas(17)
Notre réflexion s’inspire des recommandations de la conférence de
consensus que nous avons adaptées, sur certains de ses aspects, aux
problématiques rencontrées lors de la prise en charge des patients
détenus porteurs d’une hépatite C. L’incarcération est limitée dans le
temps, les patients dans les conditions de captivité n’ont pas la
liberté de choix du médecin. Il faut aussi noter le peu de “culture
médicale” de nombreux patients incarcérés. Il faudra donc adapter
le discours médical, choisir des supports d’information attractifs,
comme les bandes dessinées, en se souvenant que, dans certaines
prisons, le taux d’illettrisme peut atteindre 20 %. La plupart n’ont pas
de médecin traitant, n’en voient pas la nécessité et “n’utilisent” la
médecine que dans l’urgence. Nous souhaitons permettre à chaque
détenu, en fonction de sa durée d’incarcération, de bénéficier au
minimum d’un bilan complet de son hépatite C. Et, si le temps
le permet, d’être traité.
1. PH, UCSA, Colmar. 2. PH, UCSA,
Marseille. 3. Virologie, CHU Nantes. 4. PH,
UCSA, Château-Thierry. 5. Pharmacien, Paris
la Santé. 6. PH, UCSA, Fleury-Mérogis. 7.
PH, UCSA, Limoges. 8. Pharmacien,
Villepinte. 9. PH, UCSA, Montpellier. 10.
Psychiatre, SMPR, Bois-d’Arcy. 11. PH,
UCSA. 12. PH, UCSA, Nantes. 13.
Clinsearch. 14. PH, UCSA, Draguignan. 15.
PH, UCSA, Aix-en-Provence. 16. PH, Nantes
auteur des graphiques. 17. Directeur du
centre de détention de Caen.