MISE AU POINT
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●Éléments cliniques :
–âge, niveau d’activité et demande fonctionnelle du patient,
–niveau douloureux, perte de force, diminution des mobilités et
surtout fermeture de la première commissure,
–état de la colonne du pouce (déformation en Z, instabilité méta-
carpo-phalangienne, autres localisations arthrosiques).
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●Les pathologies associées (syndrome du canal carpien, tendino-
pathie du grand palmaire, doigts à ressaut, etc.).
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●Éléments radiographiques :
–stade évolutif,
–étiologie,
–étendue (concept d’arthrose péritrapézienne),
–stock osseux ou épaisseur trapézienne,
–état des autres articulations du pouce.
La majorité des rhizarthroses opérées le sont à un stade avancé.
Toutefois, la rhizarthrose à un stade précoce peut faire l’objet d’indi-
cations chirurgicales en cas d’échec du traitement médical.
En pratique clinique, il faudra considérer différemment :
–les rhizarthroses survenant chez des patients jeunes par rapport
à celles, symptomatiques, survenant chez des patients plus âgés
(à partir de 60 ans) du fait de leurs particularités étiologiques ;
–les rhizarthroses au stade de début et les rhizarthroses évoluées ;
–les rhizarthroses avec atteinte trapézo-métacarpienne isolée et
les formes avec atteinte péritrapézienne.
Particularités étiologiques
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●Rhizarthroses du sujet jeune
À côté de la rhizarthrose primitive pouvant s’intégrer dans un tableau
de polyarthrose chez le patient âgé, la rhizarthrose du jeune, moins
fréquente, est souvent secondaire. Quatre étiologies méritent d’être
individualisées.
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✓Dysplasie trapézo-métacarpienne (figure 1)
Par analogie avec la dysplasie cotyloïdienne, cette entité a été indi-
vidualisée dans les cas où l’orientation de la selle trapézienne est
oblique vers le haut. L’angle de dévers est délimité par l’axe du
deuxième métacarpien et la ligne de la selle trapézienne. Cet angle
est facile à mesurer sur les clichés de face stricte. Sa valeur nor-
male est de 129 ± 6° (1). L’augmentation de cet angle de dévers
traduit une dysplasie trapézienne, favorisant la rhizarthrose en créant
une instabilité potentielle de la base du premier métacarpien qui
se subluxe (2, 3). La surface de contact diminuant, la pression
par unité de surface augmente, conduisant à la détérioration car-
tilagineuse. Cette dysplasie peut aussi atteindre la base du premier
métacarpien, qui se verticalise.
✓
✓Hyperlaxité
L’hyperlaxité est à l’origine d’une instabilité articulaire trapézo-
métacarpienne (4, 5). Cette hyperlaxité peut être constitutionnelle
ou s’intégrer dans une maladie générale, telle la maladie d’Ehlers-
Danlos. Les études sont toutefois contradictoires. Jonsson conclut
à une corrélation entre l’hyperlaxité et l’apparition de lésions
arthrosiques (4). Plus récemment, Dolan ne retrouve aucune aug-
mentation du risque de développer une arthrose des mains chez
les patients hyperlaxes (6).
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✓Surcharge fonctionnelle et microtraumatique
Le principal facteur prédisposant de l’arthrose des mains et de la
base du pouce reste le surmenage fonctionnel. Certaines profes-
sions ou certains loisirs (travaux manuels, musique) semblent pré-
disposer à la rhizarthrose du fait de microtraumatismes répétés.
Ces lésions prédominent alors du côté dominant.
Chez les musiciens, il peut exister une déstabilisation de l’articu-
lation trapézo-métacarpienne expliquée par une dystonie de fonc-
tion. À long terme, cette dystonie musculaire engendre des lésions
ligamentaires qui déstabilisent l’articulation et favorisent la rhi-
zarthrose (7).
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✓Rhizarthrose post-traumatique
L’étiologie traumatique est rare. La rhizarthrose complique alors
l’évolution d’un traumatisme du carpe et de la première colonne
non ou mal traité. Les entorses graves de l’articulation trapézo-
métacarpienne, les luxations scapho-trapézo-trapézoïdiennes, les
fractures articulaires du trapèze, ou de la base du premier méta-
carpien type Bennett ou Rolando, sont toutes pourvoyeuses
d’arthrose (8-10).
●Rhizarthrose du patient plus âgé
Les étiologies précédentes peuvent être retrouvées ; toutefois, la
rhizarthrose primitive éventuellement intégrée dans une polyar-
throse prédomine.
Appréciation radiographique du degré de l’atteinte trapézo-
métacarpienne : distinction rhizarthrose débutante/rhizarthrose
évoluée
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●Bilan radiographique
Le bilan complémentaire repose essentiellement sur les radio-
graphies standard, et doit comporter la réalisation d’incidences spé-
cifiques de l’articulation trapézo-métacarpienne. Les caractéris-
tiques anatomiques et géométriques particulières de l’articulation
trapézo-métacarpienne ne peuvent se contenter de radiographies
classiques face et profil des mains. En effet, dans ces deux inci-
dences, l’articulation est vue de trois quarts. Des incidences spéci-
fiques ont donc été décrites par Kapandji (1) en tenant compte de
ces particularités anatomiques (figure 2).
La Lettre du Rhumatologue - n° 312 - mai 2005
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Figure 1. Dysplasie trapézienne.