CANCERS GYNÉCOLOGIQUES
244
La Lettre du Cancérologue - volume VIII - n° 6 - décembre 1999
CANCERS DE L’OVAIRE
Traitement de première ligne : l’enseignement des essais
thérapeutiques
L’ASCO 99 a été l’occasion de faire le point sur la comparai-
son des associations carboplatine/paclitaxel et cisplatine/pacli-
taxel. Quatre essais sont à retenir.
Le GOG158 compare, dans les cancers ovariens de stade III,
d’une part, le carboplatine au cisplatine, d’autre part la durée
d’administration du paclitaxel. Un bras comprend : six cures
de paclitaxel 135 mg/m2sur 24 h, cisplatine 75 mg/m2, l’autre
bras : carboplatine AUC 7,5/paclitaxel 175 mg/m2sur 3 h,
toutes les trois semaines (1).
Un deuxième essai multicentrique randomisé (AGO) com-
pare le paclitaxel à la dose de 185 mg/m2sur 3 heures, associé
soit au carboplatine AUC 6, soit au cisplatine 75 mg/m2.
L’analyse tient compte de deux populations : les stades IIB-
IIIC avec résidus tumoraux < 1 cm et les stades IV avec rési-
dus > 1 cm (2).
Les conclusions de ces deux études confirment et précisent les
résultats communiqués à l’ASCO 1998 :
– l’association carboplatine/paclitaxel est équivalente à pla-
tine/paclitaxel en termes de survie sans progression (le recul
est encore un peu insuffisant en ce qui concerne la survie glo-
bale) ;
– cela reste vrai quelle que soit l’importance de la maladie
résiduelle (AGO) ;
– la réduction de la durée du paclitaxel ne modifie pas son effi-
cacité (GOG158) ;
– la qualité de vie est améliorée avec le carboplatine (moins de
nausées, de vomissements et de neurotoxicité) ;
– le second look ne modifie pas la survie sans progression
(GOG158).
Une troisième étude de phase III, menée par le groupe
coopérateur grec, compare, dans les stades avancés IIC à IV,
6 cycles de carboplatine AUC 7/paclitaxel 175 mg/m2en
3 heures, à 3 cycles de cette association suivis de 3 cycles de
paclitaxel (à la même dose) et cisplatine 75 mg/m2. Les
conclusions rejoignent celles des deux essais précédents : le
taux de réponses et la survie sans récidive sont équivalents
avec cisplatine ou carboplatine (3).
Le quatrième essai évaluant carboplatine/paclitaxel présenté à
l’ASCO 1999 est l’ICON3, initié en 1995, portant sur
2 075 patientes de 8 pays (4). L’association paclitaxel
175 mg/m2/carboplatine AUC 5 minimum est comparée à deux
anciens “standards” : le carboplatine seul (ICON3a) ou le CAP
(cyclophosphamide/doxorubicine/cisplatine) (ICON 3b). À
deux ans, il n’existe pas de différence en termes de survie sans
progression ou de survie globale avec carboplatine/paclitaxel,
carboplatine seul ou CAP. Ces résultats sont discordants
d’avec les données du GOG111 et de l’étude européenne cana-
dienne OV10, toutes deux en faveur d’un effet positif signifi-
catif du paclitaxel. Un effet cross-over (le paclitaxel administré
après carboplatine ou CAP) pourrait expliquer l’équivalence
des résultats comme pour l’essai GOG132, qui comparait cis-
platine versus paclitaxel versus l’association cisplatine-pacli-
taxel. Dans cette étude, en effet, la majorité des patientes trai-
tées initialement par cisplatine en monothérapie ont reçu
ensuite du paclitaxel.
Carboplatine/paclitaxel : quelle dose et quel schéma ?
Le carboplatine AUC 5 à 7,5 et le paclitaxel 175 à 185 mg/m2
sur 3 heures ont été employés dans les études sans que l’on ait
de comparaison directe entre ces divers schémas. L’augmenta-
tion de la dose de paclitaxel au-delà de 175 mg/m2sur 3 heures
n’apporte pas de bénéfice mais majore la toxicité. La dose
optimale de carboplatine pourra être définie par une méta-ana-
lyse incluant les derniers essais. En l’absence de bénéfice évi-
dent de l’augmentation des doses au-delà d’une AUC 5, celle-
ci pourrait être le dosage de référence pour les essais à venir, et
être recommandée en pratique clinique.
Trithérapie : les futures premières lignes ?
Intérêt des anthracyclines ?
La faisabilité de l’association de la doxorubicine 50 mg/m2ou
de l’épirubicine 60 à 75 mg/m2à carboplatine/paclitaxel a été
établie. Le bénéfice des trois drogues versus carboplatine/
paclitaxel reste à démontrer. C’est l’objet de l’essai franco-
allemand (GINECO) qui compare TEC (paclitaxel/épirubi-
cine/carboplatine) à TC. Actuellement, 650 des 1 000 patientes
prévues ont été incluses. L’analyse de la tolérance autorise la
poursuite de l’étude. Il n’y a pas davantage de réduction de
doses nécessaires dans le bras TEC (5).
Schémas en alternance
L’alternance des associations de carboplatine/paclitaxel puis
carboplatine/topotécan semble prometteuse : 85 % de réponses
* Centre médical du Rouget, Sarcelles.
Actualités dans les cancers gynécologiques
C. Boaziz*
sur 20 patientes et 9 réponses complètes sur 15 patientes (6). Il
en est de même pour la trithérapie gemcitabine/carbo-
platine/paclitaxel (7). L’hématotoxicité est la toxicité limitante
de ces deux derniers schémas.
La comparaison de ces trithérapies à paclitaxel/sel de platine
sera un des axes des futures phases III.
Docétaxel
Le docétaxel 75 mg/m2associé au cisplatine a fait l’objet d’une
étude de phase II du groupe GINECO (8). L’efficacité, sur
45 patientes, est satisfaisante (21 % de RC) avec une tolérance
acceptable, en particulier neurologique. Un essai écossais
publié dans le Journal of Clinical Oncology de mars 1999
retrouve une bonne tolérance neurologique et peu de syn-
dromes œdémateux à la dose de 75 mg/m2pour le cisplatine et
le docétaxel. Au-delà de 75 mg/m2de docétaxel, le maintien
des doses est compromis par la toxicité. Les auteurs suggèrent
les doses de carboplatine AUC 5/docétaxel 75 mg/m2pour le
bras qui pourrait être comparé à paclitaxel/carboplatine dans
une phase III (9).
Quelle place pour les hautes doses ?
Les hautes doses avec greffe de moelle ou transfusion de cel-
lules souches autologues se sont révélées décevantes chez les
patientes résistantes au platine ou en rechute (10).Trois essais
de phase III (le GOG, un essai finlandais et un essai allemand
AGO/AIO) comparent, en situation de maladie résiduelle
minime, un schéma hautes doses en consolidation ou d’emblée
a un traitement conventionnel par carboplatine/paclitaxel.
Le groupe GINECO, avec la Société Française de Greffe de
moelle et la Fédération des Centres de Lutte contre le Cancer,
a lancé une étude de phase III évaluant le bénéfice d’une
consolidation par carboplatine 1 600 mg/m2et cyclophospha-
mide 6 g/m2suivis de réinjection de cellules souches périphé-
riques, comparée à trois cycles standards chez des patientes
répondeuses à une première ligne mais avec un résidu tumoral
< 2 cm constaté au second look. Quatre-vingt-seize patientes
sont incluses actuellement dans 14 centres.
Deuxième ligne
Chez des patientes initialement répondeuses au platine, l’oxali-
platine seul à la dose de 130 mg/m2permet 42 % de réponses
(11).
Quant au topotécan, une étude de phase III a précédemment
démontré qu’à la dose de 1,5 mg/m2/jour, 5 jours toutes les
trois semaines, son activité était au moins équivalente à celle
du paclitaxel 175 mg/m2.
Le topotécan oral à raison de 2,3 mg/m2/jour 5 jours tous les
21 jours, permet un taux de réponse de 33 % (12).
En revanche, en cas de progression sous platine ou dans les six
mois suivant son administration, les données de l’ASCO 1999
confirment la faible efficacité des “nouveaux agents”. Dans
cette situation, la gemcitabine et le topotécan oral ne donnent
pas plus de 15 % de réponses (12), le tamoxifène 13 %, le
vépéside oral 32 % et l’oxaliplatine 6 % (11).
Aucun argument ne justifie une polychimiothérapie plutôt
qu’une monothérapie dans cette situation.
La doxorubicine liposomale permet d’obtenir 16 % de
réponses avec un délai avant nouvelle progression de
19 semaines, chez 89 patientes ayant progressé sous platine,
dont 82 également sous paclitaxel. La tolérance hématologique
est bonne (13).
CA125 comme critère d’évaluation des traitements
Dans la prise en charge individuelle des patientes, les modifi-
cations du CA125 peuvent guider la conduite thérapeutique.
En revanche, l’intégration du CA125 comme critère de
réponse pour l’évaluation de l’efficacité de nouveaux schémas
ou agents dans les essais cliniques fait encore l’objet de
réflexions. Une étude publiée dans le Journal of Clinical
Oncology compare l’évaluation de la réponse au paclitaxel et
au platine en fonction du taux de CA125 selon les critères de
Rustin et en fonction des critères de l’OMS. Une réponse de
50 % est définie, après deux dosages élevés, par une diminu-
tion du CA125 de 50 % (vérifiée sur deux dosages).
Une réponse de 75 % correspond à une diminution du CA125
dans la même proportion, sur trois dosages. Tous les dosages
sont espacés d’un mois. Les taux de réponse sérologique sont
équivalents pour le platine et le paclitaxel, les taux de faux
positifs pour la réponse sont faibles, respectivement 2,2 % et
2,9 %. Il existe des divergences dans un nombre important de
cas : 36 % des patientes classées stables selon l’OMS sont
répondeuses selon le CA125.
Il est intéressant de constater que, parmi les stables selon
l’OMS, les répondeuses sérologiques ont une meilleure survie
sans récidive (10,6 contre 4,8 mois, p < 0,001). On ignore le
devenir des non-répondeuses sérologiques, jugées stables (14).
CANCERS DE L’UTÉRUS
Cancers du col
Association radio-chimiothérapie concomitante (ARCC) :
la consécration en 1999
Des taux de réponses intéressants, y compris de réponses com-
plètes, ont été retrouvés dans certaines études de phase II, mais
aucun essai randomisé prospectif montrant clairement la supé-
riorité de l’ARCC par rapport à la radiothérapie (RT) seule ne
pouvait prétendre proposer un nouveau standard thérapeutique.
Cette année, trois études prospectives randomisées multicen-
triques parues dans le même numéro du New England Journal
of Medicine et d’autres essais présentés à l’ASCO démontrent
son intérêt en termes de survie.
Une phase III du GOG a comparé l’association cisplatine,
radiothérapie et hystérectomie à radiothérapie et hystérectomie
pour les cancers du col de stade IB de gros volume (> 4 cm)
sans extension ganglionnaire (évalués par tomodensitométrie,
lymphographie ou chirurgie). Une irradiation pelvienne de
45 Gy à raison de 1,8 à 2 Gy, 5 jours par semaine, 4,5 à
5semaines, était complétée d’une ou deux applications de plé-
siocuriethérapie à bas débit, avec une dose cumulée de 75 Gy
au point A et de 55 Gy à la paroi pelvienne. La chimiothérapie
245
La Lettre du Cancérologue - volume VIII - n° 6 - décembre 1999
consistait en 6 injections de cisplatine 40 mg/m2par semaine
pendant la radiothérapie, sans dépasser 70 mg en dose totale.
Un hystérectomie extrafasciale était réalisée 3 à 6 semaines
après la fin des traitements.
Sur 369 patientes évaluables, avec un suivi médian de 36 mois,
on note une réduction du risque de rechute (13 % contre 37 %,
p< 0,001), en particulier locale (9 % contre 21 %), en faveur
du bras ARCC. Le nombre de pièces d’hystérectomie stérili-
sées est supérieur dans le bras ARCC (52 % contre 41 %). La
survie globale à 3 ans est meilleure (83 % contre 74 %,
p=0,008).
L’ARCC majore la toxicité hématologique et gastro-intesti-
nale.
La dose de 75 Gy au point A peut être jugée inférieure aux
recommandations admises aux États-Unis qui, sont de 85 Gy
au point A, et, par ailleurs, les auteurs reconnaissent que l’inté-
rêt de l’hystérectomie est discutable. Toutefois, ces deux élé-
ments n’influencent pas les résultats en ce qui concerne l’inté-
rêt du cisplatine associé à la radiothérapie (15).
Stades avancés
Après radiothérapie exclusive, le taux de rechute est de 20 % à
50 % pour les stades IIB et de 75 % pour les stades III.
Une étude de phase III du GOG a comparé 3 bras d’ARCC
dont un sans cisplatine pour les cancers localement avancés de
stades IIB à IVA sans envahissement lombo-aortique. La
radiothérapie consistait en une irradiation du pelvis in toto à la
dose de 40,8 Gy en 20 fractions ou 51 Gy en 30 fractions, sui-
vie de curiethérapie à la dose de 40 Gy dans les stades IIB et
de 30 Gy dans les stades III-IVA ou d’un complément d’irra-
diation externe jusqu’à 61 Gy, en cas d’impossibilité de réali-
ser la curiethérapie.
Cinq cent vingt-six patientes ont été incluses entre 1992 et
1997.
Après randomisation :
– le groupe 1 recevait : cisplatine 40 mg/m2hebdomadaire,
semaines 1 à 6 ;
– le groupe 2 : cisplatine 50 mg/m2-5-FU 4 g/m2sur 96 heures,
J1 et J29 et hydroxyurée 2 g/m2per os, 2 fois par semaine,
semaines 1 à 6 ;
– le groupe 3 : hydroxyurée 3 g/m2per os, 2 fois par semaine,
semaines 1 à 6.
Le recul médian est de 35 mois. Après ajustement des facteurs
pronostiques, la survie sans récidive et la survie globale sont
significativement meilleures dans les deux groupes recevant du
cisplatine (p < 0,001). Le taux de rechutes locales mais égale-
ment de métastases pulmonaires est plus faible dans les
groupes 1 et 2. En revanche, la toxicité est deux fois plus
importante dans le bras 2. L’avantage du 5-FU/hydroxyurée
n’est pas évident par rapport au cisplatine seul, que les auteurs
recommandent comme schéma standard (16).
On peut rapprocher cette dernière étude de celle du GOG et du
SWOG, menée entre 1986 et 1990, donc débutée avant l’étude
précédente et publiée dans le Journal of Clinical Oncology de
mai 1999. L’analyse est faite avec un suivi médian de 8,7 ans.
Elle porte sur 388 patientes ayant, là aussi, un cancer de stade
IB à IVA sans envahissement lomboaortique.
Un bras CF : cisplatine 50 mg/m2J1 et J29-5-FU : 1 g/m2J2 à
J5 et J31 à J33 est comparé à un bras hydroxyurée (HU) seule
80 mg/kg deux fois par semaine. Dans les deux bras, la chi-
miothérapie est concomitante à une radiothérapie pelvienne
suivie de curiethérapie. Là aussi, la survie sans récidive est
significativement meilleure dans le bras ARCC avec cisplatine
(p = 0,033) de même que la survie globale (p = 0,018). Le
taux relatif de mortalité est de 0,74 (IC 95 % : 0,58 à 0,95). À
noter qu’une toxicité gastro-intestinale sévère (grades 3-4)
dans 8 % des cas et 4 % de leucopénies de grades 3-4 ont été
observées dans le bras CF (17).
La troisième étude, parue dans le New England Journal of
Medicine, concerne 403 patientes ayant un stade IIB à IVA, ou
IB-IIA de 5 cm et plus, ou avec atteinte ganglionnaire pel-
vienne (30 % des cas), mais sans atteinte lomboaortique véri-
fiée par lymphographie ou chirurgie.
Ont été comparées : une irradiation pelvienne (externe et curie-
thérapie) associée à une irradiation prophylactique lomboaor-
tique systématique (bras A) et la même radiothérapie pel-
vienne associée à une chimiothérapie concomitante par
cisplatine 75 mg/m2J1, 5-FU 1 g/m2/j en perfusion veineuse
continue, de J1 à J4, répétée à J21, 3 cycles, le dernier étant
concomitant à la curiethérapie (bras B). Le critère principal est
la survie globale.
Avec un suivi médian de 43 mois, la survie globale est de
73 % pour le bras ARCC contre 58 % pour le bras RT exclu-
sive (p = 0,004). Soixante-dix pour cent des patientes avaient
un stade IB à II. Le bénéfice en survie n’est pas retrouvé pour
le (petit) sous-groupe de stades III à IVA. On notera un décès
toxique avec l’ARCC et une toxicité hématologique plus
sévère (16 % de grades 4). L’intérêt relatif du troisième cycle
est discutable en regard de la toxicité. Les effets à long terme
ne sont cependant pas majorés par l’ARCC (18).
Les questions que posent ces résultats sont la durée et les doses
optimales de la chimiothérapie. Le carboplatine, mieux toléré
que le cisplatine, peut-il le remplacer aussi efficacement, et
quelle est la place d’autres agents radio-sensibilisants comme
le paclitaxel ?
Dans une étude randomisée publiée dans le Journal of Clinical
Oncology, 200 cas de cancers du col de stades IB à III rece-
vaient ARCC ou radiothérapie pelvienne standard, suivie
éventuellement d’une exérèse chirurgicale. C’est l’épirubicine
qui a été utilisée dans le bras ARCC, à raison de 60 mg/m2
pendant l’irradiation, puis poursuivie à la dose de 90 mg/m2,
sur 5 cycles.
La supériorité du bras ARCC plus CT adjuvante est significa-
tive, en termes de taux de réponses, survie sans récidive et sur-
vie globale. Le bénéfice de la CT après l’ARCC reste hypothé-
tique (19).
Place de la cœlioscopie dans l’évaluation ganglionnaire
L’existence de ganglions lomboaortiques est un facteur pro-
nostique important. De nouvelles techniques comme le PET
scan, dont la valeur positive prédictive semble avoisiner 75 %
(20), pourront-elles remplacer l’évaluation chirurgicale ?
CANCERS GYNÉCOLOGIQUES
246
La Lettre du Cancérologue - volume VIII - n° 6 - décembre 1999
Certaines équipes chirurgicales préconisent une lymphadénec-
tomie par cœlioscopie. Cette procédure, à condition d’être
confiée à des mains entraînées, est moins lourde, carcinologi-
quement satisfaisante et réduit la durée d’hospitalisation.
L’hystérectomie peut être ensuite réalisée par voie basse en
l’absence d’extension ganglionnaire.
On peut citer ici une série publiée dans Gynecologic Oncology
de juin 1999, concernant 94 patientes dont 64 ayant un cancer
du col, et 14 un cancer de l’endomètre. La durée d’hospitalisa-
tion moyenne pour un curage ganglionnaire par cette voie a été
de 3,6 jours. Le geste a dû être converti en laparotomie dans
3cas sur 94. Pour les patientes explorées après 1996, le
nombre de ganglions obtenus au curage a été en moyenne de
19 pour les ganglions pelviens et de 4 pour les ganglions para-
aortiques (21).
Chimiothérapie
L’intérêt d’une chimiothérapie néoadjuvante avant radiothéra-
pie ou chirurgie ne fait pas l’unanimité. On peut cependant
retenir les taux de réponse obtenus avec certaines associations.
Zanetta rapporte un taux réponse de 84 % (6 réponses com-
plètes et 7 réponses partielles) chez 34 patientes de stades IB2
à IVA, traitées par paclitaxel 175 mg/m2J1, cisplatine 50 à
75 mg/m2, ifosfamide 5 g/m2J2 (22).
L’association cisplatine/vinorelbine est également efficace
avec, dans une étude parue dans le Journal of Clinical Onco-
logy, 11 RC et 21 RP sur 50 cas (27 stades IB-II, 23 stades IV
ou en rechutes) (23) et, dans un essai publié à l’ASCO, 3 RC et
16 RP sur 28 patientes non précédemment traitées ayant un
stade II ou IV (24).
L’association cisplatine 75 mg/m2, paclitaxel 175 mg/m2donne
5 RO et 11 RP chez 34 patientes ayant un cancer cervical réci-
divant ou métastatique (25).
Enfin, cisplatine 50 mg/m2J1, topotécan 0,75 mg/m2J1 à J3,
toutes les trois semaines, donne 33 % de réponses, en première
ligne, en situation de récidive (26).
Ces résultats peuvent être utiles pour dessiner les prochains
schémas d’ARCC.
CANCERS DE L’ENDOMÈTRE
À signaler un essai du GOG confirmant l’activité de l’acétate
de médroxyprogestérone (MPA) à faibles doses pour les can-
cers de l’endomètre avancés ou récidivants. Deux cent quatre-
vingt-dix-neuf patientes ont reçu, après randomisation, soit
200 mg soit 1 000 mg par jour de MPA. Les taux de réponses
sont respectivement de 25 % (avec 17 % de réponses com-
plètes) et 15 % et le taux relatif est de 0,61 (IC 0,36-1,04). Les
survies sans récidive sont de 3,2 mois et 2,5 mois et les survies
globales de 11 et 7 mois, respectivement. Des incidents throm-
boemboliques sont survenus dans 5 % et 4 % des cas. Les fac-
teurs associés à la réponse sont le caractère bien différencié et
la présence de récepteurs pour la progestérone > 50 fmol/mg
(27).
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. Ozols R.F. et coll. Randomized phase III study of cisplatin (CIS)/paclitaxel
(PAC) versus carboplatin (CARBO) /PAC in optimal stage III epithelial ovarian
cancer (OC) : a Gynecologic Oncology Group Trial (GOG158). Proc ASCO
1999 ; 18 : abstr. 1373.
2. Du Bois A. et coll. Cisplatin/paclitaxel vs carboplatin/paclitaxel in ovarian
cancer : update of an Arbeitsgemeinschaft Gynaekologische Onkologie (AGO)
study group trial. Proc ASCO 1999 ; 18 : abstr. 1374.
3. Aravantinos G. et coll. Paclitaxel plus carboplatin versus paclitaxel plus
alternating carboplatin and cisplatin for initial treatment of advanced ovarian
cancer (AOC) : a Hellenic Co-Operative Group Study. Proc ASCO 1999 ; 18 :
abstr. 1416.
4. Harper P. et coll. A randomised comparison of paclitaxel (T) and carbopla-
tin (J) versus a control arm of single agent carboplatin (J) or CAP (cyclophos-
phamide, doxorubicin and cisplatin) : 2 075 patients randomised into the 3rd
International Collaborative Ovarian Neoplasm study (ICON3). Proc ASCO
1999 ; 18 : abstr. 1375.
5. Pfisterer J. et coll. Epirubicin/paclitaxel/carboplatin vs. paclitaxel/carbopla-
tin as first-line treatment in ovarian cancer : results of a safety interim analysis
of the AGO-GINECO intergroup trial. Proc ASCO 1999 ; 18 : abstr. 1418.
6. Herben V. et coll. Phase I and pharmacologic study of the combination of
paclitaxel, cisplatin, and topotecan, administered intravenously every 21 days
as first line therapy. J Clin Oncol 1999 ; 17 : 747-55.
7. Hansen S.W. Gemcitabine, carboplatin, and paclitaxel (GCP) as first-line
treatment of ovarian cancer FIGO stages IIB-IV. Proc ASCO 1999 ; 18 :
abstr. 1379.
8. Guastalla J.P. Cisplatin-docetaxel (Taxotere®) in first-line treatment of
advanced ovarian cancer (OC) : a GINECO phase II trial.Proc ASCO 1999 ;
18 : abstr. 1448.
9. Vassey P.A. et coll. Doxetaxel and cisplatin in combination as first-line che-
motherapy for advanced epithelial ovarian cancer. J Clin Oncol 1999 ; 17 :
2069-80.
10. Ledermann J. et coll. A high dose chemotherapy in ovarian cancer : an
analysis of the experience of the European Group for Blood and Marrow Trans-
plant (EBMT) over 7 years. Proc ASCO 1999 ; 18 : abstr. 1391.
11. Bougnoux P. A multicenter phase II study of oxaliplatin (OXA) as a single
agent in platinum (PT) and/or taxanes (TX) pretreated advanced ovarian cancer
(AOC) : final results. Proc ASCO 1999 ; 18 : abstr. 1422.
12. Clarke-Pearson D.L. et coll. A phase II of oral topotecan as a single agent,
second line therapy, administred for five days in patients with advanced ovarian
cancers. Proc ASCO 1999 ; 18 : abstr. 1421.
13. Rose P. et coll. Interim analysis of a non-comparative, multicenter study of
DOXIL/CAELYX in the treatment of patients with refractory ovarian cancer.
Proc ASCO 1999 ; 18 : abstr. 1392.
14. Bridgewater J.A. et coll. Comparison of standard and CA-125 response cri-
teria in patients with epithelial ovarian cancer treated with platinum or pacli-
taxel. J Clin Oncol 1999 ; 17 : 501-8.
15. Keys H.M. et coll. Cisplatin, radiation, and adjuvant hysterectomy compa-
red with radiation and adjuvant hysterectomy for bulkystage IB cervical carci-
noma. N Engl J Med 1999 ; 340 : 1154-61.
16. Rose P.G. et coll. Concurrent cisplatin-based chemotherapy and chemothe-
rapy for locally advanced cervical cancer. N Engl J Med 1999 ; 340 : 1144-53.
17. Whitney C.W. et coll. Randomized comparison of fluorouracil plus cisplatin
versus hydroxyurea as adjonction to radiation therapy in stage IIB-IVA carci-
noma of the cervix with negative para-aortic lymph nodes : a Gynecologic
Oncology Group and Southwest Oncology Group study. J Clin Oncol 1999 ;
17 : 1339-48.
18. Morris M. et coll. Pelvic radiation with concurrent chemotherapy compa-
red with pelvic and para-aortic radiation for high risk cervical cancer. N Engl J
Med 1999 ; 340 : 1137-43.
19. Wong L.C. et coll. Chemoradiation and adjuvant chemotherapy in cervical
cancer. J Clin Oncol 1999 ; 17 : 2055.
20. Rose P.G. et coll. Positron Emission Tomography for evaluating para-aor-
tic nodal metastasis in locally advanced cervical cancer before surgical sta-
ging : a surgicopathologic study. J Clin Oncol 1999 ; 17 : 41-5.
247
La Lettre du Cancérologue - volume VIII - n° 6 - décembre 1999
CANCERS GYNÉCOLOGIQUES
248
La Lettre du Cancérologue - volume VIII - n° 6 - décembre 1999
21. Donitto P.R. et coll. Laparoscopic lymphadenectomy for gynecologic mali-
gnancies. Gynecol Oncol 1999 ; 73 : 383-8.
22. Zanetta G.Neoadjuvant chemotherapy with cisplatin,ifosfamide and pacli-
taxel for locally advanced squamous cell cervical cancer. Ann Oncol 1999 ; 9 :
977-80.
23. Pignata S. Phase II study of cisplatin and vinorelbine as first-line chemo-
therapy in patients with carcinoma of the uterine cervix. J Clin Oncol 1999 ;
1: 756.
24. Goedhals G. et coll. Phase II study of I.V. vinorelbine (N) in combination
with cisplatin (P) in South African patients with stage III or IV carcinoma of the
uterine cervix previously untreated. Proc ASCO 1999 ; 18 : abstr. 1445.
25. Christos A. et coll. A phase II trial of paclitaxel and cisplatin in metastatic
and recurrent carcinoma of the uterine cervix. J Clin Oncol 1999 ; 17 : 761.
26. Fiorica J.E. et coll. Phase II trial of topotecan combined with cisplatin in
squamous and non-squamous cervical cancer : preliminary results. Proc ASCO
1999 ; 18 : abstr. 1441.
27. Thigpen T.J. Oral medroxyprogesterone acetate in the treatment of advan-
ced or recurrent endometrial carcinoma : a dose-response study by the Gyneco-
logic Oncology Group. J Clin Oncol 1999 ; 17 : 1736-44.
INTERVIEW...
La nouvelle de l’année 1999, spectaculaire dans sa présentation, a été la publication dans
le même numéro d’avril du
New England Journal of Medicine
de trois essais randomisés
démontrant que l’addition d’une chimiothérapie à base de cisplatine au cours de la radiothé-
rapie apporte un avantage de survie globale sur la radiothérapie seule, chez les patientes
atteintes d’un cancer épidermoïde du col utérin, dès le stade IB. Le nouveau standard de
traitement des cancers du col utérin est donc l’association cisplatine-radiothérapie. Le
consensus est néanmoins loin d’être établi sur les doses optimales de radiothérapie, sur la
meilleure chimiothérapie à associer à la radiothérapie, sur la place de la chirurgie et sur
l’intérêt d’une chimiothérapie plus conventionnelle dans son étalement, néoadjuvante ou
adjuvante, notamment dans les formes les plus graves (stades III et IV). Un essai coopératif
français devrait explorer l’association carboplatine-paclitaxel-radiothérapie dans les stades
avancés. Dans les cancers de l’ovaire, les Anglais ont démontré une nouvelle fois leur capa-
cité insulaire et légendaire à aller à contre-courant des idées en cours. Au moment où la plu-
part des équipes, dans le monde, se posent la question de savoir comment associer un troi-
sième médicament (épirubicine, topotécan, gemcitabine, etc.) à la combinaison
carboplatine-paclitaxel, le MRC présente des résultats prématurés suggérant que rien ne fait
mieux que le carboplatine seul (ICON3). Les autorités administratives anglaises ont beau-
coup apprécié la conclusion de Harper et coll. à l’ASCO et ne remboursent plus le paclitaxel
en première ligne. Les Anglais devraient ainsi maintenir cette unique originalité d’avoir les
plus mauvais résultats de survie en Occident, pour les patientes atteintes de cancer de
l’ovaire (tout comme pour les cancers du sein).
Le groupe franco-allemand AGO-GINECO-GERCOR prévoit d’explorer de façon randomisée
(800 patientes prévues) l’association séquentielle de quatre cycles de topotécan après
6cycles de carboplatine-paclitaxel versus carboplatine-paclitaxel seuls.
P
Pr E
r E. P
. Pujade-L
ujade-Laur
auraine
aine
1 / 5 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !