C A N C E R S G Y N É C O L O G I Q U E S Actualités dans les cancers gynécologiques ● C. Boaziz* CANCERS DE L’OVAIRE Traitement de première ligne : l’enseignement des essais thérapeutiques L’ASCO 99 a été l’occasion de faire le point sur la comparaison des associations carboplatine/paclitaxel et cisplatine/paclitaxel. Quatre essais sont à retenir. Le GOG158 compare, dans les cancers ovariens de stade III, d’une part, le carboplatine au cisplatine, d’autre part la durée d’administration du paclitaxel. Un bras comprend : six cures de paclitaxel 135 mg/m2 sur 24 h, cisplatine 75 mg/m2, l’autre bras : carboplatine AUC 7,5/paclitaxel 175 mg/m 2 sur 3 h, toutes les trois semaines (1). Un deuxième essai multicentrique randomisé (AGO) compare le paclitaxel à la dose de 185 mg/m2 sur 3 heures, associé soit au carboplatine AUC 6, soit au cisplatine 75 mg/m 2. L’analyse tient compte de deux populations : les stades IIBIIIC avec résidus tumoraux < 1 cm et les stades IV avec résidus > 1 cm (2). Les conclusions de ces deux études confirment et précisent les résultats communiqués à l’ASCO 1998 : – l’association carboplatine/paclitaxel est équivalente à platine/paclitaxel en termes de survie sans progression (le recul est encore un peu insuffisant en ce qui concerne la survie globale) ; – cela reste vrai quelle que soit l’importance de la maladie résiduelle (AGO) ; – la réduction de la durée du paclitaxel ne modifie pas son efficacité (GOG158) ; – la qualité de vie est améliorée avec le carboplatine (moins de nausées, de vomissements et de neurotoxicité) ; – le second look ne modifie pas la survie sans progression (GOG158). Une troisième étude de phase III, menée par le groupe coopérateur grec, compare, dans les stades avancés IIC à IV, 6 cycles de carboplatine AUC 7/paclitaxel 175 mg/m 2 en 3 heures, à 3 cycles de cette association suivis de 3 cycles de paclitaxel (à la même dose) et cisplatine 75 mg/m 2. Les conclusions rejoignent celles des deux essais précédents : le taux de réponses et la survie sans récidive sont équivalents avec cisplatine ou carboplatine (3). * Centre médical du Rouget, Sarcelles. 244 Le quatrième essai évaluant carboplatine/paclitaxel présenté à l’ASCO 1999 est l’ICON3, initié en 1995, portant sur 2 075 patientes de 8 pays (4). L’association paclitaxel 175 mg/m2/carboplatine AUC 5 minimum est comparée à deux anciens “standards” : le carboplatine seul (ICON3a) ou le CAP (cyclophosphamide/doxorubicine/cisplatine) (ICON 3b). À deux ans, il n’existe pas de différence en termes de survie sans progression ou de survie globale avec carboplatine/paclitaxel, carboplatine seul ou CAP. Ces résultats sont discordants d’avec les données du GOG111 et de l’étude européenne canadienne OV10, toutes deux en faveur d’un effet positif significatif du paclitaxel. Un effet cross-over (le paclitaxel administré après carboplatine ou CAP) pourrait expliquer l’équivalence des résultats comme pour l’essai GOG132, qui comparait cisplatine versus paclitaxel versus l’association cisplatine-paclitaxel. Dans cette étude, en effet, la majorité des patientes traitées initialement par cisplatine en monothérapie ont reçu ensuite du paclitaxel. Carboplatine/paclitaxel : quelle dose et quel schéma ? Le carboplatine AUC 5 à 7,5 et le paclitaxel 175 à 185 mg/m2 sur 3 heures ont été employés dans les études sans que l’on ait de comparaison directe entre ces divers schémas. L’augmentation de la dose de paclitaxel au-delà de 175 mg/m2 sur 3 heures n’apporte pas de bénéfice mais majore la toxicité. La dose optimale de carboplatine pourra être définie par une méta-analyse incluant les derniers essais. En l’absence de bénéfice évident de l’augmentation des doses au-delà d’une AUC 5, celleci pourrait être le dosage de référence pour les essais à venir, et être recommandée en pratique clinique. Trithérapie : les futures premières lignes ? Intérêt des anthracyclines ? La faisabilité de l’association de la doxorubicine 50 mg/m2 ou de l’épirubicine 60 à 75 mg/m2 à carboplatine/paclitaxel a été établie. Le bénéfice des trois drogues versus carboplatine/ paclitaxel reste à démontrer. C’est l’objet de l’essai francoallemand (GINECO) qui compare TEC (paclitaxel/épirubicine/carboplatine) à TC. Actuellement, 650 des 1 000 patientes prévues ont été incluses. L’analyse de la tolérance autorise la poursuite de l’étude. Il n’y a pas davantage de réduction de doses nécessaires dans le bras TEC (5). Schémas en alternance L’alternance des associations de carboplatine/paclitaxel puis carboplatine/topotécan semble prometteuse : 85 % de réponses La Lettre du Cancérologue - volume VIII - n° 6 - décembre 1999 sur 20 patientes et 9 réponses complètes sur 15 patientes (6). Il en est de même pour la trithérapie gemcitabine/carboplatine/paclitaxel (7). L’hématotoxicité est la toxicité limitante de ces deux derniers schémas. La comparaison de ces trithérapies à paclitaxel/sel de platine sera un des axes des futures phases III. Docétaxel Le docétaxel 75 mg/m2 associé au cisplatine a fait l’objet d’une étude de phase II du groupe GINECO (8). L’efficacité, sur 45 patientes, est satisfaisante (21 % de RC) avec une tolérance acceptable, en particulier neurologique. Un essai écossais publié dans le Journal of Clinical Oncology de mars 1999 retrouve une bonne tolérance neurologique et peu de syndromes œdémateux à la dose de 75 mg/m2 pour le cisplatine et le docétaxel. Au-delà de 75 mg/m2 de docétaxel, le maintien des doses est compromis par la toxicité. Les auteurs suggèrent les doses de carboplatine AUC 5/docétaxel 75 mg/m2 pour le bras qui pourrait être comparé à paclitaxel/carboplatine dans une phase III (9). Quelle place pour les hautes doses ? Les hautes doses avec greffe de moelle ou transfusion de cellules souches autologues se sont révélées décevantes chez les patientes résistantes au platine ou en rechute (10).Trois essais de phase III (le GOG, un essai finlandais et un essai allemand AGO/AIO) comparent, en situation de maladie résiduelle minime, un schéma hautes doses en consolidation ou d’emblée a un traitement conventionnel par carboplatine/paclitaxel. Le groupe GINECO, avec la Société Française de Greffe de moelle et la Fédération des Centres de Lutte contre le Cancer, a lancé une étude de phase III évaluant le bénéfice d’une consolidation par carboplatine 1 600 mg/m2 et cyclophosphamide 6 g/m2 suivis de réinjection de cellules souches périphériques, comparée à trois cycles standards chez des patientes répondeuses à une première ligne mais avec un résidu tumoral < 2 cm constaté au second look. Quatre-vingt-seize patientes sont incluses actuellement dans 14 centres. Deuxième ligne Chez des patientes initialement répondeuses au platine, l’oxaliplatine seul à la dose de 130 mg/m2 permet 42 % de réponses (11). Quant au topotécan, une étude de phase III a précédemment démontré qu’à la dose de 1,5 mg/m2/jour, 5 jours toutes les trois semaines, son activité était au moins équivalente à celle du paclitaxel 175 mg/m2. Le topotécan oral à raison de 2,3 mg/m2/jour 5 jours tous les 21 jours, permet un taux de réponse de 33 % (12). En revanche, en cas de progression sous platine ou dans les six mois suivant son administration, les données de l’ASCO 1999 confirment la faible efficacité des “nouveaux agents”. Dans cette situation, la gemcitabine et le topotécan oral ne donnent pas plus de 15 % de réponses (12), le tamoxifène 13 %, le vépéside oral 32 % et l’oxaliplatine 6 % (11). La Lettre du Cancérologue - volume VIII - n° 6 - décembre 1999 Aucun argument ne justifie une polychimiothérapie plutôt qu’une monothérapie dans cette situation. La doxorubicine liposomale permet d’obtenir 16 % de réponses avec un délai avant nouvelle progression de 19 semaines, chez 89 patientes ayant progressé sous platine, dont 82 également sous paclitaxel. La tolérance hématologique est bonne (13). CA125 comme critère d’évaluation des traitements Dans la prise en charge individuelle des patientes, les modifications du CA125 peuvent guider la conduite thérapeutique. En revanche, l’intégration du CA125 comme critère de réponse pour l’évaluation de l’efficacité de nouveaux schémas ou agents dans les essais cliniques fait encore l’objet de réflexions. Une étude publiée dans le Journal of Clinical Oncology compare l’évaluation de la réponse au paclitaxel et au platine en fonction du taux de CA125 selon les critères de Rustin et en fonction des critères de l’OMS. Une réponse de 50 % est définie, après deux dosages élevés, par une diminution du CA125 de 50 % (vérifiée sur deux dosages). Une réponse de 75 % correspond à une diminution du CA125 dans la même proportion, sur trois dosages. Tous les dosages sont espacés d’un mois. Les taux de réponse sérologique sont équivalents pour le platine et le paclitaxel, les taux de faux positifs pour la réponse sont faibles, respectivement 2,2 % et 2,9 %. Il existe des divergences dans un nombre important de cas : 36 % des patientes classées stables selon l’OMS sont répondeuses selon le CA125. Il est intéressant de constater que, parmi les stables selon l’OMS, les répondeuses sérologiques ont une meilleure survie sans récidive (10,6 contre 4,8 mois, p < 0,001). On ignore le devenir des non-répondeuses sérologiques, jugées stables (14). CANCERS DE L’UTÉRUS Cancers du col Association radio-chimiothérapie concomitante (ARCC) : la consécration en 1999 Des taux de réponses intéressants, y compris de réponses complètes, ont été retrouvés dans certaines études de phase II, mais aucun essai randomisé prospectif montrant clairement la supériorité de l’ARCC par rapport à la radiothérapie (RT) seule ne pouvait prétendre proposer un nouveau standard thérapeutique. Cette année, trois études prospectives randomisées multicentriques parues dans le même numéro du New England Journal of Medicine et d’autres essais présentés à l’ASCO démontrent son intérêt en termes de survie. Une phase III du GOG a comparé l’association cisplatine, radiothérapie et hystérectomie à radiothérapie et hystérectomie pour les cancers du col de stade IB de gros volume (> 4 cm) sans extension ganglionnaire (évalués par tomodensitométrie, lymphographie ou chirurgie). Une irradiation pelvienne de 45 Gy à raison de 1,8 à 2 Gy, 5 jours par semaine, 4,5 à 5 semaines, était complétée d’une ou deux applications de plésiocuriethérapie à bas débit, avec une dose cumulée de 75 Gy au point A et de 55 Gy à la paroi pelvienne. La chimiothérapie 245 C A N C E R S G Y consistait en 6 injections de cisplatine 40 mg/m2 par semaine pendant la radiothérapie, sans dépasser 70 mg en dose totale. Un hystérectomie extrafasciale était réalisée 3 à 6 semaines après la fin des traitements. Sur 369 patientes évaluables, avec un suivi médian de 36 mois, on note une réduction du risque de rechute (13 % contre 37 %, p < 0,001), en particulier locale (9 % contre 21 %), en faveur du bras ARCC. Le nombre de pièces d’hystérectomie stérilisées est supérieur dans le bras ARCC (52 % contre 41 %). La survie globale à 3 ans est meilleure (83 % contre 74 %, p = 0,008). L’ARCC majore la toxicité hématologique et gastro-intestinale. La dose de 75 Gy au point A peut être jugée inférieure aux recommandations admises aux États-Unis qui, sont de 85 Gy au point A, et, par ailleurs, les auteurs reconnaissent que l’intérêt de l’hystérectomie est discutable. Toutefois, ces deux éléments n’influencent pas les résultats en ce qui concerne l’intérêt du cisplatine associé à la radiothérapie (15). Stades avancés Après radiothérapie exclusive, le taux de rechute est de 20 % à 50 % pour les stades IIB et de 75 % pour les stades III. Une étude de phase III du GOG a comparé 3 bras d’ARCC dont un sans cisplatine pour les cancers localement avancés de stades IIB à IVA sans envahissement lombo-aortique. La radiothérapie consistait en une irradiation du pelvis in toto à la dose de 40,8 Gy en 20 fractions ou 51 Gy en 30 fractions, suivie de curiethérapie à la dose de 40 Gy dans les stades IIB et de 30 Gy dans les stades III-IVA ou d’un complément d’irradiation externe jusqu’à 61 Gy, en cas d’impossibilité de réaliser la curiethérapie. Cinq cent vingt-six patientes ont été incluses entre 1992 et 1997. Après randomisation : – le groupe 1 recevait : cisplatine 40 mg/m2 hebdomadaire, semaines 1 à 6 ; – le groupe 2 : cisplatine 50 mg/m2-5-FU 4 g/m2 sur 96 heures, J1 et J29 et hydroxyurée 2 g/m2 per os, 2 fois par semaine, semaines 1 à 6 ; – le groupe 3 : hydroxyurée 3 g/m2 per os, 2 fois par semaine, semaines 1 à 6. Le recul médian est de 35 mois. Après ajustement des facteurs pronostiques, la survie sans récidive et la survie globale sont significativement meilleures dans les deux groupes recevant du cisplatine (p < 0,001). Le taux de rechutes locales mais également de métastases pulmonaires est plus faible dans les groupes 1 et 2. En revanche, la toxicité est deux fois plus importante dans le bras 2. L’avantage du 5-FU/hydroxyurée n’est pas évident par rapport au cisplatine seul, que les auteurs recommandent comme schéma standard (16). On peut rapprocher cette dernière étude de celle du GOG et du SWOG, menée entre 1986 et 1990, donc débutée avant l’étude précédente et publiée dans le Journal of Clinical Oncology de mai 1999. L’analyse est faite avec un suivi médian de 8,7 ans. Elle porte sur 388 patientes ayant, là aussi, un cancer de stade IB à IVA sans envahissement lomboaortique. 246 N É C O L O G I Q U E S Un bras CF : cisplatine 50 mg/m2 J1 et J29-5-FU : 1 g/m2 J2 à J5 et J31 à J33 est comparé à un bras hydroxyurée (HU) seule 80 mg/kg deux fois par semaine. Dans les deux bras, la chimiothérapie est concomitante à une radiothérapie pelvienne suivie de curiethérapie. Là aussi, la survie sans récidive est significativement meilleure dans le bras ARCC avec cisplatine (p = 0,033) de même que la survie globale (p = 0,018). Le taux relatif de mortalité est de 0,74 (IC 95 % : 0,58 à 0,95). À noter qu’une toxicité gastro-intestinale sévère (grades 3-4) dans 8 % des cas et 4 % de leucopénies de grades 3-4 ont été observées dans le bras CF (17). La troisième étude, parue dans le New England Journal of Medicine, concerne 403 patientes ayant un stade IIB à IVA, ou IB-IIA de 5 cm et plus, ou avec atteinte ganglionnaire pelvienne (30 % des cas), mais sans atteinte lomboaortique vérifiée par lymphographie ou chirurgie. Ont été comparées : une irradiation pelvienne (externe et curiethérapie) associée à une irradiation prophylactique lomboaortique systématique (bras A) et la même radiothérapie pelvienne associée à une chimiothérapie concomitante par cisplatine 75 mg/m2 J1, 5-FU 1 g/m2/j en perfusion veineuse continue, de J1 à J4, répétée à J21, 3 cycles, le dernier étant concomitant à la curiethérapie (bras B). Le critère principal est la survie globale. Avec un suivi médian de 43 mois, la survie globale est de 73 % pour le bras ARCC contre 58 % pour le bras RT exclusive (p = 0,004). Soixante-dix pour cent des patientes avaient un stade IB à II. Le bénéfice en survie n’est pas retrouvé pour le (petit) sous-groupe de stades III à IVA. On notera un décès toxique avec l’ARCC et une toxicité hématologique plus sévère (16 % de grades 4). L’intérêt relatif du troisième cycle est discutable en regard de la toxicité. Les effets à long terme ne sont cependant pas majorés par l’ARCC (18). Les questions que posent ces résultats sont la durée et les doses optimales de la chimiothérapie. Le carboplatine, mieux toléré que le cisplatine, peut-il le remplacer aussi efficacement, et quelle est la place d’autres agents radio-sensibilisants comme le paclitaxel ? Dans une étude randomisée publiée dans le Journal of Clinical Oncology, 200 cas de cancers du col de stades IB à III recevaient ARCC ou radiothérapie pelvienne standard, suivie éventuellement d’une exérèse chirurgicale. C’est l’épirubicine qui a été utilisée dans le bras ARCC, à raison de 60 mg/m 2 pendant l’irradiation, puis poursuivie à la dose de 90 mg/m2, sur 5 cycles. La supériorité du bras ARCC plus CT adjuvante est significative, en termes de taux de réponses, survie sans récidive et survie globale. Le bénéfice de la CT après l’ARCC reste hypothétique (19). Place de la cœlioscopie dans l’évaluation ganglionnaire L’existence de ganglions lomboaortiques est un facteur pronostique important. De nouvelles techniques comme le PET scan, dont la valeur positive prédictive semble avoisiner 75 % (20), pourront-elles remplacer l’évaluation chirurgicale ? La Lettre du Cancérologue - volume VIII - n° 6 - décembre 1999 Certaines équipes chirurgicales préconisent une lymphadénectomie par cœlioscopie. Cette procédure, à condition d’être confiée à des mains entraînées, est moins lourde, carcinologiquement satisfaisante et réduit la durée d’hospitalisation. L’hystérectomie peut être ensuite réalisée par voie basse en l’absence d’extension ganglionnaire. On peut citer ici une série publiée dans Gynecologic Oncology de juin 1999, concernant 94 patientes dont 64 ayant un cancer du col, et 14 un cancer de l’endomètre. La durée d’hospitalisation moyenne pour un curage ganglionnaire par cette voie a été de 3,6 jours. Le geste a dû être converti en laparotomie dans 3 cas sur 94. Pour les patientes explorées après 1996, le nombre de ganglions obtenus au curage a été en moyenne de 19 pour les ganglions pelviens et de 4 pour les ganglions paraaortiques (21). Chimiothérapie L’intérêt d’une chimiothérapie néoadjuvante avant radiothérapie ou chirurgie ne fait pas l’unanimité. On peut cependant retenir les taux de réponse obtenus avec certaines associations. Zanetta rapporte un taux réponse de 84 % (6 réponses complètes et 7 réponses partielles) chez 34 patientes de stades IB2 à IVA, traitées par paclitaxel 175 mg/m2 J1, cisplatine 50 à 75 mg/m2, ifosfamide 5 g/m2 J2 (22). L’association cisplatine/vinorelbine est également efficace avec, dans une étude parue dans le Journal of Clinical Oncology, 11 RC et 21 RP sur 50 cas (27 stades IB-II, 23 stades IV ou en rechutes) (23) et, dans un essai publié à l’ASCO, 3 RC et 16 RP sur 28 patientes non précédemment traitées ayant un stade II ou IV (24). L’association cisplatine 75 mg/m2, paclitaxel 175 mg/m2 donne 5 RO et 11 RP chez 34 patientes ayant un cancer cervical récidivant ou métastatique (25). Enfin, cisplatine 50 mg/m2 J1, topotécan 0,75 mg/m2 J1 à J3, toutes les trois semaines, donne 33 % de réponses, en première ligne, en situation de récidive (26). Ces résultats peuvent être utiles pour dessiner les prochains schémas d’ARCC. CANCERS DE L’ENDOMÈTRE À signaler un essai du GOG confirmant l’activité de l’acétate de médroxyprogestérone (MPA) à faibles doses pour les cancers de l’endomètre avancés ou récidivants. Deux cent quatrevingt-dix-neuf patientes ont reçu, après randomisation, soit 200 mg soit 1 000 mg par jour de MPA. Les taux de réponses sont respectivement de 25 % (avec 17 % de réponses complètes) et 15 % et le taux relatif est de 0,61 (IC 0,36-1,04). Les survies sans récidive sont de 3,2 mois et 2,5 mois et les survies globales de 11 et 7 mois, respectivement. Des incidents thromboemboliques sont survenus dans 5 % et 4 % des cas. Les facteurs associés à la réponse sont le caractère bien différencié et la présence de récepteurs pour la progestérone > 50 fmol/mg (27). ■ La Lettre du Cancérologue - volume VIII - n° 6 - décembre 1999 R É F É R E N C E S B I B L I O G R A P H I Q U E S 1. Ozols R.F. et coll. Randomized phase III study of cisplatin (CIS)/paclitaxel (PAC) versus carboplatin (CARBO) /PAC in optimal stage III epithelial ovarian cancer (OC) : a Gynecologic Oncology Group Trial (GOG158). Proc ASCO 1999 ; 18 : abstr. 1373. 2. Du Bois A. et coll. Cisplatin/paclitaxel vs carboplatin/paclitaxel in ovarian cancer : update of an Arbeitsgemeinschaft Gynaekologische Onkologie (AGO) study group trial. Proc ASCO 1999 ; 18 : abstr. 1374. 3. Aravantinos G. et coll. Paclitaxel plus carboplatin versus paclitaxel plus alternating carboplatin and cisplatin for initial treatment of advanced ovarian cancer (AOC) : a Hellenic Co-Operative Group Study. Proc ASCO 1999 ; 18 : abstr. 1416. 4. Harper P. et coll. A randomised comparison of paclitaxel (T) and carboplatin (J) versus a control arm of single agent carboplatin (J) or CAP (cyclophosphamide, doxorubicin and cisplatin) : 2 075 patients randomised into the 3rd International Collaborative Ovarian Neoplasm study (ICON3). Proc ASCO 1999 ; 18 : abstr. 1375. 5. Pfisterer J. et coll. Epirubicin/paclitaxel/carboplatin vs. paclitaxel/carboplatin as first-line treatment in ovarian cancer : results of a safety interim analysis of the AGO-GINECO intergroup trial. Proc ASCO 1999 ; 18 : abstr. 1418. 6. Herben V. et coll. Phase I and pharmacologic study of the combination of paclitaxel, cisplatin, and topotecan, administered intravenously every 21 days as first line therapy. J Clin Oncol 1999 ; 17 : 747-55. 7. Hansen S.W. Gemcitabine, carboplatin, and paclitaxel (GCP) as first-line treatment of ovarian cancer FIGO stages IIB-IV. Proc ASCO 1999 ; 18 : abstr. 1379. 8. Guastalla J.P. Cisplatin-docetaxel (Taxotere®) in first-line treatment of advanced ovarian cancer (OC) : a GINECO phase II trial.Proc ASCO 1999 ; 18 : abstr. 1448. 9. Vassey P.A. et coll. Doxetaxel and cisplatin in combination as first-line chemotherapy for advanced epithelial ovarian cancer. J Clin Oncol 1999 ; 17 : 2069-80. 10. Ledermann J. et coll. A high dose chemotherapy in ovarian cancer : an analysis of the experience of the European Group for Blood and Marrow Transplant (EBMT) over 7 years. Proc ASCO 1999 ; 18 : abstr. 1391. 11. Bougnoux P. A multicenter phase II study of oxaliplatin (OXA) as a single agent in platinum (PT) and/or taxanes (TX) pretreated advanced ovarian cancer (AOC) : final results. Proc ASCO 1999 ; 18 : abstr. 1422. 12. Clarke-Pearson D.L. et coll. A phase II of oral topotecan as a single agent, second line therapy, administred for five days in patients with advanced ovarian cancers. Proc ASCO 1999 ; 18 : abstr. 1421. 13. Rose P. et coll. 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P ujade-L aur aine La nouvelle de l’année 1999, spectaculaire dans sa présentation, a été la publication dans le même numéro d’avril du New England Journal of Medicine de trois essais randomisés démontrant que l’addition d’une chimiothérapie à base de cisplatine au cours de la radiothérapie apporte un avantage de survie globale sur la radiothérapie seule, chez les patientes atteintes d’un cancer épidermoïde du col utérin, dès le stade IB. Le nouveau standard de traitement des cancers du col utérin est donc l’association cisplatine-radiothérapie. Le consensus est néanmoins loin d’être établi sur les doses optimales de radiothérapie, sur la meilleure chimiothérapie à associer à la radiothérapie, sur la place de la chirurgie et sur l’intérêt d’une chimiothérapie plus conventionnelle dans son étalement, néoadjuvante ou adjuvante, notamment dans les formes les plus graves (stades III et IV). Un essai coopératif français devrait explorer l’association carboplatine-paclitaxel-radiothérapie dans les stades avancés. Dans les cancers de l’ovaire, les Anglais ont démontré une nouvelle fois leur capacité insulaire et légendaire à aller à contre-courant des idées en cours. Au moment où la plupart des équipes, dans le monde, se posent la question de savoir comment associer un troisième médicament (épirubicine, topotécan, gemcitabine, etc.) à la combinaison carboplatine-paclitaxel, le MRC présente des résultats prématurés suggérant que rien ne fait mieux que le carboplatine seul (ICON3). Les autorités administratives anglaises ont beaucoup apprécié la conclusion de Harper et coll. à l’ASCO et ne remboursent plus le paclitaxel en première ligne. Les Anglais devraient ainsi maintenir cette unique originalité d’avoir les plus mauvais résultats de survie en Occident, pour les patientes atteintes de cancer de l’ovaire (tout comme pour les cancers du sein). Le groupe franco-allemand AGO-GINECO-GERCOR prévoit d’explorer de façon randomisée (800 patientes prévues) l’association séquentielle de quatre cycles de topotécan après 6 cycles de carboplatine-paclitaxel versus carboplatine-paclitaxel seuls. 248 La Lettre du Cancérologue - volume VIII - n° 6 - décembre 1999