Le topotécan a montré une activité au moins équivalente à
celle du paclitaxel en deuxième ligne. Le taux de réponse varie
selon la sensibilité préalable au platine. Il est de l’ordre
de 13 % chez les patientes réfractaires ou lourdement prétrai-
tées, et va jusqu’à 29 % après un long intervalle libre.
Mac Guire a récemment publié une étude du GOG chez
46 patientes traitées par topotécan en première intention pour
une rechute survenant plus de 6 mois après l’administration de
sels de platine. Le taux de réponse est de 33 %, avec une durée
médiane de 11,2 mois. Une stabilisation est constatée dans
48 % des cas (8).
L’utilisation du topotécan en deuxième ligne pourrait être une
alternative à la reprise du platine chez les patientes sensibles,
permettant ainsi d’augmenter l’intervalle libre sans platine.
Cette question fait l’objet d’un essai randomisé de la Fédéra-
tion française d’oncologie évaluant le topotécan versus TC en
rechute tardive.
La doxorubicine liposomale est efficace dans les rechutes sur-
venant dans les 6 mois suivant un traitement par platine, avec
23 % de réponses et un temps avant progression de
28 semaines (ASCO 1999). Une étude de phase III présentée à
l’ASCO 2000 compare doxorubicine 50 mg/m2/j sur 1 heure
toutes les 4 semaines et topotécan 1,5 mg/m2/j de J1 à J5 toutes
les 3 semaines chez 474 patientes prétraitées par platine, dont
254 réfractaires au platine.
Sur l’ensemble de la population, les traitements sont équivalents
en termes de taux de réponse (20 % de réponses objectives avec
doxorubicine et 17 % avec topotécan) et de survie (les médianes
de survie sont respectivement de 53,4 et de 51,1 semaines). Il
faut noter que, chez les patientes préalablement sensibles au pla-
tine, la survie est augmentée significativement avec la doxorubi-
cine (86,1 contre 63,6 semaines, p = 0,012).
Les érythrodysesthésies palmoplantaires représentent la toxicité la
plus fréquemment responsable de l’arrêt de la doxorubicine (9).
Un essai du groupe GINECO évalue l’association paraplatine-
doxorubicine dans les rechutes après 6 mois, après une ou
deux lignes ayant inclus des sels de platine.
La gemcitabine est active chez les patientes réfractaires au pla-
tine, avec environ 19 % de réponses. En première ligne, son
association au carboplatine et au paclitaxel, testée en phase I, a
donné des résultats encourageants en termes de réponses com-
plètes (14 patientes sur 24) (10). Un essai du groupe GINECO
évalue l’association oxaliplatine-gemzar en rechute précoce
après taxanes et platine.
L’administration hebdomadaire du paclitaxel dans les cancers
ovariens fait l’objet d’une revue dans le numéro de Seminars
in Oncology de juin 2000. Certaines réponses après échec du
schéma 3 semaines ont été constatées. Les doses de l’ordre de
60 mg/m2donnent 22 % à 29 % de réponses dans des cas résis-
tants au platine. La tolérance est meilleure qu’avec l’adminis-
tration toutes les 3 semaines (11).
Cela est confirmé à l’ASCO chez 208 patientes prétraitées par
au moins une ligne avec platine. L’administration de paclitaxel
hebdomadaire à la dose de 67 mg/m2sur 3 heures donne signi-
ficativement moins de neutropénies de grades 3-4 (18 % contre
45 %, p < 0,001), de neuropathies périphériques (11 % contre
29 %, p < 0,001) et d’alopécie (46 % contre 79 %, p < 0,001)
que 200 mg/m2sur 3 heures toutes les 3 semaines (12).
L’éventail des molécules actives s’élargissant, seule l’évalua-
tion dans le cadre de protocoles multicentriques pourra débou-
cher sur des stratégies et des schémas optimaux. "
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. Colombo N. Randomised trial of paclitaxel and carboplatin versus a control
arm of carboplatin or CAP (cyclophosphamide, doxorubicin and cisplatin) : the
Third International Collaborative Ovarian Neoplasm Study (ICON 3). Proc Am
Soc Clin Oncol 2000 ; 19 : 380a (abstr. 1500).
2. Mc Guire WP, Hoskin WJ, Brady MF et al .Cyclophosphamide and cisplatin
compared with paclitaxel and cisplatin in patients with stage III and IV ovarian
cancer. N Engl J Med 1996 ; 334 : 1.
3. Stuart G, Bertesen K, Mangioni C et al. Updated analysis shows a highly
significant improved overall survival (OS) for cisplatin-paclitaxel as first line
treatment of advanced ovarian cancer. Mature results of the Scottish Intergroup
Trial. Proc Am Soc Clin Oncol 1998 ; 17 : 1394a.
4. Muggia F et al. Phase II randomised study of cisplatin versus paclitaxel ver-
sus cisplatin and paclitaxel in patients with suboptimal stage II or IV ovarian
cancer : a Gynecologic Oncology Group Study. J Clin Oncol 2000 ; 18 : 106-15.
5. Young RC. Three cycles versus six cycles of adjuvant paclitaxel-carboplatin
in early stage ovarian cancer. Semin Oncol 2000 ; 17 (suppl. 7) : 1-2.
6. Misset JL. Multicenter phase II/III study of oxaliplatin plus cyclophospha-
mide versus cisplatin plus cyclophosphamide. Proc Am Soc Clin Oncol 2000 ;
19 : 380 1502a.
7. Piccart M. Oxaliplatin or paclitaxel in patients with platinium-pretreated
advanced ovarian cancer : a randomised phase II study of the European Orga-
nisation for Cancer Research. J Clin Oncol 2000 ; 18 : 1193-202.
8. Mac Guire P. Topotecan has substantial antitumor activity as first line sal-
vage therapy in platinium-sensitive epithelial ovarian carcinoma : a Gynecolo-
gic Oncology Group Study. J Clin Oncol 2000 ; 18 : 1062-7.
9. Interim analysis of a phase III randomised trial of doxil/Caelyx®versus topo-
tecan in patients with related ovarian cancer. Proc Am Soc Clin Oncol 2000 ;
19 : 380 1504a.
10. Ozols RF. The role of gemcitabine in the treatment of ovarian cancer.
Semin Oncol 2000 ; 27 : 40-3.
11. Markman M. Weekly paclitaxel in the management of ovarian cancer.
Semin Oncol 2000 ; 17 (suppl. 7) : 37-41.
12. Handerson H. An update analysis of a randomised study of single agent
paclitaxel given weekly vs every 3 weeks to patients with ovarian cancer treated
with prior platinium therapy. Proc Am Soc Clin Oncol 2000 ; 19 : 380 1505a.
271
La Lettre du Cancérologue - volume IX - n° 6 - décembre 2000
•
•L’essai ICON 3 confirme que, depuis l’arrivée du paclitaxel, la
médiane de survie des patientes porteuses d’un cancer de l’ovaire
avancé atteint 3 ans (contre 2 ans avant le paclitaxel), et ce que les
patientes soient traitées d’emblée par carboplatine-paclitaxel ou par
carboplatine seul (suivi de paclitaxel). Ces résultats montrent les
gros progrès réalisés dans le cancer de l’ovaire, et soulignent l’inté-
rêt potentiel de stratégies basées sur des traitements séquentiels.
•
•La doxorubicine et l’oxaliplatine ont rejoint le topotécan et le
paclitaxel parmi les grandes molécules efficaces contre le cancer de
l’ovaire grâce à des essais de phase II randomisés convaincants en
deuxième ligne. Déterminer leur place dans la stratégie des cancers
de l’ovaire est l’objet de tous les efforts des essais nationaux et
internationaux.
Que retenir...
E. Pujade-Lauraine
Hôtel-Dieu, Paris