Fiche technique
74
La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - vol. X - nos 3-4 - mars-avril 2007
Sous la responsabilité de leurs auteurs
Fiche technique
Fiche à détacher et à archiver
n° 1
Dissection sous-muqueuse
endoscopique (ESD)
large cohorte récente de malades traités avec EMR ou
ESD pour un cancer gastrique précoce (n = 714 ; tous
avec une lésion inférieure à 30 mm de diamètre, bien
différenciée, soit intramuqueux ou sm1), les taux de
résection complète en histologie étaient de 61 % et 74 %
respectivement pour l’EMR et l’ESD (9). La résection en
bloc a été signifi cativement supérieure avec la technique
de résection de la sous-muqueuse (ESD), comparative-
ment à la mucosectomie standard (93 % versus 65 %),
alors qu’il existait un nombre plus important de compli-
cations dans le groupe ESD (3,6 % versus 1,2 % en ce qui
concerne la perforation) ; une hémorragie nécessitant une
transfusion n’a été nécessaire que chez un malade ayant
subi une EMR (9). Dans une deuxième étude compara-
tive, toujours japonaise, Oka et al. ont confi rmé un taux
supérieur de résection en bloc histologiquement complète
avec l’ESD, comparativement à l’EMR (10). Il existait
plus d’hémorragies pendant le geste d’ESD qu’avec la
mucosectomie standard (23 % versus 8 %) ; cependant,
l’incidence d’hémorragies tardives était similaire (4 %).
Ce même groupe a examiné la technique d’ESD chez
15 malades ayant une résection incomplète ou présen-
tant une récidive après EMR pour un cancer superfi ciel
de l’estomac (11). Chez tous les malades, le décollement
après injection d’une solution de glycérine n’avait pu être
possible du fait d’une fi brose cicatricielle. Une résection
en monobloc a été possible et histologiquement complète
pour 14 des 15 malades (93 %), sans récidive avec un suivi
de 18,1 ± 7,4 mois. Le temps moyen pour réaliser le geste
était de 85,4 ± 52,9 mn. L’aphorisme selon lequel nos collè-
gues japonais sont plus habiles en endoscopie et consa-
crent beaucoup de temps au développement de ces gestes
et à leur pratique courante est certainement vrai, mais
la diff usion de l’Est à l’Ouest de la technique de muco-
sectomie standard (EMR) a déjà fait ses preuves. Nous
devons en tirer des leçons, en développant rapidement des
centres d’excellence dans ce domaine afi n d’avancer dans
l’apprentissage d’un geste qui reste techniquement diffi cile.
L’apprentissage sur l’animal est au préalable indispensable.
Il est cependant vrai que les indications d’une résection
par la méthode d’ESD sont diff érentes dans les pays occi-
dentaux, où l’incidence du cancer précoce de l’estomac est
nettement moins importante qu’au Japon. L’application
de ce geste dans le traitement du cancer superfi ciel de
l’œsophage (cancer épidermoïde ou adénocarcinome
sur EBO) semble logique. Par ailleurs, les Japonais ont
déjà montré qu’une résection en monobloc est faisable
pour les cancers épidermoïdes superfi ciels de l’œsophage
(102 cas de résection, taille moyenne de 32 mm), avec
un taux de résection complète de 95 % (12). La procé-
dure a été compliquée dans 6 cas (6 %) d’un emphysème
média stinal, traité de façon conservatrice. Les cancers
superfi ciels du rectum (ou nappes villeuses étendues)
sont une autre indication de la résection par dissection
de la sous-muqueuse, car ils sont diffi ciles à réséquer
par fragmentation. Les taux de résection en bloc et de
type R0 ont été respectivement de 87 % et 63 % chez
35 malades traités par ESD pour des cancers superfi ciels
rectaux (13).
La diff usion de la technique de l’ESD doit certainement
se faire au sein d’études prospectives, avec une évalua-
tion très stricte de l’analyse histologique des lésions. Si
les techniques endoscopiques modernes en oncologie
font leurs preuves, elles doivent être utilisées de façon
beaucoup plus large qu’actuellement. ■
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. Ludwig K, Klautke G, Bernhard J, Weiner R. Minimally invasive
and local treatment for mucosal early gastric cancer. Surg Endosc
2005;19:1362-6.
2. Gotoda T, Yamamoto H, Soetikno RM. Endoscopic submucosal
dissection of early gastric cancer. J Gastroenterol 2006;41:929-42.
3. Gotoda T, Yanagisawa A, Sasako M et al. Incidence of lymph node
metastasis from early gastric cancer: estimation with a large number of
cases at two large centers. Gastric Cancer 2000;3:219-25.
4. Sano T, Kobori O, Muto T. Lymph node metastasis from early gastric
cancer: endoscopic resection of tumour. Br J Surg 1992;79:241-4.
5. Everett SM, Axon AT. Early gastric cancer in Europe. Gut
1997;41:142-50.
6. Ohashi S, Segawa K, Okamura S et al. e utility of endoscopic ultra-
sonography and endoscopy in the endoscopic mucosal resection of early
gastric cancer. Gut 1999;45:599-604.
7. Akahoshi K, Chijiiwa Y, Hamada S et al. Endoscopic ultrasono-
graphy: a promising method for assessing the prospects of endoscopic
mucosal resection in early gastric cancer. Endoscopy 1997;29:614-9.
8. Shiba M, Higuchi K, Kadouchi K et al. Risk factors for bleeding after
endoscopic mucosal resection. World J Gastroenterol 2005;11:7335-9.
9. Oda I, Saito D, Tada M et al. A multicenter retrospective study of endo-
scopic resection for early gastric cancer. Gastric Cancer 2006;9:262-70.
10. Oka S, Tanaka S, Kaneko I et al. Advantage of endoscopic submu-
cosal dissection compared with EMR for early gastric cancer. Gastro-
intest Endosc 2006;64:877-83.
11. Oka S, Tanaka S, Kaneko I et al. Endoscopic submucosal dissection
for residual/local recurrence of early gastric cancer after endoscopic
mucosal resection. Endoscopy 2006;38:996-1000.
12. Oyama T, Tomori A, Hotta K et al. Endoscopic submucosal dissection
of early esophageal cancer. Clin Gastroenterol Hepatol 2005;3:S67-S70.
13. Fujishiro M, Yahagi N, Nakamura M et al. Endoscopic submucosal
dissection for rectal epithelial neoplasia. Endoscopy 2006;38:493-7.