CONGRÈS
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La Lettre du Sénologue - n° 32 - avril/mai/juin 2006
27es Journées de la SFSPM, du 16 au 18 novembre 2005 à Deauville
isolées, dépendantes ou handicapées avec troubles mnésiques ou
comportementaux, environnement social défaillant).
Un observatoire, NAVAL, destiné à évaluer la prise en charge du
cancer du sein métastatique traité par chimiothérapie orale vient
d’être mis en place par les laboratoires Pierre Fabre.
PLACE DE LA VINORELBINE ORALE DANS LE TRAITEMENT
DU CANCER DU SEIN MÉTASTATIQUE (C. Delcambre, Caen)
Au vu des résultats comparables de deux essais de phase II menés
en première ligne métastatique, à ceux d’autres monochimiothéra-
pies (anthracyclines, taxanes), la vinorelbine (Navelbine®) a recu
une extension de son AMM dans le cancer du sein métastatique
(tableau).
Concernant la durée de traitement, Coates a mis en évidence l’effet
bénéfique d’une chimiothérapie prolongée sur la survie sans pro-
gression et sur la survie globale. Ces données justifient une pour-
suite de la chimiothérapie en l’absence de progression de la mala-
die ou de toxicité inacceptable. La vinorelbine est une
chimiothérapie envisageable sur le long cours, car elle ne présente
pas de toxicité cumulative, et la voie orale constitue un atout pour
un traitement au long cours.
Quelle chimiothérapie choisir pour le traitement des cancers
du sein métastatique ? Différents protocoles de chimiothérapie
sont proposés en première ligne métastatique mais dans tous les
cas, l’un des objectifs majeurs du traitement est de préserver la qua-
lité de vie du patient. Le profil de tolérance des monochimiothéra-
pies séquentielles et l’acceptation du traitement sont meilleurs que
ceux des polychimiothérapies avec des résultats équivalent en
termes de survie. Les patientes présentant une maladie rapidement
progressive, très symptomatique, ou dont le pronostic vital doit être
mis en jeu à court terme, justifient d’une polychimiothérapie ; dans
les autres cas, elles peuvent bénéficier d’une monochimiothérapie
séquentielle à visée palliative.
Traitement concomitant par vinorelbine orale + capécitabine.
Les résultats de cinq essais menés avec l’association vinorelbine +
capécitabine chez des patientes pré-traitées par anthracyclines mon-
trent un taux de réponse objective de l’ordre de 50 à 68%, un temps
jusqu’à progression d’environ 6 à 11 mois et une survie globale de
13,5 à 26 mois selon les études.
Une étude de phase I/II coordonnée par Delcambre, dont les résul-
tats viennent d’être présentés à l’ECCO 2005 a été initiée chez des
patientes atteintes d’un cancer du sein localement avancé ou méta-
statique traitées en première ou deuxième ligne par l’association
capécitabine-vinorelbine orale. L’incidence des neutropénies de
grade 3-4 a été de 6,1% par cycle (neutropénie fébrile de 1,7% par
cycle) et celle d’un syndrome mains-pieds de grade 3 de 2,1% par
cycle. Le taux de réponse objective a été de 61% tandis que la
médiane du temps jusqu’à progression n’est pas encore atteinte.
Ces données confirment l’intérêt d’un traitement par voie orale
associant la vinorelbine et la capécitabine, efficace et bien toléré.
La vinorelbine par voie orale est une chimiothérapie intéres-
sante en traitement de première ligne dans le cancer du sein
métastatique. Elle peut être donnée d’emblée ou en séquentiel,
pour prolonger les effets d’une polychimiothérapie antérieure.
La vinorelbine par voie orale peut être associée à la capécita-
bine et permet une chimiothérapie du “tout oral” efficace avec
un effet bénéfique sur la qualité de vie des patientes.
DÉVELOPPEMENT DE LA CHIMIOTHÉRAPIE À DOMICILE
DANS LE CADRE DE L’HAD : UNE EXPÉRIENCE
DÉMARRÉ EN JUIN 1999 (J. Camerlo, Marseille)
Les objectifs de ce projet, initié en juin 1999, étaient de réaliser à
domicile des protocoles thérapeutiques standardisés de chimiothé-
rapie, de maintenir une qualité de vie des patients à leur domicile,
d’assurer une bonne compliance thérapeutique en collaboration
avec le médecin traitant et de développer une relation de qualité
ville/hôpital avec les professionnels libéraux de notre ville. Le
médecin traitant est contacté au départ par téléphone pour la prise
en charge du patient ; il assure une visite au domicile la veille du
traitement, vérifie si l’état clinique et biologique du patient permet
la réalisation du traitement, se déplace au domicile du patient en cas
d’effets secondaires et est l’interlocuteur du médecin coordinateur
en intercure. Trois cents médecins généralistes ont participé à cette
expérience et ont pris en charge au moins un patient en chimiothé-
rapie à domicile de 2000 à 2005 ; il n’y a eu aucun refus de colla-
boration. Les résultats de l’enquête de satisfaction menée en
2003 montrent que 83 % des patients trouvent que les soins
entre l’hospitalisation et l’HAD sont identiques et 93 % des
patients déclarent que leur qualité de vie s’est améliorée entre
l’hospitalisation et l’HAD. Il est intéressant à cet égard de
noter que nous avons une demande importante des femmes
jeunes pour recevoir leur traitement à domicile. Dans ce cadre-
là, la chimiothérapie par voie orale est particulièrement adap-
tée avec une administration plus aisée.
Il s’agit d’une expérience parmi d’autres qui montre l’intérêt
primordial d’intégrer le médecin traitant dans la prise en
charge à domicile des patients atteints de cancer ; une réflexion
doit être menée sur l’organisation des soins et, en particulier,
sur la mise en place de réseaux de soins médecins-infirmières.
VINORELBINE ORALE : MODE D’EMPLOI
L’EXPÉRIENCE DU CHU D’AMBOISE (H. Bourgeois)
Au CH d’Amboise, le médecin présente à sa patiente au cours de
la consultation une information éclairée, notamment sur la stratégie
thérapeutique et la possibilité d’une chimiothérapie avec vinorel-
bine orale. La première prise de vinorelbine orale est effectuée en
hôpital de jour et une infirmière est alors chargée de l’éducation de
la patiente au sujet de son traitement. Pour les administrations sui-
vantes, le pharmacien remet à la patiente les boîtes de vinorelbine
orale dans des enveloppes plastiques individualisées par prise, ainsi
que son carnet personnalisé. À la veille de toute prise de vinorel-
bine orale, la patiente fait une NFS dont les résultats sont faxés au
médecin. Le jour de la prise, il est demandé à la patiente de télé-
phoner au centre pour la validation de la prise. Cet appel est l’occa-
sion pour le personnel soignant de faire le point sur l’état général
de la patiente et la survenue éventuelle d’effets secondaires. Une
organisation s’impose pour les traitements de chimiothérapie par
voie orale, mais elle est facilitée par la mise en place d’outils spéci-
fiques comme, par exemple, des ordonnances-types avec des
recommandations sur la prise du traitement et le numéro de télé-
phone du service. Le succès de la chimiothérapie par voie orale
est une affaire d’équipe et d’organisation centrée sur le patient
faisant intervenir différents acteurs, comme ici par exemple, le
médecin, l’infirmière et le pharmacien.
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Efficacité de la vinorelbine Freyer (n = 64) Amadori (n = 72)
Réponse objective 31% 30%
Survie sans progression (médiane) 4,2 mois 4,6 mois
Survie globale (médiane) 24 mois 21 mois
Tableau. Efficacité de la vinorelbine orale dans le cancer du sein en première
ligne métastatique.