Par rapport au tamoxifène, l’anastrozole élimine le risque de
cancer utérin et entraîne moins de bouffées de chaleur et de
risques thromboemboliques. En revanche, il est responsable
de modifications des lipides, d’arthralgies et, surtout, d’une
ostéopénie plus marquée. Celle-ci peut être prévenue par une
injection tous les 6 mois de 4 mg de zolédronate, comme l’a
bien montré l’étude de Gnant (2) chez des patientes prémé-
nopausées traitées par goséréline plus tamoxifène ou létro-
zole.
Le létrozole est supérieur au tamoxifène
en première ligne d’hormonothérapie après ajustement
à la masse tumorale et à l’oncoprotéine circulante
HER2/neu
C’est une des premières conclusions rapportées par Leitzel
et al. (3), qui ont comparé les marqueurs sériques (ACE, CA
15.3, HER2/neu) et les classiques variables cliniques prédic-
tives d’un bénéfice clinique dans une étude de 907 patientes
en première ligne métastatique. Le létrozole à la dose de
2,5 mg/jour entraîne un taux de réponse et un bénéfice clinique
significativement plus élevés, ainsi qu’un allongement du
temps jusqu’à progression par rapport au tamoxifène
(20 mg/jour).
Lipton et al. ont rapporté l’année dernière, dans le Journal of
Clinical Oncology (4), que des taux sériques élevés d’HER2
étaient prédictifs d’une diminution des réponses à l’hormo-
nothérapie dans le cancer du sein métastatique dans une étude
de 719 patientes postménopausées ayant participé à trois
essais de deuxième ligne d’hormonothérapie (deux compa-
raient une anti-aromatase à de l’acétate de mégestrol). Leurs
données corroboraient les conclusions de plusieurs études
rétrospectives où l’absence d’hormonosensibilité clinique
était corrélée à la surexpression d’HER2 (5-8). Berry (9) a en
revanche retrouvé, dans une analyse rétrospective de l’essai
CALGB 8541 comparant trois schémas de dose de FAC adju-
vant dans des cancers du sein N+, le même bénéfice du
tamoxifène pour les populations RO+ que la tumeur présente
ou non une surexpresion d’HER2. Cette étude rétrospective
était criticable, car non randomisée quant au choix d’une hor-
monothérapie adjuvante par tamoxifène, qui avait été laissée
à l’appréciation des investigateurs, variant dans le temps et
dans son introduction.
Les travaux d’Ellis (10) ont montré, en néoadjuvant, la supério-
rité du létrozole sur le tamoxifène pour les tumeurs surexprimant
HER1 ou HER2.
Tous ces résultats sont en concordance avec les données précli-
niques, en particulier celles rapportées par l’équipe du MD Ander-
son (voir Massarweh, p. 10) montrant l’inefficacité du tamoxi-
fène quand la voie d’HER2 est activée par des phénomènes de
cross-talks.
En faut-il plus pour prendre la décision de ne plus utiliser le
tamoxifène pour les populations RO+ HER2+ et de privilégier
une anti-aromatase chez les patientes postménopausées, alors
que s’accumulent les preuves d’une inefficacité relative dans
cette situation, ou tout au moins d’une efficacité inférieure à celle
des anti-aromatases ?
COMPARAISON CHIMIOTHÉRAPIE VERSUS
HORMONOTHÉRAPIE
Actualisation de l’étude ZEBRA
(Zoladex Early Breast Cancer Research Association study)
Jonat et al. (11) viennent de publier, dans le Journal of Clinical
Oncology, les données de l’étude ZEBRA comparant, chez les
patientes préménopausées N+, goséréline 3,6 mg/28 jours pen-
dant 2 ans (817 patientes) à 6 mois de CMF (823 patientes). Pour
la population RO + (représentant 74 % des patientes de l’essai),
la goséréline s’est révélée équivalente au CMF en ce qui concerne
à la fois la survie sans récidive (HR : 1,01, IC 95 % : 0,4-1,20)
et la survie globale (figure 2). Il faut relever qu’une aménorrhée
définitive a été rapportée chez 70 % des patientes traitées par
CMF.
Dans le même numéro du Journal of Clinical Oncology,
Jakesz et al. (12) ont publié les résultats d’une étude contrôlée
(1 034 patientes RO+ ou RP+) comparant goséréline 3 ans et
tamoxifène 5 ans à 6 cycles de CMF. Celle-ci montre la supé-
riorité du traitement hormonal, avec un suivi médian de 60 mois,
en termes de survie sans récidive (p = 0,037) et de survie sans
récidive locale (p = 0,015), sans bénéfice significatif en termes
de survie globale (p = 0,195).
ASSOCIATION CHIMIOTHÉRAPIE ET HORMONOTHÉRAPIE
ADJUVANTE POUR DES TUMEURS SANS ATTEINTE GAN-
GLIONNAIRE
Les résultats de deux études de l’International Breast Cancer
Study Group (IBCSG) ont été présentés (13). Dans l’IBCSG
VIII, 1 063 patientes en pré- ou périménopause ont été randomi-
sées entre goséréline 24 mois, 6 CMF “classiques” ou 6 CMF sui-
vis de 18 mois de goséréline.
Dans l’IBCSG IX, 1669 patientes postménopausées ont été incluses
et traitées soit par tamoxifène seul 5 ans, soit par 6 CMF suivis de
57 mois de tamoxifène. Avec un recul médian de 5,7 ans pour le
premier groupe et de 6 ans pour le second, pour les populations
RO+, il n’a pas été retrouvé de bénéfice significatif de l’addition
MISE AU POINT
6
La Lettre du Cancérologue - Volume XII - no1 - janvier-février 2003
Figure 2. Étude ZEBRA. Analyse (Kaplan-Meier) de la survie sans
récidive des patientes N+.
0123
Survie sans récidive (années)
45678910
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
0,9
1
Goséréline
CMF