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neurologie
Aspects cliniques
thrombotique chez un patient suspect
d’AIT.
Un ictus amnésique est un épisode amné-
sique brutal touchant la mémoire épiso-
dique, de mécanisme encore inconnu. Le
sujet est incapable de fixer les informa-
tions nouvelles : de manière caractéris-
tique, il répète sans cesse les mêmes ques-
tions, demande sans cesse l’heure qu’il
est... Il n’existe ni désorientation spatiale
ni anosognosie, mais au contraire une
conscience aiguë du trouble, responsable
d’une perplexité anxieuse. En dehors de
l’amnésie, l’examen neurologique est nor-
mal. Les explorations complémentaires
sont inutiles dans les cas typiques car tou-
jours normales. Le suivi de ces patients a
montré que le risque ultérieur d’infarctus
cérébral est identique à celui d’une popu-
lation de même âge, confirmant la béni-
gnité de ce syndrome.
Le vertige paroxystique bénin (VPB) est un
vertige bref (quelques secondes), isolé, sur-
venant au changement de position (retour-
nement dans le lit, lever, élévation de la
tête), se répétant plusieurs fois par jour pen-
dant des périodes de quelques jours à
quelques semaines. La manœuvre de
Hallpike (mouvement de bascule du patient
sur le côté avec rotation controlatérale de la
tête à partir de la position assise) permet le
diagnostic en reproduisant le vertige, asso-
cié à un nystagmus rotatoire battant vers le
sol. Cette affection due à une cupulolithiase
du canal semi-circulaire horizontal est très
fréquente (50 % des vertiges rencontrés en
pratique quotidienne) et guérit après une
manœuvre libératoire. Le VPB s’oppose
point par point aux vertiges dus à des AIT
vertébro-basilaires qui n’ont ni les circons-
tances de survenue précises, ni la stéréotypie
des épisodes de VPB et qui sont exception-
nellement isolés.
Les chutes chez le sujet âgé ne correspon-
dent à des AIT que si un déficit neurolo-
gique (faiblesse d’un hémicorps, trouble de
coordination...) est en cause. Les drop-
attacks, épisodes de dérobement des
membres inférieurs avec chute sans perte de
connaissance sont exceptionnellement
d’origine ischémique si elles sont isolées.
Mécanismes des AIT
Les AIT s’expliquent le plus souvent par
des embolies fibrino-plaquettaires mul-
tiples issues des gros troncs artériels ou du
cœur qui vont occlure les vaisseaux céré-
braux les plus distaux. Un déficit neurolo-
gique est observé lorsque le nombre
d’embolies est suffisamment élevé pour
que de multiples petits vaisseaux céré-
braux soient occlus, empêchant ainsi les
suppléances collatérales, normalement
présentes, de jouer leur rôle. Ce mécanis-
me a été clairement documenté au cours
des AIT compliquant l’endartérectomie
carotidienne, où les microembolies peu-
vent être détectées par doppler transcrâ-
nien sous la forme de signaux transitoires
de haute intensité (high intensity transient
signals, HITS) et corrélées à la présence
d’un thrombus mural fibrino-plaquettaire
(6).Des embolies de cholestérol ou fibri-
no-cruoriques peuvent aussi être en cause
et sont parfois visualisées au fond d’œil
(2). La petite taille des embolies et leur
délitement rapide expliqueraient le carac-
tère réversible des troubles neurologiques
et l’absence de lésion cérébrale. Les
études réalisées avec le scanner et mainte-
nant avec l’IRM de diffusion conduisent
cependant à nuancer ce propos. Il est en
effet fréquent d’observer après un AIT de
longue durée, une hypodensité au scanner
dans le territoire symptomatique, corres-
pondant à un infarctus cérébral (7). De
même, une diminution du coefficient de
diffusion de l’eau, signant l’œdème intra-
cellulaire consécutif à l’ischémie est
observée en IRM de diffusion au décours
de 40 % des AIT, particulièrement lors-
qu’ils durent plus d’une heure (8). Ces
constatations ont conduit à remettre en
cause l’opposition entre accident isché-
mique transitoire et constitué (7). Il existe
en fait un continuum entre les AIT pro-
longés (> 1 heure), les accidents isché-
miques rapidement régressifs (< 7 jours)
et les accidents ischémiques constitués
mineurs (avec séquelles minimes).
Concrètement, la prise en charge théra-
peutique de ces patients doit donc être
identique : malgré un déficit neurologique
totalement réversible, il peut persister une
zone de tissu cérébral mal perfusée
(pénombre ischémique) où le passage à une
ischémie plus sévère conduirait à une
nécrose irréversible et à un déficit définitif.
Les AIT sont beaucoup plus rarement
consécutifs à une chute tensionnelle, alors
que l’existence d’une sténose ou d’une
occlusion artérielle sont rendues respon-
sables d’une baisse localisée de la pres-
sion de perfusion cérébrale (9). Ces AIT
se reconnaissent à leur survenue lors du
changement de position, en période post-
prandiale ou dans les jours suivant l’intro-
duction d’un traitement antihypertenseur.
Dans ce cas, le trouble a tendance à se
répéter de manière stéréotypée lorsque le
facteur déclenchant se reproduit. Le terme
“insuffisance vertébro-basilaire”, souvent
utilisé dans le passé, doit donc être aban-
donné pour être remplacé par celui d’AIT
vertébro-basilaire, que l’interrogatoire et
les données des examens complémen-
taires rattacheront à un mécanisme throm-
boembolique (le plus souvent) ou hémo-
dynamique (rarement).
Une artère inflammatoire peut être en
cause, en particulier au cours de la mala-
die de Horton, où l’atteinte est essentielle-
ment oculaire (ischémie de la tête du nerf
optique) (2).
Dans un certain nombre de cas, le mécanis-
me reste indéterminé : il en est ainsi pour
les AIT observés au cours des maladies des
petites artères cérébrales, dont la caractéris-
tique est de se répéter plusieurs fois par jour
de manière stéréotypée sans facteur déclen-
chant particulier. La survenue d’un vasos-
pasme, d’un bas débit en aval, d’une sténo-
se artériolaire ou d’embolies distales
répétées a été évoqué sans qu’aucune de
ces hypothèses ait été confirmée (2).