• Savoir Au singulier, le savoir désigne l'ensemble des connaissances acquises grâce à l'étude, à l'observation et à l'expérience. Au pluriel, les savoirs réfèrent souvent aux connaissances de type théorique (connaissances déclaratives) apprises à l'école. Vienneau, R. (2011). Apprentissage et enseignement. Théories et pratiques. Boucherville, Gaëtan Morin, 324 p. • Savoir-faire Habiletés intellectuelles ou dans tout autre domaine (moteur, social, etc.); en milieu scolaire, correspondent aux connaissances procédurales et conditionnelles. IL~ Attitudes et croyances, réponses affectives et comportements sociaux, connaissance de soi et des autres; tout apprentissage associé au domaine social et affectif. ILSavoir-devenir Savoirs associés au développement personnel, à la capacité à s'inscrire au présent dans un projet de vie visant la pleine actualisation de soi. • Savoir-vivre ensemble Respect et appréciation des différences individuelles, capacité à établir des relations harmonieuses avec autrui tout en exprimant sa personnalité propre. • Savoir-agir Savoir qui intègre plusieurs autres types de savoirs (savoirs, savoirfaire, savoir-être, etc.) dans une réponse plus complexe; l'expression d'une compétence. ~agogie actualisante Projet éducatif qui tente de s'adapter aux caractéristiques individuelles de chaque apprenant en vue d'actualiser son plein potentiel. 10 1.2.2 Quelques principes à la base de la conception actuelle de l'apprentissage scolaire LES CONCEPTS DE BASE EN APPRENTISSAGE 2. L'apprentissage est interne. L'apprentissage scolaire est un processus interne, dont la manifestation n'est pas toujours directement observable (il ne faut pas confondre apprentissage et performance). En tant que processus interne, il n'est pas transmissible. Le meilleur médiateur du monde (comme un enseignant hors pair) peut emmener l'élève jusqu'aux portes de la connaissance, mais seul l'apprenant peut en franchir le seuil (Gibran, 1978). 3. L'apprentissage est constructif. L'apprentissage scolaire est un processus actif, dans lequel l'apprenant doit s'engager tout entier, aussi bien cognitivement qu'affectivement. Il nécessite un effort conscient au moment de la réception (par exemple, au moyen de l'attention sélective), du traitement (par exemple, en utilisant des stratégies d'apprentissage) et de l'emmagasinage de l'information (par exemple, en ayant recours à l'organisation des connaissances). L'apprentissage est quelque chose que l'on construit, et non quelque chose qui nous arrive (Dalceggio, 1991). • Performance Expression des apprentissages réalisés dans une production quelconque (par exemple, travail scolaire, test, examen synthèse). La performance scolaire fournit un indice des compétences et des apprentissages développés par l'élève. 4. L'apprentissage est interactif. L'apprentissage scolaire est un processus interactif. La médiation entre l'apprenant et les contenus d'apprentissage s'effectue aussi bien par les interactions sociales (entre les élèves et l'enseignant) que par les ressources mises à la disposition de l'élève (telles qu'un didacticiel). L'apprentissage peut également être qualifié de «dynamique», puisqu'il «se construit en interaction constante avec ses connaissances et à travers ses échanges avec les autres» (Raymond, 2006, p. 43). On apprend avec les autres et par leur entremise. S. L'apprentissage est cumulatif. L'apprentissage scolaire est une construction constante, dont l'un des principaux matériaux est constitué des connaissances antérieures de l'apprenant. Chaque apprentissage devient ainsi la «brique» sur laquelle vient se poser et s'appuyer un nouvel apprentissage. Toute connaissance, qu'elle soit déclarative, procédurale ou conditionnelle, enrichit la structure cognitive de l'apprenant. Plus on apprend, plus on est en mesure d'apprendre. 6. L'apprentissage est le produit d'une culture. L'apprentissage scolaire, comme toute autre forme d'apprentissage, s'inscrit à l'intérieur d'une culture donnée. Tout savoir est par nature culturel et est« modelé par l'interaction avec les autres membres de notre culture» (Barth, 1993, p. 53). Le savoir est donc tributaire de la culture dont il émerge et il évolue dans le temps, telle une spirale (Bruner, 1991). 7. L'apprentissage est multidimensionnel. L'apprentissage scolaire est un processus qui fait appel à toutes les dimensions de la personne de l'apprenant. L'apprentissage ne se limite pas à la seule dimension cognitive (comme le savoir et le savoir-faire). Apprendre, c'est également progresser dans la connaissance de soi et des autres (savoir-être), c'est enrichir son monde affectif et ses relations sociales (savoir-vivre ensemble), c'est apprendre à intégrer tous ses savoirs (savoir-agir) au sein d'un projet de vie visant à la pleine actualisation de soi (savoir-devenir). 1.2.3 Une définition de l'apprentissage scolaire Sous n'avons pas la prétention, ici, de fournir une définition absolue et définitive de l'ap- prentissage vécu en contexte scolaire. Nous visons plutôt à en proposer une définition qui soit cohérente par rapport aux principes directeurs de la pédagogie contemporaine t1!0ir les sept principes qui précèdent) et aux plus récentes données de la psychopédagogie, D:luant l'incontournable contribution des théories constructiviste et socioconstructiviste. ~cture cognitive Ensemble des connaissances emmagasinées et organisées dans la mémoire à long terme; tout ce que l'apprenant sait déjà, incluant les règles et les stratégies utilisées pour le traitement de l'information. de soi__ _ Processus de toute une vie menant au développement optimum du potentiel de l'être humain, quels que soient ce potentiel et la forme ou l'expression de cette réalisation de soi; pour certains humanistes, c'est le but ultime de l'éducation. ~tualisation CHAPITRE 1 11 • Valeurs Principes ou croyances qui influencent les comportements et les choix des individus. Certaines valeurs sont considérées comme universelles (par exemple, la Déclaration universelle des droits de l'homme), d'autres ont une connotation plus individuelle (par exemple, le droit à la différence). L'apprentissage scolaire est le processus interne et continu par lequel l'apprenant construit par lui-même sa connaissance de soi et du monde. Il s'agit d'un processus interactif, alimenté par les interactions sociales entre pairs et par la médiation de l'adulte. L'apprentissage est un processus cumulatif, toute nouvelle connaissance venant enrichir la structure cognitive de l'apprenant. C'est aussi un processus de nature culturelle et multidimensionnelle dans lequel toutes les dimensions de la personne apprenante sont engagées en vue de l'acquisition de connaissances, d'habiletés, d'attitudes et de valeurs . LES OBJETS DE L'APPRENTISSAGE SCOLAIRE Si l'objet de l'apprentissage humain peut être considéré comme la vie elle-même, sur quels objets portera plus spécifiquement l'apprentissage scolaire? Mentionnons tout d'abord qu'il existe de nombreux systèmes de classification des objets de l'apprentissage scolaire. Nous en présenterons brièvement quelques-uns, parmi les plus connus et les plus utiles: les trois domaines de l'apprentissage scolaire (Bloom, 1969), la version révisée de la taxonomie cognitive de Bloom (Anderson et Krathwohl, 2001), les cinq grands types d'apprentissage (Gagné, 1972), les trois catégories de connaissances (Tardif, 1992) et la classification des apprentissages scolaires à l'intérieur des programmes d'études (Legendre, 2005). Étant donné leur importance et l'ampleur du débat qui entoure leur implantation en milieu scolaire, nous accorderons une attention particulière à la notion d'« apprentissage en termes de compétences», une conception nouvelle des objets de l'apprentissage découlant des théories constructiviste et socioconstructiviste en éducation, à laquelle nous consacrerons la section 1.4. 1.3.1 Les classifications associées aux domaines de l'apprentissage scolaire En 1948, tandis qu'il enseigne à l'Université de Chicago, Benjamin Bloom se voit confier la mission d'organiser les examens nationaux des écoles secondaires américaines. Il constate alors le besoin d'un système qui lui permettrait de classifier les questions proposées par l'équipe d'examinateurs selon le domaine d'activité en cause (résoudre un problème mathématique et se tenir en équilibre sur une poutre sont deux habiletés fort différentes), puis à l'intérieur de chaque domaine, les habiletés mesurées selon leur niveau de difficulté (répondre à une question de compréhension littérale est autrement plus facile qu'analyser le contenu d'un texte littéraire). C'est ainsi que Bloom et ses collègues en viendront à proposer une typologie permettant de classifier les objectifs ou résultats d'apprentissage poursuivis à l'école en trois grands domaines: • Le domaine cognitif, qui concerne tous les apprentissages relatifs aux connaissances et aux habiletés intellectuelles (par exemple, nommer les lettres de l'alphabet, extraire la racine carrée d'un nombre, expliquer les causes qui ont mené à la Seconde Guerre mondiale); • Le domaine affectif, également désigné sous le nom de «domaine socioaffectif », qui inclut tous les apprentissages scolaires associés aux attitudes et aux valeurs (par exemple, adopter une attitude de respect envers les différences individuelles, valoriser la diversité) ; • Le domaine psychomoteur, qui porte sur les apprentissages scolaires impliquant la maîtrise d'une habileté motrice ou psychomotrice (par exemple, tracer les lettres de 12 LES CONCEPTS DE BASE EN APPRENTISSAGE