1.2.2 Quelques principes à la base de la conception actuelle de l

Savoir
Au
singulier,
le
savoir
désigne l'ensemble des
connaissances acquises
grâce à l'étude, à l'obser-
vation
et
à l'expérience.
Au
pluriel, les savoirs réfè-
rent souvent aux connais-
sances de type théorique
(connaissances déclara-
tives) apprises à l'école.
Savoir-faire
Habiletés intellectuelles
ou dans
tout
autre
domaine (moteur, social,
etc.); en milieu sco-
laire, correspondent aux
connaissances procédu-
rales
et
conditionnelles.
IL~
Attitudes
et
croyances,
réponses affectives
et
comportements sociaux,
connaissance de soi
et
des
autres;
tout
apprentissage
associé au domaine social
et
affectif.
ILSavoir-devenir
Savoirs associés au déve-
loppement personnel, à
la
capacité à s'inscrire au
présent dans un projet de
vie visant
la
pleine actua-
lisation de soi.
Savoir-vivre ensemble
Respect
et
appréciation des
différences individuelles,
capacité à établir des rela-
tions harmonieuses avec
autrui
tout
en exprimant sa
personnalité propre.
Savoir-agir
Savoir qui intègre plu-
sieurs autres types de
savoirs (savoirs, savoir-
faire, savoir-être, etc.)
dans une réponse plus
complexe; l'expression
d'une compétence.
~agogie
actualisante
Projet éducatif qui
tente
de s'adapter aux carac-
téristiques individuelles
de chaque apprenant en
vue d'actualiser son plein
potentiel.
1.2.2 Quelques principes à
la
base de
la
conception actuelle
de l'apprentissage scolaire
Il
convient
tout d'abord
de
préciser
le
sens
que
nous
accordons
à
un
terme
associé
de
près
à l'apprentissage
scolaire,
soit
le
savoir,
et
ses
liens
avec
les
deux
autres
membres
du
trio
«apprentissage-savoir-connaissances».
Par«
savoir»,
on
entend,
comme
Legendre
(2005),
«l'ensemble
des
connaissances
approfondies
acquises
par un individu,
grâce
à l'étude
et
à l'expérience»
(p.
1202).
L'une
des
classifications
informelles
des
objets
de
l'appren-
tissage
scolaire,
aujourd'hui
d'usage
courant
chez
les
enseignants, répartit d'ailleurs
les
divers
types
de
savoirs
visés
par
l'école
en
savoirs
(connaissances
déclaratives),
savoir-
faire
(connaissances
procédurales
et
conditionnelles),
savoir-être (attitudes
et
valeurs),
savoir-devenir (buts personnels), savoir-vivre ensemble (habiletés interpersonnelles
et
relations
sociales)
et
savoir-agir
(compétences
disciplinaires
et
transversales).
Nous
reviendrons sur
ces
diverses
catégories
de
connaissances
et
en
particulier sur
le
concept
de
«compétences))
(voir
la
section
1.4),
mais
pour l'instant,
retenons
que
«savoir))
est
un
terme
générique
désignant
un
ensemble
de
connaissances,
tel
qu'on
l'utilise, par
exemple,
dans
l'expression«
construire
son
savoir».
L'apprentissage
est
donc
le
processus
par
lequel
l'apprenant construit
son
savoir
(ou
plus
exactement
ses
«savoirs»),
à
l'aide
des
connais-
sances
acquises
par l'étude, l'observation
ou
l'expérience.
Avant
de
présenter notre définition,
posons
quelques
jalons
de
celle-ci.
Pour
ce
faire,
nous
nous
sommes
inspiré, entre autres
sources,
des
principes à
la
base
d'une
concep-
tion
cognitive
de
l'apprentissage
(Tardif,
1992),
des
principes
de
l'apprentissage
dans
une
perspective
constructiviste
proposés
par
Slavin
(2008),
de
certaines
définitions
sociocons-
tructivistes
de
l'apprentissage
scolaire
(par
exemple,
Jonnaert
et
Vander
Borght,
2009;
Raymond,
2006),
mais
également
de
certains
volets,
d'inspiration humaniste,
du
projet
de
pédagogie actualisante
(Landry,
Ferrer
et
Vienneau,
2002).
Voici
les
sept
principes
sur
lesquels
s'appuie
notre définition
de
l'apprentissage scolaire:
1.
L'apprentissage
est
un
processus.
Bien
que
le
terme
«apprentissage))
puisse
servir à
désigner
le
contenu
de
ce
qui
est
appris
(par
exemple,
les
apprentissages
réalisés
en
mathématique), l'apprentissage
scolaire
est
avant
tout
un
processus,
lequel
s'inscrit
dans
le
temps
et
dont
le
résultat, l'apprentissage-produit,
n'est
que
le
moment
final.
Par
«apprentissage»,
nous
faisons
donc
référence
au
processus
continu par
lequel
l'apprenant construit
sa
connaissance
de
soi
et
du
monde.
10
LES
CONCEPTS
DE
BASE
EN
APPRENTISSAGE
Vienneau, R. (2011). Apprentissage et enseignement.
Théories et pratiques. Boucherville, Gaëtan Morin, 324 p.
2.
L'apprentissage est interne. L'apprentissage scolaire est un processus interne, dont
la
manifestation
n'est
pas
toujours directement observable
(il
ne
faut
pas
confondre
apprentissage et performance).
En
tant que processus interne,
il
n'est pas trans-
missible.
Le
meilleur médiateur du monde
(comme
un enseignant hors pair) peut
emmener l'élève jusqu'aux portes
de
la
connaissance, mais seul l'apprenant peut en
franchir
le
seuil
(Gibran,
1978).
3.
L'apprentissage est constructif. L'apprentissage scolaire est un processus actif, dans
lequel l'apprenant doit s'engager tout entier, aussi bien cognitivement qu'affective-
ment.
Il
nécessite un effort conscient
au
moment
de
la
réception (par
exemple,
au
moyen
de
l'attention
sélective),
du traitement (par
exemple,
en utilisant
des
straté-
gies
d'apprentissage)
et
de
l'emmagasinage
de
l'information (par
exemple,
en
ayant
recours à l'organisation
des
connaissances). L'apprentissage est quelque
chose
que
l'on construit, et non quelque
chose
qui nous arrive
(Dalceggio,
1991).
4.
L'apprentissage est interactif. L'apprentissage scolaire est un processus interactif.
La
médiation entre l'apprenant et
les
contenus d'apprentissage
s'effectue
aussi bien par
les
interactions
sociales
(entre
les
élèves
et l'enseignant)
que
par
les
ressources mises
à
la
disposition
de
l'élève
(telles
qu'un didacticiel). L'apprentissage peut également
être qualifié
de
«dynamique», puisqu'il «se construit en interaction constante
avec
ses
connaissances et à travers
ses
échanges
avec
les
autres» (Raymond,
2006,
p.
43).
On
apprend
avec
les
autres et par leur entremise.
S.
L'apprentissage
est
cumulatif.
L'apprentissage
scolaire est une construction constante,
dont l'un
des
principaux matériaux est constitué
des
connaissances antérieures
de
l'apprenant. Chaque apprentissage devient ainsi
la
«brique» sur laquelle vient
se
poser et s'appuyer un nouvel apprentissage.
Toute
connaissance,
qu'elle
soit
décla-
rative,
procédurale
ou
conditionnelle, enrichit
la
structure cognitive
de
l'apprenant.
Plus
on
apprend,
plus
on
est
en
mesure d'apprendre.
6.
L'apprentissage est
le
produit d'une culture. L'apprentissage scolaire, comme toute
autre
forme
d'apprentissage, s'inscrit à l'intérieur d'une culture donnée.
Tout
savoir
est par nature culturel et est« modelé par l'interaction
avec
les
autres membres
de
notre culture» (Barth,
1993,
p.
53).
Le
savoir est donc tributaire
de
la
culture dont
il
émerge
et
il
évolue
dans
le
temps,
telle
une spirale (Bruner,
1991).
7.
L'apprentissage est multidimensionnel. L'apprentissage scolaire est un processus
qui fait appel à toutes
les
dimensions
de
la
personne
de
l'apprenant. L'apprentissage
ne
se
limite pas à
la
seule dimension cognitive
(comme
le
savoir et
le
savoir-faire).
Apprendre, c'est également progresser dans
la
connaissance
de
soi et
des
autres
(savoir-être),
c'est
enrichir son monde affectif et
ses
relations sociales
(savoir-vivre
ensemble),
c'est
apprendre à intégrer tous
ses
savoirs
(savoir-agir)
au
sein d'un projet
de
vie
visant à
la
pleine actualisation de soi (savoir-devenir).
1.2.3 Une définition de l'apprentissage scolaire
Sous
n'avons
pas
la
prétention,
ici,
de
fournir une définition
absolue
et définitive
de
l'ap-
prentissage
vécu
en contexte scolaire.
Nous
visons plutôt à en proposer une définition
qui
soit cohérente par rapport aux principes directeurs
de
la
pédagogie contemporaine
t1!0ir
les
sept
principes
qui
précèdent)
et
aux
plus
récentes données
de
la
psychopédagogie,
D:luant l'incontournable contribution
des
théories constructiviste et socioconstructiviste.
Performance
Expression des appren-
tissages réalisés dans une
production quelconque
(par exemple, travail sco-
laire, test, examen syn-
thèse).
La
performance
scolaire fournit
un
indice
des compétences
et
des
apprentissages déve-
loppés par l'élève.
~cture
cognitive
Ensemble des connais-
sances emmagasinées
et
organisées dans
la
mémoire à long terme;
tout
ce que l'apprenant
sait déjà, incluant les
règles
et
les stratégies uti-
lisées pour
le
traitement
de l'information.
~tualisation
de
soi
__
_
Processus de
toute
une
vie menant au dévelop-
pement optimum du
potentiel de l'être humain,
quels que soient ce
potentiel
et
la
forme ou
l'expression de
cette
réa-
lisation de soi; pour cer-
tains humanistes, c'est
le
but ultime de l'éducation.
CHAPITRE
1
11
Valeurs
Principes
ou
croyances
qui
influencent
les
com-
portements et
les
choix
des
individus.
Certaines
valeurs sont considérées
comme universelles (par
exemple,
la
Déclaration
universelle
des
droits
de
l'homme),
d'autres ont
une
connotation
plus
indi-
viduelle
(par exemple,
le
droit à
la
différence).
L'apprentissage
scolaire est
le
processus interne
et
continu par
lequel
l'apprenant
construit par
lui-même
sa
connaissance
de
soi
et
du
monde.
Il
s'agit
d'un
processus
inte-
ractif, alimenté par
les
interactions
sociales
entre pairs
et
par
la
médiation
de
l'adulte.
L'apprentissage
est
un
processus
cumulatif,
toute
nouvelle
connaissance venant enrichir
la
structure cognitive
de
l'apprenant.
C'est
aussi un processus
de
nature culturelle
et
multidimensionnelle dans
lequel
toutes
les
dimensions
de
la
personne apprenante
sont
engagées
en
vue
de
l'acquisition
de
connaissances, d'habiletés, d'attitudes
et
de
valeurs .
LES
OBJETS
DE
L'APPRENTISSAGE
SCOLAIRE
Si
l'objet
de
l'apprentissage
humain
peut
être
considéré
comme
la
vie
elle-même,
sur
quels
objets
portera
plus
spécifiquement
l'apprentissage scolaire? Mentionnons tout d'abord
qu'il
existe
de
nombreux
systèmes
de
classification
des
objets
de
l'apprentissage
scolaire.
Nous
en
présenterons
brièvement
quelques-uns,
parmi
les
plus
connus
et
les
plus
utiles:
les
trois
domaines
de
l'apprentissage
scolaire
(Bloom,
1969),
la
version
révisée
de
la
taxonomie
cognitive
de
Bloom
(Anderson
et
Krathwohl,
2001),
les
cinq
grands
types
d'apprentissage
(Gagné,
1972),
les
trois
catégories
de
connaissances
(Tardif,
1992)
et
la
classification
des
apprentissages
scolaires
à l'intérieur
des
programmes d'études
(Legendre,
2005).
Étant
donné
leur importance
et
l'ampleur
du
débat
qui entoure leur implantation
en
milieu
scolaire,
nous
accorderons
une
attention particulière à
la
notion
d'«
apprentis-
sage
en
termes
de
compétences»,
une
conception
nouvelle
des
objets
de
l'apprentissage
découlant
des
théories constructiviste
et
socioconstructiviste
en
éducation, à
laquelle
nous
consacrerons
la
section
1.4.
1.3.1
Les
classifications
associées
aux
domaines
de
l'apprentissage
scolaire
En
1948,
tandis qu'il
enseigne
à l'Université
de
Chicago,
Benjamin
Bloom
se
voit
confier
la
mission d'organiser
les
examens nationaux
des
écoles
secondaires américaines.
Il
constate
alors
le
besoin
d'un
système
qui
lui
permettrait
de
classifier
les
questions
pro-
posées
par l'équipe d'examinateurs
selon
le
domaine d'activité
en
cause
(résoudre un
problème
mathématique
et
se
tenir
en
équilibre sur
une
poutre
sont
deux
habiletés
fort
différentes),
puis
à l'intérieur
de
chaque
domaine,
les
habiletés
mesurées
selon
leur
niveau
de
difficulté
(répondre
à
une
question
de
compréhension
littérale
est
autrement
plus
facile
qu'analyser
le
contenu
d'un
texte
littéraire).
C'est
ainsi
que
Bloom
et
ses
collègues
en
viendront à proposer
une
typologie
permet-
tant
de
classifier
les
objectifs
ou
résultats d'apprentissage poursuivis à l'école
en
trois
grands domaines:
Le
domaine
cognitif,
qui
concerne
tous
les
apprentissages
relatifs
aux
connaissances
et
aux
habiletés
intellectuelles
(par
exemple,
nommer
les
lettres
de
l'alphabet,
extraire
la
racine
carrée
d'un
nombre,
expliquer
les
causes
qui
ont
mené
à
la
Seconde
Guerre
mondiale);
Le
domaine affectif, également désigné
sous
le
nom
de
«domaine socioaffectif
»,
qui inclut tous
les
apprentissages scolaires associés aux attitudes
et
aux valeurs
(par
exemple,
adopter
une
attitude
de
respect
envers
les
différences
individuelles,
valoriser
la
diversité)
;
Le
domaine
psychomoteur,
qui
porte sur
les
apprentissages scolaires impliquant
la
maîtrise d'une
habileté
motrice
ou
psychomotrice
(par
exemple,
tracer
les
lettres
de
12
LES
CONCEPTS
DE
BASE
EN
APPRENTISSAGE
1 / 3 100%