La tétrabénazine (Nitoman®) a initialement été indiquée dans les années 1960 en tant que
antipsychotique. Mais, son principal intérêt s’est rapidement révélé en neurologie dans le
traitement des mouvements “hyperkinétiques”, et l’indication psychiatrique a été délaissée.
Son efficacité n’a jamais été réellement évaluée par des essais comparatifs avec un eff e c t i f
suffisant quel que soit le type de mouvement hyperkinétique.
Quelques études réalisées en ouvert sur une centaine de patients, ou comparatives, sur un
faible nombre de patients, proposent la tétrabénazine dans les cas suivants :
– le traitement des dyskinésies tardives des neuroleptiques (dystonie tardive, stéréotypie tardive,
akathisie tardive), et des mouvements choréiques de la chorée de Huntington. Elle permettrait en
effet de réduire l’intensité et la sévérité du mouvement, limitant ainsi la gêne fonctionnelle (1-3) ;
– le traitement de certaines formes de dystonie primitive (focalisée ou généralisée) et du syndro m e
de Gilles de la Tourette (4). Cependant, les résultats ne sont pas consensuels concernant ces deux
indications, certains patients ayant été améliorés grâce à la tétrabénazine, alors que d’autres,
au contraire, ont été aggravés ;
– le traitement de l’athétose, du ballisme et des myoclonies bien que les études soient très rares ( 4 ).
La tétrabénazine n’est pas indiquée dans le traitement des dyskinésies induites par la lévodopa.
En pratique, on l’utilise le plus souvent dans les dyskinésies tardives des neuroleptiques.
La tétrabénazine est contre-indiquée chez les patients :
– déprimés ;
– parkinsoniens ;
– présentant une hypersensibilité à la molécule ou à un des excipients présents dans le comprimé;
– traités par un inhibiteur de la monoamine oxydase (nécessité de respecter une fenêtre théra-
peutique de 14 jours).
La tétrabénazine réduit le stockage vésiculaire présynaptique des monoamines : dopamine, séro-
tonine, noradrénaline (5). La diminution de la concentration en dopamine au niveau synaptique
serait ainsi responsable de la diminution des mouvements hyperkinétiques, alors que la réduction
du taux des autres monoamines serait, quant à elle, responsable de certains effets indésirables de
la tétrabénazine (dépre s s i o n
en particulier).
Elle bloquerait également les
récepteurs dopaminerg i q u e s
postsynaptiques (6).
Les effets indésirables de la
tétrabénazine sont fréquents.
En effet, 81,8 % des patients
de la série de Jankovic en
N° 46
F i c h e
technique
Intérêt de la tétrabénazine en neuro l o g i e
Sous la responsabilité de leurs auteurs
Intérêt de la tétrabénazine en neuro l o g i e
C. Brefel-Courbon*, F. Ory**
(* service de pharmacologie clinique, faculté de Médecine, Toulouse ;
** service de neurologie, CHU Purpan, Toulouse)
La Lettre du Neurologue - vol. VIII - n° 8 - octobre 2004 I
Indications
thérapeutiques
Contre-
indications
Mécanisme
d’action
Effets
indésirables
Fréquents* O c c a s i o n n e l s * * Rares***
Sensation de fatigue, Akathisie Nausées, vomissements, constipation, diarrhée,
faiblesse Insomnie douleur épigastrique
Syndrome parkinsonien Anxiété,
nervosité, Manifestations dystoniques, spasmes pharyngés,
dépression h a l l u c i n a t i o n s,c o n f u s i o n , désorientation paresthésie,
hypotension attaque de panique
*: plus de 30 % des patients ; ** : entre 5 et 30 % des patients ; *** : moins de 5 % des patients, d’après
Jankovic 1997 (4). Le syndrome dépressif s’avère plus fréquent au-delà de 100mg/j.
Tableau.