F i c h e N° 46

publicité
F i ctechnique
he
N° 46
Intérêt de la tétrabénazine en neurologie
Sous la responsabilité de leurs auteurs
Intérêt de la tétrabénazine en neuro l o g i e
C. Brefel-Courbon*, F. Ory**
(* service de pharmacologie clinique, faculté de Médecine, Toulouse ;
** service de neurologie, CHU Purpan, Toulouse)
L
Indications
thérapeutiques
Contreindications
Mécanisme
d’action
Effets
indésirables
a tétrabénazine (Nitoman®) a initialement été indiquée dans les années 1960 en tant que
antipsychotique. Mais, son principal intérêt s’est rapidement révélé en neurologie dans le
traitement des mouvements “hyperkinétiques”, et l’indication psychiatrique a été délaissée.
Son efficacité n’a jamais été réellement évaluée par des essais comparatifs avec un effectif
suffisant quel que soit le type de mouvement hyperkinétique.
Quelques études réalisées en ouvert sur une centaine de patients, ou comparatives, sur un
faible nombre de patients, proposent la tétrabénazine dans les cas suivants :
– le traitement des dyskinésies tardives des neuroleptiques (dystonie tardive, stéréotypie tardive,
akathisie tardive), et des mouvements choréiques de la chorée de Huntington. Elle permettrait en
effet de réduire l’intensité et la sévérité du mouvement, limitant ainsi la gêne fonctionnelle (1-3) ;
– le traitement de certaines formes de dystonie primitive (focalisée ou généralisée) et du syndrome
de Gilles de la Tourette (4). Cependant, les résultats ne sont pas consensuels concernant ces deux
indications, certains patients ayant été améliorés grâce à la tétrabénazine, alors que d’autres,
au contraire, ont été aggravés ;
– le traitement de l’athétose, du ballisme et des myoclonies bien que les études soient très rares ( 4 ).
La tétrabénazine n’est pas indiquée dans le traitement des dyskinésies induites par la lévodopa.
En pratique, on l’utilise le plus souvent dans les dyskinésies tardives des neuroleptiques.
La tétrabénazine est contre-indiquée chez les patients :
– déprimés ;
– parkinsoniens ;
– présentant une hypersensibilité à la molécule ou à un des excipients présents dans le comprimé ;
– traités par un inhibiteur de la monoamine oxydase (nécessité de respecter une fenêtre thérapeutique de 14 jours).
La tétrabénazine réduit le stockage vésiculaire présynaptique des monoamines : dopamine, sérotonine, noradrénaline (5). La diminution de la concentration en dopamine au niveau synaptique
serait ainsi responsable de la diminution des mouvements hyperkinétiques, alors que la réduction
du taux des autres monoamines serait, quant à elle, responsable de certains effets indésirables de
la tétrabénazine (dépression
Tableau.
en particulier).
Elle bloquerait également les Fréquents*
Occasionnels** Rares***
récepteurs dopaminergiques Sensation de fatigue, Akathisie
Nausées, vomissements, constipation, diarrhée,
faiblesse
Insomnie
douleur épigastrique
postsynaptiques (6).
Les effets indésirables de la
tétrabénazine sont fréquents.
En effet, 81,8 % des patients
de la série de Jankovic en
La Lettre du Neurologue - vol. VIII - n° 8 - octobre 2004
Syndrome parkinsonien Anxiété,
nervosité,
dépression
Manifestations dystoniques, spasmes pharyngés,
hallucinations, confusion, désorientation paresthésie,
hypotension attaque de panique
* : plus de 30 % des patients ; ** : entre 5 et 30 % des patients ; *** : moins de 5 % des patients, d’après
Jankovic 1997 (4). Le syndrome dépressif s’avère plus fréquent au-delà de 100mg/j.
I
ntérêt de la tétrabénazine en neurologie
1997 (4) en ont rapporté au moins un. Il sont en général peu sévères et leur retentissement diminue
avec la baisse de la posologie (1, 4, 8).
Contrairement aux neuroleptiques, la tétrabénazine n’entraîne pas de dyskinésies tardives.
Mode
de prescription
Références
bibliographiques
La tétrabénazine est un traitement de seconde intention en cas d’échec des traitements conventionnels. En France, elle est délivrée par ATU nominative. La prescription doit être renouvelée tous
les 6 mois. La délivrance est uniquement hospitalière. La posologie initiale est de 12,5 mg en
général. L’augmentation des doses doit être adaptée pour chaque patient selon la tolérance et
l ’ e fficacité, en général de 12,5 mg tous les 3 jours. La dose efficace varie entre 25 et 150 mg selon
les patients. Si aucune amélioration n’est constatée au bout d’une semaine à la dose maximale
tolérée, il est peu probable que la tétrabénazine apporte un quelconque effet bénéfique. Certains
ont proposé une prescription conjointe avec du lithium afin d’en limiter la posologie et donc les
effets indésirables, en particulier dans le cadre des dystonies idiopathiques (4).
Comme avec les neuroleptiques, il est conseillé de s’assurer de l’absence d’allongement de l’intervalle QT à l’électro c a rdiogramme, susceptible d’induire des troubles du rythme ventriculaire à type
de torsades de pointes, avant d’initier le traitement et d’effectuer une surveillance régulière du QT
au cours du traitement. Un ECG et un ionogramme sanguin sont nécessaires avant de commencer
le traitement. Il est recommandé, compte tenu du risque de syndrome malin, de ne pas prescrire
la tétrabénazine en association avec un autre neuroleptique, d’éviter les arrêts brutaux et les
fortes posologies (> 200 mg) (7).
1. Asher SW, Aminoff MJ. Tetrabenazine and movement disorders. Neurology 1981;31:1051-4.
2. Jankovic J. Treatment of hyperkinetic movement disorders with tetrabenazine: a double-blind crossover study. Ann Neurol 1982;11:
41-7.
Ondo WG, Tinter R, Thomas M, Jankovic J. Tetrabenazine treatment for Huntington’s disease-associated chorea. Clinical
Neuropharmacology 2002;25:300-2.
4. Jankovic J, Beach J. Long term effects of tetrabenazine in hyperkinetic movement disorder. Neurology 1997;48:358-62.
5. Pearson SJ, Reynolds GP. Depletion of monoamine transmitters by tetrabenazine in brain tissue in Huntington’s disease.
Neuropharmacology 1988;27:717-9.
6. Login IS, Cronin MJ, MacLeod RM. Tetrabenazine has pro p e rties of a dopamine receptor antagonist. Ann Neurol 1982;12:257-62.
7. Mateo D, Munoz-Blanco JL, Gimenez-Roldan S. Neuroleptic malignant syndrome related to tetrabenazine introduction and halo peridol discontinuation in Huntington’s disease. Clin Neuropharmacol 1992;15:63-8.
8. Ondo WG, Hanna PA, Jankovic J. Tetrabenazine treatment for tardive dyskinesia: assessment by randomised videotape protocol.
Am J Psychiatry 1999;156:1279-81.
3.
II
La Lettre du Neurologue - vol. VIII - n° 8 - octobre 2004
Téléchargement