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Act. Méd. Int. - Hypertension (13), n° 4, avril 2001
progrès en
•Dernier élément, et non le moindre, de la
pharmacologie des thiazolidinediones,
leur effet cardiovasculaire : une baisse de
la pression artérielle sous l’effet de la tro-
glitazone chez les sujets insulinorésistants
non diabétiques a été rapportée par
Olefsky et son équipe dès 1994 (3). Même
si cet effet hypotenseur est variable d’une
thiazolidinedione à l’autre, il paraît clair
pour certains. De façon concomitante à la
baisse de pression, le pouls accélère et,
dernier élément, quelques kilogrammes
d’eau et de sel s’accumulent, contribuant
à la prise de poids déjà signalée sous ces
médicaments. Cela suggère pourtant
qu’un effet vasodilatateur artériel (sem-
blable à celui que produisaient l’hydrala-
zine et le minoxidil) est induit. Dans des
modèles expérimentaux, le cœur peut
s’hypertrophier sous thiazolidinediones,
et il a été rapporté une augmentation d’in-
cidence de l’insuffisance cardiaque sous
rosiglitazone lors d’essais où elle était uti-
lisée en association avec l’insuline (4).
Donc, les thiazolidinediones agissent très
probablement sur la pression artérielle, un
facteur de risque cardiovasculaire majeur
trop souvent présent chez les diabétiques
de type 2 qui est un composant majeur du
syndrome d’insulinorésistance, mais le
mode d’action – la vasodilatation artérielle
périphérique prédominante – peut avoir
des conséquences non souhaitables.
Néanmoins, à court terme, des marqueurs
de risque cardiovasculaire dépendant de la
pression artérielle, comme la microalbu-
minurie, sont améliorés par l’administra-
tion du thiazolidinedione (5).
Conclusion
Les thiazolidinediones arrivent à un
moment critique de l’histoire thérapeu-
tique du diabète de type 2 (6). Grâce à
l’étude UKPDS, les médecins disposent
enfin d’une justification à leurs tentatives
de réduction de l’hyperglycémie des dia-
bétiques de type 2. Mais les bénéfices
mesurés sont ténus, en particulier en ce
qui concerne la réduction du risque car-
diovasculaire attribuable à la réduction de
l’hyperglycémie. Or, c’est ce risque qui
domine le pronostic de ces sujets.
Pourquoi ? Certainement parce que les
moyens d’agir sur l’hyperglycémie étaient
peu nombreux lorsque l’UKPDS a été
mise en place. À l’instar de ce qui s’est
passé dans le domaine de l’hypertension
artérielle, où l’incidence des consé-
quences graves a diminué de façon
notable lorsque plusieurs classes médica-
menteuses ont pu être utilisées pour éviter
la remontée jusqu’alors inexorable des
chiffres de pression, il faut envisager un
traitement de l’hyperglycémie du diabète
de type 2 plus intensifié grâce à la combi-
naison de plusieurs classes médicamen-
teuses. Dans ce contexte, l’arrivée d’une
quatrième classe de médicaments antidia-
bétiques doit être considérée de façon
positive.
Mais c’est l’obligation des médecins (en
particulier des spécialistes universitaires
dont c’est la mission) de mettre en place,
avec les industriels et les instances
publiques concernés, les essais thérapeu-
tiques qui, à long terme (mais, cinq ans,
c’est vite écoulé), permettront de clarifier
le bénéfice que peuvent attendre les
patients d’une pilule dont les effets
seraient, selon l’humeur du spéculateur,
maléfiques (le poids, le LDL-cholestérol,
la surcharge cardiaque) ou bénéfiques (la
glycémie, le HDL-cholestérol, la pression
artérielle).
Références bibliographiques
1. Bailey CJ. The rise and the fall of troglita-
zone. Diabet Med 2000 ; 17 : 414.
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antidiabetic drugs. Diabet Med 1999 ;
16 : 179-92.
3. Nolan JJ, Ludvik B, Beerdsen P, Olefsky J.
Improvement in glucose tolerance and insulin
resistance in obese subjects treated with trogli-
tazone. N Engl J Med 1994 ; 331 : 1188-93.
4. Avandia (rosiglitazone) : Summary of pro-
duct characteristics. Welwyn Garden City :
Smithkline Beecham Pharmaceuticals, 2000.
5. Imano E, Kanda T, Nakatani Y et al. Effect
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patients with incipient diabetic nephropathy.
Diabetes Care 1998 ; 21 : 2135-9.
6. Krentz AJ, Bailey CJ, Melander A.
Thiazolidinediones for type 2 diabetes : new
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term clinical trials. Br Med J 2000 ; 321 :
252-3.
Progrès en diabétologie